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Election pontificale : Benoît XVI succède à Jean-Paul II

Publié le mercredi 20 avril 2005 à 10h26min

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Le cardinal allemand Joseph Ratzinger a été élu, mardi 19 avril 2005, successeur de Jean-Paul II. Il règnera sous le nom de Benoît XVI.

Il était 17 h 50, heure de Rome soit 16h50 GMT lorsque l’élection de Benoît XVI fut annoncée d’abord par la fumée blanche qui se dégageait de la cheminée de la chapelle Sixtine où se déroulait le conclave, l’instance de l’église chargée d’élire le Pape.

Ensuite, ce fut les cloches qui ont sonné à toute volée. Enfin, le cardinal Chilien Jorge Medina Estevez, ancien préfet de la congrégation du culte divin et de la discipline des sacrements dévoilait son nom au balcon de la basilique St Pierre par la formule consacrée "Annutio vobis gaudium magnum, habemus papam’’ (je vous annonce une grande joie, nous avons un pape).

Le 265e successeur de Pierre et évêque de Rome faisait figure de favori dans la succession de Jean-Paul II. Son grand âge et surtout son ultra-conservatisme représentaient ses points faibles. Les 115 cardinaux électeurs n’en ont pas tenu compte même s’ils font de lui, le pape le plus âgé à son élection depuis plus d’un siècle.

Mieux, ils ont fait vite. Certes, aucun des huit conclaves du XXe siècle n’avait duré plus de cinq jours mais c’est la troisième fois seulement que le pape est élu dès le second jour du conclave. Pour Jean-Paul II, il avait fallu attendre huit tours de scrutin échelonnés sur trois jours pour parvenir au consensus de 2/3 nécessaire, en 1978. On avait alors évoqué le rôle prépondérant des cardinaux allemands dans l’issue du vote.

Mardi, ils ont pris leur chose. Les partisans d’un Pape italien ou non Européen devront encore patienter même si jusqu’à lundi matin, ils espéraient encore au moment de l’ouverture du conclave. On enregistrait alors une vingtaine de possibles papes au nombre desquels surtout des non italiens et européens. Ce qui prouve que plus rien ne sera comme avant dans la désignation des successeurs de l’apôtre Pierre.

En attendant, les cardinaux ont opté pour la continuité : défendre les valeurs traditionnelles de l’Eglise. Toutefois, Benoît XVI n’aura guère la tâche facile puisqu’il succède à un Pape très charismatique. Il sera également confronté aux enjeux redoutables que sont la baisse des vocations, la concurrence des autres religions et surtout l’évolution des mœurs.

Hommes aux jugements et prises de position parfois choquants pour les catholiques réformateurs et les fidèles des autres réligions, Benoît XVI n’en a pas moins reçu l’allégeance de tous les cardinaux. Seule incertitude, son attitude face aux églises d’Amérique Latine et d’Afrique qui avaient été tentées par l’ouverture liturgique, le renouveau religieux. Il a en effet réduit au silence l’influence de la "théologie de la libération’’ alors en vogue en Amérique Latine.

En 1986, il incitait l’Eglise à condamner fermement l’homosexualité et le mariage gay avant de provoquer en 2004 la colère des Eglises protestantes en affirmant la primauté de Rome.

Autrement dit, le dialogue inter-religieux sera-t-il poursuivi ? Trop tôt pour le dire. Par contre, il pourrait entamer bientôt le processus de béatification de son prédécesseur. Mais abstenons-nous de tout jugement hâtif car Benoît XVI n’a toujours pas été tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il était même apparu, lors du concil Vatican II (1962-1965) comme un théologien libéral.

C’est l’agitation sociale de 1968 à travers l’Europe qui l’a transformé. Sa grande connaissance de l’Eglise, sa riche expérience lui permettront sans doute de faire tout au moins un bon règne et d’égaler pourquoi pas Jean-Paul II.

Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Sources : AP/Reuters/AFP


Portrait de Benoît XVI

Le cardinal allemand Joseph Ratzinger, 78 ans, a été élu mardi 265e pape de l’Eglise catholique et évêque de Rome. Il est le gardien intransigeant du dogme contre les dérives d’une Eglise devenue, selon lui, une "barque qui prend l’eau".

Donné favori, il a été élu au quatrième tour de scrutin par les 115 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans entrés en conclave lundi après-midi.

Il a décidé de régner sous le nom de Benoît XVI et son apparition a été saluée par des acclamations. Visiblement ému, il s’est décrit comme un "humble et modeste travailleur dans les vignes du Seigneur" dans sa première intervention avant de donner sa bénédiction "Urbi et Orbi".

Brillant et fin théologien, il dirigeait avant la mort de Jean Paul II la puissante congrégation pour la doctrine de la foi, l’héritière de la sainte inquisition tristement célèbre pour ses bûchers et ses autodafés de la fin du Moyen-Age.

Ses partisans l’ont d’ailleurs fièrement surnommé "le grand inquisiteur" et saluent son action pour "réduire au silence les théologiens dissidents" et "écraser les hérésies".

Doyen du collège des cardinaux, il a fustigé lundi "la dictature du relativisme", fait le procès de ceux qui, dans l’Eglise, se sont laissés séduire par des "courants de mode" et a défendu le dogme, même si "avoir une foi claire est souvent étiqueté comme fondamentalisme" dans son homélie lors de la messe célébrée avant l’entrée en conclave.

Chargé cette année par Jean Paul II de rédiger les textes de méditation du chemin de croix pour la semaine sainte, il avait livré un véritable réquisitoire dans lequel il avait fustigé "les souillures", "l’orgueil" et "l’autosuffisance" au sein de l’Eglise.

"Souvent, Seigneur, ton Eglise nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toutes parts", avait-il déploré.

Le ton n’avait pas surpris de la part de ce prince de l’Eglise intransigeant, mais à la santé fragile. Il a eu une attaque cérébrale et a fait une chute dans les années 80 lors d’une visite à Pordenone, au nord de l’Italie.

Né le 16 avril 1927 à Marktl-am-Inn, dans le diocèse de Passau, en Bavière, Joseph Ratzinger a été ordonné prêtre le 29 juin 1951, fait archevêque de Munich en mars 1977 et cardinal quatre mois plus tard, le 27 juin 1977, par le pape Paul VI. Il était l’un des trois cardinaux électeurs à ne pas devoir sa pourpre à Jean Paul II.

Le cardinal Ratzinger est détesté de nombreux catholiques progressistes. De 1981 à aujourd’hui, ses interdits ne se comptent plus : non à l’ordination des femmes, non au mariage des prêtres, non à l’homosexualité, non au communisme, non à la Turquie dans l’Europe.

Ses prises de position sont tranchantes, comme son regard bleu métal et son sourire pincé. Elles ont souvent menacé de provoquer des crises politiques. En 2004, il s’est ainsi opposé à l’intégration de la Turquie musulmane dans l’Union européenne, la qualifiant "d’énorme erreur" et de "décision contre l’histoire".

Face à une Eglise en crise, il préconise le repli et le rapprochement avec les mouvements catholiques les plus radicaux, voire "fondamentalistes". "Plus une religion s’assimile au monde et plus elle devient superflue", a-t-il affirmé en octobre 2004 dans un entretien à l’hebdomadaire italien Panorama.

"En revanche, les nouveaux mouvements chrétiens, comme les évangélistes, les charismatiques ou les églises libres en Allemagne sont en plein essor parce qu’ils défendent bec et ongles les grandes valeurs morales contre l’évolution des mentalités", a-t-il souligné.

"Ces groupes étaient considérés il y a peu par l’Eglise comme fondamentalistes et étaient récemment encore des adversaires acharnés de l’Eglise catholique, mais ils commencent à se rapprocher, car ils ont réalisé que seule l’Eglise défend les valeurs morales et nous acceptons avec joie ce rapprochement", a-t-il conclu.

AFP


Les premiers mots de Benoît XVI

"Chers frères et sœurs, après le grand Pape Jean Paul II, les cardinaux m’ont élu, un simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur’’.

"Le fait que le Seigneur sache également travailler et agir même avec des moyens insuffisants me console et surtout je me confie à vos pières’’.

"Dans la joie du Seigneur ressuscité, avec foi dans son aide permanente, nous allons avancer. Le Seigneur nous aidera et Marie, sa très Sainte mère, se tient à nos côtés’’.

Source AP

Sidwaya

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