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Verts du Burkina : Les raisons de la suspension de Ali Kassamba

Publié le lundi 18 avril 2005 à 07h34min

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Au cours d’une conférence de presse, le Collège exécutif national des Verts du Burkina a expliqué, dans les détails, les raisons de la suspension de leur président Ali Kassamba.

La crise que traverse Les Verts du Burkina a fait l’objet d’une conférence de presse le 16 avril dernier à Ouagadougou. Les origines de cette crise (crise latente tout d’abord) sont apparues au grand jour lors de la rencontre du Collège exécutif national, tenu le 20 février. C’est au cours de cette rencontre que le président du parti a annoncé la mort politique des Verts, "tout en se reconnaissant responsable". C’est du moins le contenu de la déclaration liminaire lue par le secrétaire général du parti, président du comité de crise, Aboubacar Chiquette Diallo.

Aboubacar Chiquette Diallo indique également que les requêtes relatives à l’information des membres du Collège exécutif national (CEN) sur les financements publics 2003 et 2004 reçus, sont restées sans suite. "Il a catégoriquement refusé de remettre les sous", affirme M. Diallo qui est appuyé dans ses propos par le trésorier. "On n’a jamais reçu 5 francs des deux subventions attribuées par l’Etat en 2003 et 2004", martèle ce dernier.

Le clou est enfoncé lorsque les conférenciers affirment qu’ après être entré en possession de la subvention de l’année 2003, Ali Diaby Kassamba, le président suspendu, a refusé de communiquer le montant au cours d’une réunion. Une commission d’investigation aurait pourtant été installée pour faire la lumière sur la gestion financière du parti, mais elle est aujourd’hui "au pied du mur", n’ayant "jamais disposé de la moindre pièce justificative", souligne le secrétaire général national.

Aussi le président du Comité de crise relève-t-il que Ali Diaby Kassamba a cumulé les postes de président et de trésorier. Si tous ces agissements ont constitué un ensemble de frustrations au sein du parti, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est "l’inféodation du parti" à la Convention, sans l’information préalable des membres du parti. "Trop c’était trop". C’est d’ailleurs ce qui a conduit le Collège exécutif, convoqué le 3 avril dernier, à suspendre Ali Kassamba.

Absence totale de bilan financier

L’absence totale de bilan financier sur les financements publics 2003 et 2004 et le cumul des postes de président et de trésorier ont été les raisons avancées pour suspendre le président. Mais à cela, il faut ajouter, comme le relève Aboubacar Chiquette Diallo , "la persistance d’une stratégie défectueuse et de naufrage collectif du parti et l’achat de conscience de certains membres vulnérables au plan social".

Sans oublier les absences chroniques du président aux réunions. "Au moment où sont posées les questions clés, il n’est jamais là", regrettent les conférenciers qui estiment que Ali Kassamba est trop braqué sur la personne de Ram Ouédraogo. " Il ne fait qu’attaquer Ram. Plutôt que de s’attacher à relancer le parti, il ne fait qu’attaquer Ram Ouédraogo". "Ram, en partant, a, lui, été honnête. Il a eu le mérite de laisser un jackpot, déclare le secrétaire national.

On lui reconnaît ce mérite-là. Il a laissé deux véhicules et un terrain de 600 m2 à Ouaga 2000. On aurait aussi souhaité reconnaître des mérites à Kassamba, mais "il n’y en a pas". Ram Ouédraogo a légué un héritage, mais Kassamba est en train de le détruire. Aujourd’hui, on ne sait même pas où sont passées les chaises du parti".

La culture du silence

Pour ce parti se réclamant de la mouvance présidentielle, le programme de développement solidaire de Blaise Compaoré, dans son volet environnement, cadre avec les ambitions du parti. D’ailleurs, font remarquer les conférenciers, les engagements nationaux font partie du projet de société du parti. Ils ont abordé les conditions actuelles de travail au sein du parti, les trouvant désastreuses. Ce qui les amène à déclarer que "c’est la première fois qu’on a un président qui ne mérite pas sa place".

Qu’ont-ils fait, à leur niveau, après avoir fait le constat que le parti ne fonctionnait plus depuis leur Congrès de 2003, pour ramener le président sur le droit chemin ? Le secrétaire général du parti dit avoir tout essayé, mais le président s’est toujours montré "têtu". "On ne peut pas travailler avec lui !" Ont-ils eu une part de responsabilité dans le naufrage du parti ? Il n’est pas seul responsable du naufrage, reconnaît un membre du parti. C’est qu’en fait, une sorte de "culture du silence" a été instaurée au sein du parti, ce qui l’a desservi.

Pire, au niveau du comité exécutif, on reconnaît même avoir été "trop tendre et laxiste". Mais un autre membre du parti, lui, préfère parler de patience et de conduite constructive, plutôt que de laxisme. Ils disent n’ avoir rien contre Ali Kassamba. C’est la gestion du parti par ce dernier qui est "critiquée".

L’absence du vice-président du parti a été fortement remarquée par les médias. Autre chose : les conférenciers indiquent que d’ici la fin du mois, des missions d’explications se rendront dans l’intérieur du pays en vue de la relance du parti.

Par Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays

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