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Sénégal : Les déçus du "sopi" dans la rue

Publié le jeudi 14 avril 2005 à 07h20min

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Après la lune de miel, la lune de fiel, est-on tenté d’avancer, face à la situation de divorce presque total qui prévaut actuellement entre Abdoulaye Wade et ses opposants d’aujourd’hui, alliés d’hier. Considérée comme un " rouage essentiel de la démocratie" au Sénégal, l’opposition, malgré les alliances qu’elle a eu à sceller à certaines étapes de son existence, entend constamment jouer son rôle de veille.

C’est dans cette logique que depuis un certain temps, ses leaders haussent le ton, reprochant au pouvoir actuel l’accaparement des médias, l’impunité et les fraudes qui s’annoncent à l’orée des élections législatives de 2005. " Il faut qu’il (Wade) parte", scandaient les militants de l’opposition qui ont marché le samedi 9 avril dernier.

Le "sopi" qui a été réclamé à cor et à cri lors du règne de Abdou Diouf que Léopold Sédar Senghor avait minutieusement préparé à prendre les rênes du pouvoir, est de nouveau à l’ordre du jour. Les Sénégalais, notamment les jeunes, avaient alors décidé d’accompagner Me Abdoulaye Wade dans sa croisade politique contre le PS (Parti socialiste) et c’est ainsi que le crâne rasé le plus célèbre dans le paysage politique ouest-africain s’est retrouvé au gouvernail de la barque sénégalaise en l’an 2000.

L’appui de dirigeants politiques tels que Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Ousmane Tanor Dieng a été déterminant pour la victoire de Wade. Toujours est-il qu’aujourd’hui on peut affirmer que le charme est rompu, vu que nombre de Sénégalais se disent déçus du régime Wade. Comme s’il a bien pris conscience du fait, et faisant visiblement montre de son attachement aux vertus de la démocratie, Wade n’essaie pas d’étouffer la "rébellion" dans l’oeuf.

Du reste, même s’il le veut, le peut-il, compte tenu du niveau intellectuel élevé des politiques sénégalais et de l’état d’ancrage de la démocratie ? Si le personnage est reconnu réfractaire à toute propension d’un collaborateur à lui faire de l’ombre, il semble malgré tout accepter la contestation en face. Non seulement, il n’empêche pas de manifester, mais il ordonne que des dispositions adéquates soient mises en place pour permettre aux "marcheurs" d’accéder au responsable qu’ils veulent rencontrer.

Mieux, selon Me Ousmane Ngom, son ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Wade, " pour arriver au seuil zéro de contestations post et préélectorales", a pris trois décisions majeures : la refonte totale du fichier électoral, l’établissement de la carte d’identité numérisée et la mise sur pied de la commission électorale nationale autonome ( CENA).

C’est bon, mais insuffisant au goût des opposants manifestants qui, apparemment, n’ont pas ressenti les effets bénéfiques qu’ils escomptaient du "sopi". En plus, l’impunité se serait installée au Sénégal, et dans la politique et dans les affaires, comme le soutiennent à longueur de journée, ceux qui sont contre Wade, qui agirait de façon solitaire. Le népotisme serait également l’une des tares du régime Wade. Ce dernier aurait favorisé la montée en puissance économique de son fils Karim et celle de membres de la famille présidentielle. Les contestations des populations, des travailleurs, de commerçants, et autres, se suivent et ont comme points de jointure le mécontentement contre le régime Wade.

Le "sopi" du "sopi" est sur les lèvres d’une partie du peuple, car l’autre partie reste proche du président sénégalais et ne rate aucune occasion pour huer, comme le samedi 9 avril dernier, les marcheurs. Loin de trouver le bilan des années Wade infructueux, les militants du PDS lui trouvent des aspects très positifs dans le développement du Sénégal.

En dehors de ces déchirements entre partisans et adversaires de Wade, le Sénégal est en train de démontrer une fois de plus qu’il est un pays mûr et l’un des espaces en Afrique où l’expression de la démocratie se mesure à l’aune du débat des idées et non de l’argument de la force comme c’est le cas dans beaucoup de pays africains. Là où la démocratie balbutie encore et chancelle au moindre coup de vent et selon l’humeur de certains.

Le Pays

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