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Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

Publié le samedi 10 octobre 2015 à 09h05min

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Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

La journée d’hommage aux martyrs du coup d’Etat du 17 septembre, c’était ce 9 octobre à Ouagadougou. Sur les 14 victimes annoncées par le gouvernement, 10 ont été inhumées au cimetière municipal de Gounghin. Mais avant, une cérémonie a eu lieu à la place de la révolution. Il y eu des larmes mais surtout ce vœu : que Justice soit rendue à ceux qui sont tombés sur le champ de la liberté et de la démocratie.

Seydou Barry, 40 ans, pleure. A la place de nation, il est venu rendre un dernier hommage à son frère cadet, fauché d’une balle dans le dos, le 17 septembre. Il avait 32 ans, marié et père de 4 enfants. « J’ai reçu un appel, me disant que mon frère baignait dans son sang », se souvient-il, douloureusement.

Le grand frère du défunt a dans ses bras, Nadia Barry, à peine deux ans. Elle se plait à jouer avec nos micros tendus, sans se douter qu’elle ne verra plus jamais son père.

Seydou Barry se retient difficilement, mais finit par verser des larmes. « Il a été abattu froidement dans le dos. Ça fait mal ». Malgré la douleur qui l’assaille, il se dit fier du peuple Burkinabè qui aura quand même réussi à barre la route aux terroristes. « Pour ses quatre enfants qu’il a laissés, nous n’attendons plus qu’une chose, que justice soit faite », conclut le quadragénaire.

Justement la justice est le mot revenu à plusieurs reprises lors de cette journée d’hommage aux martyrs. Pour Patrice Bazie, représentant des familles des martyrs, « le plus grand hommage que l’on puisse rendre à ces martyrs, est de leur rendre d’abord la justice, ensuite la justice, et enfin la justice ».

Au-delà des martyrs du coup d’Etat, le représentant des familles des victimes a réclamé justice pour toutes les victimes, récentes ou anciennes. « Nous avons une pensée profonde pour les martyrs des 30 et 31 octobre qui attendent toujours que justice leur soit rendue, car rien de ce qu’on va faire ou lire comme discours ne pourra soulager, ni les victimes, ni les parents des victimes, encore moins les ayants droit, si toutefois, il n’y a pas un bon jugement et les coupables punis à la hauteur de leurs forfaits ».

Les différentes communautés religieuses ont tour à tour, prié pour la mémoire des défunts, avant que les autorités et les parents des martyrs ne viennent s’incliner sur leurs dépouilles. Moments de vives émotions, quand certains se mettent à parler aux cercueils tout en les touchants, à gesticuler, tout en essuyant leurs larmes. « Pourquoi on a amené les femmes ici ? » se demande un monsieur, comme pour fuir la réalité.

« Il faut que ça cesse »

Après l’insurrection des 30 et 31 octobre, c’est sur la même place de la révolution que la nation a rendu hommage à ceux qui avaient été tués. C’était le 2 décembre 2014. Moins d’une année après, la place de la révolution accueille encore des martyrs, cette fois à l’issue d’un coup d’Etat. « Ça commence à faire trop, il faut que cela cesse », nous déclare un jeune homme venu comme de milliers d’autres, rendre un hommage aux « combattants de la liberté ».

Comme si son appel avait été entendu, Patrice Bazie, représentant des familles des martyrs, a souhaité que « plus jamais on ne tue un fils ou une fille de ce pays, parce qu’un dirigeant a la boulimie ou la folie du pouvoir ».

« Le sorcier oublie toujours, mais… »

De la place de la révolution, sur un porte-char, les cercueils des martyrs ont été convoyés au cimetière municipal de Gounghin pour l’inhumation. Dans l’oraison funèbre, le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, a indiqué la fierté et la reconnaissance du peuple Burkinabè vis à vis de ses fils et filles tombés pour la liberté, pour les valeurs de la démocratie. « Le peuple Burkinabè ne vous oubliera jamais pour cette noble mission », a-t-il poursuivi avant d’ajouter que leur sacrifice ne sera pas vain.

Pour ceux fauchés à la fleur de l’âge - certains n’avaient que 16 ans-, le ministre a dit penser aux familles, aux amis, aux projets qu’ils avaient. « Je pense à leurs familles, à leurs amis dont la douleur touche le cœur de tous les Burkinabè. Je pense à ce père, qui ne verra plus sa fille, son fils, qui n’entendra plus parler des projets de son enfant. Je pense à cette mère, dont les larmes du cœur enlèvent toute envie de vivre et qui se dit, pourquoi mon enfant ? … »

« Le sorcier oublie toujours, mais les parents de la victime n’oublient jamais », a dit le ministre, Frédéric Nikiéma.

C’est sous un soleil ardent, que les cercueils ont été descendus dans les tombes, sous le regard attristé de milliers de personnes mobilisées pour l’adieu.

Le président du Faso, à partir de ce vendredi 9 octobre, a décrété un deuil national de 72h.

Tiga Cheick Sawadogo
tigacheick@hotmail.fr
lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 octobre 2015 à 08:11, par juste En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    que la justice soit faite et que leurs âmes repose en paix

  • Le 10 octobre 2015 à 08:20, par kouadio En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Paix a l’ame de ces pauvres enfants du Burkina ! Ils sont morts pour leur pays ! Mais attention a la recuperation politicienne par les vautours. Ceux la meme qui sont a la base du desordre que connait le pays. Aujourd’hui le pays est plus que divise alors qu’il a besoin de cette unite pour combattre le djihadisme.

  • Le 10 octobre 2015 à 09:30, par Tapsoba R(de H) En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Pas pour polémiquer mais la justice pour nos martyrs peut-elle se passer d une autopsie des corps digne de ce nom ? Pourquoi l avoir annoncé et se rétracter ensuite ,procédant aux simples examens de corps ? Paix à l âme de nos martyrs.

  • Le 10 octobre 2015 à 09:40, par Ouedraogo Badnoogo En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Bien dit ! la Justice ! la vraie justice surtout pas celle qui a jugé Guiro ! si jamais ce jugement est rendu comme celle de Guiro,tant pis pour le Burkina !ou l’occasion de réaliser la vraie révolution !

  • Le 10 octobre 2015 à 09:44 En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    yamb looga duni. Y loga nè bumb daabo.tinpelem na guuya. Yamb siis be saasè. wend na maag teng ti gandé !! amina !

  • Le 10 octobre 2015 à 09:48, par Ouedraogo Badnoogo En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Bien dit ! la justice la vraie justice ! pas celle qui a jugé guiro !une justice à la hauteur du forfait ! si c’est une justice comme celle qui a jugé Guiro ,tant pis pour le Burkina ! ou c’est l’occasion de réaliser la vraie révolution !

  • Le 10 octobre 2015 à 10:01, par MOREBALLA En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Il faut surtout pas oublier les victimes de l’insurrection qui, attendent toujours que justice. Il y a eu deux coup d’état (Nabéré Honnoré TRAORE et celui de ZIDA), sont ils aux arrêts ? Une tentative de coup d’état, celle de Kouamé LOUGUE), est il aux arrêts ? Le tacite oublie des scènes de meurtres et de violences qui ont prévalu la chute de COMPAORE, a permis à la transition d’être mis en place et de fonctionner. Je suis d’accord avec l’expression en cours, désarmons nos cœurs et permettre que tout burkinabé sur place au pays ou à l’extérieurs puisse être électeur et éligible.

  • Le 10 octobre 2015 à 10:06, par SID WAYA En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    bonjour
    Reposez en paix dignes fils du Burkina .La terre noble noble du Faso vous gardera en souvenir. Sachez une chose. : Dienderé et sa bande seront punis à la hauteur de leur forfait.Pas de justice à la va-vite et qui permettra à cette horde d’assassin de circuler librement un jour. Pas question !!!!!

  • Le 10 octobre 2015 à 10:25, par HALTO En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Enfin, REPOSEZ-VOUS EN PAIX VAILLANT COMBATTANTS DE LA LIBERTE, DIGNES FILS DU PAYS... QUE LA TERRE DU FASO VOUS SOIT LEGERE... QUE LE TOUT PUISSANT VOUS ACCUEILLE DANS SON ROYAUME...

  • Le 10 octobre 2015 à 10:42, par Dr Bi Dri Seraphin Kouassi En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Que la terre de nos ancêtres vous soit légère dignes fils et filles d’Afrique. Votre sang versé va éclairer plus de jeunes africains et servira surtout comme source de motivation et de détermination dans la continuté de la lutte pour la libération définitive de l’Afrique, notre mère patrie. Tout comme Thomas Sankara, vous êtes devenus pour nous, africains des immortels et héros à vie.

    LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS.

  • Le 10 octobre 2015 à 12:45, par la plante florissante En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    mes condoléances aux familles respectives. que le Dieu tout puissant accueille nos trépassés dans la joie et la lumières sans déclin. en unions de prières avec toutes les familles éplorées.
    oui que justice soit rendue a nos martyre du 17 septembre 2015.

  • Le 10 octobre 2015 à 12:59, par Salam En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Avant tout pardon, il faut payer d’abord le prix du sang.

  • Le 10 octobre 2015 à 13:27, par BON FILS En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Je propose qu’on élève une stèle à l’honneur de ces vaillants héros où seront inscrits leurs noms et photos ainsi que les victimes du 30-31 Octobre 2014.
    On pourrait éditer aussi un document où il y’aura plus d’informations sur ces héros, pour qu’on ne les oublie jamais. Le peuple a souvent la mémoire courte ; si demain tout va pour le mieux au Burkina il faudra qu’on se rappelle toujours que des gens ont donné leur vie pour plus de démocratie dans ce pays.

  • Le 10 octobre 2015 à 14:35, par MAXWELL En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Que leur âme repose en paix et que la terre libre du Burkina leur soit légère. J’espère que les auteurs de ces actes ignobles seront punis à la hauteur de leur forfait. A mon humble avis,la symbolique de cette cérémonie était tellement forte que nous n’avons pas compris pourquoi certaines Osc s’en sont désolidarisées. Heureusement que le peuple a répondu massivement présent à cette cérémonie. Les raisons retenues pour le boycott ne tiennent pas la route car tout le monde attendait impatiemment cette cérémonie et s’était préparé à rendre un vibrant hommage à ces dignes fils du Burkina. On n’attendait que la date et l’indignation , la colère du peuple et le désir de compatir à la douleur étaient tels que personne ne voulait être en reste d cette cérémonie d’hommage.Il s’agissait de montrer au monde entier que les Burkinabé debout comme un seul homme ont partagé la douleur des parents et ont dit non à cette forfaiture. S’agissant de cette histoire d’autopsie, il ne faut pas qu’on se substitue aux personnes chargées du dossier qui savent ce qu’elles recherchent et les investigations qui leur sont utiles à l’instruction du dossier. Question : ce boycott s’adresse au gouvernement ou aux familles des victimes dont la mobilisation du peuple pouvait leur mettre un peu de baume au cœur ? On peut participer tout en dénonçant les insuffisances car ce n’était vraiment pas le moment d’afficher nos divergences en cette circonstance. Les mossis disent : Ka togsum kuur zabda kuuyiri.

  • Le 10 octobre 2015 à 15:29, par Alexio En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Il faudrait detruire la loge maconique du Faso qui n arien avoir avec la Democratie, ou un Etat de droit. Ils tuent tous ceux qui sont leurs voies de sales besognes. ILs ont ete le frein de la democratie en Afrique eponser par la grande loge de France. Regardez tous ses presidents Francs-macons en Afrique, qui d entre eux er promoteur de la democratie et l alternance en Afrique ? Personne. Il sont tous democrates de facades avec 30 ans de pouvoir et au-dela sans partage.Ils viennent au pouvoir par le sang et partirons dans le sang a cause de leur entetement a charcuter la constitution fondamentale.

  • Le 10 octobre 2015 à 17:27, par Le Doc En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    Dieu est le plus Grand. Que la terre libre du Burkina Faso leur soit légère.

  • Le 10 octobre 2015 à 18:23, par Nabiiga En réponse à : Cérémonie d’hommage aux martyrs du coup d’Etat : Des larmes en attendant la justice

    C’est vraiment émouvant mais, c’est bien car Diendéré, ou qu’il soit, doit voir vivement ce qu’il a fait. Prétendre ne pas savoir ou perplexe qu’il soit toujours détenu "à cause de cette affaire", cette fois-ci, surtout en suivant cette céremonie de sa cellule, il verra que ce n’est pas si donné qu’il le souhaite. Dieu est grand, c’est Dieu qui nous l’a livré bonnement.

    L’affaire de Diendére et le peuple Burkinabè peut se comparer à un lièvre et le lion. Dans une grande forêt (le Burkina), il y avait une lièvre (Diendéré) qui se croyait malin ; vraiment malin. Il s’est permettait de tout, il se croyait le gandaw de la forêt. Pire, les lions, (les Burkinabè) prédateurs feroce n’arrivaient jamais à mettre la main sur ce lièvre. Le lions finissaient par chasser les moins malins (les moins impliqués dans les basses besognes de Diendéré) tels que des singes, des léopards, les lézards etc. Un jour cependant, il a commencé à menacer et le lièvre se trouvait loin de chez lui dans la forêt. Quelques instants après, il a commencé à pleuvoir à torrents alors, le lièvre a courru vite aller chercher un abri qu’il a trouvé approprié pour la circonstance. Il est entré, d’abord il s’est contenté de rester à l’entrée (première tentative de déstabilisation). le lion n’en savait qui était à la porte, a bougé un peu vers un autre coin de son domicile. Ensuite, le lièvre a foncé un peu plus dans l’abri, encore le lion a bougé un peu plus à l’intérieur car il ne souhaitait pas être dérangé par qui qu’il ait été à la porte. Le lièvre, toujours pas satisfait, et voulant prendre l’ensemble de cet abri car se croyant malin, s’est foncé directement sur le lion ; le lion qui a passé 27 ans pour attraper ce lièvre mais n’a pas réussi se trouve éhabi que le lièvre s’est lui-même livré au lion si facilement. Il a essayé de se sauver dans an autre coin mais en vain, le lion l’a attrapé et l’a mangé.

    Diendéré s’est lui-même livré aux Burkinabè, il doit payer pour tous les crimes. Le pardon commence par la justice, ensuite la justice et finanlement la justice. Que ça été très bien dit. Que la terre de notre patrie leur soit légère et le Seigneur les accompagne, nous les restants, on accompagnera Diendéré jusqu’à ce qu’il soit puni sévèrement pour tout ce qu’il a fait.

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