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Les Africains responsables de leurs souffrances

Publié le mardi 12 avril 2005 à 05h33min

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L’Afrique noire a souffert depuis des siècles et des siècles. Les fléaux se sont succédé et ont blessé l’Afrique profondément.

D’abord, c’était l’esclavage. Ensuite, la colonisation. Ce sont encore les Blancs. Ceux-ci avaient de meilleures armes ; dans le combat ils étaient tellement forts qu’avec une centaine de soldats ils étaient capables de vaincre tout le peuple moaaga (et tout le Burkina Faso actuel). Le moogo naaba avait quand même une grande armée, bien organisée, avec des combattants redoutables.

Après la conquête, des atrocités nombreuses ont été commises. Les colonies étaient une source de revenus. Comme souvent, les plus forts sucent les plus faibles. Les Blancs avaient des motos et des voitures mais il n’y avait pas de bonnes routes. Pas de problème. Tout le village sur la piste ! Apporter le gravier bien sûr sur la tête.

Et bien battre le sol, comme les gens le faisaient pour le toit des cases rectangulaires des chefs. Les travaux forcés avec exploitation humaine : "pour le bien du pays". Pour dire vrai, "pour le bien des colonisateurs". Transporter de grandes poutres sur des dizaines de kilomètres, sur la tête, des jours entiers, pour la construction des maisons des colonisateurs. Naturellement, les femmes devaient apporter la nourriture.

Un travail forcé car il y avait des punitions sévères si le travail n’était pas vite et bien fait. Les routes à faire, les maisons à construire, les arbres à planter et à arroser, et le chemin de fer à construire. Les gens étaient obligés de venir de loin pour faire ces fameux chemins en fer. Dans d’autres pays africains, c’était pareil ou encore plus grave.

Au Congo, les gens devaient fournir du caoutchouc : 15 kgs de rubber par homme adulte et par mois. Ils devaient faire saigner le caoutchouc, le récolter et le sécher loin dans la brousse. Ils devaient aller de plus en plus loin car on ne pouvait pas saigner un même arbre indéfiniment. Quand les gens n’apportaient pas la quantité imposée, on les punissait.

Souvent, on leur coupait une main. Pour montrer aux autres qu’il faut travailler sérieusement pour les maîtres. A la longue, certains villages exemplaires devaient décourager ceux qui avaient des velléités de révolte. Un cas très précis pris dans un rapport de 1895 : un commissaire du district Loonga jw’Ekondaqui écrit qu’il a reçu un jour 1308 mains coupées. Les soldats devaient apporter autant de mains des morts que de balles qu’ils avaient tirées. S’ils n’avaient pas assez de mains, ils coupaient les mains des vivants.

Dans le même lieu et dans la même période, dans un même village, 956 personnes sur qui on a tiré, 200 personnes ont été faites prisonnières dont la moitié des enfants qui ont entre 4 et 10 ans en une journée. Ne pensez pas que ce fait est unique et tout à fait exceptionnel. Entre 1885 et 1925, la population du Congo a été diminuée de moitié.

Les nombreuses blessures de la colonisation ne sont pas encore guéries de nos jours. Quelle saignée pour l’Afrique ?
Mais, qui recrutaient (forçaient) tous les hommes et femmes pour faire les routes, pour construire les maisons et les chemins de fer, pour récolter le caoutchouc, et qui punissaient ceux qui n’exécutaient pas ou pire ceux qui se révoltaient ?

Bien sûr, le colonisateur ordonnait le travail forcé et était souvent au courant des atrocités. Les officiers des soldats étaient en général encore des Blancs. Mais la plus grande partie des exécutants de ces atrocités, au moins 90%, étaient des Noirs. Mieux vaut reconnaître notre part de culpabilité pour ne plus répéter les mêmes fautes. Nous les Africains, nous étions en partie responsables de notre souffrance.

Sans l’aide des Noirs, les Blancs n’auraient jamais pu faire ce qu’ils ont fait. Je répète, ce sont les colonisateurs, ce sont les Blancs qui sont coupables du travail forcé, de toutes les atrocités du temps colonial. Mais je répète aussi que sans nos frères africains, les colonisateurs auraient été incapables de nous coloniser. Luttons contre tout ce qui fait souffrir les Burkinabè.

Bonne nouvelle : L’immunité des soldats américains devant le tribunal international n’a pas été prolongée par l’ONU.

F. Balemans
BP 332 KOUDOUGOU (frans_balemans@hotmail.com)

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Vos commentaires

  • Le 14 avril 2005 à 23:54, par demo En réponse à : > Les Africains responsables de leurs souffrances

    Salut à tous ,je reconnais avec monsieur Baleman que les "blancs"ont abusé de nos faiblesses pour nous expolier même s’il reconnait que les noirs y ont été complices...mais moi je crois qu’il est temps que ns arretions de nous morfondre dans des pleurs accusateurs et prendre en main notre destin pour mieux preparer l’avenir de notre continent....Cela fait pour la plupart de nos pays africains +de 45 ans qu’ils sont independants mais en realité qu’en a -t-on fait ? A l’ère de la mondialisation et de la globalisation ou tous les pays du monde ont compris qu’il faut se reunir pour former des blocs intellegents et strategiques que fait l’Afrique....? Tant et si bien que quand il s’agit de nous aujourd’hui les grands pays rient car ils savent que ns ne seront jamais maîtres de notre destin tant que ns n’auront pas su tirer lecon de notre histoire pour ns faire un avenir...pleurer est trop facile et accuser ne resoudra jamais notre problème... Si ns attendons que ce soit les "blancs" qui viennent ns construire des infractructures et ameliorer nos conditions de vie ,je crois que le rêve ne fait que commencer ...tant que ns ne prendrons pas notre destin en main ,personne ne le fera à notre place(on ne fait d’omelette sans casser les oeufs) .Les blancs comme il dit ns ont forcé à faire des routes et des maisons dans des conditions inhumaines mais ils n’ont pas emporté ces routes et malheureusement au 3°MILLENAIRE ;nous voyons bien le besoin de routes, d’école ,d’hopitaux ....mais on ne fait rien sinon pleurer,accuser et pire faire faire aussi du travail forcé à certains d’entre nous...Nous avons d’abord interêt à trés bien apprendre notre histoire et ensuite s’appuyer la-dessus pour se developper car la finalité de toute notre existence...salut !!!

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