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Action gouvernementale : Yonli la discrétion ?

Publié le mardi 12 avril 2005 à 05h53min

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Y a-t-il un Premier ministre au Burkina Faso ? Oui, si l’on s’en
tient à la composition de l’exécutif. Il a pour nom Paramanga
Ernest Yonli et siège rue Agostino Ernest Neto.

Il dirige certaines
instances comme l’Assemblée générale des sociétés d’Etat,
pose des premières pierres et inaugure de nouvelles
réalisations, fait chaque année un discours sur l’état de la
nation, bref, il applique la politique tracée par le chef de l’Etat.

Sa profession de foi, à sa nomination, en 2000, était brûlante :
aller au charbon. Pourtant, on l’a peu vu dans certains dossiers
brûlants, on a peu perçu sa touche dans le règlement de
certaines crises. Lorsque le scandale des vivres Cathwel a
éclaté, le silence du gouvernement de Yonli a été saisissant. Car les responsables de cette agence américaine qui distribue
gratuitement des vivres à nos écoliers sont même allés jusqu’à
supplier le Premier ministre d’agir.

Qu’a-t-il fait officiellement ? On n’en sait rien. Deuxième
événement qui marque l’extrême discrétion du Premier ministre,
c’est la question du chef de file de l’opposition. Alors qu’il ne lui
reste plus qu’à prendre les mesures idoines (ressources
financières, moyens logistiques , etc.) pour permettre le
fonctionnement de cette institution saluée par tous (même si
les différentes manoeuvres qui l’ont entourée laissent à
désirer), le Premier ministre traîne les pieds. Attend-il d’être sûr
de l’allégeance de Gilbert Ouédraogo à son “patron”, pour enfin
lui offrir les moyens de son existence en tant que leader de
l’opposition ?

En tous cas, les tergiversations autour du décret d’application
concernant le chef de l’opposition sont révélatrices d’une hyper
prudence du Premier ministre face à la volonté de certains
dirigeants de la majorité, de vouloir caporaliser cette institution
républicaine.

Autre dossier sur lequel on attendait le chef du
gouvernement : la lutte contre la corruption dans l’administration
et les fraudes fiscales et commerciales. Son engagement
d’assainir le milieu, pris devant les opérateurs économiques, à
Bobo, tarde à se concrétiser sur le terrain. Récemment, la crise
des écoles professionnelles que sont l’IDS (Institut des
sciences) et l’ENP (Ecole nationale de police) a vu un chef du
gouvernement très peu loquace, laissant plutôt l’initiative à ses
ministres. Officiellement, en tout cas, le chef du gouvernement
n’a pas laissé voir son implication dans ce dossier explosif.

La déclaration du ministre Salif Diallo dans la presse, rappelant
à l’ ordre le département du Commerce sur son rôle de
protection de la production nationale, vient mettre davantage en
relief la discrétion du Premier ministre. Salif Diallo, exaspéré
par la mévente du riz local, a lancé cette mise en garde : “ Il est
temps que le ministère du Commerce défende les intérêts des
producteurs de riz en imposant les quotas d’importation
favorables à l’enlèvement de la production nationale”. On croirait
entendre le Premier ministre sermonner un de ses éléments
pour un recadrage de la politique nationale en matière
d’importation...

En tout état de cause, M. Yonli est en passe de battre le record
de longévité des premiers ministres de la IVe République. Après
tout, peut-être a-t-il des qualités qui lui valent cette longévité. L’efficacité s’appuyant sur la discrétion et la prudence ?

On ne
peut pas en effet nier son rôle dans les grandes réformes
économiques et institutionnelles exigées par les bailleurs de
fonds. Une tâche laborieuse, méticuleuse et ingrate parce que
sans retombées politiques évidentes. Au contraire, ces
réformes sont la bête noire des syndicats et d’une frange de la
société civile. En tout état de cause, si Yonli a fait mentir tous les
pronostics, c’est qu’il obéit à l’idée qu’un chef d’Etat se fait d’un
Premier ministre : gérer ce qu’on veut bien lui confier sans se
montrer trop ambitieux et trop bavard.

Après tout, on est dans un
régime présidentiel fort, comme l’ont voulu les
constitutionnalistes.

Le Pays

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