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Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

Publié le dimanche 27 septembre 2015 à 23h24min

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Commission d’enquête indépendante (CEI), vous dites bien commission d’enquête indépendante (CEI) ? De quoi avez-vous peur, chers gouvernants de la transition ? Pourquoi faut-il mettre en place des CEI pour faire la lumière sur des crimes frais dont les auteurs sont connus et clairement identifiés ?

Hier c’était pour nos martyrs d’octobre et novembre 2014, aujourd’hui, il s’agit de ceux commis au cours de cette prise d’otages dont vous avez constitué le plat de résistance et mué en putsch sous le patronage du sieur Gilbert Diendéré en ces jours tristes de septembre 2015, que nous n’avons même pas encore ensevelis ! Faut-il en rire ou en pleurer ? Après tout ce travail de défiance abattu par notre peuple, on veut encore l’endormir pendant un mois, à attendre un hypothétique recoupement de preuves par une certaine CEI avec la possibilité de nous entendre encore dire un jour que des traces ont disparu. Et pendant ce temps, que fait-on des principaux auteurs qui ont publiquement avoué leur crime, leur forfait ? On les réaffecte simplement dans de nouvelles unités de l’armée, on les laisse se balader dans la nature avec la possibilité pour eux de se soustraire à la justice (suicide, fuite ou enlèvement, règlement de compte, etc) ? Si le gouvernement ne veut pas se rendre complice de ces hypothèses quelconques, il a intérêt à prendre les devants pour faire arrêter ces personnes et les mettre en lieu sûr afin qu’ils répondent sereinement de leurs actes devant la justice. Autrement dit, quel déni de nos institutions judiciaires ! Si ce n’est un pied de nez, comment comprendre qu’au sortir des récentes jamborees sur la réhabilitation de l’institution judiciaire organisées par la "tantie Joséphine" pour nous faire miroiter un prétendu pacte fort de renouveau de la justice et son corollaire de mesures particulières prises pour renforcer l’indépendance des magistrats, l’on veuille refiler systématiquement des dossiers frais de survie de la république à des CEI ? Autant dissoudre ces institutions si elles sont incapables de servir là où nous les attendons, si pour le moindre dossier dit « lourd » (pour emprunter le mot à « tantie Joséphine Ouédraogo », ministre de la justice sous la transition), il faille faire recours à des institutions d’exception que sont les CEI ! Que vaut en effet la CEI dans notre architecture juridique et juridictionnelle ? Quelle est la valeur des travaux de ces CEI devant un juge responsable ? Car au finish, il va bien falloir qu’un juge soit désigné pour connaitre de la suite du dossier ! Qui perd et qui gagne en temps, en ressources, en moyens de preuves et en manifestation de la vérité (traces physiques et matérielles, mémoire collective et individuelle, etc.) ? A-t-on tiré les meilleurs enseignements sur le cas emblématique du dossier Norbert Zongo toujours dans l’impasse après 16 ans de travaux d’une CEI ? Que dire des dossiers Thomas Sankara ? A ce rythme, faut-il réclamer des CEI pour tous les cas de crimes odieux commis sur les personnes de Clément O. Ouédraogo, Jean Baptiste Lingani, Henri Zongo, le juge Nébié, ... pour ne citer que ceux-là ? A mon humble avis, il faut arrêter de discréditer nos institutions judiciaires et laisser ces dernières s’assumer, sinon on ne sortirait jamais du cycle de commissions d’exceptions. Après que le peuple burkinabé se soit assumé en déboulonnant le plus dur qu’était ce fameux régiment de sécurité présidentielle (RSP), il appartient à ces institutions de suivre le pas, à moins de vouloir se saborder en ramant à contre-courant, ce qui inéluctablement pourrait les exposer à la colère indicible de ce vaillant et courageux peuple !

Issa KERE
Consultant en Communication de crise et Médiation
Email : patrie2015@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 28 septembre 2015 à 03:13, par Nabiiga En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    Je valide vos arguments. À ce que je sache, et ce que j’ai personnellement vécu dans la sous région ouest africaine où il y a eu des tentatives de coup d’état, les auteurs sont arrêtés et jugés souvent sous des conditions pas très glorieuse mais enfin, toujours est-il qu’ils ont été jugés et punis à la hauteur de la participation et implication de chaque personne. Voilà ! Je suis sans voix quand j’apprends qu’une commission d’enquête a été mise en place pour déterminer les auteurs. L’auteur est bel et bien Diendéré, il est là, ses biens sont certes gelés, mais il est libre de ses mouvements tout comme ses accompagnateurs. Il a même dit qu’il est prêt à faire face à la justice. Que cherche-t-on de plus ?
    Il faut arrêter Diendéré, le mettre en lieu sûr, mène l’interrogation pour soustraire les vrais commanditaires quitte à le torturer pour qu’il cite ses accomplices. De plus, le CND avait ses membres, qu’on arrête eux-tous en même temps. On se souvient de putsch de notre voisin au sud en 1967 lorsqu’il y a eu une tentative de coup d’état pour renverser les généraux qui avaient renversé le gouvernement de Nkrumah au Ghana. On avait arrêté les fauteurs de troubles et on les a passés par les armes. Et d’ailleurs, pourquoi aller si loin dans les archives pour chercher des antécédents. Diendéré lui-même, n’a t-il passé Lingani et Henry par les armes pour une tentative de coup d’état qui a été montée de toute pièce par ce même Gilbert Diendéré. Alors, pourquoi ne faut-il le pas mettre aux arrêts, lui et ses compagnons, ensuite mener l’enquête pour voir l’étendu du filet et les punir selon les lois en vigueur. Je ne comprends pas. Veuillez nous situer d’avantage sur cette stratégie si stratégie, il y a en effet.

  • Le 28 septembre 2015 à 03:23, par professeur En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    Monsieur kere je suis parfaitement d’accord avec vous.jusqu’a nos jours je ne connais pas le travail d’une commission d’enquete independente qui connu une suite favorable.quand les faits sont claires un juge d’instruction peut faire le travail pout nous eviter les longues attentes et les depenses unitiles.apres on nous dira que le dossier est politique et donc difficile.

  • Le 28 septembre 2015 à 05:18, par Paul Sylvain Pare En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    "A-t-on tiré les meilleurs enseignements sur le cas emblématique du dossier Norbert Zongo toujours dans l’impasse après 16 ans de travaux d’une CEI ?". La question mérite qu’on s’y arrête afin de la trancher rapidement et définitivement...Alors qu’on n’a pas fini d’enterrer les victimes, qu’on n’a même pas mis en sécurité les auteurs, ou les "suspects sérieux" crimes, voilà qu’on retombe comme par le passé dans des spéculations juridiques spécieuses, comme si l’on voulait comme par le passé, à force de mettre en place, des commissions d’enquête indépendantes. A force de ne pas donner du travail aux magistrats, on les laisse végéter, en les empêchant d’acquérir leur indépendance véritable, en leur confiant des dossiers même difficiles...On ne peut plus tromper le peuple, à travers des spéculations oiseuses...Beaucoup de dossiers dans les tirroirs de nos palais de justice, ont disparu ou ont servi de nourriture aux mythes. Quand on sort de régimes d’exception, et qu’on a entre les mains des dossiers de justice, on fait travailler les juges. c’est le plus sûr moyen de les aider à acquérir une indépendance véritable.

  • Le 28 septembre 2015 à 06:35, par Sidpayétka En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    BONJOUR A TOUS !

    Est ce donc le frère de l’autre KERE qui écrit ceci ? ou bien KERE n’est pas KERE ?

  • Le 28 septembre 2015 à 06:45, par le juste En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    On n’a en effet pas besoin d’une commission d’enquête dans le cas de ce putsch à moins que la Transition veuille en profiter pour s’accorder encore quelques mois supplémentaires à la tête de nos deniers publics avec ses OSC VENTRILOQUES et continuer tranquilement ce cycle de marchés publics accordés aux amis sans appels d’offre et de décisions et lois hasardeuses qui ont fait sa mauvaise réputation. Encore une énième commission ! A t-on juste envie de dire. Mais comme à son habitude la Transition n’en fera qu’à sà tête n’écoutant personne, jusqu’à piquer un autre "rspome" ou une " dienderite aiguë ". Que Dieu sauve notre pays.

  • Le 28 septembre 2015 à 08:04, par soura yorva En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    Félicitations mon frère.
    La vérité rougit les yeux mais ne les crève pas.
    Nous devons avoir les courage de mettre fin à l’impunité. Trop de criminels auteurs de crimes de sang et de crimes économiques circulent librement dans notre sans aucune inquiétude.
    Tout ce comme si leur triste slogan "si tu fais on le fait et il n’y a rien" continue à terroriser, hypnotiser nos dirigeants...

  • Le 28 septembre 2015 à 15:53, par le titan En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    merci à tous (sauf l’intervenant N°4)
    voila qui est tout net.
    je rejoins M Kéré comme tout le monde, mais j’arrive pas à comprendre la stratégie de nos chers dirigeants .Esce par peur ? j’en suis presque convaincu. parce que le gouvernement s’appui sur ses FDS (Forces de Défences et de Sécurités) être fort dans le respect de ses décisions.
    Mais a y voir de près , on remarque que le CEMGA Gal Zagré n’inquiète pas véritablement les éléments du RSP (de l’ultimatum,jusqu’à leurs affectations). La majeur partie des hommes du RSP ont royalement nargués les instructions du CEMGA. Au point que ce dernier n’ordonne plus , mais demande....
    dans un tel contexte je comprend nos autorités . Parce que malgré leurs bonne fois de vouloir dormir tranquille en voyant Diendéré en cellule. Ne sont pas certains de la capacité du CEMGA a mettre Diendéré hors d’état de nuire.
    comme la dit le CEMGA , il avance lentement mais surement ,il pourra et est dans l’obligation de réussir à reprendre les armes aux RSP. Mais aussi de livré Diendere à la justice , une fois désarmés.
    les 1 mois de la comission a mon sens servent a s’assurer du contrôle parfait de la situation avant toutes punitions.
    De mon humble avis je pense que ce soit également la meilleur des issues que nous pouvons emprunter par ces temps qui courent.
    Assécher financièrement les putschistes et leur source de financements est tres utiles pour affecter moralement les troupes du RSP. Au point que certains prennent conscience de la gravité de la situation qui plane sur eux.
    Car je peu vous assurer que certains sont sur leurs positions et son loyaux au maitre Diendere, mais lorsqu’ils sauront que ce dernier n’est plus a mesure d’assurer le paiement continu car n’a plus accès a ses ressources inépuisables et que ceux qui pourraient le venir au secours monétaire sont dans la même situation.
    Croyez moi ils changeront de camp , un rebelle, pardonnez moi un RSP c’est un éternelle traite.
    ensuite je voudrai également emprunter l’expression de quelqu’un sur les réseaux socio- Même pour composer un simple de voir sur un cours , le professeur a besoin d’au moins 4 jours , pour l’administrer , 2 ou 4 h selon la matière, et 5 jours pour corriger sérieusement.
    alors pour désarmer, une armée dans l’armée il faudrait un temps raisonnable (environs 3 semaines) pour un travail bien fait.
    une fois les armes retirés et placés en lieux sure ; LA HORDE DES INSSOUMIS " expression de notre chers Président M’ba Michel" aura chaud.
    ça je peu vous l’assurer.
    prenons le temps qu’il faut car on a chassé la CEDEAO de Macky et Yayi leurs souhait c’est de voir le chaos qu’ils ont promis a notre chers patrie.
    la prudence n’est pas synonyme de peur.

  • Le 28 septembre 2015 à 23:58, par KERE Issa En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    Bonjour à toutes et tous ceux qui ont eu l’amabilité de lire mon point de vue sur la mise en place d’une énième commission d’enquête indépendante dans notre pays. J’ai apprécié les échanges de vue sur ma préoccupation qui n’est qu’une appréhension du citoyen que je suis sur un sujet que je trouve crucial. J’écris sur ma véritable identité et j’assume mes propos, s’il en était ainsi de tout les intervenants, le débat serait plus saint. A l’intention de "Sidpayetka", je voudrais simplement faire savoir que tous les burkinabé sont mes frères quelque soit le patronyme sous lequel ils se présentent. S’il veut bien suivre mes post sur tous les réseaux sociaux burkinabé qui ont toujours publié mes opinions (facebook, lefaso.net, zoodomail ou burkina24), il saura à peu de choses près à qui il a à faire. Je ne sais à quel KERE il fait allusion mais moi je signe bien de mon nom que je ne changerai pour rien au monde quelque soient les idées reçues ou les stéréotypes !

  • Le 8 octobre 2015 à 08:44, par Sergent-Révolutionnaire En réponse à : Vous avez dit commission d’enquête indépendante ?

    belle analyse. En tout cas, à cette allure, nos juridictions ne feront que enquêter sur les cas mineurs de vol de poulet, de braquage, de meurtre, etc sans connaitre des cas graves comme la haute trahison, les crimes économiques, l’atteinte à la sûreté de l’Etat, de terrorisme ou de crime contre l’humanité dont les infractions et peines figurent dans notre Code pénal. Une CEI, comme d’ailleurs toujours au temps de Blaise et encore après Blaise sous la transition, est vraiment inopportune voire budgétivore. Si c’est pour garantir l’indépendance des enquêteurs ou trier l’ivraie de la bonne graine parmi les magistrats, ou encore faire participer d’autres magistrats ou compétences externes à ces enquêtes pour crédibiliser le processus, je dirais que c’est encore inopportun. Nous avons des compétences chez nous et nous nous connaissons ( il y a des magistrats ou des experts nationaux véreux, incompétents, partisans, laxistes... comme il y a d’autres par contre compétents, neutres, sérieux, travailleurs...). Il fallait donc que ces derniers soient vite identifiés et fassent le travail comme il se doit. Nos problèmes doivent être résolus par nous-mêmes, n’en déplaisent à ceux qui crient de tort à travers (ils font pire ou feraient même pire), nous sommes souverains dotés de toutes les institutions et des compétences. A

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