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Campagne politique : L’indispensable correction du code électoral

Publié le jeudi 10 septembre 2015 à 23h39min

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Campagne politique : L’indispensable correction du code électoral

Adopté en avril dernier, le nouveau code électoral impose un embargo sur la publicité des activités politiques jusqu’au 18 septembre 2015. Au risque d’étouffer l’expression démocratique

L’article 68 bis de la loi N° 005 du 7 avril 2015 portant Code électoral, et la décision N°2015-012 du Conseil supérieur de la communication(CSC) portant règlementation de la couverture médiatique de campagne électorale déguisée, doivent être purement et simplement abrogées par les futurs députés dès leur première session parlementaire.
A l’expérience, ces deux textes sont antidémocratiques et par dessus tout, discriminatoires, donc contraires à l’article 8 de la Constitution sur le droit à l’information des citoyens. Adopté par les députés de la Transition, l’article 68 bis du Code stipule qu’il « est interdit quatre-vingt jours avant le début de la campagne officielle, la couverture médiatique de toute campagne déguisée ». En application de ce texte, le CSC tient en laisse la presse depuis juin dernier et menace de sévir contre ceux qui seraient tentés de sortir des rangs, même d’un centimètre. Il a ainsi tapé sur les doigts de certains médias qui ont juste couvert le dépôt de candidature des prétendants à la magistrature suprême.
L’article 68 bis est antidémocratique parce qu’il empêche les médias d’informer les électeurs sur le contenu des programmes des partis politiques aux législatives et des candidats à l’élection présidentielle. Le double scrutin du 11 octobre 2015, qui intervient après l’insurrection populaire, apparait comme le plus ouvert depuis le retour de notre pays à l’état de droit en 1991. Pour la première fois, la victoire d’un parti aux législatives et d’un candidat à la présidentielle n’est pas acquise d’avance.
D’où l’intérêt pour les citoyens d’être suffisamment informés sur les programmes et propositions des candidats afin de mieux affiner leur choix. Qui n’est pas intéressé d’en savoir un peu plus sur la piste nucléaire évoquée par le candidat de l’UPC, Zéphirin Diabré, pour régler le récurrent problème des délestages ? Qui n’est pas curieux de savoir la différence entre la social-démocratie incarnée par Roch Christian Kaboré hier au CDP, et aujourd’hui au MPP ? Lorsque le candidat du l’Unir/Ps, Stanislas Sankara parle « d’alternance alternative », que veut-il dire exactement ? Sur quelles thématiques les candidats de l’ex-majorité comptent-ils faire campagne et rebondir, eux qui ont été chassés du pouvoir il y a dix mois ? Autant de questions que la loi autorise à poser seulement à partir du 18 septembre jusqu’au 9 octobre, c’est à dire, le temps de la campagne officielle. Un temps court et très réglementé qui laisse peu de marges aux journalistes de pousser les candidats dans leurs derniers retranchements pour apporter plus de précisions sur leurs programmes. Cette façon de brimer l’expression démocratique doit cesser dès la fin de la transition.
Discriminatoires, les deux textes le sont doublement. D’abord, pendant qu’ils interdisent aux journalistes Burkinabè de relayer les activités des organisations ou d’hommes politiques, leurs confrères étrangers peuvent, dans le même temps, en toute liberté, interroger les candidats à la présidentielle sur leurs projets de société et leurs programmes. La préférence étrangère, il fallait y penser !
Ensuite, entre les Burkinabè qui ont accès à Internet, utilisent les réseaux sociaux et ceux pour qui, comme les dolotières de Tougan, s’informent uniquement par la radio et/ou la télévision. En plus d’être discriminatoires, l’article 68 bis du code électoral est obsolète. Rien, absolument rien des activités des partis politiques n’échappe aux usagers des réseaux sociaux. La caravane conduite par le candidat du MPP qui a manqué de peu de s’embourber dans le Kénédougou ? Les images ont vite inondé la toile. Le meeting que Zéphirin Diabré a animé le 26 juillet dernier sous un arbre à Tobo, un village situé à la frontière du Ghana dans le Poni, les internautes en connaissent tous les détails, tout comme ils ont vu la candidate indépendante Françoise Toé, munie d’une daba, labourant aux côtés d’autres femmes, un champ de céréales à Tikaré. Il y a donc ceux qui sont hyper informés et ceux qui ne sont pas du tout informés. Bien sûr, l’abrogation de ces textes ne garantira pas l’accès égal de tous à l’information, mais que cette inégalité soit de fait codifiée par une loi, ça fait franchement désordre dans un Etat qui se veut de droit. Pour toutes ces raisons, le code électoral doit être revu et corrigé.

Joachim Vokouma ; Lefaso.net (France)

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Vos commentaires

  • Le 11 septembre 2015 à 06:50, par Rayaisbeogo En réponse à : Campagne politique : L’indispensable correction du code électoral

    Le nucléaire pour combattre les délestages au Burkina ? D’abord un leurre parce qu’il n’arrivera jamais à le faire. Après avoir passé des années à la tête de la structure française AREVA, dont le plus grand site d’exploitation de l’uranium se trouve au Niger, qu’à t il pu faire pour ce pays ? Le Niger a tout simplement été et est toujours pillé de ses ressources. Au jour d’aujourd’hui, rien pour le Niger !!! Si nous prenons tout simplement le cas de l’Iran avec ce fameux accord sur le nucléaire, nous nous rendons compte que parler de nucléaire au Burkina d’aujourd’hui, c’est tout simplement se foutre de nous.
    Dans un pays comme le Burkina, qui n’est pas encore arrivé à l’autosuffisance alimentaire, où plus de 50% de la population est analphabète, classé parmi les pays les plus pauvres du monde, on trouve le courage de parler de nucléaire ?
    Au jour d’aujourd’hui où les pays développés rêvent de quitter le nucléaire pour les énergies renouvelables, tout simplement parce que le nucléaire à la réputation d’être très coûteux et très très dangereux (ex : Foukouchima) nos leaders politiques, au lieu d’ouvrir les yeux sur les vrais préoccupations des populations, ils nous parlent de nucléaire au lieu de nous parler d’énergies renouvelable. Soit ils ignorent les réalités du Burkina, soit c’est de la méchanceté. Dans un pays comme le Burkina où nous avons le soleil 12h minimum par jour et toute l’année ????? De grâce, pas de nucléaire au Burkina, même si nous avions les moyens financiers et politiques pour. Il faut arrêter de rêver et de mentir au peuple !!!

  • Le 11 septembre 2015 à 13:27, par SAK-SIDA En réponse à : Campagne politique : L’indispensable correction du code électoral

    foutaises. les partis politiques ont la période du 19 septembre au 9 octobre à 0 heure pour faire connaitre leur programmes politique. et durant cette période, aucune censure sur la communication en ce qui concerne les programmes des partis. il faut juste dire que cette mesure restreint les revenues des agences de presse qui auraient pu profiter de la manne financières des prétendants au fauteuil. je pense qu’il clairement poser le problème ainsi au lieu de parler de droit à l’information des citoyens. à partir du 19 septembre nous sommes à l’écoute des partis.n’oubliez pas que une très longue campagne distrait aussi le peuple,le détourne de son travail quotidien et ne fait pas avancer notre pays

  • Le 13 septembre 2015 à 06:51 En réponse à : Campagne politique : L’indispensable correction du code électoral

    Je suis parfaitement d’accord avec vous, mon frère SAK-SIDA. J’ai manifesté tout simplement une inquiétude en répondant à cette opinion. Nous attendons les programmes des candidats pour donner nos points de vu. Le but pour tout citoyen conscient c’est de poser des actes aujourd’hui qui serviront à garantir un avenir meilleur pour les enfants et les petits enfants. À très bientôt.

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