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Paul Kabré, photographe : « Avec les images, je veux convaincre les jeunes à rester en Afrique »

Publié le mercredi 2 septembre 2015 à 20h39min

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Paul Kabré, photographe : « Avec les images, je veux convaincre les jeunes à rester en Afrique »

Paul Kabré est un photographe burkinabè qui fait preuve de complicité avec son appareil. Il est l’un des rares personnes qui peuvent raconter l’histoire de la profession qu’il exerce depuis 1976. Basé dans la ville de Bobo-Dioulasso, il fait des photos et des films documentaires. « Gaeenga parmi les hommes », est l’un des films qui l’a révélé au public. Il participe souvent avec succès à des compétitions d’expositions et de projections cinématographiques. Ce sexagénaire, qui se fait appelé « tonton Chouette », a été primé plusieurs fois par des institutions. Lisez…

Lefaso.net : Vous avez près de 40 ans d’expérience dans la photographie, parlez-nous brièvement de votre parcours professionnel

Paul Kabré : Mon parcours professionnel est brièvement raconté comme suit : Des reportages au Bénin, Ghana, Togo, Mali et Suisse. Des expositions et projections à la Biennale de la photographie africaine de Bamako, à Berne en Suisse, à la Bibliothèque François Mitterrand à Paris, à la Centrale électrique de Bruxelles en Belgique, à Barcelone en Espagne, à Saint Denis, Île de la Réunion. J’expose et projette aussi des films au Festival des Films du monde de Montréal au Canada, au Festival du Film africain de Vérone en Italie, au Festival Panafricain d’Alger en Algérie, au Mondial Photo Festival de Rovinj en Croatie, au National Photography Awards à Arlington au Texas (Etats Unis d’Amérique). Mon parcours a aussi servi de thèse de mémoire à Maria Oliva Rodrigo de l’Espagne.

Lefaso.net : Qu’est-ce qui vous passionne tant dans ce métier ?

P.K : Ce qui me passionne dans ce métier, c’est le fait d’être en harmonie avec les personnes et la nature photographiées, c’est aussi le sentiment d’être accepté par le sujet photographié, d’être témoin du présent et enfin acteur de l’histoire…

Lefaso.net : Vous avez aussi réalisé un film baptisé « Gaeenga parmi les hommes », parlez-nous de cette autre expérience ?

P.K : « Gaeenga parmi les hommes » est un film documentaire de 27 minutes, né de l’idée que j’avais de réaliser une exposition photographique sur ces personnes mentalement malades que l’on qualifie à tort ou à raison de fous ou folles et qui errent à longueur de journées dans les rues des villes et campagnes d’Afrique et particulièrement ceux du Burkina. J’ai voulu avec ce documentaire toucher la sensibilité de nos décideurs et susciter la création de conditions allant dans l’amélioration de leurs quotidiens. Chemin faisant, j’ai découvert qu’ils disaient des choses sensées, alors je me suis dit pourquoi ne pas prendre aussi la parole…

Lefaso.net : D’où est venue votre inspiration pour la réalisation de ce film ?

P.K : Lorsque l’artiste, regarde autour de lui, il y a ce qu’il décèle et qui même s’il n’est pas toujours perçu comme préoccupant, n’en demeure pas moins interrogateur…
Un jour à Bobo-Dioulasso, j’ai constaté la présence dans la ville d’un jeune qui tourne dans les rues tout nu et je me suis dit que déjà il n’est pas aisé de les aborder habillés, encore moins nus… Est-ce qu’il arrive que quelqu’un ait le courage de lui tendre une pièce de monnaie ? Et si cela advenait, comment pourrait- il s’acheter à manger ? Sachant que ceux qui vendent à manger sont la plupart des femmes… Comment se comportera une femme qui voit venir vers elle un homme tout nu ? Alors, je me suis dit que je ne dois pas rester sans crier au nom de ces sans voix pour que les choses changent !

Lefaso.net : Votre spécialité, c’est surtout la photographie, avez-vous une agence ?

P. K : Un studio Photo Vidéo « Chouette » auparavant situé face au boulevard côté lycée Ouézzin Coulibaly a déménagé au 139, rue 15 – 163 à Ouézzin ville, dans la ville de Bobo-Dioulasso.

Lefaso.net : Qui sont vos principaux clients ?

P. K : Mes clients sont divers. Il y a les sociétés de la place, les cérémonies de toutes sortes. Je suis sollicité par des institutions comme l’Agence Française de Développement (l’AFD) Paris, le Groupe huit à Paris, Africavenir en Allemagne.

Lefaso.net : On sait aussi que vous avez été primé à plusieurs reprises. Pouvez-vous nous en parler ?

P.K : J’ai été 3ème en photographie au Mondial Photo Festival à Rovinj en Croatie en juin 1999. J’ai aussi eu un Master et 2 Prestiges obtenus au National Photography Awards à Arlington au Texas, (Etats Unis d’Amérique) en Novembre 1999. J’ai également eu des Mentions spéciales de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) au Fespaco 2003 à Ouagadougou et au Festival du film africain de Vérone en Italie en 2006.

Lefaso.net : En presque 40 ans, la pratique de la photographie a connu un essor avec l’arrivée sur le marché de plusieurs autres photographes, comment trouvez-vous la concurrence ?

P.K : Je suis plutôt tenté de vous dire que 20 ans en arrière, il y avait vraiment des photographes. Ceux qui mesuraient la distance entre le sujet à photographier et l’appareil photo qu’il fallait régler en fonction du temps qu’il fait pour obtenir une photo à vendre ou expressive…
Actuellement avec l’avènement du numérique, tout le monde est photographe et j’ai de la peine à parler de concurrence.

Lefaso.net : On vous sait très inventif et entreprenant. Avez-vous d’autres projets de réalisation en vue ?

P.K : J’ai un projet en vue. Celui de terminer un documentaire sur les SDF (Sans Domicile Fixe) que j’ai réalisé en France avec pour objectif de décourager la jeunesse africaine qui meurt au Sahara ou aux portes de Lampedusa ; ou de les encourager à rester en Afrique très riche même si mal exploitée…

Minata TOE (stagiaire)
Lefaso.net

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