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Mariage des enfants : Un phénomène grandissant dans les Hauts-Bassins

Publié le mardi 25 août 2015 à 23h12min

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Mariage des enfants : Un phénomène grandissant dans les Hauts-Bassins

Lancée le 22 juillet dernier, la campagne de plaidoyer pour la promotion des droits des enfants est en train d’être mise en exécution dans la région des Hauts-Bassins. Essentiellement axé sur le mariage forcé et/ou précoce des enfants, le gouvernorat, la direction provinciale de l’Action sociale et de la solidarité nationale du Houet et l’espace jeunesse Dafra de Bobo-Dioulasso sillonnent l’ensemble des communes rurales pour sensibiliser les leaders d’opinions sur les conséquences du phénomène. Ce lundi 24 août, les leaders d’opinions de Peni, commune rurale située à 33 kilomètres de Bobo, ont adhéré à l’initiative pour réduire le fléau.

Le phénomène du mariage forcé et/ou précoce semble avoir la dent dure dans la région des Hauts-Bassins. Les chiffres indiquent qu’en 2014, ce sont 116 cas de mariages forcés et 413 cas de conflits conjugaux qui ont été enregistrés par les services de l’Action sociale. Les chiffres du premier semestre de 2015 sont aussi alarmants. La direction provinciale de l’Action sociale et de la solidarité nationale du Houet a déjà répertorié 48 cas de mariages forcés. C’est dire à quel point le phénomène prend de plus en plus une envergure inquiétante, selon le secrétaire général de la province Abdalah Sangaré ; violant du même coup les droits des enfants.

C’est fort de ce constat peu reluisant que le gouvernement du Burkina à travers les autorités de la région, avec le soutien de l’Unicef, a initié une campagne de plaidoyer et de sensibilisation afin de venir à bout du phénomène. Depuis le 17 août, des communes rurales de la région sont en train d’être sillonnées par le secrétaire général, le représentant de l’espace jeunesse Dafra Soumaila Pacotogo et Solange Somé de la direction provinciale de l’Action sociale. Avec les leaders d’opinions (coutumiers, religieux, etc.), un exposé a été fait sur la définition du mariage forcé et/ou précoce, les différentes formes de mariage, les causes et les conséquences, les dispositions juridiques et enfin les stratégies de lutte contre le phénomène. Un exposé suivi d’échanges.

Avec Solange Somé, les participants ont pu se faire une idée sur la définition du mariage, les différents types de mariage qui sont selon elle : le rapt, l’enlèvement, le kidnapping, le lévirat, le sororat, l’échange et/ou le préférentiel. Le phénomène, à en croire la communicatrice est une triste réalité dans la région des Hauts-Bassins.

L’échange, un type de mariage plus répandu dans le village de Noumoudara
L’échange est aussi un type de mariage. En échange d’une modique somme, des parents faisaient la promesse de donner leur fille à un prétendant, et celle- ci était tenue de s’exécuter le moment venu. Noumoudara, village situé dans la commune de Peni enregistre ces cas selon le président du Comité villageois de développement. En effet, raconte-t-il : « je ne sais pas si c’est du matérialisme ou pas, mais avant, 1500F suffisaient pour doter une fille, et qui après, pourrait commencer à vous aider dans les travaux champêtres. Cela n’est plus le cas. Aujourd’hui il faut débourser 40 000F à 50 000F pour prétendre avoir une fiancée. Et même quand on le fait, il n’est souvent pas évident de l’avoir, comme et quand on le souhaite ». D’où, à son avis la nécessité de presser le mariage. Et pour mieux étayer les propos suscités, le président du CVD/Peni informait qu’il y a deux semaines, ils ont assisté au mariage précoce d’une jeune fille de moins de 17 ans et d’un jeune garçon de moins de 20 ans. En tous les cas, les conséquences du mariage forcé ont été relatées. Ce sont entre autres, l’infidélité, le suicide, la prostitution, la solitude, la dislocation de la famille, les conflits familiaux etc.

Les causes du mariage forcé/précoce notamment la pauvreté, le besoin de conservation de la dignité, la crainte de la survenue d’une grossesse, ne doivent en aucun constituer des justificatifs pour violer le droit des enfants. En plus de partager les dispositions pénales avec les participants, Solange Somé s’est beaucoup attardée sur les stratégies de lutte contre le phénomène. Le message semble être compris par les participants au regard de leur participation. Pour Joceline Sanou présidente de la délégation spéciale de Péni, cette sensibilisation sur le mariage forcé et/ou précoce vient à point nommé. « Le phénomène est très répandu dans nos villages et les cas que nous enregistrons sont référés aux services de l’action sociale », a confié la présidente de la délégation spéciale qui fonde l’espoir que les leaders d’opinions vont relayer l’information auprès des populations à la base.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 26 août 2015 à 10:07 En réponse à : Mariage des enfants : Un phénomène grandissant dans les Hauts-Bassins

    Avant, au temps de nos grandes mères et de nos mères, les mariages étaient arrangés entre les parents et l’avis de la future mariée n’était pas demandé du tout et en plus elle était obligée de respecter la volonté de son père qui est indiscutable et elle était tenue de bien se comporter pour préserver l’honneur et la dignité de ses parents,et en son temps les enfants connaissaient leur et ne discutaient point la volonté de leurs parents. Et il n y avait pas de problème parce que chaque partie faisait des efforts pour ne pas décevoir l’autre et les couples marchaient bien consolidant ainsi les liens de famille.
    Mais depuis cette histoire d’émancipation de la femme africaine, prônant la liberté et patati et patata...,là ont commencé tous les maux qui minent la société actuelle.
    C’est dans les mêmes journaux que vous parliez du phénomène des filles mères, des filles et des enfants qui se prostituent, dans les hauts bassins plus précisément à Bobo, condamnant ainsi du même coup les parents d’être passifs et les filles d’être inconscientes et immatures et volages. Combien de personnes au Faso in-considèrent, méprisent ou renient les Bobolaises à cause de certains comportement de certaines d’entre elles ?
    Je pense que c’est la meilleure façon de lutter contre tous ces maux dont on accuse les hauts bassins. Cette année à Bobo Dioulasso, plus de 60% des mariages réligieux concernaient des filles de 15 à 18 ans et nos propres enfants étaient parmi et ce n’est que du bonheur.
    Trop de liberté tue la liberté, les enfants n’écoutent plus leurs parents et cette histoire d’aller se plaindre à l’action sociale ne fait qu’amplifier les conflits entre les familles. Il y a combien de filles mères de moins de 17 ans dans les hauts bassins ? pourquoi les marier à cet âge serait problème.
    Nous ne seront jamais comme des blancs et nous perdons nos valeurs intrinsèques de nos cultures face à toutes ces libertés occidentales qui nous siestent mal.
    Encourageons les filles au mariage et à fonder des foyers pour lutter contre la prostitution et le phénomène des filles mères.
    Je suis une mère et je ne suis pas contre ce fait de marier les filles assez jeunes si elles sont déscolarisées et si elles n’ont plus un avenir dans la scolarisation pour une raison ou pour une autre.

  • Le 26 août 2015 à 11:40 En réponse à : Mariage des enfants : Un phénomène grandissant dans les Hauts-Bassins

    Tchê vous aussi hein vous ne savez pas que les parents utilisent ce système pour alléger leurs charges ? trop de bouches à nourrir surtout les filles regardez dans les familles comment les filles mangent plus que les garçons un sac de riz de 50KG fera 10jours maxi dans une famille composée à majorité de filles tandis que ce même sac de riz fera 1 voir 2mois dans une famille composée à majorité de garçon donc faut comprendre les parents ....souvent ce sont les jeunes filles elles mêmes qui vont squatter chez les hommes en espérant le mariage trop de couple en concubinage au burkina
    comme le mariage est devenu un trophée là hoo chacune veut mari avec forcing

  • Le 26 août 2015 à 21:57, par kaletigui En réponse à : Mariage des enfants : Un phénomène grandissant dans les Hauts-Bassins

    Le mariage des enfants a des conséquences terribles sur la santé des enfants.
    Comment dans un pays normal on marier des enfants à moins de 15 ans ?
    Comment peut on mettre fin à la scolarisation des filles de 13 ans pour les marier ?
    Comment une filles de 14 à 15 ans peut-elle éduquer son enfant ?
    Soyons réaliste ici l’article ne parle pas de mariage des filles mais plutôt du mariage des enfants.
    Il est temps de soutenir une telle initiative dans notre pays pour que les enfants puissent être réellement des responsables de demain.

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