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Se décider en politique

Publié le samedi 22 août 2015 à 22h43min

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Se  décider en politique

Les élections présidentielles et législatives d’octobre 2015 approchent. Sommes-nous conscients de la chance que nous avons de pouvoir voter librement ? Sur quels critères allons-nous fonder nos choix ?

La responsabilité des citoyens dans une démocratie est essentielle. Bien sûr, on dit volontiers que le fait de jeter un bulletin dans l’urne à intervalles espacés ne constitue pas un engagement bien fort. Et pourtant ce geste décide de la nomination de nos responsables politiques à tous les niveaux, il implique d’ailleurs qu’ensuite le citoyen reste vigilant.

L’ABTENTION, MALADIE DE NOS DEMOCRATIES

C’est d’ailleurs en vertu de cette responsabilité que la plus grande tentation tient dans l’abstentionnisme, véritable maladie de nos démocraties naissantes, malheureusement largement répandue, comme ne cessent de le montrer les résultats des suffrages dans la plupart des pays démocratiques. Estimant son geste vain, l’abstentionniste est en réalité un déserteur, qui s’exile volontairement de la scène publique en se détournant de ses responsabilités. Or si la chose politique le laisse indifférent, la politique, elle, ne cessera pas de s’intéresser à lui, par le biais de la législation votée ou par le sort fait au pays par le personnel politique. Il est trop facile de s’indigner de la lâcheté ou de l’incapacité du personnel politique quand on manifeste soi-même manque de courage et irresponsabilité. En ce sens personne ne peut se détourner de son rôle d’électeur à tous les niveaux de la vie sociale et politique (communal, municipal, député, présidence du Faso).

Voter certes, mais comment se repérer dans le maquis de la scène politique régionale ou nationale ? Le simple citoyen peut légitimement s’avouer perdu sous le flot d’informations contradictoires, agressives, orientées, dont la masse, loin d’éclairer le jugement, égaré sous une avalanche de données difficiles à hiérarchiser. De plus la polémique, l’agressivité, voire la haine dont font preuve nombre d’acteurs de cette scène n’encouragent pas non plus un discernement éclairé et pourraient même contribuer à alimenter la méfiance par rapport à un univers où les « ego » des uns et des autres semblent l’emporter sur le souci de la chose publique et de l’avenir du pays. Or derrière la corrida de ces polémiques, se joue le sort de tous. Si l’on perd la conscience de ces enjeux, alors la tentation est grande de déserter ce spectacle affligeant.

Le citoyen doit pourtant éviter le purisme. Il doit savoir qu’aucun candidat ne sera parfaitement conforme à ses convictions personnelles, qu’aucun programme politique ne correspond à ce qu’il souhaite. Le domaine du politique n’est pas le domaine de l’idéal, mais du possible. Il convient donc de rechercher toujours, sinon le moindre mal, du moins le meilleur possible. Ainsi parmi les choix proposés, il faut admettre qu’aucun ne sera sans doute pleinement satisfait, à moins de voter par idéologie, donc systématiquement pour un parti sans même réfléchir ou s’interroger.

L’HOMME IDEAL N’EXISTE PAS

Il faut par conséquent choisir la personne ou le parti qui semble, tout bien jugé, apporter les meilleures chances pour l’avenir, pas le candidat idéal qui n’existe nulle part. Certes d’autres critères s’imposent au jugement. Un politique doit être capable de prendre des décisions devant les évènements pas toujours prévus et prévisibles. En un sens s’il se fixe bien un programme d’action, il doit aussi et surtout savoir faire face à l’imprévu (crise économique, conflits internes, accidents naturels ou industriels, attaques terroristes, tensions régionales…). Celui pour qui je pense voter, en est-il capable ? Et l’un des signes de son aptitude tient dans le fait qu’il sait anticiper les choses, voir loin, se donner des objectifs viables pour la commune, la région, la nation… est-il un technocrate noyé dans ses chiffres, avec une solution adéquate pour tout, ou est-il une personne apte à voir la complexité des choses sans unilatéralisme ? Car l’homme politique est en charge aussi de l’avenir de notre société : ses discours sont-ils démagogiques, flatteurs envers une opinion à la vue basse, ou sont-ils porteurs de perspectives et d’anticipation, capables éventuellement d’aller à contre-courant ?

Nulle part aujourd’hui un bon décideur ne peut s’abstenir de travailler avec d’autres, donc de consulter, de faire équipe, d’entendre les propositions de ses collaborateurs. Et ce principe est également vrai dans les responsabilités politiques. Tel candidat est-il personne à dynamiser une équipe ou se présente-t-il comme celui qui domine tout et n’a besoin de personne ? Car s’il sait écouter, il saura aussi expliquer à ses mandats les raisons de ses décisions, en cas d’élection. Il suscitera ainsi la confiance dont l’absence est sans doute une des clés de la crise actuelle du politique. Il appellera la confiance de l’équipe qui l’aide ; il aidera ses mandats à lui faire confiance s’il est capable d’informer, d’éclairer, de rendre compte de ses actes, y compris de l’impossibilité où il est d’engager telle action qu’il avait pourtant promis de faire. En ce sens un candidat doit être crédible, car finalement qu’est-ce que voter sinon faire confiance à un élu pour prendre en charge une collectivité ?

La démocratie appelle des citoyens responsables et conscients. Les élections sont un de ces moments où chacun est appelé à l’engagement, à un engagement qui va bien au-delà de nos personnes. Voter est un acte citoyen, un acte civique, un acte social.

ZONGO Donatien,
secacuo@yahoo.fr

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Vos commentaires

  • Le 22 août 2015 à 20:22, par Mme Traore En réponse à : Se décider en politique

    Bien vu Mr Zongo ! Je souhaite vivement que la sensibilisation du citoyen se poursuive a tous les niveaux afin que chacun fasse un choix responsable et eclaire ! Nous avons besoin d un president qui reunira le mieux possible tous ces atouts afin que le Burkina puisse connaitre enfin un nouveau depart ! Vive mon pays afin que plus rien ne soit comme avant !

  • Le 23 août 2015 à 09:08, par lade En réponse à : Se décider en politique

    Mon frère votre analyse manque un peut de clairvoyance, que dites vous des politiciens qui font exactement le contraire de ceux qu’ils ont promis à leurs concitoyen ?. Blaise COMPAORE, François HOLANDE Alix SITPRAS. Quant les citoyens t’élisent, c’est par ce que il croient à ta parole.
    Blase nous a promis la fin de son mandant en 2015, nous avons cru en lui voila là où il nous a conduit : une insurrection. F HOLANDE a promis à son peuple pas d’austérité, pas de chômage il a été pire que SARKOZI. SIPRAS même chose que HOLANDE. Tous les chef d’état même chose, créer le bordel social et environnemental à tous pays qui ne partagent pas leurs intervention. BURKINA, COTE D’IVOIRE, LIBY, SYRI, UKRAINE, Le MALI, RCA, SERBIE, IRACK, YENNEN tous victime de la bourgeoisie mondialisée. Et nous attendions qu’ils imposent la troisième guerre mondiale. Si la démocratie est la meilleure forme de gouvernance, elle a perdue son sens et son contenu, maltraitée et matraquée par ceux mêmes qu’ont faisait confiance. la démocratie de Cliton, de Miteran, de Chirac sont des démocratie qui ont de la graine qui peuvent germer et grandir partout dans le monde. La démocratie d’OBAMA, de HOLANDE, SARKHOZI, MERKEL sont des démocraties de la Honte et de l’oppression, qui créent des réfugiés et de misérables partout où elle passe. nous ne voteront pas ces gents, ils sont tous la même chose " des caméléons"

  • Le 23 août 2015 à 15:13, par Ladyfoggit En réponse à : Se décider en politique

    #2, Je suis surpris de voir Obama si mal malmene dans ton post. C’est toi meme qui manque de lucidite dans le partage des bons points et mauvais points.Tu n’as meme pas eu pitie de cet home qui se bat comme un beau diable dans une americaine raciste ou les Republicains concoctent chaque jour des plans pour faire echouer l’ homme pour qui ils ne peuvent avoir un seul candidat digne de lui delier les lacets de ses baskets. Si c’etait toi a la place d’ Obama, tu n’auris meme pas realiser le 100 eme de ce qu’ il a fait. Ils ont tout fait pour l’ empecher de reussir, ces egoistes racistes republicains.Parce que pour eux, un noir a la Maison Blanche, c’est comme si le coin etain" noirci "et donc sali.Et ils ne decolerent pas. Alors que toi aussi frere noir africain, tu n’ aies pas compris ca alors que tu te crois clairvoyant me donne le tournis et meme des papillons dans le ventre.

  • Le 23 août 2015 à 19:09, par Adonis En réponse à : Se décider en politique

    CHer Lade, vous voyez tout en noir, vous estimez qu’il ne faut pas faire confiance aux candidats. SI tu merites les dirigeants de ton pays, alors commence par voter au moins celui qui est le plus proche de ta facon de voir, c’est facile d’accuser, mais c’est une lachete que de refuser de voter. Beaucoup de gens aimerait voir les choses changer au mieux mais personne ne veut faire d’effort. Il est inutile de se plaindre si on refuse de s’impliquer dans la marche du pays.

  • Le 24 août 2015 à 18:55, par Tebwoga En réponse à : Se décider en politique

    Salut
    Le débat que vous poser est intéressant mais votre analyse est du reste limitée. En effet, vous ne faites pas une lecture dialectique sur la participation politique aux élections. Sinon, vous comprendrez qu’on peut bien s’abstenir consciemment et participer activement à la vie de la nation. Soyez plus critique dans vos analyses.

  • Le 24 août 2015 à 20:59, par sheiky En réponse à : Se décider en politique

    Je rejoins un peu Tebwoga. Mais le sens de l.analyse de M. ZONGO est de sensibiliser les électeurs sur leur responsabilité en matière de choix de nos dirigeants. La politique n.est pas un fin en soi et on peut apporter beaucoup à son pays sans voter. Mais toute chose égale par ailleurs, la dynamique du vote est fortement biaisée par les abstentionnistes. L.idéal est de faire le choix du moins mauvais des candidats sur la base de critères dont entre autres ceux cités plutôt que de laisser les autres qui feront le choix à notre place. Dans un système démocratique, on ne peut faire mieux, à moins de se porter soi même candidat ce qui serait un choix bien egocentrique. Le suffrage universel nous donne la possibilité de changer de dirigeant à chaque tournant quand on n.est pas satisfait de ses prestations. Une autre question est quel est l’idéal de temps pour un mandat. A cela s.ajouté le jeu des contre pouvoir, de l’indépendante et la compétence des institutions. C’est le jeu démocratique et le seul pour le moment qui peut nous sortir de l’ornière sI tout le monde joue sa partition.
    Que Dieu bénisse notre FASO

  • Le 27 août 2015 à 23:28, par Jeunedame seret En réponse à : Se décider en politique

    " Le domaine du politique n’est pas le domaine de l’idéal mais du possible"  ! OK ! Alors ; est-ce la politique une autre religion ? J suis mécréante. C’est dur de m’imposer une foi. Si c’est du faire-semblant, ma responsabilité de vote sera donc vulnérable. Si démocratie égale aussi théâtre, mieux vaut revenir aux royaumes. Y a morale dedans.

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