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Procès du putsch : Fortunes diverses pour l’accusés

Publié le mercredi 6 avril 2005 à 08h00min

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Le 6 avril 2004, le Burkina retenait son souffle. Les personnes inculpées dans le cadre de la présumée tentative de putsch sont présentées au juge. Ils vont devoir répondre des faits à eux reprochés. Ils sont 13.

Deux civils et onze militaires issus pour la plupart du régiment de sécurité présidentielle (RSP). Au bout d’un procès marathon, le tribunal dirigé par Franck Compaoré condamne 7 inculpés et en relaxe 6 au soir du 17 avril 2004. Retour sur un procès qui a défrayé la chronique.

Au coeur du dossier, le capitaine Diapagri Ouali, poursuivi pour complot et attentat contre la sûreté de l’Etat, en plus du crime de trahison. Il est considéré comme le cerveau de la tentative de putsch. D’ailleurs aux premières heures du procès, il reconnaît avoir tenté de mettre fin au régime de la "compaorose".

L’intention était manifeste, même si pour l’opinion publique, ce capitaine qui a longtemps quitté les casernes et servait comme cadre au ministère du Commerce, n’avait pas les moyens de ses intentions. Il a reconnu avoir reçu 50 millions de l’aide de camp du président togolais, Eyadema. La suite du procès établira que l’opération a été démasquée seulement dans sa phase de préparation en 2003. Restait donc pour le tribunal à établir le degré d’implication des accusés. Le capitaine Ouali écopera de 10 ans d’emprisonnement ferme.

Le sergent Babou Naon a été une des vedettes du procès. Il avait promis des révélations mais pas grand chose n’a été servi au public présent à l’audience. Il a tenté en vain d’inviter le dossier Norbert Zongo à l’audience, mais le juge Franck Compaoré ne lui en a pas laissé le temps. Le sergent Naon reconnaît qu’il était le seul à être au courant de la tentative de putsch. Contacté par Ouali, il dit avoir donné son accord pour cette aventure.

C’est un accusé qui a dénoncé l’assassinat de Norbert Zongo et affirme que sa disgrâce dans le cercle de la garde rapprochée du président du Faso est venue du fait qu’il s’est plaint ouvertement du crime qui n’arrangeait pas le régime devant François Compaoré, petit frère du président du Faso. Il a reconnu avoir reçu de l’argent de Ouali. Il en a remis à des militaires sans pour autant leur toucher mot de ce qui se tramait. L’homme sera condamné à 6 ans ferme.

Sept condamnés, six pourvois

La même condamnation sera infligée au capitaine Boulédié Bayoulou. Dans son mémoire en défense, le capitaine Bayoulou a conclu que c’est à son corps défendant qu’on l’accuse de complot et d’attentat. Il a récusé les faits qui lui sont reprochés et raconté les pressions qu’on lui a fait subir et les tentatives de lui faire impliquer le Général Lougué, alors ministre de la Défense et Norbert Tiendrébéogo, président du Front des forces sociales (FFS).

Il est précis dans la narration des faits, raconte sa brouille avec Ouali et la tentative de réconciliation organisée par le pasteur Paré, coaccusé des mêmes chefs d’inculpation. Le parquet, représenté par le commandant Abdoul Karim Traoré et Abdoulaye Barry, s’est étonné de l’attitude du capitaine qui a pourtant signé les procès-verbaux selon lui.

Le quatrième condamné est le caporal Bassana Bassolet. Pour lui, "jamais il n’a été question de coup d’Etat, mais de revendications militaires". Le tribunal ne le suivra pas. Il s’en sort avec une peine de 5 ans ferme. Ces quatre militaires ont écopé des peines les plus lourdes. Le pasteur Paré, personnage trouble, a reconnu avoir prié sur l’argent du capitaine Ouali (25 millions) et organisé la réconciliation entre ce dernier et le capitaine Bayoulou.

Le pasteur a reconnu avoir reçu de l’argent de Ouali et d’être allé à Pô en compagnie de certains des coaccusés. Le tribunal n’a pas été convaincu par les arguments du pasteur qui a pris deux ans avec sursis.

Seize mois avec sursis ont été infligés au commandant Pooda Bernardin et au sergent-chef Baguiboué Bako. Le premier à qui il est reproché d’être de mèche avec les comploteurs, a crié à la machination contre sa personne non sans avoir déballé le linge sale de l’armée.

En service à l’OCAC (Organisme central de l’administration et de la comptabilité de l’armée), sa rigueur lui aurait fait quelques ennemis.

De ces sept condamnés, seul le commandant Bernardin Pooda n’a pas introduit un pourvoi en cassation. L’examen des pouvoirs des six autres condamnés est pendant devant la cour de cassation.

Nombreux sont les Burkinabè qui ont salué la tenue de ce procès qui est en soi une victoire de la démocratie. Le déballage a permis également de mettre le doigt sur certains comportements dans l’armée, source de frustrations. Ce procès n’a t-il pas été qualifié de procès des "aigris" ?

Six des accusés ont recouvré la liberté. Parmi les acquittés célèbres figure ce président du FFS, Norbert Tiendrébéogo qui a repris ses activités.

Un des condamnés, le Pasteur Paré a eu maille à partir avec la Justice qu’il l’a condamné à une peine de prison ferme pour homicide involontaire et délit de fuite.
Le Commandant Rémi Kambou dont les chefs d’accusation ont volé en éclats lors du procès à retrouver sa femme et un nouveau né les jours qui ont suivi sa libération.


Les personnes acquittées

- Norbert Tiendrébéogo, président du FFS
- Commandant Sié Rémi Kambou
- Sergent-chef Abdoulaye Konfé
- Sergent-chef Souleymane Zalla
- Sergent Jean-claude kambou
- soldat de première classe Adjima Onadja

Par abdoulaye TAO
Le Pays

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