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Fondation Jean-Paul II : L’oeuvre du pape au Burkina

Publié le jeudi 7 avril 2005 à 09h19min

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L’abbé Koly est le responsable de la Fondation Jean-Paul II pour le Sahel. A travers cet entretien, il présente la Fondation, ses objectifs et évoque quelques difficultés.

"Le Pays" : Dans quel contexte cette Fondation a-t-elle été créée ?

L’abbé Koly : La Fondation Jean-Paul II pour le Sahel est un instrument de l’Eglise, créé le 22 février 1984 par le pape Jean-Paul II. C’est une institution de développement et de solidarité. Il y est enseigné la parole de Dieu. Elle oeuvre à ce que cette parole soit mise en pratique. C’est le domaine de la pastorale sociale. En créant cette fondation, le pape a voulu qu’elle soit le signe de son rapprochement avec les populations du Sahel. Il l’a créée dans un contexte où les populations souffraient beaucoup de sécheresse, de soif et des conséquences de la désertification.

C’est à l’occasion de sa visite le 10 mai 1980 à Ouagadougou que le Saint Père a pris connaissance de la situation du milieu sahélien. Et c’est suite à cette visite qu’il a lancé l’appel historique de Ouagadougou le 10 mai 1980 où il a demandé à la population mondiale de réagir face à ce désastre. Beaucoup de chrétiens du monde ont réagi, en particulier ceux d’Allemagne, par une grande collecte de fonds.

Une collecte remise au Saint Père pour venir au secours des populations du Sahel. Mais le pape n’a pas voulu qu’une telle action soit menée sans associer les Sahéliens. C’est pourquoi il a demandé aux évêques du Sahel de s’organiser pour l’utilisation de ces dons. C’est ainsi que ces évêques, réunion après réunion, ont eu l’ idée de créer une Fondation. Leur action s’est voulu durable et non ponctuelle, la désertification et la sécheresse étant des phénomènes de longue haleine.

Les 20 ans d’activités de la Fondation ont été célébrés l’an dernier et le 19 prochain sera commémoré le 25ème anniversaire de l’appel de Ouagadougou. Après tant d’années, l’appel du pape est encore d’actualité, puisque beaucoup d’Africains n’ont toujours pas accès à l’eau potable, souffrent encore des conséquences de la sécheresse. Sans oublier le problème de l’autosuffisance alimentaire qui est crucial dans les pays sahéliens.

Comment les actions de la Fondation sont-elles visibles sur le terrain ?

Dès le départ, la Fondation Jean-Paul II devait lutter contre la désertification et ses causes. Après 20 ans d’activités, on voit bien qu’elle a beaucoup fait pour la formation. A côté de celle-ci, il y a eu des réalisations sur le terrain, notamment dans les domaines de la protection de l’environnement, de l’agriculture, de l’accès à l’eau potable, de l’hydraulique, santé, etc. Nous intervenons dans le milieu rural où sont financés beaucoup de projets de nature à créer des activités pour une autosuffisance alimentaire. En milieu rural, le domaine de l’alphabétisation est aussi soutenu.

Quelles sont les difficultés rencontrées par la Fondation ?

Ce sont toujours des problèmes d’ordre financier, comme toute institution qui finance à partir des récettes d’un capital. Le contexte international actuel est marqué par une baisse des taux d’intérêts. Ce qui occasionne une baisse des fonds pour financer les projets. Toujours est-il qu’après 20 ans, la Fondation est bien connue des populations qui voient perçoivent ses retombées.

C’est d’ailleurs ce qui fait que le nombre de demandes de financement des projets augmente. C’est dire que la demande est plus forte que l’offre. Mais nous restons fidèles à l’esprit du pape qui a toujours voulu que la Fondation soit le signe de l’amour qu’il a pour toutes les personnes pauvres qui souffrent. Certes, nous ne rêvons pas de régler tous les problèmes, mais nous voulons être auprès de ces populations.

Combien de gens à peu près la Fondation a-t-elle aidés ?

Chaque année, la Fondation qui intervient dans 9 pays du Sahel reçoit autour de 700 projets. Mais en moyenne, le tiers des dossiers sont financés soit parce que les dossiers qui nous parviennent ne conviennent pas aux domaines d’intervention de la Fondation, soit parce qu’ il arrive que des projets soient mal ficellés. Il y a aussi, comme dit plus haut, que les moyens financiers ne sont pas toujours disponibles. Les constructions de centres sociaux de formation comme les OCADES sont l’oeuvre de la Fondation. Quand on se lance dans le domaine de la formation, sur laquelle on met beaucoup l’accent, ce n’est pas très visible.

Est-ce un choix délibéré de ne pas être visible ?

Nous ne recherchons pas des rivalités avec d’autres institutions. Nous souhaitons avoir une présence de l’Eglise permanemment aux côtés des populations les plus déshéritées. Et c’est pourquoi vous ne verrez nulle part un forage fait par la Fondation avec une plaque où est marqué le nom de la Fondation. Ce sont les populations elles-mêmes qui savent ce qu’elle fait.

Comment la Fondation a-t-elle rendu hommage au pape disparu ?

A notre niveau, c’était la consternation. Quand on nous a informé qu’il était gravement malade et que sa situation se dégradait de plus en plus, nous nous sommes tout de suite retrouvés à la chapelle de la Fondation pour l’accompagner par nos prières. Autant c’était dur pour nous d’apprendre son décès, autant c’était une joie de le voir partir avec le soutien de toutes les populations du monde, quand on sait ce qu’il a fait sur terre.

On se dit qu’il a pensé à nous, sahéliens et qu’il nous a laissé un trésor (la Fondation), signe de son amour pour les populations du Sahel. Après tant d’activités, il part vraiment en paix. Nous pensons que, dans l’au-delà, il continuera de soutenir les oeuvres qu’il a réalisées sur terre et la Fondation.

Quels étaient les rapports entre la Fondation et le Saint Père. A quand remonte le dernier contact ? Est-il présent ou avait-il l’air détaché de son oeuvre ?

Il y a eu un contact permanent entre lui et notre institution. Après l’appel de Ouagadougou, il a eu régulièrement des réunions avec les évêques du Sahel. Ce qui est une bonne chose, puisque cela lui a permis de connaître les réalités du Sahel. Cela a duré de 1980 à 1984, avant la création de la Fondation.

Une fois celle-ci créée, l’institution structurée et la mise sur la mise sur pied de son Conseil d’Adminsitration, le pape a dit : ce n’est pas aux autres d’oeuvrer pour votre développement. Il a donc confié la gestion de la Fondation aux évêques du Sahel. Cette Fondation est la seule institution du Vatican où les décisions sont prises par nos propres responsables locaux, nos évêques membres du Conseil d’Administration. Chaque pays en envoie un au cours des réunions qui ont lieu une fois par an. Et c’est eux qui prennent les décisions.

A chacune de ces réunions, le pape envoie un observateur, un représentant du Vatican. La Fondation étant une institution de développement et d’action sociale, au lieu de nous adresser directement au pape, on doit s’adresser au Cor unum (l’Eglise qui forme un ensemble). C’est comme un ministère rattaché au Vatican, chargé des affaires sociales. C’est le Conseil pontifical qui s’occupe de développement et d’action sociale. Autre forme de présence du Pape : à chacune de nos réunions, le secrétaire d’Etat du Vatican écrit à nos évêques pour les encourager dans leur travail. Cette lettre est reçue pendant la réunion. Autre type de contacts permanents : nous devons faire des rapports à la fin de chaque année d’activités, qu’on envoie au Vatican.


Bref aperçu

La Fondation intervient au profit des sahéliens sur la base de projets présentés et sélectionnés par son comité des projets. Elle couvre le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. La Fondation ne finance pas des projets individuels, mais tout promoteur qui oeuvre pour la collectivité.

Elle finance des projets de formation et de réalisation dans les domaines suivants, par ordre de priorité : environnement, hydraulique, agriculture, élevage, pêche, énergies renouvelables et de substitution, animation des communautés, alphabétisation, promotion des femmes et des jeunes, santé, enseignement technique, professionnel et artisanat. La priorité est accordée aux projets de formation et tout projet doit être soumis à la structure de développement du diocèse (Cellule diocésaine de suivi des projets de la Fondation).

Propos recueillis par Cheick Beldh’or SIGUE

P.-S.

Voir le site :http://fjp2.zcp.bf/

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2016 à 12:33, par LANSARD SIDI MAHAMANE En réponse à : Fondation Jean-Paul II : L’oeuvre du pape au Burkina

    je suis intéressé par les bourses d’études locales de la fondation je veux avoir le contact du bureau au Mali et comment faire pour avoir cette bourse je veux faire mes etudes au Mali

  • Le 22 février 2018 à 10:49, par rabiou Abdoulaye En réponse à : Fondation Jean-Paul II : L’oeuvre du pape au Burkina

    Mon dossier a été retenu pour la bourse Jean Paul II, cependant la fondation à demander qu’un formulaire soit rempli par mon diocèse. Après vérification mon diocèse ne dispose pas de ce formule.Dans la mesure du possible je voulais qu’on m’envoi se formulaire pour compléter mon dossier.

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