La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
J’ai hésité pendant quelques moments avant de rédiger ce présent texte qui se veut une missive à la génération de jeunes et à nos aînés. En effet avec l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, j’ai comme l’impression que tout le monde et personne en même temps est devenu défenseur ou activiste de la cause des jeunes au Burkina Faso.
Entre nomination d’un jeune envoyé spécial du premier ministre sur les questions de jeunesse, forum national des jeunes à Gaoua et dernièrement le colloque des jeunes panafricains, je fais le constat qu’il n’y a que des mots et des slogans pour juste faire sembler d’apporter des réponses aux préoccupations des jeunes. A l’épreuve du terrain, on se rend compte que certains ont vite fait de se créer un « réseau de gomboïste » pour se sucrer sur le dos des pauvres jeunes, ces jeunes dont le talent se meurt, ces jeunes qui ne revendiquent qu’un seul droit de regard sincère sur leurs capacités à tracer des voies pour les autres jeunes.
Qui peut être considéré comme jeune en réalité ? Quels sont les véritables motivations de nos soit disant représentants ? Ont-ils un programme réel de développement et d’approche des questions de jeunesse sur lequel ils peuvent convaincre l’opinion ? Quels ont été les critères même de leur désignation ? Inutile de chercher des réponses. Tout ce que je sais, c’est qu’il n’y a aucune perspective ou alternative pour les jeunes malgré mon optimisme. Je m’explique en me limitant juste sur des petits points.
Premièrement : l’absence de repère. Nous sommes en vacances, on a réuni dans une même salle les meilleurs élèves du Burkina, on a organisé un forum national des jeunes et dans la semaine écoulée, Ouagadougou a été faite capitale de la jeunesse africaine. Et pourtant sur les télévisions de la place ou même à la radio, il n’y avait aucune émission ou débat permettant de placer ces jeunes face à leur responsabilité dans le devenir du pays. Il n’y avait aucune success story pour mettre en lumière le talent des jeunes.
Deuxièmement : la mort des talents. C’est l’épineuse question de l’employabilité des jeunes, comme si on voulait faire de tous les jeunes des entrepreneurs. Je ne suis pas contre cela, c’est tout à fait juste mais c’est la manière de le faire qui me laisse songeur. Créer une entreprise, c’est d’abord un don, il faut avoir le feeling et souvent cela va au-delà du montage des dossiers où les critères exclus déjà même certains d’office. Il y a des jeunes qui sont de vrais talents dans leur domaine, ils ne demandent qu’une seule chose, des cadres d’expression de leur talent pour mieux se vendre eux-mêmes. Certains talentueux (couturier, maçon, peintre, vendeurs de vêtement design) ont juste besoin qu’on crée un marché où ils pourront s’exprimer et se prendre en charge, mais malheureusement les initiatives ne sont pas nombreuses.
Troisièmement : le manque de solidarité inter générationnelle. Prenez tous les vieux routiers dans leur domaine d’activité (animateurs télé, ténors du showbiz, communicateurs et j’en passe) il n’y a aucun jeune autour d’eux pour assurer la continuité. Ils ne forment personnes, ils ne partagent pas leurs expériences. Ils sont là, fatigués, flottants dans leur concept parce qu’ils sont finis, mais refusent de partir ou de passer le flambeau. Pire, leur seule présence est un obstacle à l’avancée de la génération montante. On attend qu’ils meurent pour prendre leur place.
Quatrièmement : la méchanceté légendaire des arrivistes. Cette fois-ci c’est une histoire personnelle. J’ai été contacté par le ministère de la jeunesse en son temps pour faire le MC (maître de cérémonie). Il s’agissait d’une remise de chèque à une trentaine de jeunes. Le ministre impressionné par mon talent et l’art avec laquelle j’ai conduit la cérémonie m’a réquisitionné pour une autre cérémonie dans l’après-midi. Là encore, j’ai sorti le grand jeu et les éloges venaient de partout. Après avoir touché mon cachet, un agent du ministère m’intercepte dans le couloir pour m’exiger la moitié de la somme parce que c’est fifty fifty comme d’habitude. Choqué, je lui demande sur quelle base je dois lui remettre la moitié de mon argent et que c’était un peu exagéré à mon avis. Les esprits se sont échauffés et je lui ai remis juste une partie en signe de reconnaissance mais parce qu’il me faisait pitié.
La solution, il faut que les médias fassent de plus en plus confiance aux vrais talents. On peut organiser des émissions de débat de jeunes, des plages de génies en herbe et des cadres de thé batteur sur des pertinentes questions sociétales. Au niveau politique, il faut aller au-delà des discours creux sans réelle motivation pour la jeunesse. En réalité il y a trop d’incompétents, corrompus et autres cupides à la solde de ceux qui ne veulent pas vraiment voir les jeunes talentueux avancer. La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves.
Par Ouédraogo Mahamadi
Journaliste reporter d’images / cel : +226 68 20 20 74
Vos commentaires
1. Le 18 août 2015 à 13:13, par BAKIEBO JACQUES En réponse à : La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
Voici une analyse qui ne laisse pas indifférent, en effet le FAIJ et autres structures de financement font des efforts, mais sont enfermés dans un carcan de sillon déjà tracé, parfois même leurs offres sont en déphasage avec les réalités du pays.
Je m’arrête sur les vieux qui refuse de former : JETER UN COUP D’ŒIL a L’UNIVERSITÉ de OUAGA. des enseignants avec 18 ans d’expériences qui n’ont pas un seul doctorant. Heureusement nos yeux sont ouverts n’en déplaise, nous nous imposeront.
2. Le 18 août 2015 à 15:41, par husna En réponse à : La jeunesse à besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
Merci pour la pertinence de tes propos, notamment sur l’employabilité des jeunes. Bon nombre de jeunes dotés de talents et de compétences traînent dans les rues à la recherche d’emploi pour survivre. C’est tellement dur qu’après de si longues années d’études soldées de succès on se retrouve sans emploi durant des années sans espoir d’en trouver au moins un qui correspond à nos qualifications. Courage à tous ces jeunes à la recherche d’un emploi
3. Le 19 août 2015 à 09:37, par Traoré Arielle En réponse à : La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
Djibril Bassolé détient la solution
4. Le 19 août 2015 à 11:50, par Saidou En réponse à : La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
Analyse très pertinente. Entre le discours et la réalité sur le terrain concernant la jeunesse le GAP est très important. Bannissons l’égoïsme entre nous jeunes et travaillons ensemble car nous sommes tous complémentaires.Merci Mahamadi pour avoir dit haut ce que tout le monde dit bas
5. Le 19 août 2015 à 12:19, par Sampawindé En réponse à : La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
Le problème doit être abordé dans un esprit constructif, sans passion ; sachant bien qu’il n’est point question du "ôte toi que je bouffe à mon tour".
Ne soyons pas pressés.Quand on est jeune, tout parait terrible ; les premiers obstacles semblent comme des offenses ; la méchanceté humaine épouvante.
Soyons constants et stables. L’on est tenté dès que les choses vont mal de tout remettre en cause.
Soyons modestes, hardis,courageux et surtout n’ayons pas peur !
6. Le 19 août 2015 à 13:07, par sidnoma En réponse à : La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
Félicitations pour cet écrit. les solutions sont bien connues mais hélas pour leur mise en œuvre il faut des personnes dévouées si non j’ai envie de dire des personnes spirituelles cherchant leur satisfaction mais aussi celle de leur prochain. Merci encore pour cette missive.
7. Le 19 août 2015 à 19:49, par BOLOGO SOULEYMANE En réponse à : La jeunesse a juste besoin des détecteurs de talents, des faiseurs de jeunes émergents et des promoteurs de rêves
Au secours, j’en suis un de ces jeunes. Dieu seul sait combien de discours, projets, tdr, conférence et appui technique j’ai eu à faire pour ces patrons de bureau, d’associations, ong, établissements, etc. Mais résultats : Pure exploitation (Miettes et felicitations).