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Côte d’Ivoire : Le jour où les forces Licorne s’en iront...

Publié le mardi 5 avril 2005 à 07h51min

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Bientôt, dans six mois, prendra fin le mandat présidentiel de Laurent Koudou Gbagbo. Rien n’indique pourtant que de nouvelles élections seront organisées, en vue d’éviter le vide constitutionnel aux conséquences imprévisibles. Comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes, l’échéance approche sans que personne ne tire sur la sonnette d’alarme.

Cette situation de fait n’est pourtant pas surprenante, surtout depuis que le FPI, parti au pouvoir appelle au départ des troupes françaises de l’opération "Licorne". Le plan de maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo est bel et bien en marche.

Il semble selon les explications fournies par Pascal Affi N’Guéssan, numéro un du FPI, dans un style pour le moins "abracadabrantesque" que les forces françaises en ont fini avec leur mission historique de protection de l’ordre colonial. Leur présence en Côte d’Ivoire n’apporte rien de concret à la résolution de la crise, autrement dit, ces forces d’interposition et de maintien du cessez-le-feu sont devenues encombrantes. Pour faire simple, elles gênent. Cette logique nouvelle signifie au sens propre comme au sens figuré, que le pouvoir ivoirien en place veut passer à une autre phase de sa stratégie de conservation du navire, stratégie pensée et méthodiquement exécutée depuis l’éclatement du conflit intérieur civil en septembre 2002.

Les multiples méthodes dilatoires usitées pour saquer les accords de Marcoussis et d’Accra III, les tentatives de reprise du conflit par les attaques de début novembre 2004 et celles récentes de février 2005, les répressions sanglantes de toute tentative de manifestation sont autant de preuves que le clan Gbagbo a choisi la voie du pire. Celle de s’enraciner quoi qu’il puisse en coûter à la Côte d’Ivoire et à ses habitants.

Une cour déterminée...

Quoi que fasse, dise ou décide Laurent Gbagbo, il aura ses partisans derrière lui. Ce président si mal élu a bien de défauts, mais on ne saurait lui faire le procès de n’avoir pas un bataillon de fidèles prêts à tout et déterminés à garder leurs biens acquis par le hasard du destin.

De loin en loin, il a mis en place des escouades de supporters zélés mais sachant répéter sur le bout des doigts leur partition. La rue et les basses besognes avec Blé Goudé, les médias, la communication avec Soumahoro, le parti avec Affi N’Guessan, l’institutionnel et le droit avec Simone et Coulibaly.

Fort de ces soutiens sans faille, loubards, éminences grises ou âmes damnées, Laurent Gbagbo tient fermement son gouvernail et sait ne rien perdre à la fin d’un mandat. Sa survie politique étant liée à la survie de ceux qui le poussent, leur soutien ne lui fera en aucun cas faux bond. L’appel donc au déguerpissement de l’armée "coloniale" de France signifie que le clan veut se projeter dans une autre séquence. Celle de l’après-fin de mandat, période où personne et surtout pas Gbagbo ne peut se targuer de quelque légitimité encore moins de légalité que ce soit. Tout le monde sera rendu à la case départ, ce qui implique une donne qui peut être fatale au FPI. Alors, il faut dès maintenant anticiper...

... A une guerre programmée

Partie, l’armée française laisse le champ libre à Gbagbo et à ses affidés. On l’aura compris que la reprise des hostilités, si ce scénario se réalisait, devient inéluctable. Avec les attaques dites de libération du grand ouest, de miliciens soi-disant, venus du Libéria, il y a une sorte de répétition générale avant le retour définitif de la guerre totale.

Gbagbo et ses hommes veulent en découdre et il est connu, en situation de guerre, il faut être fou pour parler d’élections, de vide constitutionnel, de légalité ou de droit. La Côte d’Ivoire est en danger, les braves patriotes décidés à tout pour la sauver, voilà là les dessous vrais de cette attaque en règle contre la France et son armée d’occupation.

Oui, maintenant et selon Affi Ngessan, il est temps que cesse cette occupation illégale, inefficace et contre-productive. Le grand flou qui entoure la situation en Côte d’Ivoire ne sera bientôt qu’un vieux souvenir avec la mise en œuvre de ce plan de reprise annoncée des hostilités. Pour Gbagbo et selon les analyses de son clan, seul Guillaume Soro et les Forces nouvelles sont en travers de leur route.

Seul, ce jeune impertinent met à mal son désir de régner aussi longtemps que le vieux bélier de Yamoussoukro. L’objectif de balayer la France est en vérité celui de balayer plutôt Guillaume Soro. La guerre est la voie unique et sûre pour faire d’une pierre deux coups. D’un, légitimer la non-tenue des élections d’octobre prochain et de deux, se débarrasser "d’un ex-petit étudiant" tenace et impertinent.

Hier la France était l’amie, aujourd’hui elle est l’ennemie. Après tout, on peut convenir que c’est là un juste retour des choses. Pour n’avoir pas su on voulu trancher dans le vif et stopper net le pourrissement de la situation, elle est l’objet de toutes les récriminations et de toutes les rancœurs. Va-t-elle faire quelque chose ou seulement le peut-elle ? Grande question, réponse périlleusement incertaine.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 5 avril 2005 à 18:34, par Jacques Lohourou Digbeu-Badlor En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le jour où les forces Licorne s’en iront...

    NON !!!

    Non, l’ objectif du President et du peuple resistant de Cote d’ Ivoire ne saurait etre de balayer Guillaume Soro qui n’ est qu’ un gestionnaire de la guerre, un pantin en realite que rien, vraiment rien ne predisposait a ce role surfait ; prenez la peine d’ examiner sa trajectoire. Vous ne perdez rien pour attendre car vous verrez que le jeune rebelle disparaitra naturellement de la scene politique representative au lendemain de cette crise. C’ est ainsi qu’ il faut expliquer - en partie du moins car nous n’ avons pas fini d’ en apprendre sur le complot franco-rebelle - sa phobie du desarmement. L’ objectif en realite aujourd’ hui pour la Cote d’ Ivoire, c’ est de dire merci a cette France qui a failli en refusant - allez savoir pourquoi - d’ appliquer les accords de defense qui lui commandaient pourtant de chasser les agresseurs des le premier coup de feu. On peut penser avec ravissement qu’ elle a ainsi agi pour amorcer la "relation adulte" qu’ Ivoiriens et Francais appellent depuis peu de leurs voeux. Il lui faut donc en tirer les consequences en retirant ses troupes de Cote d’ Ivoire. Quant aux rebelles, ils auraient enfin la l’ occasion revee de "descendre sur Abidjan" pour regler le probleme en 24 heures. Pourquoi donc la galaxie rebelle s’ accroche - t - elle aujourd’ hui de facon aussi pathetique au maintien de la troupe coloniale ? Allez - y comprendre quelque chose !!!
    Mais faisons tous confience a l’ histoire ; elle nous ediffiera bientot. Comme si cela etait encore necessaire...

    Jacques lohourou Digbeu-Badlor, USA

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