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Blaise Compaoré et la présidentielle de 2005 : la patience est un chemin d’or

Publié le mardi 5 avril 2005 à 07h55min

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Blaise Compaoré est aujourd’hui plus qu’un candidat putatif à la présidentielle de 2005. Sollicité comme il l’est par des partisans de plus en plus nombreux et organisés, il ne pourra pas se dérober à ses responsabilités de leader.

Avant même d’avoir été investi par le CDP, il apparaît comme un candidat transpartite. Avant même d’avoir battu campagne, il est plébiscité aux quatre coins du Burkina.

Dans un style qui lui est familier, il refuse la précipitation, ménage son parti, laissant à ses partisans le soin de prendre le devant de la course. La tactique est bien pensée qui consiste à occuper le terrain sans y être dans une course relais où le meilleur est à venir, c’est-à-dire l’engagement du parti et du candidat lui-même pour le sprint final. Cette stratégie, un bon dosage de la méthode à la fois lièvre et tortue, laisse les adversaires pantois, eux qui ne savent pas comment contrer un adversaire à la fois présent et absent.

De fait, l’opposition est énormément gênée par la patience de cet adversaire redoutable. Blaise Compaoré en tant que président continue de multiplier les initiatives sur les chantiers du développement, du dialogue social et de la coopération internationale.

Il présente une image inattaquable. Celle d’être le président de tous les Burkinabè, au-dessus de la mêlée, soucieux du bien-être de tous les siens. Voilà qui embarrasse tous ses adversaires, eux qui n’ont pas fini leurs querelles byzantines, peinent à mettre leurs partis en ordre de bataille au point qu’on en est toujours à se demander qui seront les candidats de l’opposition à cette présidentielle. On sait que la mayonnaise "Alternance 2005" n’a pas pris.

On connaît les bisbilles internes à l’ADF/RDA, les hésitations de l’OBU, les tergiversations de l’UNDD, etc. La seule certitude c’est que plusieurs candidats de l’opposition seront sur la ligne de départ chacun battant pavillon solitaire en attendant un hypothétique second tour. Cette difficulté pour ne pas dire cette incapacité notoire à créer un front de l’opposition digne du nom n’est pas seulement due aux faiblesses intrinsèques à ces partis. Elle est a contrario une manifestation des succès du parti au pouvoir. On ne sent pas l’usure du pouvoir ni sur le président ni sur les autres personnalités de premier plan. Au contraire, la grande sérénité dans le camp présidentiel divise ses adversaires sur la méthode et la stratégie à lui opposer valablement.

La force du camp présidentiel en ajoute donc aux faiblesses organisationnelles de l’opposition tandis que cette faiblesse en ajoute à la sérénité du pouvoir. C’est là comme un cercle vicieux qui produit ses effets à chaque scrutin. Le CDP qui voit son électorat se rogner - confère les dernières législatives - demeure néanmoins un parti supra majoritaire comparé aux formations politiques de l’opposition, individuellement prises.

Si le président Blaise Compaoré n’affiche donc pas encore clairement ses ambitions, ce n’est certainement pas par peur des incertitudes du scrutin. C’est davantage par choix tactique. L’annonce officielle de cette candidature, on s’en doute, prendra le temps qu’il faudra pour entrer dans un plan de campagne ou elle sera le déclic du sprint vers une victoire nette. Partisans et adversaires devraient encore rogner leurs freins. Les premiers pour voir leur champion répondre à leurs aspirations, les seconds pour le voir en tant qu’adversaire exposé à leurs coups de challengers. Mais tout indique dans le calme olympien de Blaise Compaoré qu’il ne redoute pas cette phase du combat même si ses concurrents nous ont habitué par le passé à donner des coups en dessous de la ceinture.

Attention donc à l’excès de confiance et aux coups bas. En effet, le danger dans une course à relais c’est une mauvaise transmission du fanion. Entre les amis de Blaise Compaoré (ABC) multiples comités de soutien, les partis de la mouvance, le CDP et les structures de la campagne, il faudra inventer un mécanisme rodé pour mettre en exergue la complémentarité des forces dans la mobilisation de l’électorat. L’expérience de 1991 devait servir pour éviter les débauches d’énergies et de moyens sans impact efficace sur l’électorat.

Pire, des incompréhensions sur les détails de la campagne pourraient diviser les partisans du président ou tout au moins ramollir leurs ardeurs dans l’agitation. On l’a vu de par le passé, pour des querelles de leadership régional, provincial voir départemental, le CDP a montré des signes de fébrilité dans la dernière ligne droite de sa campagne. Si tous les enseignements en ont été tirés, le camp présidentiel évitera de se faire peur pour confirmer tout le bien qu’on dit de la patience de son candidat naturel.

Djibril TOURE
Hebdo

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