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Chronique du vendredi : Le Burkina doit-il avoir peur des OGM ?

Publié le jeudi 6 août 2015 à 22h06min

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De la semence améliorée aux animaux clonés, la manipulation génétique, particulièrement les organismes génétiquement modifiés(OGM) ont fait irruption dans notre vécu quotidien depuis un quart de siècle au moins. Des aliments de base pour l’homme, comme les céréales, à des produits plus spécifiques comme le biocarburant ou les molécules pharmaceutiques et cosmétiques, ces OGM ou leurs dérivés sont devenus des consommables qui envahissent nos marchés avec la prétention d’améliorer nos vies, selon leurs fabricants.

Présentés comme le résultat de progrès remarquables dans les recherches biotechnologiques, une grande avancée de l’Homme dans le contrôle de son environnement, les OGM n’en finissent pas pour autant de faire peur, entretenant une grande polémique sur leur dangerosité ou non. Anti et pro OGM se livrent un combat médiatique sans merci, chaque camp essayant de tirer la couverture de l’opinion publique et des décideurs en sa faveur.

Aucun pays dont le Burkina n’est épargné par ce débat. Sous le régime de Blaise Compaoré, l’option gouvernementale était clairement en faveur des OGM avec des expérimentations très poussées dans le domaine du coton où la firme américaine Monsanto travaille avec les sociétés cotonnières notamment la société des fibres et textile du Burkina (SOFITEX) depuis le début des années 2000. Mais l’expérimentation des OGM au Burkina concerne également le maïs et le Soja.
Quel est le résultat de ces expérimentations ? Le grand public n’est pas informé si tant est que des évaluations ont été faites pour cerner tous les effets d’impact de ces cultures biotechnologiques sur la santé environnementale et humaine. Ce que l’on sait, c’est que, selon les estimations de la SOFITEX, la culture du coton OGM a amélioré de beaucoup la production cotonnière avec presque un doublement de la production à l’hectare. Des résultats très intéressants qui poussent à une généralisation de la culture du coton OGM d’autant plus que d’autres avantages ont été également notés.

Ces avantages sont liés à la réduction de la pollution environnementale car le coton OGM évite l’épandage de produits polluants comme les pesticides et les engrais chimiques qui se retrouvent dans les cours d’eau et les nappes phréatiques. De fait, il a été matériellement prouvé au Burkina et ailleurs que le cotonnier OGM est moins vulnérables aux prédateurs (insectes, bactéries) et aux conditions climatiques défavorables (sécheresse et inondations). Il croît plus vite, produit des capsules de coton plus grosses portant des fibres de grande qualité. Bref, le coton OGM au Burkina a donné la preuve de tous les avantages reconnus dans l’agriculture à ces organismes génétiquement modifié : réduction des coûts de production tout en augmentant les rendements et les bénéfices financiers. Des atouts décisifs qui ne convainquent pas les antis OGM qui depuis la chute du régime Compaoré donnent de la voix.

Plusieurs organisations anti OGM ont ainsi animé une conférence de presse au début du mois de juin dernier pour mettre en exergue les effets négatifs de ces produits. A cette occasion, elle avait appelé à une marche le 13 juin dans des rues de la capitale, Ouagadougou, pour demander au nouveau pouvoir de revoir la politique du gouvernement burkinabè sur l’expérimentation et l’adoption des cultures OGM. Une marche qui a eu très peu de succès et pas du tout médiatisé. Qu’importe ! Les antis OGM au Burkina, peu ou prou à la remorque de leurs coreligionnaires du monde entier, sont convaincus que ces produits sont dangereux pour l’homme et la nature avec des effets socio-économiques pas du tout probants pour le développement de l’agriculture.

Pour les effets négatifs des OGM sur l’homme, les anti OGM indexent ceux liés à la santé. Certaines allergies cutanées ont affecté des producteurs brésiliens de soja transgéniques. Plus généralement, le mélange de produits génétiquement modifiés dans la chaine alimentaire transfèrent, selon les anti OGM, une résistance aux antibiotiques rendant désormais difficile le traitement de certaines maladies.
Pour les effets négatifs potentiels des OGM sur l’environnement, leurs contempteurs, mettent en avant l’interaction possible entre les OGM et les variétés sauvages et indigènes pour créer des espèces nouvelles hybrides, un péril pour la reproduction de la biodiversité. Pour les anti OGM, cette interactivité est plus qu’une probabilité avec le transport des pollens des plantes OGM par le vent, les insectes et les oiseaux, qui atterrissent dans des endroits inattendus avec un potentiel de mutation inattendue donc incontrôlable avec une forte possibilité de nuisance sur notre biotope. Pour eux, il existe déjà une rivalité et des croissements entre les organismes génétiquement modifiés et les espèces sauvages avec un impact non encore mesuré sur la faune et la flore qui pourrait se révéler nocif pour l’environnement dans les décennies à venir.

Sur le plan socio-économique, les antis OGM craignent une perte d’accès des agriculteurs au matériel végétal, et pour cause ! Les recherches biotechnologiques sont effectuées en très grande partie par le privé. Cela pourrait conduire à un monopole du marché des semences par une poignée de puissantes firmes multinationales. Ce monopole ou cette domination du marché des semences ne sera pas une bonne chose pour le développement de l’agriculture car les petits exploitants vont devoir payer pour se procurer les variétés issues du matériel génétique provenant de leurs propres champs lorsqu’ils achètent des semences à des sociétés détenant des brevets.
Cette crainte est d’autant plus justifiée que les recherches ont permis la mise au point de semences qui, mises en terre, empêchent à la plante qui en est issue d’être cultivée l’année suivante à partir de sa propre semence. Cette technologie « ogmique » dite « terminator » signifie que les agriculteurs ne pourraient plus utiliser leurs semences pour replanter leur exploitation la campagne agricole suivante.

On le voit bien, les anti OGM ne manquent pas d’arguments pour s’opposer au développement de ces produits. Mais le hic, c’est que beaucoup d’entre eux, comme ceux du Burkina, ne sont pas des scientifiques qui parlent preuves à l’appui, mais des activistes des ONG écologiques dont beaucoup ont une admiration platonique de l’environnement et une aversion quasi maladive de sa modification par l’homme. Un extrême qu’on a du mal à comprendre car l’homme a toujours cherché à modifier son environnement. S’il ne l’avait pas fait, il n’aurait jamais réussi à exister sur toutes les zones de la planète. Les techniques des OGM, bien maîtrisées et bien appliquées, participent à cette modification bienfaitrice de notre environnement. Il ne faut donc pas en avoir peur.

Derbié Terence Somé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 août 2015 à 06:47, par Le géographe En réponse à : Chronique du vendredi : Le Burkina doit-il avoir peur des OGM ?

    Quelles absurdités. Mr Somé, vous n’avez absolument rien compris de la problématique des OGM et votre conclusion me laisse sans voix. Êtes vous scientifique, vous même ? Que pensez-vous des risques des OGM sur l’environnement et la santé ? Est-il normal de faire des experimentations en milieu ouvert ? Que pensez vous de monsanto ? Êtes-vous favorable à l’utilisation du pesticide Roundup dont les effets cancérigènes sont démontrés ? Est-ce une obligation de persister dans la culture du coton ? Votre article ne fait nullement avancer le débat à part qu’il démontre votre inculture ou votre naïveté sur le sujet.

  • Le 7 août 2015 à 12:59, par inoussa verite USA En réponse à : Chronique du vendredi : Le Burkina doit-il avoir peur des OGM ?

    Tres bel article. Les OGM ne sont rien que de la technologie agricole tout comme les mangues greffees. Nous consommons tous du catwell originaire des USA et on s’en porte bien. Le pays qui attire Le plus reste les USA champions en OGM. Evitons l’alarmisme. Merci Monsieur Some pour votre article.

  • Le 7 août 2015 à 14:42, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Chronique du vendredi : Le Burkina doit-il avoir peur des OGM ?

    L’auteur de l’article ne maitrise visiblement pas son sujet, et son commentaire ressemble à un publireportage sous couverture. Dans tous les cas, son argument "massue’, à savoir que les activistes contempteurs des OGM ne sont pas des scientifiques est doublement faux.

    Non seulement il y a parmi les anti-OGM des scientifiques de haut niveau, mais ils emploient de nombreux scientifiques et laboratoires pour avoir des avis objectifs. Et lui même n’est visiblement pas un scientifique, car il n’y a que les profanes qui n’ont pas peur des risques biologiques et technologiques, justement parce qu’ils ne les comprennent pas !

    Sans entrer dans toutes les considérations économiques, scientifiques et sociales du sujet, prenons un exemple que tout le monde peut comprendre :

    Au Burkina, le coton OGM est cultivé depuis des années. Dans notre pays, la majorité des huiles alimentaires sont obtenues à partir de graines de coton, donc OGM. Les résidus servent d’aliments pour bétail et servent à fabriquer du savon. En rappel, le coton OGM est programmé pour produire son propre "insecticide" contre les prédateurs et pour être "stérile" afin d’obliger les producteurs à racheter la semence. Donc depuis des années, nous mangeons de l’huile OGM, de la viande nourrie en OGM et utilisons du savon OGM. Or, personne n’a étudié les effets à moyen ou long terme de cette alimentation "modifiée". Le principe de précaution ne commande-t-il pas qu’on vérifie que cela ne fait pas de mal avant d’en généraliser ainsi la production et la consommation ?

    Webmaster, la pluralité de l’information et des opinions !

  • Le 8 août 2015 à 21:08, par Alain HEBRARD En réponse à : Des "erreurs" grossières sur les avantages du coton GM

    La partie sur les inconvénients est correctement documentée et présentée. Par contre, la partie "avantages" est largement sujette à caution :
    -  CONTRE VÉRITÉS / « la culture du coton OGM a amélioré de beaucoup la production cotonnière avec presque un doublement de la production à l’hectare ... le cotonnier OGM est moins vulnérables aux prédateurs (insectes, bactéries) et aux conditions climatiques défavorables (sécheresse et inondations). Il croît plus vite, produit des capsules de coton plus grosses portant des fibres de grande qualité. »

    C’est FAUX, pour la bonne raison que les variétés GM sont les mêmes que les variétés non OGM (auxquelles on a rajouté le « trait »). Les rendements sont au mieux les mêmes si les premières sont correctement traitées. Le fait de rendre la plante toxique au moins pour certains insectes (pyrale, sésamie, etc.) ne modifie évidemment en rien sa résistance aux intempéries.
    En fait, il semble bien que les fibres soient de moins bonne qualité (fibres courtes et rendements moindres).
    Le fait de soumettre les prédateurs à une présence continue de toxine aboutit rapidement à des insectes résistants qui obligent à des traitements plus toxiques. Voir ce qui arrive aux USA avec le maïs et le soja RR.

  • Le 11 août 2015 à 19:42 En réponse à : Chronique du vendredi : Le Burkina doit-il avoir peur des OGM ?

    Un tissu d’anerie en contradiction flagrante avec la triste réalité du terrain. les rendements n’ont pas doublés. Au pire, ils sont toujours au même niveau à raison de 1.100 kg/ha. La fibre est de moins bonne qualité, c’est pourquoi, la surface du coton OGM Bt diminue. Visiblement, Monsieur Somé ne suit pas l’actualité burkinabè depuis décembre 2014. Et, pour s’arrêter là, le régime Compaoré a été obligé d’accepter les OGM fin des années 90 ou, sinon, Compaoré serait aujourd’hui en prison avec son ex. ami Charles Taylor. Sinon, une marche contre Monsanto et les OGM a bel et bien eu lieu le 23 mai passé et fortement médiatisée ici et à l’international alors que le même jour, il y en avait plus de 440 dans plus de 50 pays au monde. La seule multinationale, championne du monde toute catégorie, qui fait l’unanimité contre elle !!!!

  • Le 13 août 2015 à 09:41 En réponse à : Chronique du vendredi : Le Burkina doit-il avoir peur des OGM ?

    Mr SOME, aimez-vous vraiment votre pays ? Ou bien "roulez-vous" pour MONSANTO ou autres multinationales ? Vous souhaitez que nos braves paysans soient pieds et poings liés à ces firmes ? Qu’ils doivent acheter chaque année leur semence auprès de ces firmes ?

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