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Biotechnologies modernes : Le coton BT, seule culture OGM commercialisée au Burkina

Publié le vendredi 24 juillet 2015 à 00h59min

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Biotechnologies modernes : Le coton BT, seule culture OGM commercialisée au Burkina

Le débat sur les Organismes génétiquement modifiés (OGM) ne cesse de déchainer les passions. Des spécialistes de la biotechnologie aux profanes, la question divise. Et dans ce méli-mélo, les agriculteurs ne savent pas souvent à quel Saint se vouer. Pour permettre de mieux comprendre ces biotechnologies modernes et leur présence au Burkina, l’association « Ensemble sécurisons le futur », en collaboration avec l’OFAB, une structure œuvrant dans la promotion de la biotechnologie agricole, a tenu un panel à Ouagadougou.

Ce débat a été initié par l’association Ensemble sécurisons le futur. Une association spécialisée dans la biotechnologie agricole notamment dans son aspect semences améliorées. Elle fait la promotion des semences améliorées. « Lors de nos différents parcours dans les différentes localités, les producteurs ont cherché à comprendre ce que c’est que les OGM vu que l’actualité nationale était devenue riche à un certain moment par rapport à cette histoire d’OGM. Il y a des contradictions. On disait aussi qu’il y avait des OGM partout. Certains parlent de la pomme de terre, la tomate, le maïs, le niébé. N’étant pas spécialisé en la matière, notre structure a voulu avoir des informations fiables », a expliqué Mahama Ilboudo, secrétaire général de l’association Ensemble sécurisons le futur (ESF). Pour l’animation du panel, l’ESF a fait appel à des spécialistes à travers l’OFAB, une structure qui fait la promotion de la biotechnologie agricole. « L’OFAB a pu réunir ce panel pour nous donner les informations justes sur la présence des OGM au Burkina », a-t-il précisé.

Responsables d’associations, chercheurs, agriculteurs, étudiants, politiques ont pris part à ce débat sur la présence des Organismes génétiquement modifiés au Burkina. C’est l’hôtel Somkiéta de Ouagadougou qui a servi de cadre à cette rencontre. Et les échanges qui ont débuté à 20h se sont poursuivis jusqu’à 23h. Et, le moins qu’on puisse dire est que les points de vue étaient contradictoires. Les uns s’appuient sur des arguments scientifiques, pendant que les autres citent des expériences vécues ou encore des « ouï dire ». Pour lancer les débats, deux communications ont été d’abord présentées. La première sur l’historique de l’introduction des OGM au Burkina était animée par Dr Roger Zango, biotechnologue et phytogénéticien à l’Institut national des études et de la recherche agricole (INERA).La seconde communication portait sur « les OGM en agriculture : expérience du Burkina en matière de coton génétiquement modifié » et a été présentée par Dr Oumar Traoré, chercheur à l’INERA.

Le coton BT pour lutter contre les insectes ravageurs

Le Burkina s’est intéressé aux biotechnologies modernes depuis longtemps. En effet, depuis 1992, notre pays avait co-créé l’agence africaine de biotechnologie avec quinze autres pays dont le siège est à Alger. Le Burkina a également participé aux négociations sur ce protocole de Cartagena sur la biosécurité depuis 1995 jusqu’à son avènement en 2000 et il a signé ce protocole en 2003. C’est par ce cheminement que le Burkina a pu introduire le coton génétiquement modifié en 2003, en expérimentation en milieu confiné. Et c’est lors de la campagne cotonnière 2008-2009 que le coton BT a été utilisé pour la première fois par les paysans burkinabè. « C’est une toxine qu’on a essayé de faire fabriquer par le coton lui-même pour lutter contre les insectes ravageurs. On a introduit ce gène d’une bactérie dans le cotonnier et ce gène produisait une toxine qui luttait contre les insectes d’une manière naturelle. On a mis ce gène dans le cotonnier qui s’est mis à fabriquer effectivement cette toxine qui tue un certain nombre d’insectes, une catégorie d’insectes », a expliqué Dr Zango.

Avec le coton génétiquement modifié, le traitement contre les insectes passe de six à deux. Ce qui permet aux cotonculteurs de réduire la quantité d’insecticides utilisés. Du coup, les intoxications dues aux insecticides sont également réduites. Avec la réduction des pesticides, les insectes utiles peuvent pulluler autour des cotonniers sans grand risque. L’autre avantage, c’est incontestablement la réduction de la pénibilité du travail des paysans qui, ainsi, peuvent s’occuper d’autres choses. Les biotechnologues précisent également qu’il y a une augmentation du rendement du cotonnier estimé entre 15 et 20%.

D’autres cultures dans le circuit de la recherche

Contrairement aux rumeurs véhiculées ici et là, les représentants de l’OFAB précisent qu’actuellement, le coton BT est la seule culture commercialisée au Burkina. D’autres cultures sont en expérimentation. Mais, soit en milieu confiné ou encore en laboratoire. Au nombre de ces espèces, il y a le niébé BT (en milieu confiné), le coton biofortifié (actuellement il y a un problème de serre pour la production en zone confinée). Egalement, une autorisation pour tester le maïs OGM a été donnée récemment par l’Agence nationale de biosécurité. C’est dire qu’il faudra attendre encore longtemps pour voir du maïs, du niébé ou du sorgho génétiquement modifiés (produits au Burkina) dans nos plats. De quoi rassurer les anti-OGM qui ont tenté de contredire les chercheurs de l’INERA. Mais, ils devront améliorer leur argumentaire pour convaincre.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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