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Démocratie au Burkina Faso : A quand l’alternance démocratique ?

Publié le mercredi 22 juillet 2015 à 17h11min

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Démocratie au Burkina Faso : A quand l’alternance démocratique ?

Depuis neuf mois, l’histoire s’est accélérée avec l’insurrection, la chute de l’ancien régime et la recomposition du paysage politique. A trois mois des prochaines élections présidentielles et législatives, il nous parrait impérieux d’alerter l’opinion nationale sur la confusion savamment entretenue entre les concepts d’alternance et de changement par la classe politique burkinabè à l’orée des élections 2015. Il importe aussi de faire l’état des lieux de leur application et usages par l’insurrection et ce, d’autant plus que, le mot régime est aussi entré dans le vocabulaire post-insurrection et permet maintenant de mieux situer la différence entre l’alternance démocratique et le changement politique.

Les mots alternance démocratique et changement politique ont été galvaudés dans les discussions politiques des dernières années au Burkina Faso, mais ils ne veulent pas du tout dire la même chose. Le changement est une condition pour l’alternance mais tout changement politique ne conduit pas forcément à l’alternance démocratique. Il y a une interdépendance entre le changement et l’alternance. Cependant, la vraie alternance démocratique requiert simultanément trois types de changements : un changement d’idéologie politique et de régime, un changement de programme politique et enfin un changement d’équipe dirigeante. Ainsi définie, on pourrait dire que depuis la révolution, il n’y a pas eu d’alternance démocratique au Burkina Faso. Avec les expériences de l’Egypte, de l’Irak, de la Lybie et de la Tunisie on peut dire qu’un changement politique peut être négatif ou positif au niveau de son impact sur la vie d’une nation. Actuellement, les signaux de dangers sont au rouge au Burkina Faso et indiquent les risques potentiels qu’un mauvais changement politique peut occasionner pour le pays.

Après la révolution, on a bien assisté à un changement d’idéologie, de régime et de programme politique, mais pas de changement de l’équipe dirigeante. Avec l’adoption de la Constitution du 2 juin 1991, le Burkina Faso est alors passé d’un régime révolutionnaire à un régime démocratique. Un changement partiel des dirigeants politiques et des gouvernants se sont faits entre les deux régimes sans qu’il n’y ait d’alternance au sein réel du terme. Une partie des révolutionnaires marxistes-lénistes se sont convertis à la démocratie et ont adopté des idéaux et des programmes politiques différents, permettant le passage des mêmes leaders politiques d’un régime à l’autre. Cette expérience montre que, de gré ou de force, les politiciens d’antan ont rénié leurs convictions révolutionnaires pour changer de régime et d’idéaux politiques. Dieu seul sait jusqu’à quel point ce changement a été sincère et s’il a été définitif. Ce qui est certain, l’histoire retiendra que ce sont les ratées de la mutation idéologique opérée par ces révolutionnaires pour devenir des démocrates qui porte en elle les germes des tares et des insuffisances reprochées au régime démocratique trentenaire de Blaise Compaoré.

Pendant 27 ans, sous le leadership de Blaise Compaoré et de tous les autres leaders du CDP, le Burkina Faso a repris son apprentissage de la démocratie interrompu par les régimes d’exception. Parmi les plus proches collaborateurs et leaders de ce long règne figurent sans aucun doute Rock Marc Kaboré (le garant de la stabilité des institutions publiques et de l’image publique du CDP), Salif Diallo (l’éternel président de campagne et responsable de la ligne politique du parti) et Simon Compaoré (l’inamovible maire de Ouagadougou la capitale pendant 17 ans, chargé des lignes rouges et des relations avec les gourdiniers et les loubards). A eux trois, ils ont fait le régime de Blaise Compaoré et sa longévité exceptionnelle de trois décennies au pouvoir. Ils ont été de toutes les grandes décisions politiques, économiques et socio-culturelles qui ont marqué la vie de la nation. Ici au Faso, qui peut honnêtement imaginer un régime Compaoré sans Roch, Salif, et Simon ? Sans eux, il n’y aurait jamais eu de système Blaise Compaoré et pour cause : on les appelait les pilliers du régime, les caciques du pouvoir, les apparatchiks ou hommes clés de l’appareil d’Etat, les gourous, les hommes forts, les leaders incontournables, les premiers responsables du parti, les môgho puissants, les ténors et les bonzes et les dauphins. Ils ont eu tout le pouvoir, les honneurs et les faveurs diverses. Ils étaient l’image publique du CDP et on ne peut imaginer le parti sans eux. Pendant 26 ans donc, ils ont géré ensemble et ont fait la pluie et le beau temps au Faso. Ce long règne a été jugé excessif par l’opposition classique et les politistes activistes qui ont demandé l’alternance démocratique en s’opposant à la révision de l’article 37 de la Constitution qui limite le nombre de mandats présidentiels.

En prélude à la chute du régime Compaoré, c’est donc la lutte pour l’alternance qui a mobilisé la jeunesse et servi de prétexte en or pour légitimer l’insurrection populaire. Interviewé sur RFI le 22 Octobre 2014, Guy Hervé Kam le porte-parole du Balai Citoyen avait dit « il faut que l’alternance s’installe. Parce que seule l’alternance permettra aujourd’hui à Blaise Compaoré, et demain à d’autres gouvernants qui vont venir, de savoir qu’ils doivent travailler pour le peuple. Parce que lorsqu’ils vont partir, on va leur demander des comptes ». Après l’insurrection et la fin du régime de Blaise Compaoré, tout indique nous allons assister à un nouveau changement de régime sans changement de la classe dirigeante dans l’histoire politique du Burkina Faso. Mais, est-ce pour autant que les conditions idoines soient réunies après le départ de Blaise Compaoré pour une alternance politique au Burkina Faso ?

Assurément non car, après la chute de l’ancien régime, les débats en cours ne concernent pas du tout le changement des anciens gouvernants sous l’ère Compaoré qui ont migré vers d’autres partis. Bien que la durée du régime de Blaise Compaoré s’étende de juin 1991 au 30 Octobre 2014, plusieurs de ces anciens collaborateurs sont en pole position pour rempiler dans des postes électifs ou nominatifs après les élections d’octobre 2015 en tentant de se donner une virginité politique. Advenant une victoire du MPP au quart de tour en Octobre 2015, ce seront donc les mêmes camarades de depuis la révolution qui vont continuer de gouverner le pays sans Blaise Compaoré. Cette victoire du MPP va remettre en cause toute possibilité d’alternance démocratique au Burkina Faso à moyen terme et consacrer l’échec cuisant des jeunes insurgés coiffés au poteau par les anciens professionnels de la politique.

A ce titre, les prochaines élections ne seront pas l’occasion espérée pour les burkinabè d’expérimenter enfin l’alternance démocratique tant désirée à cause de la mainmise des vétérans du régime Compaoré pour jouer les prolongations sans leur mentor. Ces ténors de l’ancien régime sont vent debout pour la reconquête du pouvoir au point de vouloir transvestir l’histoire. Visiblement personne ne pourra les en empêcher car ils ont les moyens de la République pour acheter les jeunes et réduire au silence toute contestation. Les prochaines élections vont donc servir à légitimer la pérénnisation au sommet de l’Etat d’un groupe de vieux leaders insatiables en leur garantissant le pouvoir à vie qu’ils ont pourtant réfusé à leur camarade et ancien ami Blaise Compaoré par esprit de vengeance. Pire encore, le changement qu’ils promettent risque d’avoir des retombées socio-économiques moins importantes que lors du passage du régime révolutionnaire à celui démocratique pour de nombreuses raisons.

Cette fois-ci, le changement va se faire entre deux régimes démocratiques et identiques, animés par les mêmes anciens leaders politiques, frappés par le poids de l’âge et la maladie, qui n’ont pas de nouvelles idées et n’ont plus rien à proposer que leurs égos. En effet, ces leaders ne changent pas d’idéaux politiques : la démocratie, le développement, le changement, le progrès et l’émergence sont les axes majeurs d’orientation des grands partis (CDP, MPP, UPC). Beaucoup tentent de se prévaloir de leur longue expérience dans la gestion des affaires de l’Etat, mais là n’est pas le plus important. Ce qui comptera vraiment, c’est la qualité des programmes politiques proposés. En effet, au-delà des emblèmes des partis en concurence, la seule différence qui permettra de les distinguer lors de la campagne est la qualité de leurs programmes politiques ou de leurs projets de société. Pour gagner les élections et fonder un régime meilleur à celui de Blaise Compaoré, tous les partis se doivent donc d’innover et de proposer des programmes politiques de meilleure qualité que ceux décriés de l’ex-président et de son régime déçu. Et là résident tous les dangers d’instabilité profonde qui guettent et affectent déjà la nation burkinabè et son avenir. Et c’est là que le bas blesse pour deux raisons.

Premièrement, après le départ de Blaise Compaoré du pouvoir, les débats politiques devaient se focalisés sur les vrais défis et enjeux de développement auxquels le pays fait face à cette étape précise de son histoire, avec en ligne de mire l’alternance démocratique après les élections. Or, les politiciens ne parlent plus du tout de l’alternance démocratique reclamée à cor et à cri il y a moins d’un an au point de faire paraître Blaise Compaoré comme le mouton de sacrifice sur l’autel de cet idéal vite abandonné. De façon surprenante, les discussions ne portent pas non plus sur l’alternance démocratique, les idéologies politiques et les projets de société proposés par les partis en compétition. Pendant plus d’une année, les partis politiques et les OSC insurgés ont amusé et diverti la galerie au lieu de travailler à faire des propositions de programmes crédibles en phase avec les aspirations du peuple. De façon tout à fait inquiétante, les partis politiques et les intellectuels qui ont préparé et animé l’insurrection semblent avoir fait une collusion malsaine pour ne pas ouvrir le débat de fonds sur l’altenative crédible à l’ancien régime. Cela ressemble à une conspiration de l’élite politique et intellectuelle contre les intérêts et les aspirations du peuple et l’avenir de la nation.

Tollé Sagnon a bien lancé le débat en critiquant l’option libérale de l’UPC, mais il a été rabroué, raillé et réduit au silence. En dehors de lui, aucune discussion de fonds n’a été engagée par les politiciens et les politistes activistes qui monopolisent le débat politique pour situer le peuple la pertinence actuelle des options idéologiques proposées par les partis par rapport aux aspirations et aux réalités géopolitiques dans lesquelles vit le pays. A trois mois des élections à d’Octobre 2015, ce n’est pas trop de demander aux partis de bien vouloir publier enfin leurs programmes de gouvernance. La réalité est que l’orientation idéologique du MPP et du CDP sont les mêmes : la sociale-démocratie. Dans la pratique, les deux grands partis partagent avec l’UPC, certaines valeurs néo-libérales. Ces idéologies sont très méconnues de la plus part des citoyens qui n’adhèrent aux partis que pour des motifs affectifs ou parce qu’ils prétendent tous oeuvrer pour le développement national. Tous les partis promettent les mêmes choses (bonheur, développement, progrès, démocratie, emploi, revenu, sécurité, paix) et ne veulent pas publier leurs programmes de peur de se faire copier par leurs concurrents. Pourtant, sans information, conscientisation et éducation au vote, le peuple risque d’être anarqué et trompé s’il doit choisir entre des candidats vendeurs d’illusions sans avoir lu leurs programmes pour savoir s’ils sont en phase ou non avec ses aspirations. Avec cet attentisme, le vrai peuple risque d’être le dindon de la farce politique en cours.

L’abscence de débat de fonds et la non publication des programmes politiques des partis bien avant la date officielle de la campagne jettent un discrédit sur la classe politique qui sillonne pourtant le pays sans fin pour faire le marketing des candidats. Depuis un an, ils ne font que du tapage médiatique permanent et des tournées sans fin pour faire le marketing de leurs candidats potentiels au poste de président du Faso. Que disent-ils aux populations lors de toutes ces tournées fort médiatisées quand ils n’ont pas encore de programmes politiques publiés ? Est-ce que les 21 jours de la campagne officielle suffiront pour présenter et bien informer le peuple des hameaux et des campagnes réculées 113 projets de société pour lui permettre de faire un bon choix de futurs gouvernants ? Si ce n’est pas de l’arnaque, le jeu politique actuel ressemble fort à une vaste duperie cautionnée par l’élite intellectuelle très silencieuse dans sa grande majorité. Seuls quelques juristes affairistes et opportunistes, experts en manipulation des textes se démènent dans ce chaos pour tirer leur épingle du jeu.

Pire, Luc Ibriga, un ténor de l’insurrection, dans une interview récente donnée dans Sidwaya, dit clairement que « l’alternance démocratique n’est plus tellement d’actualité ». Bien que Président du Forum des Citoyens de l’Alternance (FOCAL) et à ce titre membre et leader infatigable du Front de Résistance Citoyenne, celui-là même qui a lancé le mot d’ordre de résistance citoyenne, dit aujourd’hui que l’alternance n’est plus tellement d’actualité. Il a été nommé à l’ASCE pour services rendus alors qu’il prétendait ne pas chercher de poste. Puisque plus rien ne sera comme avant, il ne veut plus l’alternance mais juste un changement de personne pour que son mentor Zéphirin Diabré puisse être Président. Toutes les OSC et les experts champions de l’alternance démocratique se sont tus car ils ont obtenus des postes ministériels et des faveurs diverses. C’est dire qu’eux aussi avaient des agendas inavoués, différents de ceux pour lesquels le peuple a été mobilisé pour la lutte mortelle. Cela veut dire aussi qu’en lieu et place de l’alternance démocratique réclamée à tue-tête par les insurgés, des citoyens honnêtes et crédules ont été embarqués dans une vulgaire querelle de personnes et une guerre d’égos entre vieux politiciens au point de perdre la vie.

En guise d’illustration, le CGD et ses structures satellites sont l’exemple de ce revirement honteux et peu intègre. Professeur Loada a critiqué la gouvernance de Blaise Compaoré avec acharnement depuis plus de 10 ans. Dès que Augustin Loada a pu transvaser les agents du CGD et de l’IGD dans les postes décisionnels de la transition, il ne parle plus d’alternance ni de bonne gouvernance. Pas fou le professeur. Il n’ose même pas publier la liste intégrale de ses biens et préfère mentir au Conseil Constitutionnel. Il a mis une rage sans pareil pour expliquer et justifier la désobéissance civile et l’insurrection, mais il n’assume pas la mort des martyrs comme une conséquence néfaste des mots d’ordre que Luc Ibriga et lui ont lancés. Sur les réseaux sociaux, il n’y a plus que le forumiste Achille Tapsoba, défenseur inconditionnel de l’alternance qui se signale timidement. Même Kôro Yamyéllé a trouvé une autre mission : défendre le MPP envers et contre tous. Plus rien n’est comme avant et les promesses non tenues des OSC politisées n’engagent que ceux qui y ont cru. Parmi les partis en lice pour les élections, ex-membres de l’opposition, il n’y a plus que les sankaristes qui parlent d’alternance, les autres ont embouché la trompette du changement.

Pour préserver leur visibilité publique, tous les partis ex-insurgés et leurs OSC satellites passent leur temps à insulter avec beaucoup de haine des gens qu’ils appellent anciens dignitaires du régime de Blaise Compaoré. Or « anciens dignitaires » veut dire beaucoup de gens et personne à la fois, car en 27 ans, ils sont des milliers à avoir géré avec lui le pouvoir. Avec les arrestations spectaculaires et médiatisées de leurs anciens collègues et camarades, les politiciens stars du moment font croire qu’ils luttent contre les crimes économiques. Néanmoins, ces pratiques revanchardes, humiliantes et illégales amusent la galerie et satisfait une jeunesse sans culture politique ni capacité d’analyse critique. L’oppression exercée par Barry Denise contre les militants du CDP et des autres partis de l’ex-mouvance présidentielle est telle qu’on ne se croirait plus au Burkina Faso et dans un état de droit. Le peuple n’est pas dupe et dénonce là encore une mise en scène visant juste à traumatiser et mettre hors de nuire les adversaires sérieux. Le gouvernement a bien déterré avec grand renfort de médiatisation Sankara Thomas et ses compagnons d’infortune, en présence de Mariam. Mais cela n’a pas empêché la Coalition sankariste de voler en éclat pour des querelles de gouvernance interne. En attendant un changement salutaire favorable à l’expression citoyenne sur l’avenir, les débats politiques sont d’un vide sidérant et laissent la place à une profusion de violence verbale inutile et traumatisante pour le vaillant peuple, spectateur malgré lui des pitreries de ses fils mal éclairés. On assiste à une mise en scène grotesque d’une démocratie de façade dont les acteurs tardent à opter pour le changement de comportement.

Deuxièment, même si l’insurrection a été fomentée pour contrer la révision de l’article 37, garant de la limitation des mandats présidentiels et source de l’alternance, ce n’est pas à l’ex-président seul de rendre compte, mais toute son équipe des 27 ans de règne partagé, en particulier les pilliers connus de son régime qui ont joué des rôles historiques. Valère Somé et bien d’autres se sont mis en marge du régime COMPAORE pour leurs convictions révolutionnaires. Aujourd’hui, personne n’oserait leur demander des comptes pour mal-gouvernance. Si Blaise Compaoré est perçu aujourd’hui comme le diable du Faso, Rock, Salif, Simon et bien d’autres ont soupé avec lui à satiété avant de se refugier au MPP dans l’espoir de pouvoir conitnuer à diner sans lui. Qu’ils aient fait défection à la dernière minute en quittant le navire coulant relève plus du calcul politique machiavélique que d’un sursaut patriotique et les faits actuels le confirment pleinement. Du reste, ce n’est pas surprenant pour des professionnels de la politique, très expérimentés, habitués à survivre aux pires cataclysmes en sacrifiant leurs autres. Ils confirment simplement l’adage qui dit qu’en politique, il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts.

De façon pragmatique, en sentant venir la fin de l’ancien régime, ils se sont repositionnés de justesse pour continuer leur jeu favori en mystifiant au passage des jeunes ignorants qui ne connaissent rien de la real politique. La réussite de ce tour de force machiavélique n’exclut pas qu’ils aient été tout autant acteurs et bénéficiaires de la longévité du régime déchu. Ils en étaient tellement les pilliers que lorsqu’ils ont décidé de faire tomber l’ex- régime de 27 ans, en seulement dix mois, rien ni personne n’a pu les en empêcher. Dans son discours d’investiture, Rock Marc Kaboré confirme que le MPP “a été au cœur de la mobilisation populaire contre Blaise Compaoré”. Cette insurrection a été planifiée, financée et exécutée de mains de maîtres par RSS en utilisant une jeunesse sans culture politique, en coalition avec les partis membres de l’ex-CFOP et les OSC politisées. En voulant survivre après la mise au garage du trio de barons politiques qu’il a créés, le régime de Blaise Compaoré a connu une fin brutale, et tragique pour de nombreux citoyens morts pendant l’insurrection

Pourtant, le peuple témoin de la gouvernance de Blaise sait très bien que, Rock, Salif et Simon ainsi que plusieurs militants de haut rang du MPP et de l’UPC ont eu les mains libres et l’indépendance totale pour tout expérimenter et entreprendre dans notre pays en tant que gouvernants (OGM, gomme arabique, PAS, libéralisation de l’économie, etc). Depuis l’insurrection, tout le monde s’accorde avec Pr Laurent Bado pour dire clairement que c’est l’entourage de Blaise Compaoré qui a causé sa perte. De même, on peut reprocher à Blaise Compaoré son laisser-faire pendant son long règne partagé avec le trio RSS et l’absence de sanctions venant du Prince à l’encontre de ses partisans fautifs comme Rock, Salif et Simon. Ce n’est pas en criant plus fort au voleur et à l’assassin en indexant Blaise Compaoré qu’ils pourront se tirer à bon compte, en le livrant à la vindicte populaire pour leurs ambitions personnelles. A moins que le peuple burkinabè ne soit amnésique et lâche au point de ne pas vouloir reconnaître ses vrais bourreaux. Comme dirigeants politiques du CDP, puissants minitres dans plusieurs gouvernements successifs, élus locaux de premier plan, ils ont laissé un impact et un héritage qu’ils doivent assumer de façon courageuse et responsable comme de vrais burkinabè.

A titre individuel et de façon solidaire, ils doivent maintenant rendre compte de leurs parcours, réalisations et méfaits avant de pouvoir demander encore au peuple de leur confier son destin, fusse-t-il sous d’autres bannières politiques. En reniant en bloc leur passé de militants et responsables du CDP et de l’ancien régime, ils veulent juste se prévaloir exclusivement du mérite des actions historiques positives tout en laissant à Blaise et aux ouvriers de la dernière heure la peine de porter le lourd fardeau des manquements et insuffisances collectives des 27 ans d’apprentissage de la démocratie et de la bonne gouvernance. Cette attitude consternante est en déphasage avec toute règle de bienséance morale et d’éthique politique. Ce tour de passe-passe et le retournement de veste sont vilains et indignes des grands hommes admirés qu’ils ont été et restent aux yeux de nombreux citoyens. Ce revirement spectaculaire est contre toutes les valeurs fondamentales qui incarnent le « Burkindlim » au pays des hommes intègres.

Sachant que ce sont les révolutionnaires devenus démocrates qui ont géré le pays depuis les années 1980, l’alternance dont on a besoin actuellement au Burkina Faso est celle qui se ferait entre deux générations de leaders politiques. Or, les vétérans politiques du CDP ont réussi la prouesse de rouler les jeunes insurgés dans la farine en se targuant d’une virginité politique suspecte. Pour le meilleur ou pour le pire, ils veulent rester dans l’arène politique et gérer le pouvoir. Tout cela nous éloigne de l’alternance démocratique qui a été à la base de l’insurrection du 30 et 31 Octobre 2014. D’où notre question, à quand l’alternance démocratique au Faso ?

Boinzemwendé Kaboré
Sociologue

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Vos commentaires

  • Le 22 juillet 2015 à 17:47, par gangoblo En réponse à : Démocratie au Burkina Faso : A quand l’alternance démocratique ?

    Pouvait- on faire partir Blaise sans l’appui des vieux ténors comme les Rock, Salif et Simon ? je pense que non. la jeunesse est pire que ces vieux car le gain facile est leur jeu favori. On ne peut pas tout changer en une seule journée. allons lentement en préparant la relève.

  • Le 22 juillet 2015 à 19:12, par Burkinba En réponse à : Démocratie au Burkina Faso : A quand l’alternance démocratique ?

    je dirais que c’est bien possible pour la question de gangoblo mais pour le reste, je valide

  • Le 22 juillet 2015 à 20:43, par Abuu Fawziyyat En réponse à : Démocratie au Burkina Faso : A quand l’alternance démocratique ?

    Merci pour votre analise, mais l’alternance démocratique au Faso c’est dans trois mois ou cinq ans trois mois.

  • Le 23 juillet 2015 à 11:49, par Tengbiiga En réponse à : Démocratie en ôtage de l’ élite au Burkina Faso

    Boinzemwendé, m’ nongflame, siida yinga !
    Il y’ a rien à ajouter à votre impécable analyse ! RSS étaient, sont et resteront les vrais problèmes du BF ! Ce qui me fait plus mal, c’ est cette jeunesse ignorante qui se mobilise derrière ces grands bandits et voleurs du peuple pour leur donner encore de la voie après toutes ces années de pillage et de bordel national ! Mais ce n’ est pas surpennant : les grands frères ont tant volé, tant pillé qu’ ils peuvent gaspiller et jeter l’ argent du peuple par la feunêtre, servant de mauvais exemples aux plus jeunes, leur faisant croire à l’ argent facile sans aucun prix d’ effort. D’ ou cette paresse généralisée de la jeunesse africaine en générale, cette jeunesse perdue sans aucune orientation et complètement incapable d’ exercer ses droits et assumer ses responsabilités , dont l’ avenir ne paraît être fondé que sur l’ illusion et la spéculation !

    Sachant combien je dois me battre (d’ ailleurs tout comme beaucoup d’ autres évoluant à l’ extérieur du pays) pour préserver l’ excellence et gagner une vie bonne et digne, je préfère cela le mal au coeur que de rentrer piller les populations une fois les diplômes en poche, comme le fait d’ habitude cette soi-disante élite africaine.

    Il n’ y a plus rien à espérer au BF car l’ espoir de ce pays a été tué le 15 octobre 1987 ! Cela fut-il possible sans la complicité du peuple ? Et sans un nouvel éveil de conscience, les peuples africains resterons pour toujours esclaves de leur élite et, en concequence objets de honte pour toute l’ Humanité ! Mais à quand cet éveil de conscience des peuples, si aujourd’ hui il est prouvé, que c’ est l’ élite africaine autrefois qui fut à l’ origine de l’ esclavage des peuples noirs et de son expansion par les blancs ? Mais où sont partis tous ces biens et richesses amassés sur le dos des propres frères autrefois ? Quels enseignements peut-on tirer de l’ histoire africaine recente ? Felix Houphouet Boigny, Mobutu Sésé Séko, Empéreur Bocassa, Eyadéma, Moussa Traoré, sans oublier l’ homme puissant dont l’ Afrique a besoin Blaise Compaoré, etc...
    Manifestement, bien mal acquis ne profite jamais ! Autrement il y’ aurait eu beaucoup d’ autres choses significatives pour la civilisation humaines à voir en Afrique que les pyramides d’ Égypte ! Faut-il accuser Dieu (l’ africain a chassé son propre Dieu), le Blanc (l’ Africain croit au Dieu du Blanc), le Destin (qui a soumis l’ Africain autres races humaines) ?
    Non, ni l’ un, ni l’ Autre ! L’ élite africaine est le seule grand problème des Africains !
    Ce qui se passe au BF peut être observer partout sur le continent, "la prise en ôtage du continent par une élite médiocre et cupide".

    Cher frère webmaster, veuillez bien laisser passer mon méssage. Je vous remercie

  • Le 23 juillet 2015 à 15:24 En réponse à : Démocratie au Burkina Faso : A quand l’alternance démocratique ?

    "Luc Ibriga, un ténor de l’insurrection, dans une interview récente donnée dans Sidwaya, dit clairement que « l’alternance démocratique n’est plus tellement d’actualité ». Bien que Président du Forum des Citoyens de l’Alternance (FOCAL) et à ce titre membre et leader infatigable du Front de Résistance Citoyenne, celui-là même qui a lancé le mot d’ordre de résistance citoyenne, dit aujourd’hui que l’alternance n’est plus tellement d’actualité. Il a été nommé à l’ASCE pour services rendus alors qu’il prétendait ne pas chercher de poste. Puisque plus rien ne sera comme avant, il ne veut plus l’alternance mais juste un changement de personne pour que son mentor Zéphirin Diabré puisse être Président. Toutes les OSC et les experts champions de l’alternance démocratique se sont tus car ils ont obtenus des postes ministériels et des faveurs diverses. C’est dire qu’eux aussi avaient des agendas inavoués, différents de ceux pour lesquels le peuple a été mobilisé pour la lutte mortelle. Cela veut dire aussi qu’en lieu et place de l’alternance démocratique réclamée à tue-tête par les insurgés, des citoyens honnêtes et crédules ont été embarqués dans une vulgaire querelle de personnes et une guerre d’égos entre vieux politiciens au point de perdre la vie". M. KABORE, vous êtes un digne fils de notre Burkina Faso natal. Tous, je dis bien tous ces voyous ont des agendas cachés et se foutent éperdument de l’intérêt général. Un citoyen honnête, frère avec Boinzemwendé KABORE. Fier de ton écrit, mon Frère.

  • Le 24 juillet 2015 à 12:04, par Tie En réponse à : Démocratie au Burkina Faso : A quand l’alternance démocratique ?

    Un sociologue doit donner les vrais problèmes de la société à résoudre et non se mettre à insulter des personnes car cela ne resoud pas le problème du peuple. Il n’ y a pas lieu ici d’accuser les RSS seulement. Toute cette catégorie d’intellectuelle politisée est concernée. Le CDP qui était le grand parti fort comme il est dit dans le texte, pourquoi n’ a t-il pas pu trouver la relève à son sein mais seulement toujours Blaise ? Je pense qu’il faut être sincère avec soit même. Si Blaise avait partargé le pouvoir avec les RSS comme l’auteur du texte le dit, le Burkina n’allait pas vivre l’insurrection. Les RSS ne sont pas les seuls hommes forts du CDP, si les autres avaient accepter le point de vu de Salif depuis 2005, le Burkina vivrait au son de cloche de l’alternance. Je pense que l’auteur du texte doit avoir perdu des avantages au temps du régime déchu et en veut surtout au RSS d’avoir donnée la plus value dans le lutte pour le départ de Blaise. Aussi si le 30/03/2000, Blaise avait accepté faire une demande de pardon sincère au peuple burkinabé en reconnaissant ses erreurs dans la gestion du Faso, on n’en serait pas là aujourd’hui. Un chef ne doit pas avoir de parti pris. Il doit écouter les sages même si ce qu’ils disent lui touchent directement. On parle de président c’est parce qu’il y a un peuple qui l’a voté ? Mais si ce chef au lieu de protéger le peuple le ballonne, à quoi doit-il s’attendre ?. Aussi Norbert ZONGO a bien dit que "la vraie aopposition viendra du CDP" et c’est ce qui est arrivée. Ibriga, dit que l’alternance n’est pas d’actualité avec juste raison, si tous les deux ou trois mois le RSP s’invite dans la gestion politique, que voulez-vous ? A présent, la calebasse a été renversée avec son contenu d’eau. Pouvions nous ramasser cette eau ? Je pense que non. Donc, il est de la priorité de tout citoyen de prendre le moindre mal, si l’ideal n’existe pas pour renforcer notre democratie qui est très fragile en ce moment.Ce qui est sur, je l’espère du fonds du coeur, que nos juristes et constitutionnalistes, vont se mettre à l’oeuvre pour nous donner une nouvelle constitution pour que l’alternance, la justice, le respect du droit public, privé et individuél , la transparence soit dans la gestion de la chose politique et publique ici au Faso

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