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Lettre philosophique à SEM Le Président de la Transition, Président du Faso à propos de la crise de Gouvernement de la Transition et des remous au Régiment de sécurité présidentielle

Publié le jeudi 2 juillet 2015 à 09h37min

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Lettre philosophique à SEM Le Président de la Transition, Président du Faso à propos de la crise de Gouvernement de  la Transition et des remous au Régiment de sécurité présidentielle

Dans cette lettre ouverte et "philosophique" au président du Faso, M. Idrissa Diarra, géographe et politologue, donne son point de vue sur sur la crise de Gouvernement de la Transition et les remous au Régiment de sécurité présidentielle et fais des propositions pour une perspective démocratique apaisée.

Excellence Monsieur le Président de la Transition, Président du Faso, Chef suprême des armées,

Par attachement ferme à la Démocratie et à la non violence – sacrée chez Martin Luther King-, en privilégiant la réflexion responsable débarrassée de préjugés et de passions et, de par ma compétence politique et académique, je me sens légitimement investi du devoir de donner de la voix sur la situation nationale, tendue ce jour, du fait de remous en cours depuis les 29 et 30 juin, dans le corps du RSP, de par cette correspondance ouverte, à vous, adressée. Certes, dans un environnement sociopolitique, des plus tumultueux comme le notre, une telle intervention affichant une prise de position publique indépendante, n’est pas de risque zéro.

Mais face à toute idée d’intimidation réelle ou imaginaire infondée, le citoyen burkinabè engagé, devra observer la fermeté sur les constats suivants : soit nous restons conséquents avec nous-mêmes, en célébrant le courage patriotique en droite ligne avec l’hommage rendu à nos braves Martyrs, désormais inscrits dans le Panthéons des Héros nationaux, soit, nous trahissons ces hommages, via nos actes réels, en nous illustrant dans des attitudes dignes de lâcheté, en gardant un silence passif ou complice, face aux maux que sont l’injustice, la tyrannie, la manipulations, la violation des textes, la violence, etc., maux rejetées en bloc par le Peuple burkinabè, lors de l’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.

Excellence Monsieur le Président de la Transition, Président du Faso,

En d’autres termes, que peut bien valoir ma prise de position et le risque y inhérent par la présente, comparée au sacrifice suprême consenti par nos concitoyens, qui ont payé très chèrement de leurs sangs et de leurs vies, pour plus de démocratie au Burkina Faso ? En réponse à cette question, je dirai : bien peu de choses.

Aussi, édifié et conforté par cette expérience historique de notre pays dans son parcours démocratique, je cède impérieusement au courage, considérant que ma vie appartient à la République, pour la principale raison que je respire République, réfléchis République, vis République et envisage dire un jour mon au revoir terrestre à la République, en tant que démocrate républicain …

Excellence Monsieur le Président de la Transition, Président du Faso,

Le Burkina Faso s’embarque dans un tournant qui a plus que jamais besoin de votre Haute Marque, et l’une des plus décisives qui puisse l’être à l’heure pour sauver la Transition politique dans le délai imparti, est d’agir de sorte à préserver la Démocratie, c’est-à-dire, la garantie du pluralisme d’opinions pour tous, dans la tolérance, la paix et la stabilité, et dans le respect des dispositions prescrits par la Constitution et la Charte de la Transition.

A ce titre, les options de dissolution ou non-dissolution du RSP, doivent être appréhendées comme des choix ou opinions défendables ou contestables parmi tant d’autres, par tout citoyen burkinabè jouissant de ses droits civiques. Dans cette optique, estimons-nous, aucune opinion d’un citoyen ou d’un groupe de citoyens, qu’il soit civil ou miliaire, ne saurait prévaloir sur d’autres, et être reçue comme un diktat à supporter par d’autres burkinabè.

Au regard de ce principe sacré de la Démocratie, le rapport produit par la commission de réflexion sur la restructuration du RSP, à mon sens, assez riches et multidirectionnelle dans ses différents scénarii, devra être salué à sa juste valeur, et être appréhendé comme un document de base à la réflexion et à la prise de décisions (Le Pays n° 5888 du 1er juillet 2015, p. 2). Hormis cette compréhension accordant une place de choix à la contradiction constructive et apaisée, quelles significations, la mise sur pied d’une telle commission par vous-même pouvait-elle bien revêtir ?

Excellence Monsieur le Président de la Transition, Président du Faso,

C’est pourquoi, fort de vos prérogatives, il est souhaitable de convoquer dans un délai rassurant pour nos concitoyens eu égard aux urgences, des Assises nationales faisant office d’Etat généraux allégés (la dénomination important peu), réunissant un effectif assez limité d’acteurs de la vie nationale, comprenant des personnes ressources ou acteurs de la société civile désintéressée ou plutôt motivés par l’intérêt supérieur de la nation, et des représentants compétents de la société politique et militaire, pour statuer sur le sort à réserver au RSP, décision à assortir de façon transparente, d’un plan d’actions, clair pour tous.

Par une telle démarche, le parallélisme de forme dans la contradiction ou destruction d’arguments dans cette œuvre intellectuelle qu’est ce rapport, se voit respecté. Ainsi, des arguments pro-dissolution pourront être brandis respectueusement, pour détruire des arguments anti-dissolution ou réformistes et inversement, et chaque acteur ayant abattu un effort de réflexion civile et/ou militaire, se trouverait respecté dans sa dignité et son amour propre.

C’est à cette condition que le Peuple burkinabè pourra être épargné d’un autre épisode de saignée trop coûteuse pour la nation, d’où qu’elle vienne, - que ce soit des camps militaires, civils ou politiques, inter ou intra-, et cesser de naviguer dans une incertitude totale et non sécurisante, qui n’honore aucunement ses fils, filles ou habitants, dans ce début du troisième Millénaire.

En ce 21ème siècle, pensé-je, le Peuple africain doit cesser de s’illustrer dans des spectacles politiciens faits de violence, de sang, même quand le contexte les rend intellectuellement et politiquement évitables dans bien des cas, pour marcher à pas sûrs vers des destinations plus heureuses. A ce titre, le Burkina Faso a à portée de main, une opportunité qu’il lui appartient de saisir avec ses composantes civiles et militaires pour servir de modèle historique dans le monde. Autrement, une autre posture ne serait que privilège des intérêts égoïstes de groupes préférant au contraire rester à la traine des autres nations et du processus démocratique en marche dans l’Histoire, par pur rejet d’une issue paisible, réfléchie et heureuse.

Tout en sollicitant votre magnanimité pour tout cas de formule maladroite dans cette présente, veillez recevoir, Excellence Monsieur le Président de la Transition, Président du Faso, l’expression de mes sentiments respectueux et patriotiques.

Koudougou, le 1er juillet 2015.
Que Dieu bénisse notre chère patrie !

Idrissa Diarra
Géographe, politologue.
Secrétaire exécutif du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/Faso).
Mobile : (+226) 66 95 04 90
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com

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