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Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

Publié le jeudi 2 juillet 2015 à 02h30min

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Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

Du 18 au 20 juin 2015, s’est déroulé le procès de l’affaire GUIRO qui a abouti à la condamnation de M. GUIRO à « 2 ans de prison assortis de sursis, une amende de 10 millions de FCFA et la confiscation des objets saisis d’une valeur de 900 millions, outre les devises étrangères », pour corruption portant sur la somme de 900 millions de FCFA.

En rappel, M. GUIRO était poursuivi pour « enrichissement illicite, corruption et violation de la règlementation des changes », suite à la découverte en décembre 2011, de ses cantines contenant des sommes d’argent et des objets de valeur, le tout estimé à près de 2 milliards de FCFA. Malgré la laideur et les effluves nauséabondes des faits, M. GUIRO a pourtant bien bénéficié de hautes protections. Les phrases du Ministre de la justice KOTE, celui-là même qui érigeait M. GUIRO en citoyen au-dessus de la loi en jetant à la face des Burkinabè que celui-ci n’est pas « n’importe qui », sonnent encore très fort et restent définitivement gravées dans les mémoires. En 2007, dans l’affaire dite des fausses exonérations d’hydrocarbures, le Ministre KOTE avait en effet, fait des pieds et des mains pour empêcher que M. GUIRO soit déféré à la MACO, alors que le juge d’instruction venait de lui décerner un mandat de dépôt. Depuis lors, cette autre affaire suit toujours « normalement » son cours et n’a pas empêché que M. GUIRO soit décoré en décembre 2011, pour service rendu (certainement à ses patrons) ! Ce n’est que trois semaines seulement après cette décoration qu’a éclaté le scandale des cantines d’argent et d’objets de valeur. Là aussi, l’on se rappelle qu’après un bref séjour à la MACO, M. GUIRO, bénéficiera d’une liberté provisoire pour, officiellement, raison de santé courant juillet 2012. L’on comprendra par la suite, que c’était en réalité pour des raisons « politiques », puisqu’il en a profité pour se faire élire conseiller municipal dans sa localité, sous la bannière du CDP, le parti du Président déchu Blaise COMPAORE. Au regard de ces faits, M. GUIRO peut être perçu par l’opinion publique, comme le symbole de l’impunité et de la délinquance en bande organisée. Le scandale des cantines cristallise fortement la soif de justice du Peuple burkinabè, qui espérait de son dénouement, un signal fort non seulement pour la lutte contre la corruption et la délinquance en cols blancs, mais aussi et surtout de la réhabilitation de la justice burkinabè tant décriée.

Si dans le principe la tenue de ce procès tant attendu est à saluer, il reste cependant qu’il laisse un arrière-goût amer, ainsi que l’illustre l’onde de choc qui en a résulté. Comment comprendre que M. GUIRO comparaisse tout seul à la barre et soit reconnu coupable de corruption, alors que l’on sait fort bien qu’on ne peut parler de corrompu sans corrupteur ? Qu’a-t-on fait de toutes ces personnes physiques ou morales dont les noms ont été évoqués dans le cadre de cette procédure ? Pourquoi n’ont-elles pas été entendues ? Dans quel intérêt, des entreprises et/ou des commerçants, offrent-ils des millions à un Directeur Général des douanes, quand on sait pertinemment la logique de recherche effrénée du profit qui anime ceux-ci et quand on sait également que lorsque le commerçant ou l’entrepreneur investit 1 FCFA, c’est pour espérer un retour sur investissement ? Les entreprises qui investissent en un Directeur Général des douanes escomptent bien évidemment en retour des faveurs douanières de celui-ci, pour tout au moins le montant des investissements. Et comment s’empêcher de penser à un certain lien entre les révélations faites dans cette affaire et le scandale des boissons périmées de OBOUF ?

Beaucoup de questionnements subsistent quant au sérieux et à l’objectivité de la conduite du dossier, depuis la phase de son instruction. Le verdict prononcé laisse, quant à lui, perplexe ! Reconnu coupable des faits de corruption portant sur la somme de 900 millions, M. GUIRO s’en tire cependant à bon compte, avec ce verdict d’une clémence incommensurable. Pourtant, l’article 156 du code pénal qui a d’ailleurs été invoqué par la Cour pour asseoir ce verdict, « puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende double de la valeur des promesses agréées ou des choses reçues ou demandées (…) », les faits de corruption.

A l’analyse, ce verdict apparait comme une prime à l’impunité et en conséquence, sonne comme le top départ du pillage à ciel ouvert des ressources publiques et de l’expansion de la grande délinquance en cols blancs dans notre pays. Il heurte la conscience des Burkinabè qui attendent toujours des actions visant la confiscation des biens mal acquis des dignitaires du régime de la IVème République. Ce n’est certainement pas ainsi que « plus rien ne sera comme avant ».
Du reste, ce procès vient une fois de plus, révéler l’ampleur et le caractère organisé et systémique de la corruption et de la délinquance en cols blancs, et un visage peu reluisant de la justice burkinabè.

Le défi d’une justice véritablement indépendante, au service du Peuple demeure encore tout entier ; ce défi est celui de chaque Burkinabè et nous devons le relever en resserrant davantage les rangs de la lutte, particulièrement celle contre la corruption !
D’ores et déjà le REN-LAC salue le pourvoi en cassation formé par le Procureur Général près la Cour d’Appel de Ouagadougou et espère que cela permettra non seulement de juger à nouveau ce dossier, mais aussi d’aboutir à des sanctions sévères et dissuasives.

Le Secrétariat Exécutif

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Vos commentaires

  • Le 2 juillet 2015 à 04:13, par Bouba En réponse à : Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

    Très bonne déclaration qui reflète le sentiment qui anime le peuple burkinabè.

  • Le 2 juillet 2015 à 05:03, par zeba En réponse à : Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

    Dr Wetta jappreci votre ecrit

  • Le 2 juillet 2015 à 05:31, par ORAN En réponse à : Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

    Le dossier a été ficelé sous l’ancien régime de Blaise et sous la houlette du juge Wenceslas (affaire Norbert Zongo). Tout a donc été fait pour ne pas éclabousser les dignitaires et profiteurs de l’ancien régime. Le verdict devait encore plus clément pour guiro. C’est la perspicacité du président des assises qui a permis d’aboutir à ce verdict négocié.

    Quel que soit la décision de la cour de la cassation, le REN LAC ou n’importe lequel citoyen pourra déposer plainte contre guiro pour délit d’apparence. Il devra maintenant justifier comment il a acquis ses milliards. Ce n’est pas du harcèlement car n’importe qui au Burkina ne reçoit des cadeaux de 5 millions dans des enveloppes. Surtout de commerçants.

  • Le 2 juillet 2015 à 06:17, par Zwwa En réponse à : Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

    Tres drole, envoyer les preuves c’est ca la justice n’attisez pas le feux pour rien.....

  • Le 2 juillet 2015 à 07:07, par zemosse En réponse à : Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

    Le Président du tribunal qui a jugé guiro est ce sinistre individu qui avait refusé de signer le rapport de la commission chargée de l’affaire ZONGO.Pourquoi l’a t on nommé à ce poste ?

  • Le 2 juillet 2015 à 09:53, par Sawattmam En réponse à : Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

    "En 2007, dans l’affaire dite des fausses exonérations d’hydrocarbures, le Ministre KOTE avait en effet, fait des pieds et des mains pour empêcher que M. GUIRO soit déféré à la MACO, alors que le juge d’instruction venait de lui décerner un mandat de dépôt. Depuis lors, cette autre affaire suit toujours « normalement » son cours et n’a pas empêché que M. GUIRO soit décoré en décembre 2011, pour service rendu (certainement à ses patrons) !"

    La déclaration du RENLAC en général, et l’extrait ci-dessus en particulier, me rappelle un récit que j’ai écrit en 2000 (inédit), et dont une partie a été publiée le 19 novembre 2014 par bayiri.com. sous le titre "Le Portefeuille : un récit qui enseigne bien de la morale"
    Morceaux choisis :
    - " ... Le fruit du vol et de l’escroquerie magnifiés, des détournements bénis de deniers publics, de la malhonnêteté, de la duperie et de la fraude ! Des panses en sont pleines, pleines d’immondices. Le jour de la reddition des comptes, chacun paiera."
    - " Pourtant, ces gens là sont mieux respectés, honorés et magnifiés sur cette terre... Rien d’autre ne compte pour eux. La seule chose dont ils s’assurent est qu’après avoir vidé une maison de ses richesses, ils puissent être orientés vers une autre maison mieux équipée et plus luxueuse ..."
    - " ... Des biens mal acquis ne portent certainement pas fruit aux victimes, mais ils profitent indéniablement aux voleurs. Ouvrez simplement les yeux et regardez tout autour."
    - ... « J’ai compris que la chose à faire par devoir moral ou par souci de justice n’est pas toujours la meilleure. Dans un monde où les vertus sont devenues des vices et les vices transformés en vertus, la meilleure chose à faire vaut mieux que la chose juste à faire. Je ne déposerai cet argent nulle part » ... "

  • Le 2 juillet 2015 à 10:52, par Sawattmam En réponse à : Le RENLAC sur le jugement de l’affaire GUIRO

    "En 2007, dans l’affaire dite des fausses exonérations d’hydrocarbures, le Ministre KOTE avait en effet, fait des pieds et des mains pour empêcher que M. GUIRO soit déféré à la MACO, alors que le juge d’instruction venait de lui décerner un mandat de dépôt. Depuis lors, cette autre affaire suit toujours « normalement » son cours et n’a pas empêché que M. GUIRO soit décoré en décembre 2011, pour service rendu (certainement à ses patrons) !"

    La déclaration du REN-LAC en général, et cet extrait en particulier, me rappelle un récit que j’ai écrit en 2000 (inédit), et dont une partie a été publiée le 19 novembre 2014 par bayiri.com. sous le titre "Le Portefeuille : un récit qui enseigne bien de la morale"
    Morceaux choisis :
    " ... Le fruit du vol et de l’escroquerie magnifiés, des détournements bénis de deniers publics, de la malhonnêteté, de la duperie et de la fraude ! Des panses en sont pleines, pleines d’immondices. Le jour de la reddition des comptes, chacun paiera."
    " Pourtant, ces gens-là sont mieux respectés, honorés et magnifiés sur cette terre... Rien d’autre ne compte pour eux. La seule chose dont ils s’assurent est qu’après avoir vidé une maison de ses richesses, ils puissent être orientés vers une autre maison mieux équipée et plus luxueuse ..."
    " ... Des biens mal acquis ne portent certainement pas fruit aux victimes, mais ils profitent indéniablement aux voleurs. Ouvrez simplement les yeux et regardez tout autour."
    ... « J’ai compris que la chose à faire par devoir moral ou par souci de justice n’est pas toujours la meilleure. Dans un monde où les vertus sont devenues des vices et les vices transformés en vertus, la meilleure chose à faire vaut mieux que la chose juste à faire. Je ne déposerai cet argent nulle part » ... "

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