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Séguénéga : Les populations prennent connaissance du contenu du 4e rapport ITIE

Publié le mercredi 1er juillet 2015 à 23h09min

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Séguénéga : Les populations prennent connaissance du contenu du 4e rapport ITIE

L’équipe de dissémination du rapport 2012 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE-BF) était dans la commune rurale de Séguénéga le 25 juin dernier. Là, elle a présenté le contenu de son 4e rapport et a fait face à une batterie de questions de tous ordres.

Débutée aux environs de 10h, la rencontre s’est achevée à 14h. Comme lors des étapes précédentes, le scénario était le même : présentation de la coalition « Publiez ce que vous payez », présentation du contenu du rapport simplifié, suivie des questions-réponses. Avec quasiment le même type d’auditoire : représentants d’organisations de la société civile, responsables coutumiers et religieux, représentants des services techniques déconcentrés de l’Etat, responsables des services décentralisés, conseillers villageois de développement (CVD).

Cette commune abrite la société minière de Séguénéga, actuellement en liquidation judiciaire. D’ailleurs Séguénéga mining n’a réellement exercé ses activités d’exploitation que pendant neuf mois, soit de septembre 2013 à juillet 2014. Et, son installation fut très difficile. Car, les populations étaient opposées. Certains auraient même refusé de prendre les frais d’indemnisation malgré le fait d’avoir perdu leurs champs qui se trouvaient dans l’ère attribuée à la mine. Ces incompréhensions sont dues à l’ignorance de certaines personnes, d’autres par contre auraient été instrumentalisées par des responsables de la société civile, à en croire Adama Bélem, assistant chargé des relations communautaires à Kalsaka mining, par ailleurs premier adjoint à la présidente de la délégation spéciale de Séguénéga.

La région du Nord a perçu 7 millions en 2012

Les questions ont porté essentiellement sur : la réhabilitation et la restauration de l’environnement, la disponibilité des contrats miniers, les quantités de minerais extraites, la taxe superficiaire et sa clé de répartition entre les communes impactées... Mais aussi et surtout les indemnisations des populations déguerpies et les textes qui encadrent ces indemnisations. Ils apprendront de l’équipe de l’ITIE-BF que les textes sur les indemnisations ne sont pas assez clairs et généralement ce sont les sociétés minières qui négocient directement avec les populations pour trouver un terrain d’entente.

En termes de taxes superficiaires, la région du Nord a perçu 7 720 000f CFA pour le compte de l’année 2012, très loin des 200 millions perçus par le Sahel. Il faut noter qu’à l’époque, Séguénéga mining n’existait pas encore.

Moussa Diallo
Lefaso.net

Propos de quelques participants

Assita Nacanabo/Diallo, conseillère technique du projet gouvernance des ressources forestières au sein de la mairie de Séguénéga
J’ai suivi les débats avec beaucoup d’intérêt. Ici, avec l’installation de Séguénéga mining, nous avons été confrontés à pas mal de problèmes. Avec les éclaircissements qu’on a reçus, je pense que si cette rencontre avait eu lieu avant l’installation de la mine, beaucoup de gens allaient être éclairés et pas mal de problèmes allaient être évités. Il faut vraiment que chacun s’approprie, soit des questions sur la loi, soit des questions sur les activités menées par les sociétés minières ou par des individus.
Avec ces connaissances, ça permet de mieux mener l’activité et d’écarter beaucoup de problèmes. Avec cette rencontre, les informations qu’on a reçues, c’est vraiment une sensibilisation aussi. Maintenant, nous savons où trouver des informations sur les sociétés minières, ce que les sociétés ont versé, ce que l’Etat perçoit... De cette transparence, il y va du développement du pays et de notre propre développement. Donc, c’est avec intérêt qu’on a suivi l’atelier de dissémination du 4e rapport de l’ITIE.

Payadé Ouédraogo, président de l’association les cœurs unis pour la vie positive
Avant, on ne connaissait pas qu’il y avait de l’argent que les sociétés minières versaient à l’Etat. Maintenant, on le sait grâce à cette rencontre. S’il n’y avait pas ce cadre, la population était bleue, l’information se limitait aux populations urbaines oubliant les populations rurales. Je souhaite que l’ITIE ne se limite pas seulement à quelques localités rurales, il faut que les autres localités puissent aussi en bénéficier. Il faut que l’ITIE continue à sensibiliser les gens.
Je souhaiterais aussi que la publication des contrats signés entre l’Etat et les sociétés minières soient plus accessibles. Si une société minière exerce dans une localité donnée, que le contrat signé avec l’Etat soit disponible dans la mairie de la localité pour permettre aux populations d’être informées.
Entre Séguénéga mining et la population, ça ne va pas parce que dès le début ça n’a pas été facile pour que la mine puisse s’installer. Même pour les dédommagements des populations, Séguénéga mining n’a rien fait pour la commune. Il n’y a eu aucune réalisation de la mine pour les populations.

Adama Bélem, assistant chargé des relations communautaires à Kalsaka mining, par ailleurs premier adjoint à la présidente de la délégation spéciale de Séguénéga
La rencontre a permis d’éclairer beaucoup de zones d’ombre que la population avait des sociétés minières. Beaucoup ne comprenaient pas. Au cours des échanges, les gens ont su que les sociétés minières paient des taxes à l’Etat et à combien s’élèvent les taxes versées en 2012.
C’est vrai qu’au départ, il y a eu des incompréhensions. Quand il y a un projet aurifère dans une zone, il faut que les représentants de l’Etat puissent venir expliquer aux populations que la terre appartient à l’Etat et que les permis que les sociétés exploitent, c’est l’Etat qui leur a octroyé ces permis et qu’il est au courant de l’existence de ces sociétés. Mais, tant que ce n’est pas fait au préalable, étant donné que le domaine de l’or est très sensible, il y a les intérêts qui sont divergents. Donc, certaines personnes vont exploiter l’ignorance des populations et les amener à être en lutte permanente contre l’installation des mines. C’est ce que nous avons vécu à Séguénéga. Mais, actuellement, certains sont en train de regretter parce qu’ils se disaient que la mine est là pour une longue durée. Maintenant, ils ont su que la mine est là pour un bout de temps et qu’il fallait vraiment en profiter au lieu de rejeter son installation. Il fallait accepter l’installation de la mine pour profiter des avantages que la mine allait leur offrir.
Séguénéga mining a commencé l’exploitation en septembre 2013 jusqu’en juillet 2014. En gros, il y a eu neuf mois d’exploitation. Puis, elle a connu des difficultés et la société est actuellement en liquidation judiciaire.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net

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