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Politique nationale : Le signal fort de la société civile

Publié le vendredi 1er avril 2005 à 08h15min

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Le processus démocratique burkinabè est en train de prendre des galons. Cela est perceptible au niveau des organisations de la société civile. Certaines d’entre elles ont en effet ravi la vedette aux partis politiques en matière d’éducation civique des populations.

Aujourd’hui, plusieurs formations politiques ont renvoyé aux calendes grecques leurs missions constitutionnelles. L’information, la formation des citoyens et l’animation de la vie publique, semblent ne pas les préoccuper. Or, comme le dit le professeur Serge Théophile Balima, "si vous êtes sous- informé, vous êtes sous- citoyen".

Evidemment, dans un tel contexte, il est difficile, souvent même impossible, de jouer pleinement sa partition dans le processus démocratique. La gouvernance prend ainsi un terrible coup car, les électeurs ne peuvent choisir leurs représentants en toute âme et conscience. C’est le péché mignon de la plupart des Etats africains, bien souvent contraints de gérer sans succès des crises de communication entre gouvernants et gouvernés. Il est donc impératif de redistribuer les cartes.

Mais déjà, la société civile est en train de donner un signal fort à l’éveil de la conscience citoyenne au Burkina. Ces dernières années, des organisations ont confirmé leur crédibilité par des actes concrets susceptibles de dissiper les nuages qui brouillent l’élan démocratique national. Les actions menées sont évolutives, suffisamment bien organisées et concernent toutes les couches sociales du pays. Les partis politiques, la presse, la chefferie coutumière, les communautés religieuses et bien d’autres secteurs d’activités sont déjà passés à l’école de l’éducation civique.

Ce travail titanesque, du fait de son efficience, permet de briser des obstacles et de frayer les chemins d’une participation pleine et entière des citoyens à la vie démocratique. Il permet aussi d’éviter certaines dérives. Ce lobbying contribue en effet à dissuader les politiques qui, bien souvent, se livrent à des pratiques préjudiciables à l’intérêt général.

Les initiatives de la société civile devraient être plus actives en cette période préélectorale. Les campagnes électorales sont en effet des moments de corruption, de propagande, d’affairisme, bref, de dérives éthiques et morales. Dans bien des cas, les populations sont manipulées et réduites au rang de "bétail électoral". Elles semblent n’être utiles que lorsque sonne l’heure des élections.
Or, tout processus démocratique qui fonctionne à sens unique est voué à l’échec.

De nombreux pays vivent encore cette amère expérience. C’est pourquoi, l’oeuvre des organisations de la société civile, qui vise à renforcer les capacités citoyennes des populations, devrait bénéficier d’un appui conséquent. Certaines sont devenues des labels en matière de gouvernance. Certes, beaucoup d’organisations sont encore peu performantes. Mais force est de reconnaître que les efforts déployés ces dernières années sont louables.

Il convient désormais de trouver des stratégies adéquates pour tirer le meilleur parti de ces actions. C’est-à-dire définir un schéma directeur avec des obligations périodiques de résultats. Plusieurs pays, aujourd’hui politiquement avancés, l’avaient essayé et en ont tiré des dividendes évidents. Le Burkina peut réussir ce pari. A condition bien sûr, de s’efforcer de transcender, autant que possible, les querelles de clochers et la paresse intellectuelle, et de poser sans complaisance les fondements d’une action concertée en faveur du bien commun.

Dans cette optique, les partis politiques devraient, eux aussi, sortir de leur carcan trop souvent sous-tendu par des intérêts inavoués, pour conduire le "navire Burkina" à bon port. En clair, il importe de créer les conditions d’une synergie d’actions entre les composantes de la société burkinabè, sans exclusive.

Vu sous cet angle, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), l’Institut national démocrate pour les affaires internationales (NDI), le MBDHP, le GERDDES et d’autres structures de la société civile sont des références en matière d’action pour une évolution des mentalités. Et il faut bien que les politiques leur emboîtent le pas.

Le Pays

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