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ITIE-BF a présenté son 4e rapport aux populations de Gorom-Gorom

Publié le lundi 29 juin 2015 à 01h14min

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ITIE-BF a présenté son 4e rapport aux populations de Gorom-Gorom

Mardi 23 juin 2015. Dès 8 heures, une quarantaine de responsables d’Organisations de la société civile, de services techniques décentralisés et déconcentrés de l’Etat prennent d’assaut la salle de conférence de la mairie de Gorom-Gorom. A 9 heures, ils sont rejoints par l’équipe de dissémination du rapport 2012 de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Les échanges ont duré plus de trois heures entre les deux parties.

Après les salutations et autres salamalecs d’usage, place aux communications. La première a porté sur la coalition « Publiez ce que vous payez ». Elle a été présentée par Françoise Piouparé, membre de la coalition. La seconde communication, quant à elle, a porté sur la présentation du contenu du 4e rapport ITIE, celui de 2012. Mais auparavant, la version simplifiée a été distribuée à l’ensemble des participants, y compris ceux qui ne savent ni lire ni écrire. Un des participants est donc commis à la tâche de traducteur, travail qu’il exécute avec maestria, dans un Fulfuldé très accessible (avec quelques mots Français glissés ça et là).
Après ces deux présentations, s’ouvre la phase des questions- réponses. Aucune question n’est taboue, précisent d’emblée les communicateurs du jour. Là, une batterie d’interrogations pleut. Les questions concernent entre autres : les écarts dans les déclarations de paiement, les paiements sociaux et leur utilisation, le contrôle des quantités d’or extrait, les emplois dans les mines, la cohabitation entre mine industrielle et orpaillage, les achats locaux…
« Avant l’arrivée des industriels, on vivait dans l’abondance. Mais, depuis que la mine d’Essakane s’est installée, nous (orpailleurs) sommes obligés de nous exiler pour continuer notre activité. (…) Pire, elle ne fait rien pour améliorer les conditions de vie des populations riveraines. Une fois qu’ils sont partis, nous sommes morts », s’alarme un participant, orpailleur. L’équipe de dissémination du rapport ITIE tente de le rassurer avec les chiffres que cette mine verse à l’Etat burkinabè. Mais, visiblement, il n’est pas convaincu.
Faut-il le préciser, la société minière d’Essakane SA a payé, en termes de taxes, impôts et autres droits de douanes, plus de 74 milliards de francs CFA. Concernant les taxes superficiaires dont 20% revient aux collectivités territoriales, la région du Sahel s’en tire à bon compte avec plus de 201 millions de francs CFA sur un montant total de 494 millions de francs.

Moussa Diallo
Lefaso.net

Propos de quelques participants

Dramane Tounkara, prestataire local de la commune de Gorom- Gorom, représentant de la Chambre de commerce, de l’industrie du Burkina, région du Sahel

La venue de l’ITIE est une porte ouverte pour nous afin de pouvoir évoquer nos problèmes sur place au niveau de la prestation locale avec la société minière Essakane SA. On n’arrive même pas à franchir la barrière d’Essakane, n’en parlons pas de leur exprimer nos besoins et nos difficultés. Il faut pouvoir même discuter avec une personne avant qu’elle ne sache quelle est ta faiblesse. Tantôt, ils évoquent les moyens, tantôt la performance. Mais, s’ils n’ont même pas discuté avec nous les locaux pour savoir nos forces et nos faiblesses. Concernant le volet achat, je pense qu’on doit pouvoir aller leur proposer nos produits, sans avoir besoin d’un badge. Il faut qu’ils nous facilitent l’accès à la mine pour pouvoir proposer nos produits.
Le service achat, ce n’est ni pour aller chercher de l’or, ni chercher de l’emploi, c’est un endroit où on présente ses produits. Je pense même que le service achat doit être en dehors de leur barrière pour que tout le monde ait accès. Actuellement, c’est trop protocolaire. On a tellement parlé sans être écouté. Maintenant, nous allons tenter de toucher le directeur général qui est la seule personne qui peut résoudre ce problème.

Moussa ag Ibrahim, membre de la délégation spéciale de Gorom-Gorom, président du conseil communal des jeunes de Gorom-Gorom

Cette rencontre a contribué à nous renseigner sur beaucoup de choses qu’on ignorait. A partir de ce matin, nous sommes un peu informés sur les actions des mines d’or qui sont implantées dans nos différentes régions. Au niveau des mines, le plus souvent, c’est la communication qui fait défaut, l’information n’est souvent pas partagée avec le maximum de personnes. Pourtant, comme on le dit, plus rien ne sera comme avant, je pense donc que c’est peut –être une occasion pour ces mines de se rattraper, de voir tout ce qui n’était pas fait par ces mines, de voir comment est-ce qu’elles peuvent revenir parce qu’on dit qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Donc, pour notre bien-être et pour le bien-être de ces mines, nous pensons qu’à travers des informations, à travers des communications sur ce qui se passe au sein de ces mines, c’est sûr que beaucoup peut être prévenu. Tout en sachant que la région du Sahel et principalement la province de l’Oudalan est frontalière avec le Mali et le Niger, avec la situation qui prévaut dans ces pays, il faudrait que ces mines essayent de voir comment elles peuvent revoir leur politique pour satisfaire au mieux les besoins des populations qui vivent autour de ces mines, afin d’éviter que les jeunes ne soient tentés par le jeu des Jihadistes. Personne n’y a intérêt.

Taladia Natama, directeur provincial de l’action sociale et de la solidarité nationale de l’Oudalan
J’ai eu la chance de prendre part à cette rencontre pour la 2e fois. Ce qui m’a permis de comparer un peu les rapports, celui de 2011 et celui de 2012. J’apprécie la qualité du dernier rapport comparativement à celui de 2011. On sent qu’il y a une nette amélioration en termes de critique interne, une critique positive. Les défaillances ont été ressorties dans ce rapport, ce qui est une bonne chose.
Après les deux communications, j’ai pu poser un certain nombre de questions. J’étais satisfait sur certains points, sur d’autres je suis resté sur ma soif. Toujours est-il que mon appréciation est qu’il y a des problèmes en matière d’extraction de nos minerais au Burkina et il va falloir une bonne organisation parce qu’on avait l’impression que tout était devenu de la pagaille.

Propos recueillis par Moussa Diallo
Lefaso.net

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