LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Michel Dantin, maire de Chambéry, député européen : « La coopération avec Ouahigouya transcende les clivages politiques »

Publié le dimanche 28 juin 2015 à 16h44min

PARTAGER :                          
Michel Dantin, maire de Chambéry, député européen : « La coopération avec Ouahigouya transcende les clivages politiques »

Le maire de Chambéry fait le point de la coopération décentralisée avec Ouahigouya et dévoile les projets à venir.

Après 25 ans dans l’opposition, vous êtes devenu maire depuis seulement 15 mois. Pourquoi n’avez-vous pas remis en cause la coopération décentralisée avec Ouahigouya ?

C’est un sujet qui transcende les clivages politiques. En 1984, la région Rhône-Alpes avait initié une forme de coopération avec le Mali, mais après l’alternance intervenue en 1989, la nouvelle équipe n’a pas voulu continuer avec ce pays, et a souhaité avoir des relations avec le Burkina. Depuis lors, tout se passe très bien parce que nous avons une coopération qui fonctionne de manière bi- partisane, c’est- à- dire qu’il y a toujours un représentant de la mairie dans l’équipe Chambéry-Ouahigouya.
Je suis par ailleurs président du comité du bassin de l’agence de l’eau dans la méditerranée depuis 2008, et je fais partie de ceux qui ont milité pour qu’on apporte un soutien aux autorités locales dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement. Une évaluation sur l’exécution des programmes adoptés est régulièrement effectuée et les résultats sont présentés à l’équipe municipale.

Pourquoi avez- vous baissé le niveau des subventions accordées aux associations cette année ?

La situation financière nous a obligés à augmenter les impôts locaux de 8%, à baisser les budgets des services de la ville et à diminuer les subventions accordées aux associations. Personne n’a été épargné, excepté le secteur de la petite enfance où la baisse n’a pas dépassé 2%, donc pas grand-chose. Sur un budget de 100 millions, nous avons dû trouver 10 millions d’économie, soit 5 millions d’économie et 5 millions de recettes nouvelles.

Avez-vous apporté des changements dans la coopération avec Ouahigouya ?

Non, parce que la coopération est de plus en plus professionnelle. Le monde médical de Chambéry s’adresse directement à celui de Ouahigouya comme le font les professionnels du service des eaux des deux villes. Hier, le préfet maire de Ouahigouya, Thomas Bambara nous a expliqué qu’il avait quelques soucis dans l’état civil de sa ville et nous comptons envoyer quelqu’un sur place pour aider à trouver une solution. Nous répondons à une demande exprimée par nos partenaires en apportant un soutien technique fait par des professionnels ou des futurs professionnels. Nous essayons de faire en sorte que nos priorités soient celles de Ouahigouya et cela est rendu possible grâce à un comité de pilotage réunissant les deux parties. Ce comité définit la feuille de route pour l’année et le programme qui sera financé par la mairie fait l’objet d’un accord-cadre co-signé entre les deux maires et le président du comité de jumelage.

Quelle appréciation portez-vous sur l’exécution des projets par vos partenaires de Ouahigouya ?

Les choses se sont beaucoup améliorées car il y a eu des périodes où on a connu des rétropédalages. Aujourd’hui, quand on regarde le programme et les objectifs qui étaient fixés, on peut être satisfait. Tout n’est jamais parfait, mais aujourd’hui, il y a un chargé de mission de la coopération à Ouahigouya qui est en même temps la personne de référence chargée de suivre les projets. Avant, à cause du changement permanent de personnes, il y avait un peu de déchets, mais à présent la coordination locale à Ouahigouya est capable d’aller chercher le bon interlocuteur pour que les choses avancent. En matière d’accès à l’eau potable, nous sommes à plus de 80% à Ouahigouya et le plus important, c’est que 40% des communes sont organisées pour trouver les moyens de réparer les forages. En plus, les communes participent à hauteur de 1% du budget des projets, ce qui est fondamental dans la durée parce que les gens s’approprient ainsi les projets.

Que pensent les Chambériens de la coopération décentralisée ?

Ce n’est pas un sujet qui fait l’objet de contestation dans les réunions publiques ; on en parle en conseil municipal, mais il n’y a pas de polémiques dessus. Le Festival Lafibala existe depuis 1996, mais je n’ai jamais entendu quelqu’un protester contre l’occupation du Jardin du Veney. L’année dernière, l’ancien maire de Ouahigouya, Gilbert Ouédraogo était là et a co-présidé les cérémonies du 14 juillet, la fête nationale française, avec son écharpe de maire du Burkina et personne n’y a rien trouvé à redire.

La dissolution des conseils municipaux et la mise en place des délégations spéciales dans les mairies ont-elles eu un impact sur les relations de coopération ?

Au moment des événements, une délégation de Chambéry était à Ouahigouya, mais comme je suis député européen, les services de sécurité du parlement européen ne m’ont pas autorisé à y aller à cause du risque terroriste dans la région. Bien évidemment, le changement intervenu en octobre 2014 a ralenti les activités pendant quelques semaines, mais la crainte que l’année soit blanche est depuis longtemps dissipée.

Quels sont les projets qui symbolisent à vos yeux la coopération avec Ouahigouya ?

C’est sans conteste la construction de l’hôpital de Ouahigouya et les forages, car ce sont des projets qui sont inscrits dans la durée. Le prochain chantier concerne l’assainissement et nous y travaillons.

Propos recueillis par Joachim Vokouma Lefaso.net (France)

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique