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Gestion durable des ressources forestières : L’exemple de Gomponsom est à dupliquer, selon Tree Aid

Publié le mardi 23 juin 2015 à 17h45min

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Gestion durable des ressources forestières : L’exemple de Gomponsom est à dupliquer, selon Tree Aid

L’ONG Tree Aid et son partenaire l’Agence Suédoise pour le Développement International (ASDI) ont effectué une visite dans la commune de Gomponsom dans le Passoré, le mardi 16 juin 2015. L’occasion pour eux de faire le bilan du projet « gouvernance locale des ressources forestières » après quatre années d’exécutions et de constater les réalisations sur le terrain.

Dans le cadre du projet "Gouvernance locale des ressources forestières", Tree Aid, en compagnie de son partenaire financier l’Agence Suédoise pour le Développement International (ASDI), s’est rendu le mardi 16 juin 2015 à Gomponsom dans le Passoré, région du Nord. « Le projet Gouvernance locale des ressources forestières est un projet expérimental. C’est la première expérience que nous menons au Burkina. Il s’agit avec la décentralisation de responsabiliser les communautés à la base pour gérer leurs ressources forestière », a expliqué Sylvestre Bangré Ouédraogo, responsable développement du programme de Tree Aid au bureau régional basé à Ouagadougou.

La commune de Gomponsom dans la province du Passoré a été une des localités qui a accueilli ce projet expérimental de Tree Aid, et ce depuis l’année 2011. Deux zones forestières pilotes : Tanyendé (2985ha) et Toolia (1349ha) et les communautés villageoises de 11 villages étaient entre autres concernés par le projet. La gestion des deux zones forestières avaient pour objectifs de garantir l’accès et le contrôle des ressources forestières par les communautés riveraines des forêts, améliorer les revenus des ménages riverains pauvres surtout les femmes par l’exploitation des produits forestiers non ligneux, réduire les conflits liés à l’exploitation forestières et restaurer le couvert végétal.

Au cours des échanges avec les conseillers techniques communaux, un bilan du projet leur a été fait. Selon le conseiller technique communal (CTC), Moussa Tiemtoré, le projet a connu deux phases dans sa mise en œuvre. « Une première phase où le projet intervenait par l’intermédiaire de Association Solidarité et Entraide Mutuelle au Sahel (SEMUS). Au cours de celle-ci, une stratégie de développement des ressources forestières assorties d’un plan d’action triennal a été élaborée, traduite en langue mooré et diffusée auprès de tous les services techniques et des partenaires qui intervenaient au sein de la commune de Gomponsom », a-t-il indiqué.

L’organisation des visites d’échanges des acteurs auprès d’autres communautés en vue du partage d’expérience et la sensibilisation des autorités coutumières sur le bien fondé du projet, ont été également effectué. La 2è phase qui a vu le projet traiter directement avec le conseil municipal de Gomponsom a facilité le partenariat entre les services forestiers, les communes et les villages pour soutenir la gestion durable des ressources forestières. C’est ainsi que le projet a équipé 55 surveillants de zone en vélo, en tenues, en bottes et en badges, doté des groupements de gestion forestière (GGF) en charrettes et en ânes, renforcé la capacité des femmes membres des GGF en techniques et technologies de transformation des produits forestiers non ligneux et confectionné de boite à image pour la sensibilisation des populations.

Les partenaires recommandent une plus forte implication des femmes

Une visite guidée de la forêt de Toolia a permis aux visiteurs du jour de se rendre compte du travail abattu par les groupements de gestion forestière (GGF) qui assurent la sensibilisation et travaillent en collaboration avec le forestier départemental. Parmis les GGF, seulement environs 32% sont des femmes. Si les visiteurs du jour ont apprécié cet état de fait ils ont par ailleurs souhaité que ce pourcentage soit relevé car les femmes sont les premiers exploitants des forêts à travers l’exploitation du bois et des produits forestiers non ligneux.

Selon le CTC, Inoussa Sawadogo, la forêt de Toolia regorge actuellement d’espèces telles que le saba senegalensis (wèda en mooré), le Butyrospermum parkii(karité), le Lannea microcarpa (raisinnier) etc. Par ailleurs il a fait savoir que des animaux sauvages tels que les singes rouges, les hyènes, les phacochères sont revenus dans la forêt.

Malgré ces acquis, il convient néanmoins de préciser que la mise en œuvre du projet « gouvernance locale des ressources forestières » ne s’est pas faite sans difficultés. Parmi celles-ci, le problème de délimitation de la forêt de Tanyendé, qui a finalement été résolu grâce à l’intervention des coutumiers, le manque de connaissance et de matériels de transformation pour les femmes, l’insuffisance de moyen financiers, le problème de classement et d’immatriculation pour véritablement sécuriser les forêts.

Face à ces difficultés, les populations locales ont formulé des recommandations. Dans la valorisation des produits forestiers non ligneux, les femmes ont demandé à être doté de matériels adéquats et d’unité de transformation afin qu’elles puissent mieux valoriser leurs produits. « Avec une unité de transformation et du matériels et un cadre adéquats, les femmes pourraient avoir des produits compétitifs sur le marché », a soutenu une des bénéficiaires du projet, Salimata Nana. Quant aux surveillants de zone, ils ont souhaité voir leurs capacités se renforcer afin de s’approprier les règles de gestion forestière.

Au terme des échanges, Sylvestre Bangré Ouédraogo, a affirmé que l’objectif du projet est atteint car les populations locales se sont appropriées la gestion des forêts en édictant leurs règles, en choisissant des volontaires pour surveiller la mise en œuvre de ces règles. Il espère que ce bon exemple de gestion durable des forêts va créer une certaine émulation auprès des autres communautés riveraines. Même son de cloche pour Richard Bomboma, chargé d’affaires à l’Ambassade de suède qui affirme être satisfait du travail effectué par les populations locales. « Cette visite nous a permis d’avoir des échanges approfondis avec le partenaire, Tree Aid et de voir les réalisations sur le terrain. Le Bilan est pour nous, satisfaisant car Tree Aid est un partenaire compètent… », a ajouté M Bomboma.

Pour lui, ce qu’il a vu est la preuve que les populations se sentent concernées par la protection de la forêt et y tirent des bénéfices conséquents. En outre, il s’est dit rassuré que les financements que la Suède apporte arrivent à destination et jusqu’aux populations.

Le chef du village de Tinkoaglega, représentant Sa majesté Naba Kougri chef du canton de Gomponsom a confié que la forêt constitue leur plus grande richesse. C’est pourquoi il a indiqué que les populations ont intérêt à mettre l’accent sur sa préservation et favoriser sa durabilité. Il a en outre ajouté que les chefs coutumiers feront tout ce qui est de leur devoir pour protéger cet écosystème car, « la mission première d’un chef est de veiller au bien-être de sa population ».

Exécuté dans huit communes réparties dans les régions du Nord, du Centre Nord, du Centre Sud et de l’Est, le projet vise à contribuer à l’amélioration d’un environnement politique favorable et d’un cadre institutionnel stable permettant d’assurer la durabilité et l’équité dans la décentralisation et la communalisation de la gestion des forêts. Dans le processus du projet, 15 zones forestières ont été identifiées dans les 8 communes à raison d’une moyenne de 2 forêts/commune excepté la Commune de Nobéré avec une forêt.

Wendyaam Sawadogo

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