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« Dans le monde, il y a plus de personnes qui ont des téléphones portables que d’accès aux toilettes », Chloé Jolly, déléguée générale du réseau Projection à propos de l’assainissement

Publié le vendredi 5 juin 2015 à 00h12min

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« Dans le monde, il y a plus de personnes qui ont des téléphones portables que d’accès aux toilettes », Chloé Jolly, déléguée générale du réseau Projection à propos de l’assainissement

Le réseau « Projection » tient, du 4 au 6 juin 2015 au Centre Cardinal Paul Zoungrana à Ouagadougou, un atelier international de jeunes professionnels autour du thème : « Le Marketing de l’Assainissement ». La cérémonie d’ouverture est intervenue ce jeudi 4 juin en présence de plusieurs participants venus de pays de l’Afrique de l’Ouest et de la France.

« Dans le monde, il y a plus de personnes qui ont des téléphones portables que d’accès aux toilettes et il faut réfléchir à de nouvelles stratégies pour que l’assainissement soit une réalité pour tous », a déclaré la déléguée générale de Projection, Chloé Jolly, mettant ainsi en exergue, l’importance d’un tel cadre de réflexion. Selon la déléguée générale de Projection, ce genre d’activités est organisé pour partager les expériences aux fins de progresser ensemble et innover dans le domaine des « services essentiels ». Ces derniers peuvent être compris comme des services qui sont destinés aux habitants d’une ville, d’une région, d’un Etat, etc., afin de répondre aux exigences indispensables de la vie collective et de la dignité humaine (accès à l’eau potable, à l’énergie, l’assainissement, la gestion des déchets, etc.).
Durant les trois jours donc, les 60 participants vont réfléchir sur la stratégie à mettre en place pour que l’assainissement soit une réalité pour les populations. Ces séminaristes sont des professionnels qui travaillent aussi bien pour des ONG, des ministères que des entreprises privées. L’idée est, selon Mme Jolly, que la multi-pluralité, le côté multi-acteur et multi-nationalité de cet atelier puisse permette d’échanger des expériences et de trouver des entités de solutions qui peuvent être mises en pratique sur le terrain pour développer des stratégies de marketing de l’assainissement efficaces.
Ces moments studieux vont donc permettre à l’organisation de mieux appréhender les enjeux du marketing de l’assainissement ; renforcer ses connaissances grâce aux échanges avec des experts, des visites de terrain et les interactions entre participants ; partager les expériences et, enfin, de renforcer son réseau professionnel par les différentes activités proposées durant et après l’atelier pour faciliter les échanges entre les jeunes professionnels.

Briser le tabou des latrines, mieux, en faire un business !

Pour Kouamé André N’Guessan vice-président Afrique du Réseau Projection, par ailleurs coordonnateur des activités du présent atelier, ce thème novateur pourrait permettre d’améliorer l’accès à l’assainissement pour toutes les classes sociales ; des plus aux moins aisées, aussi bien en milieu urbain que rural. « C’est notre contribution à faire évoluer cette thématique, de sorte à améliorer l’accès à l’assainissement à tous. Aujourd’hui, la stratégie, c’est de faire comprendre aux ménages qu’avoir une latrine, ce n’est pas seulement du social, c’est une question fondamentale de santé, d’environnement et de mieux-être. D’où le choix de ce thème parce qu’on veut qu’on change de comportements, la vision même de l’assainissement, si on veut atteindre de bons résultats », a soutenu Kouamé André N’Guessan, par ailleurs sous-directeur de la planification et du développement (ONAD).
De son avis, les latrines et assimilés doivent être vus autrement, comme des produits de marque qui doivent pouvoir se vendre comme on vend un ordinateur portable, un téléphone, etc. « Aujourd’hui, c’est de faire en sorte qu’on puisse changer la vision des latrines. On a toujours la notion que c’est un sujet tabou, il faut l’aborder avec beaucoup de diplomatie, aller vers les gens avec beaucoup plus de sensibilisation.Le changement, c’est de faire en sorte que les latrines soient vues comme un produit, un business », a-t-il insisté. Pour lui, il ne faut pas non plus se limiter seulement à l’accès (avoir une latrine ne règle pas l’assainissement) mais plutôt essayer d’améliorer tous les maillons de la chaîne, les valoriser pour générer des richesses, créer de l’emploi.
« Le Marketing de l’assainissement » procède par des informations clés provenant des diagnostics et études de terrain pour élaborer les messages et les canaux de communication du marketing social pour atteindre et persuader les ménages individuels d’investir dans l’assainissement amélioré.
« Projection » est, quant à elle, une plateforme internationale d’échanges et de débats destinée aux professionnels juniors (deux à dix ans) impliqués dans les services urbains essentiels des pays en développement. Elle regroupe plus de 600 membres.
Le présent rendez-vous, en plus des communications et débats, sera également marqué par des sorties de terrain notamment dans les zones non-loties de la capitale, Ouagadougou.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 juin 2015 à 07:33, par Tantie de Titao En réponse à : « Dans le monde, il y a plus de personnes qui ont des téléphones portables que d’accès aux toilettes », Chloé Jolly, déléguée générale du réseau Projection à propos de l’assainissement

    Construire des latrines dans sa cour est beaucoup plus cher qu’acheter un téléphone ! Après il faut appeler un camion spécialisé pour vider la fosse si on n’a pas fait un modèle ECOSAN qui sépare fécès et urine pour du ré-emploi en agriculture...et dans ce cas beaucoup de manipulations ! A fortiori un bio-méthaniseur ( ou bio digesteur) coûte encore plus cher.
    C’est là qu’on verra les véritables priorités de politiques qui veulent tous LA place...
    ONEA propose de nouvelles latrines depuis peu, les parents les construisent dans les écoles isolées, mais il n’y a pas de réseau d’évacuation ...
    C’est une vraie réfléxion à mener au delà du marketing, peut-être commencer par l’éducation et la vulgarisation, la formation professionnelle...

  • Le 5 juin 2015 à 10:39, par Amadoum En réponse à : « LE MARCHE, EST-IL REEL OU FICTIF ?

    Decris-moi le dernier maillon de la chaine de ton projet, et je te dirai s’il connaitra le succes ou pas.
    "..l’ONEA propose de nouvelles latrines depuis peu, les parents les construisent dans les ecoles isolees, mais il n’y a pas d’evacuation...".
    Dans cette phrase de Tantie se trouve un tas de tres bonnes suggestions pour ameliorer les chances de succes des nouvelles technologies transferees des pays developpes vers nos pays. Les projets commencent par un groupe de personnes avec une bonne idee, bien intentionnees, pleines d’enthousiasme et de determination, mais presque sans exception, ils subissent tous un echec.
    Dans la conception des projets, tant que l’aspect "EVACUATION" finale n’est pas integree, le projet decolera, marchera, a cout eleve, pour un bon bout de temps et sera etrangle par un goulot.
    Pour que les populations acceptent les larines malgre leur gout relativement eleve pour le burkinabe moyen, il faut que les feces et les urines, une fois separees, soient d’abord "EVACUEES", comme l’indique Tantie ; et ensuite qu’elles soient utilisees par le jardinier qui puisse justifier leur usage (meilleur rendement). Le jardinier "EVACUE" son rendement vers le consommateur. Cette chaine doit etre bouclee au moment de la conception du projet, sinon, le projet sera vicitme d’un goulot d’etranglement. La question est : le marche existe t-il ou pas ?

    En d’autres termes, le succes de ces projets depend enormement d’une etude de faisabilite rigoureuse.

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