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Energie et Environnement : le Cadre d’action des juristes de l’environnement met à l’épreuve des partis politiques

Publié le dimanche 31 mai 2015 à 01h11min

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Energie et Environnement : le Cadre d’action des juristes de l’environnement met à l’épreuve des partis politiques

A une même table : trois partis politiques, trois programmes énergétiques pour le Burkina Faso et une même ambition pour l’après Octobre. Nous sommes au grand panel organisé par le Cadre d’action des juristes de l’environnement. L’AJIR, l’UPC et le MPP se sont livrés à un exercice de « séduction » pré-électorale devant un parterre d’étudiants dans une salle de l’UFR/SJP de l’Université de Ouagadougou. C’était ce samedi 30 mai 2015.

Le quotidien des Burkinabè est rythmé depuis des mois par des coupures intempestives d’électricité. La période de pointe exaspère plus d’un et l’épée de Damoclès plane toujours au-dessus de la SONABEL. La Transition tire vers sa fin. Les partis politiques s’agitent, les promesses fusent de partout. Mais quelle place occupe l’énergie dans les programmes électoraux ? Afin de permettre aux conquérants de Kossyam de se prononcer sur la question, le Cadre d’action des juristes de l’environnement (CAJE/BF) a initié un panel sous le thème « Politique énergétique au Burkina Faso : le Quoi ? le Quant ? le Comment ». Et en prélude à la journée mondiale de l’environnement prévue le 5 juin prochain sous le thème « Sept milliards de rêves. Une seule planète. Consommons avec modération », le CAJE a également tenu un panel sur la loi n°017-2014/AN portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des sachets et emballages plastiques non biodégradables. Parrainée par le Pr Abdoulaye Soma, représentée par Dr Soma/Kaboré Valérie, ces deux cadres de réflexions et de discussions sur le droit de l’environnement au Burkina Faso permettront, à en croire le Secrétaire exécutif national, Yda Alexis Nagalo, d’attirer l’attention des autorités de la transition et des pouvoirs futurs sur la nécessité de se pencher urgemment sur les domaines que sont l’environnement et l’énergie.

Chacun défend sa chapelle

« L’avenir appartient à ceux qui croient à la puissance de leurs rêves », dixit Dr Soma. Et le rêve du CAJE, c’est de contribuer à améliorer la gouvernance environnementale. Quoi de mieux qu’un panel où s’affrontent les idées des forces politiques prêts à conquérir le pouvoir d’Etat. La cruciale question de l’énergie. Si résoudre l’équation revient à nettoyer les écuries d’Augias sous d’autres cieux, eh bien, nos jeunes politiciens semblent avoir trouvé les stratégies salvatrices pour sortir plus de 17 millions de Burkinabè de l’ornière.
Pour Ezéchias Somé, Vice-président de l’Union nationale des jeunes de l’UPC, « ce n’est pas le lieu de faire de la démagogie ». L’énergie est une priorité pour son parti. Et pour que le Burkina Faso soit un « bon élève » en matière de gouvernance énergétique, l’Etat doit supporter toutes les charges de la Sonabel afin que celle-ci puisse prétendre à une autonomie et une efficacité exemplaire. Comme solution également, l’UPC prône la mixité des différentes ressources c’est-à-dire le solaire, le thermique, l’hydroélectrique et pourquoi pas le nucléaire. Le fameux nucléaire proposé par Zéphirin Diabré devra se faire dans un cadre communautaire à long terme de concert avec d’autres pays de la sous-région.
Quant à Sawadogo Dieudonné, commissaire adjoint en charge des questions politiques et juridiques, l’AJIR est un fervent défenseur des énergies renouvelables. Certes la transition à partir des énergies fossilifères se fera de manière évolutive, mais le parti compte mettre l’accent sur la responsabilisation des acteurs afin que les fonds alloués à ces énergies-là soient réellement utilisés. La question étant complexe, Dieudonné Sawadogo est convaincu que c’est dans la synergie d’actions au niveau sous-régional et continental, que le Burkina Faso pourra enfin voir le bout du tunnel. Des centrales thermiques au Nord de l’Afrique jusqu’à l’énergie hydroélectrique provenant du fleuve Congo, tout serait possible. Et si le parti accède au pouvoir à l’issue des élections d’octobre prochain, il se donnera pour but de consacrer ses deux premières années aux problèmes énergétiques.
Pour sa part le MPP de Roch, représenté par Bachir Ouédraogo, docteur en énergies renouvelables, est convaincu que le Burkina Faso ne doit compter que sur ses propres moyens pour espérer atteindre une autonomie énergétique. Aucun pays ne s’est développé sans une politique énergétique efficace et durable. De ce fait, le parti pense qu’au-delà de la production, le citoyen burkinabè doit adopter un mode de consommation responsable. Pour le panéliste, la climatisation engloutit à elle seule, environs 60% de l’électricité des bâtiments publics. Un changement de mentalité, une construction-rationnelle des édifices, une bonne politique des transports en commun et des bio-digesteurs en milieu rural permettra au pays de se faire des économies d’énergie. Le parti se donne quatre ans pour régler le problème énergétique au Burkina.

Que dit la SONABEL ?

Invité à ce panel, Daniel Sermé de la Nationale de l’électricité, a essayé tant bien que mal de se défendre et d’éclairer la lanterne des participants. Pour l’essentiel, l’on retient qu’il faudra renforcer le partenariat public-privé et la privatisation de la nationale de l’électricité est une mauvaise option, contrairement à l’opinion commune. Pour l’instant, la production du Kilowatt coute 138 F CFA à la société, pourtant elle le revend en moyenne au consommateur à 125 F CFA. Mathématiquement, les pertes sont inévitables. Bref ! Sur la question des délestages, M. Sermé tient à rassurer que dans deux semaines, les choses pourraient revenir à la normale.

Une loi à améliorer

Bien avant ce panel, rappelons que des acteurs s’étaient penché sur la loi la loi n°017-2014/AN portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des sachets et emballages plastiques non biodégradables. Pour Yann Marius Soma, l’un des panélistes, il existe « un ménage imparfait » entre cette loi à laquelle le Ministère de l’environnement tenait mordicus, et le développement durable qui a ses exigences. « La loi, poursuit-il, ne doit pas laisser un vide ». Selon lui, elle pose un problème en termes d’efficacité environnementale et de rentabilité socioéconomique. Et pour que cette disposition trouve plein effet, l’Etat doit éduquer la conscience des populations à abandonner les anciennes pratiques déjà ancrées dans les mœurs, subventionner l’artisanat traditionnel, accompagner les industries à aller vers de nouvelles habitudes de consommation. La valorisation des sachets plastiques doit donc être bien pensée à l’échelle nationale. Déjà, l’entrepreneur Calvin Thiam s’est investi dans la fabrication des pavés et des toitures à base des sachets plastiques. Même si les populations demeurent réticentes quant à l’utilisation de ces produits, il tient à rappeler que les premiers sont moins chers que les pavés en ciment tandis que les seconds, c’est-à-dire les toitures, sont plus étanches, thermiques, économiques et ont un bon rendu acoustique.
Pour finir, une photo de famille a été prise avec l’ensemble des participants pour la postérité.

Herman Frédéric
Lefaso.net

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