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Journée nationale du Pardon : Quatre ans après, Mgr Anselme Titianma Sanou apprécie

Publié le mardi 29 mars 2005 à 08h26min

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A la veille de la commémoration de la IVe Journée nationale du Pardon, nous avons rencontré Monseigneur Anselme T. Sanou Archevêque de Bobo-Dioulasso. L’Archevêque qui a activement pris part à l’institution de cette journée apprécie quatre ans après.

Anselme T. Sanou (A.T.S.) : Vous savez, avant l’institution de cette journée, la paix sociale n’était vraiment pas au beau fixe dans notre pays. Dans une ville comme Ouagadougou, plusieurs acteurs de la vie socio-politique avaient leurs milices et même à Bobo qui avait une réputation de ville hospitalière, s’était développée un climat de suspicion entre populations. Et la conséquence, personne ne se sentait en sécurité.

L’institution de cette journée nous a donc permis de relever beaucoup de faits de ce genre et de les analyser. C’est ainsi qu’on a pu établir une liste des personnes ayant subi des violences en politique ou dans d’autres domaines sur 40 ans. Et je vous avoue qu’il y a un de mes collègues d’un autre pays qui m’a déclaré que nous avions la chance ici d’avoir pu faire cette liste. Chez lui il paraît que c’est impossible, car les cas sont innombrables. Cela fait déjà une originalité burkinabè.

Il y a aussi le fait que les familles des victimes ont été prises en considération et elles ont d’ailleurs, pour la plupart, accepté de rencontrer les responsables du pays "présumés auteurs". Un autre fait non moins important, c’est que l’actuel chef de l’Etat et tous les anciens toujours en vie se sont tous mis d’accord pour dire ensemble "nous sommes responsables et nous demandons pardon". Quand on connaît l’histoire et qu’on regarde de près, on voit que tout cela n’était pas évident. C’est dire donc que ces responsables et, tous ceux qui ont adhéré à la journée sont résolument engagés pour la recherche de la paix.

A mon avis, on peut dire que depuis la première Journée nationale du Pardon, une certaine culture de la paix et du pardon est née au Burkina. La plupart des familles ont accepté la procédure du pardon qui n’est pas un achat de leur conscience ou de leur droit de porter plainte. Il y a encore quelques familles qui n’ont pas adhéré au concept, mais nous restons optimistes.

En outre, les engagements qui ont été pris par l’Etat vis-à-vis des victimes ou des ayants-droit sont en train d’être honorés tant bien que mal.

Pour moi, le seul grand acquis reste cette culture de la paix et du pardon acquise au Burkina. Par conséquent, tout Burkinabè qui prône la violence trahit la confiance de tout un peuple. Parce que, c’est des populations qui ont toujours su surpasser leurs problèmes pour ne voir que leurs intérêts, la parenté à plaisanterie aidant.

A ceux qui viennent avec des documents sur les droits des peuples et autres pour pousser les populations à la violence, je dis qu’ils jouent avec le feu et qu’ils ne tiennent pas compte de nos traditions les plus profondes. Ceux qui, au nom de leur intellectualité brandissent des lois importées des pays occidentaux pour les appliquer à nos pays pauvres se trompent fortement. Les Burkinabè ont en eux-mêmes des ressources suffisantes pour régler leurs problèmes. A ce propos, un évêque tanzanien me disait qu’il faut, pour les problèmes qui se posent en Afrique, des solutions africaines, c’est-à-dire humaines. Et je vous assure que ces solutions, si elles sont trouvées, profiteront au monde entier.

J’invite donc les Burkinabè à persister dans la culture de la paix et du pardon.

Propos recueillis par C. Héma et U. Kaboré
Sidwaya

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