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« Tout homme politique doit pouvoir contenir ses ardeurs pour écouter et prendre en compte la volonté de son peuple », président du PNDP, Issa Tiemtoré

Publié le mardi 12 mai 2015 à 23h56min

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« Tout homme politique doit pouvoir contenir ses ardeurs pour écouter et prendre en compte la volonté de son peuple », président du PNDP, Issa Tiemtoré

Créé le 29 janvier 2012, le Parti National pour le Développement et la Paix (PNDP), affilié alors au chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso (CFOP-BF), s’est fixé comme objectif majeur de travailler, disent ses géniteurs, en synergie d’action pour faire du Burkina, un pays prospère, dans lequel il fait bon vivre et où les populations adhèrent aux actions de développement et aux affaires politiques. Dirigé par une équipe dynamique à la tête de laquelle, Issa Tiemtoré, président du parti et membre du Conseil national de la transition, le PNDP a inscrit au cœur de sa lutte quotidienne, le combat contre la corruption, la gabegie, l’impunité, l’injustice, l’immoralité, l’irresponsabilité, le laxisme, l’appauvrissement de la masse populaire et la patrimonialisation du pouvoir. Au sortir d’une des plénières, M. Tiemtoré a bien voulu se prêter à un entretien à bâtons rompus…

Lefaso.net : Six mois après sa mise en place, quel est le constat de l’ambiance générale au sein du CNT ?
Issa Tiemtoré :
Pour une transition, je trouve personnellement que l’ambiance est satisfaisante. Car, de toutes les lois que nous avons adoptées, une très grande majorité des députés du CNT a été « Pour ». C’est plutôt l’ambiance en dehors du CNT, de quelques personnes septiques au bon déroulement de la transition, qui est peu satisfaisante. Tout de même, étant nourris d’idéal pour lequel nous voulons véritablement retourner à une vie démocratique et constitutionnelle normale, contre vents et marrées, nous travaillons de manière à ce que la transition puisse au moins régler les problèmes de fond et parvenir effectivement à des élections apaisées le 11 octobre 2015.

Lefaso.net : Comment avez-vous vécu les différentes étapes, de l’insurrection à la mise en place des organes de la transition en passant par l’écriture de la Charte ?
Issa Tiemtoré :
Nous avons participé à la réflexion, à la conception des stratégies de lutte contre le referendum et la modification de l’article 37 de la constitution. A la suite de l’insurrection, vous l’avez constaté, c’est l’armée qui gérait le pouvoir d’Etat et il a fallu des négociations qui ont abouti à la gestion civile du pouvoir. Le PNDP était également engagé dans ce processus qui a été matérialisé par la rédaction de la charte de la transition

Lefaso.net : Vous avez adopté des lois dites « historiques », notamment la loi portant corruption et, récemment le Code électoral. Comment avez-vous pris part aux travaux, surtout en ce qui concerne la loi sur le code électoral ?
Issa Tiemtoré :
J’ai personnellement apprécié la loi sur la corruption. Il n’existait pas d’arme efficace de prévention et de répression contre ce phénomène. Nous avons profité de cette transition pour mettre en place un outil juridique et politique contre la corruption ; ce qui est très intéressant. Nous pensons que cet outil juridique permettra de faire régresser le phénomène de la corruption dans notre chère patrie. Nous nous devons de respecter le bien public.
Pour ce qui est du projet de loi portant modification du code électoral, c’est la Commission des affaires institutionnelles, de la gouvernance et des droits humains (CAIGDH) qui a été saisie au fond. Moi, je suis de la Commission des affaires sociales et du développement durable (CASDD). Cependant, j’étais le rapporteur de la CASDD pour ce dossier. J’ai, pour ce faire, participé à tous les travaux avec la commission saisie au fond (audition du gouvernement, acteurs politiques et sociaux). Les différents avis nous ont permis d’apporter des amendements répondant aux aspirations du peuple et à l’ancrage de la démocratie.
Pour revenir sur cet alinéa querellé, c’est-à-dire la question d’inéligibilité inscrite aux articles 135, 166 du code électoral, ce n’est ni une invention ni une manipulation intentionnelle des députés de la transition. C’est l’inscription de la volonté du peuple burkinabè d’une part et d’autre part, la traduction de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance que le Burkina Faso a ratifiée depuis 2007.

Lefaso.net : Mais une certaine opinion pense aussi que la révision de l’article 37 n’est pas un « attentat à la Constitution » mais plutôt une perception d’opportunité…
Issa Tiemtoré :
Malheureusement, oui ! Il faut savoir que la démocratie, c’est la volonté du peuple. Et je crois que tout homme politique doit pouvoir contenir ses ardeurs pour écouter et prendre en compte cette volonté populaire. Il n’existe pas de démocratie en dehors du peuple.

Lefaso.net : La communauté internationale s’est également montrée réticente vis-à-vis de cette loi ; comment accueillez-vous ce scepticisme ?
Issa Tiemtoré :
Le Burkina Faso est un pays indépendant avec un peuple souverain qui entretient des relations de collaboration et de coopération sur le plan international. Il n’entretient aucune relation de subordination avec quelque pays, puissant soit-il.

Lefaso.net : Revenons sur les candidatures indépendantes. En tant que parti politique, ne trouvez-vous pas que la disposition va fragiliser les organisations politiques ?
Issa Tiemtoré :
Le jeu politique et démocratique se résume à la bonne gestion de la cité et des hommes. De ce fait, que vous soyez politicien ou non, si vous êtes aptes à cet exercice, il n’y a pas, à mon sens, de raison qui vous en empêche.
Je peux dire que l’introduction de la candidature indépendante ne fait pas peur aux partis politiques. Un parti politique, c’est un programme, ce sont des idéaux, ce sont des hommes (ce n’est pas une personne), ce sont des structures. Nous avons introduit cette disposition pour que le jeu soit ouvert.

Lefaso.net : Quels sont les défis actuels que votre parti s’est fixés ?
Issa Tiemtoré :
Nous sommes un jeune parti et notre défi, c’est de nous implanter sur tout le territoire. Et objectivement, nous visons les élections municipales et législatives. Concernant l’élection présidentielle, nous verrons, en fonction des réalités qui vont se présenter, des projets de société des candidats et nous prononcer. Et ce, surtout dans le sens du développement pacifique de notre chère patrie.

Lefaso.net : Avec les valeurs qui ont motivé la création du parti, et au regard de la situation du pays, quel peut être le message du PNDP à ce jour ?
Issa Tiemtoré :
Nul n’est parfait. Nous tendons tous vers la perfection. Les organes de la transition qui sont mis en place, représentent, de façon large, la population dans son ensemble. Quelques fois, ils trébuchent mais se relèvent. Ils sont souvent étouffés mais résistent pour survivre afin de conduire notre nation vers une renaissance démocratique. Nous invitons donc tous les acteurs animant la vie politique nationale et internationale à soutenir le processus de la transition.

Entretien réalisé par Oumar L. OUEDRAOGO
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