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Présidentielle : Jamais deux sans trois pour Blaise Compaoré ?

Publié le vendredi 25 mars 2005 à 09h06min

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Pour l’auteur de cet écrit, l’opposition, par la multitude de ses candidatures, offre un boulevard à Blaise Compaoré pour le fauteuil présidentiel au cours du scrutin à veni.

Pour la troisième fois consécutive, les partis dits de l’opposition préparent au candidat virtuel Blaise Compaoré les conditions idéale, pour gagner les élections sans combattre, même si, (à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire).

En effet après l’abstention de 1991 et le boycott de 1998, ces messieurs s’apprêtent à tromper encore le peuple Burkinabè en faisant semblant d’aller aux élections par le subterfuge de la multiplicité des candidats.
En rappel à ceux qui l’ont oublié et aussi pour la génération montante (ou nouvelle) en 1991, l’opposition avec 80% de chance de gagner le fauteuil présidentiel servi dans un plateau d’or, n’avait pas pris part aux élections. En 1998 avec les mêmes chances ramenées à 50% donc un plateau d’argent, elle choisira le boycott.
Aujourd’hui, en 2005, ces chances sont d’environ 15%, donc sans un plateau même en fer.

Quand bien même vous réussirez à présenter un candidat unique, vos chances de gagner à la présidentielle sont nulles et vous le savez. Ce n’est donc pas en dispersant vos forces que vous pouvez espérer gagner. Imaginez Blaise Compaoré dans un arbre, le fruit déjà dans la main et vous, aux pieds de l’arbre, à 4 ou à 10, à vouloir monter ensemble à la recherche de ce même fruit.

A chaque fois, Blaise Compaoré vous laisse vous déchirer et quand vous avez fini de vous battre, fatigués, couchés au pied de l’arbre, il descend tranquillement avec son fruit, vous enjambe un à un pour aller le manger en attendant la prochaine floraison (échéances). Voilà ce qui se passe depuis 1991.

"La honte ne tue pas"

Soyez sérieux, et respectez les Burkinabè car la comédie a longtemps duré. Vous pensez peut-être que Blaise Compaoré, à chaque fois, pourra trouver un poste à chaque candidat malheureux aux élections comme il l’a fait pour Ram, Ministre d’Etat éphémère sans portefeuille, passé momentanément au gouvernement pour une journée (du pardon) et revenu à l’opposition dès la fin de cette journée ? Si vous voulez rejoindre la table et satisfaire vos ambitions immédiates (comme pour dire un jour, j’ai été candidat aux présidentielles), faites-le franchement en disant à Blaise Compaoré : pas la peine d’organiser des élections car tu n’as pas d’adversaire ; nous sommes avec toi, mais pour nos militants, laisse-nous faire semblant et après tu verras ce que tu peux faire pour chacun de nous(les chefs de partis bien entendu).

La honte ne tue pas car ceux qui avant vous se sont réclamés de l’opposition sont aujourd’hui, pour la plupart, les goûteurs attirés de la table royale repartis au gouvernement, à l’assemblée et à la tête de grosses entreprises de l’Etat brasseurs de gros sous.

En effet, où se retrouvent aujourd’hui les grands animateurs de la CFD de 1991, ces messieurs, hier ennemis de Blaise Compaoré, craignant de se faire tuer par le même Blaise Compaoré, alors monstre parmi les montres. Ces messieurs donc, reconvertis, rassemblés et assemblés sont devenus les fidèles propagandistes de leur monstre d’hier, toute honte bue et la fierté avalée.

Ces hommes que nous combattions hier (j’étais un des animateurs du camp de l’ARDC), ces adversaires que je respectais pour leurs convictions (cf. éphémère conférence nationale) ont rejoint le Centre de décision principal (CDP), abandonnant la lutte pour toujours à des militants désabusés et désorientés.

Aujourd’hui, ministres, parlementaires ou diplomates, ils mangent à la grande table, fruit de la lutte contre les pauvres, donnant des idées à leurs remplaçants qui eux aussi luttent pour sortir de leur misère, que l’on ne perçoit pas bien à cause du voile de certaines actions comme la lutte pour la diversification du Sida.

Le Burkina n’est pas la France

Mais enfin messieurs dits de l’opposition, si vous voulez que nous vous prenions au sérieux, que les électeurs et vos militants vous comprennent et vous suivent, commencez par trouver un seul candidat pour la présidentielle.

Et ne le cherchez pas forcément parmi les chefs de partis car vous êtes tous disqualifiés. Le Burkina Faso regorge encore de valeurs sûres en dehors de la faune politique.
C’est là que vous devrez concentrer vos efforts en vue de trouver le candidat pouvant faire l’unanimité et redorer votre image si longtemps traînée dans la boue. Ce n’est pas pour gagner, mais pour redonner confiance à vos militants et réunir vos forces pour affronter les échéances à venir. Vous n’aurez d’ailleurs qu’une seule caution à payer (au lieu de vous endetter, pour certains, pour en payer 4 ou 10) et en retour vous pourrez utiliser intelligemment la subvention de l’Etat (50 000 000 au lieu de 10 0000 000 environ pour chacun).

Le Burkina Faso n’est pas la France, mais je vous renvoie aux dernières élections présidentielles françaises où Jacques Chirac a gagné les élections non pas parce qu’il avait le meilleur programme ou pour ses qualités de direction mais seulement parce que les Français voulaient empêcher un certain Le pen d’accéder au fauteuil présidentiel et vous savez ce que firent les militants des autres partis qui combattaient Chirac à la demande de leurs chefs de file. Alors si vous pensez que des Burkinabè aspirent au changement, proposez-leur une seule alternative à Blaise Compaoré et non deux, quatre ou dix.

Rassemblez vos forces à travers les suffrages des électeurs et de manière générale de vos militants et ne les dispersez pas car vous ne pourrez plus jamais recoller les morceaux.
D’ailleurs, si vous êtes dix candidats, vous perdrez au change car, vos cautions ne seront pas remboursées, faute de suffrage et vous ne pourrez même pas battre campagne avec ce que vous recevrez.

Alors que, en vous mettant ensemble, vous augmentez vos chances aux municipales, législatives et autres.
Si jamais vous rejetez ce conseil d’amis (je dis amis car nous nous connaissons pour la majorité d’entre vous, vous perdrez sur toute la ligne et je serais là en 2006 pour que nous fassions un bilan... négatif de votre entêtement. Si vous ne l’avez pas encore compris, retenez que pour le moment, aucun de votre groupe, pris individuellement ne fait suffisamment peur au camp présidentiel pour lui donner envie de vous désunir, vous assembler ou bref vous prendre en compte.

Alors que regroupés autour d’une seule tête avec un seul corps, on commencera forcément à vous prendre au sérieux. Faites-le maintenant (sept mois avant la date fatidique).
Sinon, pour le moment, Le chien aboie mais la caravane passera.

Les colonnes d’un journal ne permettant pas un débat constructif et exempt d’incompréhension, le citoyen que je suis reste dispos à continuer cette causerie dans un cadre plus approprié (c’est une invitation).
Enfin, sachez messieurs de l’opposition, que le 13 novembre 2005, en face de Blaise Compaoré si il y avait plus d’un candidat, beaucoup de Burkinabè voteront Blaise Compaoré, afin qu’il gagne au premier tour et faire des économies au budget de l’Etat.

Celui qui parle (opposition) dit savoir que celui qui écoute (citoyen et électeur) n’est pas bête.

Victor Achille NYAMWEOGHO
Tél : 76 61 76 71

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Vos commentaires

  • Le 25 mars 2005 à 12:29, par JWY En réponse à : > Présidentielle : Jamais deux sans trois pour Blaise Compaoré ?

    Un peu d’accord (sur certains points non comme la vision du combat politique) avec vous sur l’analyse de la situation politique du Burkina , ce qui manque au Burkina ce n’est pas les partis politiques (opposition ou pas) mais un développement. On devrait supposer que Monsieur Blaise Compaoré ne se présente pas et chercher qui peut nous offrir un bon changement (CDP, Opposition, indépendant peu importe pour les Burkinabè même si c’est pas le cas des militant comme vous). Vous avez bien dit " ne le cherchez pas forcément parmi les chefs de partis car vous êtes tous disqualifiés. Le Burkina Faso regorge encore de valeurs sûres en dehors de la faune politique".

    Je crois sans hésiter les Burkinabè sont trompés par tout le monde à commencer par tous les politiciens qui trainent tous des casseroles.

    Je ne suis pas politologue, sociologue, psychologue mais en se basant sur les faits (actualités, quotidien des Burkinabè) je crois qu’on (ceux qui pretendent faire la politique au Burkina) nous met tous dans le même sac d’illettrés, d’analphabètes et orientent leurs campagnes et discours politiques à ces illettrés (majorité des Burkinabè).
    Je crois que pour qu’on nous prenne au sérieux sur le plan international il faut que la politique des politiciens s’oriente vers le développement ou de changement (dans le bon sens) concrets.

    Je reviens à ce que vous avez fait comme analyse de la situation politique, monsieur Achille,
    vous êtes comme la plupart des Burkinabè (même si vous êtes militant d’un parti) qui suivent les discours des politiciens sans rien comprendre (puisqu’ils ne disent rien) et soucieux aussi du développement du Burkina.
    "Les gens n’aiment pas les gens" c’est une façon de parler mais qui signifie beaucoup de chose pour moi. En effet, ces gens s’en fichent du développement du Burkina mais se prennent pour des "jesus" sans peché et au lieu de soigner la plaie du Burkina prefèrent le tuer pour hériter du Burkina. "j’ai créé un parti, j’ai des militants dans mon parti, j’ai pu convaincre les gens, j’ai été candidat aux élections présidentielles, j’ai été dans tel pays et reçu par telles personnalités", etc.

    CDP ou OPPOSITION, l’essentiel c’est que les dirigeants soient conscients de ce qui touchent le Burkina : le manque de confiance des Burkinabè, manque de confiance en eux et en leur pays.

    Sinon, pour le moment, Le chien aboie mais la caravane passera seulement cette caravane emporte nos enfants.

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