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Gouvernance de l’Internet : Les USA transfèrent leur pouvoir de supervision des fonctions critiques à la communauté internationale

Publié le mercredi 6 mai 2015 à 00h19min

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Gouvernance de l’Internet : Les USA transfèrent leur pouvoir de supervision des fonctions critiques à la communauté internationale

Les révélations d’Edward Snowden en 2013 ont secoué la communauté d’Internet. Face à une telle situation, la National Telecommunications and Information Administration (NTIA) du Gouvernement américain a demandé à Internet Corporation for Assigned names and numbers (ICANN), de convoquer tous les acteurs intervenant dans la gouvernance de l’Internet afin de lui soumettre une proposition pour la gestion de la transition de son rôle dans la supervision des fonctions de l’IANA. Choisi parmi une dizaine de pays d’Afrique, le Burkina a abrité une rencontre ce mardi 5 mai à Ouagadougou à ce propos. L’ouverture des travaux a été présidée par le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida.

Ce qu’il faut aujourd’hui savoir, c’est qu’il y a l’argent dans l’internet. Au-delà même de ce business, internet, selon Pierre Dandjinou, vice-président d’ICANN (Société d’attribution des noms de domaines et des adresses IP) pour l’Afrique, est un outil de développement, de création d’emplois, etc. Il faut donc, dit-il, saisir l’opportunité que les Etats-Unis offrent pour la gestion de la transition dans la supervision des fonctions d’Internet Assigned numbers authority (IANA).
Plusieurs questions se posent cependant ? Faut-il balkaniser internet comme le font déjà certains pays ? Faut-il aller vers une surveillance de masse ? Comment faire pour que le .bf soit une destinée prisée ? Comment faire pour que les africains consomment eu mieux l’internet ?

Des interrogations qui auront sans doute leurs réponses au cours de la réunion, et, qui seront matérialisées dans un document. En effet, ces rencontres qui auront lieu dans une dizaine de pays fait suite aux révélations d’Edward Snowden, à l’issue de laquelle, les USA ont décidé en mars dernier de remettre la gestion des fonctions d’IANA sans lesquelles il n’existe pas d’internet, à la communauté internationale sous conditions. Depuis, les intervenants dans la gouvernance de l’internet travaillent afin que les conditions soient remplies, et du même coup, faire des propositions qui tiennent la route. « Le Burkina fait partie de la dizaine de pays que nous avons sélectionnés en Afrique pour mener cette campagne d’information, de sensibilisation et surtout de participation africaine. Les africains n’ont certes pas été à la création de l’internet, mais ils sont aujourd’hui consommateurs, et si les USA nous donnent la possibilité d’intervenir, il faudrait le faire », précise Pierre Dandjinou. Deux groupes sont déjà constitués depuis près d’une année au niveau international. L’un travaille sur le modèle de la plateforme et l’autre s’occupe de la transition. Des questions se posent aussi à ce niveau également sur la structure à laquelle la gestion des fonctions sera transférée. « Ce n’est pas évident », souligne le vice-président d’ICANN pour l’Afrique. Alors, poursuit-il : « Si toutefois l’on arrivait à faire le transfère, cela voudrait dire qu’ICANN n’aura plus de contrat avec le gouvernement américain et à qui il sera redevable, d’où la question de redevabilité d’ICANN ». Qu’à cela ne tienne, la rencontre de Ouagadougou aura aussi pour mission d’informer les uns et les autres sur les résultats des travaux déjà réalisés et ceux des mois à avenir.

Burkina, pionnier en matière d’utilisation d’internet en Afrique francophone !

Le choix du Burkina parmi la dizaine de pays africains n’est pas un hasard. Connecté depuis 1996 à l’internet à la veille du sommet France Afrique, la connexion s’est vite améliorée avec la création du tout premier site web : www.fespaco.bf. C’est dire alors, note le ministre du développement de l’Economie numérique et des postes, Amadou Nebila Yaro, que le pays des hommes intègres est sans doute pionnier en matière d’utilisation du net en Afrique francophone. Il faut également savoir que le Burkina Faso a été le premier pays à mettre en place un registre internet pour l’allocation des adresses IP en Afrique de l’Ouest. Des reformes n’ont cessé d’être menées depuis 1998.

Les TIC, selon le ministre, occupent une place de choix dans l’axe 1 de la SCADD qui est notamment le développement des piliers de la croissance accélérée en termes de développement des infrastructures de soutien. La modernisation de l’administration burkinabè présente de nos jours des innovations tels que le projet de e.conseil des ministres- une première en Afrique. On note également l’organisation des concours directs de la fonction publique qui serait à 100% une inscription en ligne pour le concours direct de la magistrature. Beaucoup d’autres innovations sont en vue, selon le ministre, et elles contribueront à assurer une meilleure sécurité du cyberespace. Pierre Dandjinou, peut donc être rassuré en ce sens que le Burkina est déjà dans la dynamique de la gouvernance multi-acteurs de l’internet.

Yacouba Isaac Zida, Premier ministre, pour sa part, a loué l’initiative avant de garantir que le gouvernement burkinabè va travailler de sorte à ce que la participation des utilisateurs à la gestion de cet outil mondial soit effective. Saluant cependant le travail de coordination réalisé par ICANN pour l’unicité de l’internet, le Burkina, par la voie du premier responsable du département en charge du développement de l’économie numérique, dit louer l’initiative américaine a vouloir transférer son pouvoir de supervision des fonctions critiques d’internet à la communauté internationale. « Nous affirmons cependant notre attachement au respect strict de la neutralité du net, de son caractère inclusif et participatif de sa gouvernance et à la dimension multiculturelle et multilinguistique », a-t-il conclu.

Bassératou KINDO
Lefaso.net

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