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Liberté de la presse au Burkina : Des avancées certes mais la vigilance doit être de rigueur

Publié le lundi 4 mai 2015 à 00h24min

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Liberté de la presse au Burkina : Des avancées certes mais la vigilance doit être de rigueur

Le Centre national de presse Norbert Zongo a présenté, samedi 2 mai 2015, son 3e rapport sur l’état de la liberté de la presse au Burkina Faso 2013-2014. Cette activité qui entre dans le cadre de la commémoration de la journée mondiale de la liberté de la presse, a réuni plusieurs professionnels des médias et partenaires financiers venu apprécier l’étude menée par le cabinet Nanebor Consult.

Même si le dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF) plaçait le Burkina Faso en tête des pays d’Afrique francophone où la liberté de la presse était respectée, il reste moins que d’énormes défis restent à relever. Pour sa part, le Centre national de presse Norbert Zongo a lui aussi présenté son rapport 2013-2014 sur l’état de cette liberté-là dont les résultats ont été sans doute influencés par l’insurrection populaire car l’étude a été menée du 15 octobre 2014 au 20 janvier 2015. Et c’est à Ahmed Barro du cabinet Nanebor Consult, qu’est revenue la tâche de faire le point du travail à une palette de professionnels dont Jean Claude Méda, président du comité de pilotage du CNP-NZ, le Vice-président du Conseil supérieur de la communication Désiré Kombeogo et la représentante de l’Ambassade d’Allemagne et du principal partenaire financier, la Deutsche Welle Akademie.

Conditions de travail

C’est un échantillon de 84 médias répartis dans 12 localités du Burkina qui ont été concernés. 70 % des responsables de ces organes de presse sont des journalistes relativement jeunes dans la gestion de leur entreprise. Sur le plan de la logistique, il ressort que presque la moitié des médias a un déficit en équipement de travail adéquat. Mais cette situation touche beaucoup plus les médias privés. Cela peut porter un coup sur la qualité du travail fourni par le journaliste, maintenant ainsi le média dans une sorte de dépendance.
Quant à la carte de presse censée « protéger » le journaliste et témoigner de sa crédibilité, le rapport fait ressortir que les médias privés sont en avance par rapport à ceux publics. Les raisons de la non-possession de ce « visa » s’explique souvent par le fait que certaines personnes ne la jugent pas nécessaires alors que d’autres ne remplissent pas les critères pour sa détention.
Concernant le traitement salarial, il ressort que trois médias sur quatre ne respectent pas le traitement du personnel permanent selon la grille salariale prévue dans la convention. Les médias du public bénéficient plus d’une politique de prise en charge santé. Il existe également une politique de paiement de prime. Certes, les journalistes du public sont mieux formés et travaillent dans de meilleures conditions mais ils doivent faire face à certaines pesanteurs qui entravent leur liberté d’expression. Il s’agit entre autre de la nomination de leurs responsables sur des fondements partisans, l’immixtion de l’exécutif dans le traitement de l’information.
Pour la presse en ligne, il n’existe pas à encore de cadre législatif même si celle-là suscite beaucoup d’engouement chez les Burkinabè du fait de sa facilité d’accès, de l’instantanéité de l’information et de la présence d’un espace dédié aux forumistes.

Liberté d’expression, mythe ou réalité ?

Au regard de la liberté et de la facilité de création d’organes de presse, de la diversification des tribunes d’opinion, de la présence d’émissions interactives, de l’accès aux sources d’informations, de la baisse des menaces, des arrestations et des emprisonnement des journalistes ; 57,14% des professionnels estiment que la liberté de la presse est réelle. Par contre 30,95% de personnes disent qu’elle est partielle et le reste soutient qu’elle n’existe pas. En effet, un tiers des médias ont été victimes de violences telles que les actes de vandalisme à leur siège. Les journalistes, eux, sont sanctionnés pour leurs opinions, brutalisés dans l’exercice de leur métier par les forces de l’ordre et très souvent menacés.

Les évènements de fin Octobre 2014 ont révélé certains médias et permit à des rédactions d’être constamment sollicitées pour la couverture d’activités politiques et sociales. Certains organes se sont créé dans la foulée, et d’autres ont vu leur tirage journalier augmenter significativement.

Recommandations

Au titre des actions à entreprendre pour une plus grande liberté de la presse, l’on retiendra qu’il faut relire le code de l’information afin de dépénaliser les délits de presse, d’alléger la fiscalité et la taxation douanière sur les équipements et les matières premières importées. La création d’un statut pour les médias de service public et la règlementation des médias en ligne dans un cadre législatif adapté doivent être également au cœur des défis à relever pour les autorités politiques. A celles-ci toujours, il a été demandé de faciliter l’accès aux sources d’information aux journalistes mais aussi d’augmenter la subvention aux médias privés.
Aux professionnels des médias, eux-mêmes, le rapport suggère qu’ils mettent en œuvre de façon effective la convention collective, qu’ils veillent au respect des règles d’éthique et de déontologie et qu’ils veillent à la formation des acteurs politiques à la compréhension du rôle de la presse.

Au terme de la présentation du rapport, Jean Claude Méda note qu’il y a des avancées dans la liberté de la presse au Burkina Faso, mais appelle l’ensemble des acteurs à ne pas tomber dans « l’autosatisfaction » mais à rester vigilants. Quant à Boukari Ouoba, Secrétaire général de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) la conclusion de rapport l’a laissé perplexe car « il est difficile d’affirmer s’il y a eu des avancées ». Pour se faire, il n’a préconisé qu’une étude comparative soit faite avec les deux précédents rapports produits par le CNP-NZ.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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