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Révision exceptionnelle des listes électorales : Près de 500 000 inscrits en attendant la dernière zone

Publié le dimanche 3 mai 2015 à 05h19min

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Révision exceptionnelle des listes électorales : Près de 500 000 inscrits en attendant la dernière zone

Après son lancement le 3 mars 2015 à Kaya par le Président de la transition Michel Kafando, la révision exceptionnelle des listes électorales biométriques se poursuit actuellement dans la zone 5 (région de l’Est) depuis le 28 avril dernier. Le Président Barthélémy Kéré de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) y était pour toucher du doigt les réalités de l’opération, mais aussi procéder à un bilan s’étape. C’était ce vendredi 1 er mai 2015.

Ce jour de la fête du travail, c’est peu après 6 heures au petit matin que le convoi a quitté Ouagadougou en direction de Fada N’Gourma dans la région de l’Est. C’est par le bureau de vote de la commune rurale de Diapangou que la visite va commencer, nous apprend-t- on au départ de la capitale. 9 heures 30, nous voici à Diapangou. En attente sous un géant tamarinier situé au bord de la route, les autorités locales pour accueillir le Président de la CENI. Une dizaine de véhicules tout terrain, et les deux cars qui ont transporté les journalistes sont en position de départ. Le Président arrive peu de temps après et échange des poignées de mains avec les autorités à l’accueil. Après un bref échange, la décision est prise de rallier le premier bureau de vote à pied plutôt qu’avec les véhicules. Il est à quelque 300 mètres a droite du bitume venant de Ouagadougou.

Dans ce bureau de vote du CEG de Diapagou (qui fait office de poste d’enrôlement), c’est Diabri Dramane le président de la commission électorale communale indépendante (CECI) que nous trouvons à l’œuvre avec son équipe. Il coiffe les 39 bureaux de vote répartis dans les 31 villages de la commune et pour ces trois jours d’enrôlement, il a enregistré 878 électeurs. Un chiffre satisfaisant selon lui. Le président de la CENI échange brièvement ensuite avec les opérateurs sur leurs conditions de travail, échanges au cours desquels l’aide opératrice Haoua Lompo lui fait remarquer qu’en plus de ne pas disposer de bonne place assise (ils sont sur un banc), ils doivent braver la canicule et ne savent pas où donner de la tête quand les élèves ont cours. Il est à ce moment très difficile de se trouver une place acceptable pour le travail, précise-t- elle. Pour Me Kéré, toutes les autorités impliquées dans cette opération d’enrôlement ont été saisies pour y contribuer activement, c’est pourquoi il a encore pris l’engagement de s’adresser à qui de droit encore pour qu’une solution soit trouvée à toutes ces difficultés. Il leur a par ailleurs réitéré ses vives félicitations pour le travail abattu. La délégation peut à présent mettre le cap sur Fada N’Gourma. C’est à quelque 18 kilomètres d’ici.

« Un bon citoyen doit avoir sa carte d’électeur »

La ville de Fada compte 21 sites d’enrôlement répartis sur les 11 secteurs, mais seulement quatre sites ont été retenus pour être visités par la délégation. C’est Halidou Maiga le président de la CECI de la commune de Fada qui nous accueille. A l’école Sarbangou A du secteur 7 où nous l’avons trouvé, c’est avec fierté qu’il nous livre le chiffre de ses trois jours d’enrôlement : 172 électeurs. « Dans l’ensemble ça va », note t- il pour le reste. Dans le bureau de vote du secteur 3 sis dans l’enceinte de l’école dudit, l’enrôlement se poursuit normalement. A l’extérieur, des jeunes sont assis sous un hangar, en pleine causerie. A les entendre, ils se sont tous fait enrôler déjà. A la question de savoir pourquoi, leurs réponses : Ouoba Djibril, « Nous on veut choisir notre candidat. Parce qu’à cause (sic) d’une seule personne, le candidat peut passer. » « Je me suis fait enrôler parce que nous pensons que nous sommes tous des citoyens du pays. Un bon citoyen doit avoir sa carte d’électeur », répond pour sa part Apollinaire Ouédraogo.

De tous les centres visités, c’est le Lycée privé Yembuaro au secteur 1 qui avait le plus de monde. Dans la salle de classe qui sert de salle d’enrôlement, les opérateurs reçoivent un à un les candidats à l’enrôlement, tous assis sur les table bancs, chacun attendant son tour. Amidou Tiama, la trentaine, dit être là depuis près de trois heures de temps pour se faire enrôler. « Je suis là pour choisir mon président le jour de l’élection », lâche t- il ? Pour lui, s’inscrire sur la liste électorale est « un devoir citoyen ». Avant lui, 224 personnes se sont fait enrôler dans ce bureau de vote, « 126 hommes et 98 femmes », nous confie l’opératrice de kit. Dernière étape de cette visite de sites d’enrôlement, la classe de CP1 de l’école Bassougi au secteur 11. Ici, l’équipe du superviseur Jean Charles Gampéné a enregistré 107 inscrits, 42 femmes et 65 hommes. Comme dans les autres centres, le profil des enrôlés est le même : ceux qui ne se sont jamais faits enrôler, ceux qui le font une à nouveau après avoir perdu leur carte d’électeur, ceux qui renouvellent leur acte parce qu’ils ont changé de ville, et probablement ceux qui par ignorance ou pour des besoins inavoués le font plus d’une fois. C’est justement pour revenir sur tous ces manquements et faire le point de l’opération dans son ensemble qu’une conférence de presse a été organisée à l’issue de la visite.

Les inscriptions multiples seront découvertes

Dans la salle de conférence de la mairie de Fada Me Barthélémy Kéré a été clair au sujet de ceux qui se font enrôler plusieurs fois, la duperie ne passera pas. Ils pourront avoir jusqu’à 50 cartes d’électeur mais ne seront inscrits qu’une seule fois sur la liste électorale précise t- il. L’explication : « Quand vous vous inscrivez on prend vos éléments d’information, mais on prend également votre photographie faciale et on prend l’ensemble de vos empreintes digitales. Si vous allez vous inscrire dans plusieurs endroits, lorsque nous seront dans l’opération que nous appelons le dé dédoublonnage, toutes vos empreintes digitales de ces 50 endroits vont venir s’empiler sur la même personne. Même si vous avez changé d’acte de naissance, il n’y a pas de doute vous allez être identifié et isolé. » Et selon le code électoral, poursuit- il, c’est la dernière inscription qui sera considérée. Ce d’autant que de façon pratique, les empreintes en s’empilant écrasent les précédentes.

Les difficultés souvent rencontrées au cours de cette visite ont pour nom dysfonctionnement d’accumulateurs de charge d’énergie et manque de locaux adéquats pour abriter les opérateurs de kits en raison des contraintes de l’année scolaire. Si le président de la CENI reconnait que les kits utilisés sont éprouvés et qu’il faudra envisager leur renouvellement, il assure que son institution « a entrepris les correctifs nécessaires, par exemple en doublant les accumulateurs de sorte à garantir leur fonctionnalité optimale, en sanctionnant ou en engageant les voies de droit nécessaires contre les personnes coupables d’actes de nature à porter atteinte à la sincérité du processus électoral »

Près de 500 000 enrôlés en attendant

Selon le commissaire de la CENI Adam Régis Zougmoré, depuis le début de cette opération dans la région il y a trois jours (elle a commencé le 28 avril), il y a eu au total 15 717 personnes inscrites. Cela sur les cinq provinces que sont le Gourma, la Gnagna, la Tapoa, le Kompienga et le Komondjari. Sans doute que ce chiffre se revu à la hausse à l’issue de l’opération le lundi 04 mai.

Au bilan d’ensemble de cette opération lancée le 03 mars dernier, l’on retiendra pour les quatre premières zones déjà couvertes (38 provinces), les nombres suivants d’électeurs enregistrés : 79 814 dans la région de la Boucle du Mouhoun, 31 082 dans la région des Cascades, 51 019 dans la région du Centre Nord, 53 350 dans la région du Centre Ouest, 32 543 dans la région du Centre Sud, 25 692 dans la région des Hauts- Bassins hors province du Houet, 57 638 dans la région du Nord, 18 367 dans la région du Plateau Central hors province du Ganzourgou, 56 346 dans la région du Sahel et 32 743 dans la région du Sud Ouest. Soit un total de 438 594 électeurs enregistrés. Me Kéré qui précise toutefois que ces chiffres sont livrés à l’état brut puisqu’ils « n’ont subi pour l’instant aucun traitement permettant de supprimer les multiples inscriptions éventuelles. »

Après cette zone, la dernière étape pour cette opération de révision exceptionnelle des listes électorales portera sur la zone 6 avec les provinces du Ganzourgou, du Kouritenga, du Kadiogo et du Houet. Ce sera du 12 au 18 mai. Après quoi commencera le traitement des données dans l’optique de la publication de la liste pour les élections du 11 octobre prochain. Rappelons qu’après le lancement de cette opération spéciale par le Président Michel Kafando le 03 mars dernier, 2 500 opérateurs de kits et aide- opérateurs et 200 superviseurs sont déployés sur le terrain. Le budget pour cette révision est estimé à 07 milliards de francs CFA.

Samuel Somda
Lefaso.net

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