Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
La traditionnelle marche-meeting à l’occasion du 1er mai – fête du travail- des organisations syndicales a bien eu lieu ce vendredi à Ouagadougou. Marche- meeting, discours et remise de plateforme revendicative minimale au ministre de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale ont meublé, dans la capitale, ce 109e anniversaire du massacre des ouvriers héroïques qui ont bravé les forces de répression pour exiger la journée de travail de 8 heures.
La mobilisation ce vendredi à Ouagadougou à l’occasion de la traditionnelle marche-meeting du 1er mai était peu moindre, comparée à l’année passée. Aucun leader politique ou de la société civile soutenant la transition n’a été vu à la Place de la Révolution. Mais, pour nombre de syndiqués, s’il y a une chose dont ils sont convaincus, c’est que les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats. « J’ai foi au syndicalisme et je reste convaincu que les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux organisations syndicales », a indiqué Moussa Diallo, militant de la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB). Son avis est fortement partagé par Sidiki Dramé, secrétaire général du syndicat national des travailleurs de l’informatique et de la communication (SYNATIC) qui soutient que : « le syndicalisme aura toujours de l’avenir parce que basé sur des convictions solides pour un mieux-être des populations. Contrairement à certaines organisations de la société civile qui sert souvent de sous-couvert pour un intérêt personnel ». De plus, notent des militants, le syndicat est très souvent confondu aux organisations de la société civile alors qu’il n’en est rien. Outre cette confusion, la moins grande mobilisation en ce 1er mai a été déplorée par les syndicats. « C’est tout simplement malheureux », remarque Moussa Diallo qui estime que la plupart des travailleurs ne cherchent pas du tout à comprendre l’essence de cette journée historique. Plutôt donc que de manifester pour une amélioration des conditions de vie et de travail, c’est rentrer dans les mœurs que le 1er mai est un jour de fête, de repos ou encore une occasion pour faire d’autres affaires. Qu’à cela ne tienne, ceux convaincue des idéaux du syndicalisme n’ont pas marchandé leur présence ce vendredi 1er mai. Dès 7h30, quelques-uns avaient investi la place de la révolution. Aux environs de 9 h, les responsables ont convergé vers la direction générale de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour remettre la plateforme revendicative minimale au ministre de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Augustin Loada, entouré par plusieurs de ses collègues. Après l’avoir reçue, le Professeur Loada a promis que cette plateforme sera examinée avec attention et le gouvernement de transition fera le maximum pour apporter les réponses possibles aux revendications. Puis s’en est suivie une marche avec pour itinéraire, le rond-point des Nations-Unies, l’avenue Kwamé N’Krumah, l’avenue de la Cathédrale, l’avenue Bassawarga. Près de deux heures de marche sous un soleil de plomb pour de meilleures conditions de vie et de travail. Le retour à la Place de la Révolution a été ponctué d’allocutions livrées par des responsables de syndicats.
Tant que le système capitaliste existera…
Le syndicalisme est né dans un contexte de lutte des classes. Sans pour autant faire le cours de l’histoire du Burkina, les responsables des syndicats n’ont pas pu s’empêcher de revenir sur les évènements d’octobre 2014 et le régime autoritaire de Blaise Compaoré qui aura duré 27 ans. Des rappels qu’ils jugent nécessaire afin de bien appréhender les enjeux du contexte du 1er mai qui est caractérisé par une montée des luttes sociales. Aussi, depuis l’insurrection populaire, des travailleurs ont mené de nombreuses luttes (Semafo, Cameg, canal3, Brakina…) que les autorités de la transition ont parfois qualifiées de luttes anarchiques, relève Georges Kouanda, président des centrales syndicales du mois. A cela s’ajoute, poursuit-il, les pratiques d’injustices sociales comme sous la 4e république avec des avantages exorbitants, etc. Le mouvement syndical rassure, une fois de plus, qu’il n’a pas l’intention de troubler la transition mais affirme toutefois que les préoccupations des travailleurs ne peuvent être mises en second plan sous prétexte que la mission principale de la transition est d’organiser les élections. « A-t-on besoin d’un gouvernement de 27 ministres pour organiser seulement des élections en 11 mois ? », lance Georges Kouanda. Naturellement, les manifestants rassemblés à la place de la nation répondent par la négative. La mobilisation et le suivi de l’évolution de la situation nationale en vue de faire face à toute tentative de remise en aussi des acquis de l’insurrection et des libertés démocratique et syndicales sont plus que jamais fondamentales, à en croire les responsables syndicaux. « Nous devons nous donner la main dans ce combat qui vaille, celui de la défense du bien-être du peuple », laisse entendre à ce propos le premier vice-président de la Coalition contre la vie chère (CCVC), Chrysogone Zougmoré.
Par ailleurs, les organisations syndicales disent constater avec beaucoup de regret que leurs cahiers de doléances 2013 n’ont pas reçu de réponses favorables de la part du gouvernement Tiao. Leur cahier de doléances de 2014 n’a toujours pas été examiné par le gouvernement, disent-ils. Idem leurs plates-formes revendicatives objets des grèves des 17 et 18 février, puis du 8 avril qui attendent toujours réponses favorables. C’est pourquoi, en attendant l’examen de la plate-forme 2014 comme le leur a promis le gouvernement, les centrales syndicales et syndicats autonomes du Faso a soumis la plate-forme minimale qui porte essentiellement sur l’amélioration des conditions de vie et de travail et sur la lutte contre l’impunité.
Amélioration des conditions de vie et de travail
Pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, les organisations syndicales posent les doléances suivantes :
1. La révision de la loi 013/98/AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique, de la grille salariale des agents publics de l’Etat et de la loi 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant Code du travail et de la loi 027 portant régime applicable aux agents des collectivités territoriales selon une échéance et un calendrier qui seront arrêtés de commun accord avec les syndicats ; application effective et extension des conventions déjà signées ;
2. La relecture consensuelle de l’arrêté conjoint n°2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève ;
3. La mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement relatifs d’une part au check off et son élargissement au privé et parapublic, d’autre part à l’organisation des élections professionnelles ;
4. La suppression de l’Impôt Unique sur les Traitements et Salaires (IUTS) sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et parapublics de l’Etat ;
5. Diminution significative des prix des hydrocarbures et des produits de grande consommation tels que le riz, l’huile, le savon, le sucre, et le contrôle de la qualité et des prix des produits ; suppression des monopoles de fait sur les produits d’importation tels que le riz et suppression de la COTECNA ;
6. Prise de mesures urgentes pour assurer la fourniture en électricité et en eau pour les populations ;
7. Création d’emplois décents et stables pour la jeunesse ;
8. Suspension du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans les Universités Publiques, en attendant de réunir les conditions de sa mise en œuvre. Augmentation du taux de l’aide et son élargissement à tous les cycles d’enseignement ;
9. Prise de mesures adéquates en matières d’infrastructures et d’équipements, de ressources humaines, de gestion des carrières du personnel, du contenu de l’enseignement dans le cadre du transfert du préscolaire et du post primaire ;
10. Prise de mesures urgentes en faveur des travailleurs ayant perdu leur emploi du fait de la destruction de leur entreprise lors de l’insurrection ;
11. Baisse des loyers des marchés et yaars
Doléances sur la lutte contre l’impunité
1. Mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré et François Compaoré et mise aux arrêts de toute personne impliquée dans les crimes de sang et crimes économiques ; Identification et saisie des biens et fonds détournés par les dignitaire du régime de Blaise Compaoré et prise sans délais de mesures nécessaires, en vue de recouvrer l’ensemble des fonds expatriés ;
2. Vérité et justice pour Norbert Zongo, Thomas Sankara, Boukary Dabo, les martyrs de l’insurrection et toutes les victimes de crimes de sang ; jugement et châtiment des auteurs et commanditaires de ces crimes et des crimes économiques, qui doivent être frappés d’indignité politique et électorale ;
3. Audit des opérations de lotissement ; jugement des auteurs de pillage du foncier ; retrait des parcelles spoliées et leur réattribution aux victimes et/ou aux citoyens dans le besoin. Diminution, réglementation et contrôle des prix des loyers ;
4. Dissolution du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) ;
5. Respect et élargissement des libertés individuelles et collectives : réintégration des travailleurs abusivement licenciés, abrogation du texte instituant les zones dites rouges.
Au total, ce sont 16 doléances que contient la plateforme revendicative minimale remise au ministre de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale.
Bassératou Kindo et Grégoire B. Bazié
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 1er mai 2015 à 21:11, par pazougnam En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Sur le point des lotissements, aucun audit ne peut permettre de voir clair dans ces opérations. Certes il y’a eu des deals mais vous trouverez que des gens qui ont plusieurs parcelles dans une zones ont dealé, alors qu’ils peuvent les avoir payées surtout avec les propriétaires terriens qui revendiquent beaucoup de parcelles et les revendent par la suite. L’idéal est de revenir aux opérations commando comme au temps du CNR où les attributions se faisaient sur le terrain.
2. Le 2 mai 2015 à 11:30, par Le Citoyen En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Quelle idée bête et saugrenue que de comparer ou d’opposer OSC et Syndicats !!! Pour des commentaires dans l’environnement d’un 1er Mai, c’est ridicule et même idiot !!!
3. Le 2 mai 2015 à 12:00, par yeri-youblo En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Cessons l’hypocrisie et soyons sérieux .si la vie est chère tout le monde sait pourquoi elle est chère . Chacun veut vivre au dessus de ses moyens. Le fonctionnaire veut faire le commerce avec comme fonds de commerce la corruption . Les syndicats feraient mieux de lutter contre la corruption et la fraude et les dirigeants de fesser de piller le peu qui rentre dans les caisses de l’état et d’arreter de détourner l’aide que nos exploitants nous accorde . Un fonctionnaire avec un salaire qu’on connait tous au Faso, qui roule en voiture , dort dans une villa, ses enfants vont a l’école chacun sur une mobylette et on se plaint de le cherté de la vie. Abaah , ne nous ridiculisons pas ´.
4. Le 2 mai 2015 à 14:06, par wuroyiretian En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Du four-tout, un véritable cocktail ou capharnaüm ! Le 1er responsable de l’amélioration des conditions de vie et de travail c’est le TRAVAIL : Travailler dure ! Voyez par exemple les orpailleurs, les paysans traditionnels : Si tu veux être à l’aise dans ton travail (matériellement) et être riche, il n’y a qu’à travailler et durement !
Si vous trouvez que vos employeurs vous traitent mal, démissionnez et créer votre propre entreprise !
L’Etat a trop de bouches à nourrir !
5. Le 2 mai 2015 à 14:42, par tianfodougou En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Le cas des parcelles est trop complexe. Des parcelles ont été vendues par des maires à des millions de francs et sur sur l’attestation d’attribution c’est des milliers de francs qui sont reportés dessus . Qui a empoché les millions ? Il en est de même chez les agents des domaines qui s’occupaient des lotissements à travers tout le Burkina , ils possèdent des parcelles avec des numéros fictifs et passent par des intermédiaires ou eux même pour les revendre . Regardez leur niveau de vie et les maisons qu’ils construisent . Aucun audit ne peut résoudre ce résoudre mais des enquêtes peuvent être menées sur les maires et les agents des domaines qui étaient sur le terrain pour qu’ ils paient leurs forfaits . Mais, que les dignitaires qui ont pillé donnent l’exemple.
6. Le 2 mai 2015 à 16:12, par zapata En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Les revendications sont pertinentes. Mais c’est Tôle Sa non qui a terni l’image du syndicat encouvrant sans le savoir la forfaiture de Blaise Compaore. Le syndicat a clairement décline l’offre du peuple qui était de bouter Blaise a la porte. De ce fait, le syndicat est maintenant a la recherche de ses repères. Sachez désormais rentrer dans l’histoire.
7. Le 2 mai 2015 à 19:39, par Lustre En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Nous ne vous demandons pas de devenir des vedettes, mais simplement de defendre les droits et les interets des travalleurs
8. Le 2 mai 2015 à 20:19, par Bakus En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Justice et vérité également pour Nézien Badenbié, Somé Yorian Gabriel, Fidèl Djébré, Commandant Sawadogo, Capitaine Sayogo, ...... et j’en oublie.
9. Le 3 mai 2015 à 00:01, par abdoul karim En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
les syndicats sont jaloux du succès des OSC ?vous n’avez pas honte.que vous ont fait les OSC ?Sont-elles coupables de l’échec de la mobilisation ?les syndicats ont manqué a l’appel les 30 et 31 octobre 2014,est ce que les OSC en ont fait cas ? arrêter votre sorcellerie
10. Le 3 mai 2015 à 12:40, par Le citoyen En réponse à : Marche-meeting du 1er mai : « Les organisations de la société civile ne raviront pas la vedette aux syndicats »
Après avoir lu certains, je me pose la question : qui a relevé les identités des manifestant du 30 et 31 octobre sur toute l’étendue du territoire ? je crois que personne !!! Parmi ces manifestants il y avait bel et bien des travailleurs. Et c’est ces travailleurs qui ont contribuer à grossir les rangs des manifestants ces jours là qui constituent en meme temps les militants des différents syndicats que vous rejetter aujourd’hui !! Evitons d’affirmer gratuitement ce dont on n’est pas sur.