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Côte d’Ivoire, Guinée :La démocratie plombée

Publié le jeudi 4 décembre 2003 à 11h05min

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Alors que le discours à la Nation du président ivoirien avait quelque peu rassuré ses compatriotes, les "événements" de Mbayakro sont venus plonger le pays dans la psychose et la logique de guerre. En Guinée cependant, le général Lansana Conté a choisi de "s’asseoir" sur la démocratie par l’adoption de lois scélérates. Deux pays, un destin commun : la "mal-démocratie".

Les intentions du camp présidentiel sont désormais claires en Côte d’Ivoire. Il ne s’agit ni plus ni moins que de "bouter" les rebelles hors de Côte d’Ivoire et de rétablir l’unité du pays par la force. Cette option qui était celle du président Gbagho dès le 20 septembre 2002, à son retour précipité d’Italie ne s’est jamais démentie, malgré les louvoiements, les atermoiements si ce ne sont les reniements dont le régime ivoirien s’est rendu maître depuis le déclenchement de la crise.

On a souvenance que Laurent Gbagbo avait à l’époque, clamé haut et fort qu’il ferait descendre le "feu du ciel" (sic) sur la tête des rebelles et de leurs alliés du Nord. Il avait dû réviser sa position devant la "déliquescence" de l’armée ivoirienne et l’interposition des troupes françaises entre les belligérants. Mais, depuis son réarmement massif il se sent prêt à en découdre. Ses propos sibyllins ne convainquent plus que les enfants de chœur, car, au plus profond de lui-même, Gbagbo a une sainte horreur des rebelles.

De même, lui et ses "patriotes" n’entendent plus subir le "diktat" de la France, ce que Blé Goudé et ses troupes font savoir quotidiennement à celle-ci. La Côte d’Ivoire est donc bel et bien dans une logique de guerre, laquelle traduit le refus de la démocratie. Refus de la démocratie, parce que depuis 1993, le pays n’a pas véritablement expérimenté ce système, plongé qu’il est dans des contradictions socio-économiques qui ont gangrené la sphère politique.

Conté fait de la résistance

Après l’élection "calamiteuse" de Laurent Gbagbo en octobre 2000 (dixit lui-même) ces contradictions ont culminé pour "tourner" à la guerre civile, nourries par la haine et la xénophobie qui s’accentuaient dans le pays. C’est le même refus de la démocratie qui a grippé le système politique guinéen. Lansana Conté, auquel le bon sens et la raison commandaient de se retirer des affaires, a préféré verrouiller le système en écartant ses adversaires les plus dangereux. Face à lui, un inconnu.

Quant aux poids lourds de l’opposition, ils ont préféré se retirer de cette mascarade, et en appellent de plus en plus ouvertement au putsch. Conté, ce vieux général issu du régime monopartisan et autoritaire de Sékou Touré, ne s’est depuis pas départi de la pensée unique. Adepte de la démocratie sur mesure dans laquelle les résultats sont connus à l’avance, Conté n’a que faire de l’incertitude d’un scrutin transparent et équitable.

Tout cela a le don d’exacerber les tensions sociopolitiques et de susciter le "repli identitaire, les autres ethnies finissant par se convaincre qu’elles sont écartées du partage du gâteau. Et, comme la Guinée a suffisamment de ressources pour faire la "nique" aux bailleurs de fonds occidentaux, le vieux général peut se permettre des incartades verbales à leur encontre, sans préjudice grave pour son pays.

Démocratie de façade en Côte d’Ivoire, démocratie sur mesure en Guinée, deux "cas d’école" illustratifs de la mal-gouvernance politique en Afrique. Et comme cela se traduit aussi par un désordre au plan économique, on ne peut que conclure avec Axelle Kabon, que l’Afrique refuse le développement. Mais si longue que soit la nuit, l’aube poindra.

Boubakar SY

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