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Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »

Publié le jeudi 30 avril 2015 à 00h55min

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Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »

Il est aussi technicien supérieur d’élevage, en service à Bobo-Dioulasso. Connu comme le « maître incontesté du Tianhoun », instrument de musique traditionnel en pays Bwaba, ce descendant de musiciens a un style qui lui est propre. Il a séduit et continue de séduire par cet instrument perçu comme authentique, original, unique et simple. Bakary Dembélé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est bien un artiste accompli. Plus connu sur l’échiquier international que sur les scènes nationales, le Lauréat du Prix Découverte RFI en 1985 est aussi une figure de la période Révolutionnaire grâce à ses titres et à cet instrument musical, le « Tianhoun ».

A César, ce qui est à César, dira-t-on. Il faut rendre à Bakary Dembélé, tout le mérite de la promotion de cet instrument de musique, le « Tianhoun ». C’est cela aussi qui fait l’originalité et la particularité de style musical. Cet instrument qu’il associe avec dextérité aux Balafons, flûtes, violon, djembés (tam-tam), donne un genre musical vu par des spécialistes comme oscillant entre le jazz et la world music, sans perdre pour autant ses bases burkinabè, Bwaba. Griot d’origine, Bakary Dembélé, est d’un père artiste burkinabè. Inspiré par la musique traditionnelle, il a réussi à adapter avec succès, son genre à la musique moderne. Ce qui lui vaut aujourd’hui de nombreux déplacements en Afrique et hors du continent.

« La musique pour moi, c’est depuis le battement de mon cœur. C’est inné », fait-il mesurer son engagement. Née prédisposé à la chanson, Bakary Dembélé fait partie de ces artistes qui ont plus de côtes à l’international qu’au plan interne.

Pourtant, ses débuts dans l’apprentissage de cet instrument propre à l’ethnie Bwaba ne sont pas sans lui rappeler des moments difficiles. Du fait de sa non-maîtrise du « Tianhoun », il était devenu en quelque sorte la risée de ses amis.

C’est dans cet environnement qu’il sera appelé à servir à Tenkodogo, en 1980, comme agent technique d’élevage. Là, il se retrouve dépaysé dans cette partie du pays (Centre-est). Il profite de ce « vide » pour en faire un moment studieux d’apprentissage intense du « Tianhoun ». Il a encore en mémoire qu’il jouait tous les soirs au « Tianhoun », parfois, de 20h à 5 h du matin. Cette verve à la maîtrise de cet instrument auquel il s’identifie, était donc un défi. Défi majeur d’autant qu’il est d’une famille de griots. L’ardeur au travail va lui permettre d’enregistrer en novembre 1982, son premier opus. Surprenant ainsi son village, Sanaba (province des Banwa). En fin 1982, il est repéré à la radio nationale du Burkina et sa chanson y est jouée sans cesse. Il s’impose aux manifestations populaires et solennelles, comme l’artiste le plus adulé.

Lauréat du Prix Découverte RFI en 1985

En 1985, Bakary Dembélé (bakarydembele 12@yahoo.fr) est Lauréat du célèbre « Prix découverte RFI » parmi 500 candidats. Une étape importante venait de s’annoncer dans la vie de l’artiste, surtout à l’international. Ainsi, plusieurs festivals internationaux de renommée le sollicitent. Il garde toujours l’image de ses premiers pas de cette internationalisation à travers son passage en Russie en 1986.

Sept albums à son actif parmi lesquels, « Warayisé » sorti en 1986 sous la Révolution démocratique et populaire. Titre qui sera appelé « musique du Burkina » par les populations. Mieux, on lui attribue le surnom « Warayisé » qui signifie en langue nationale Bwaba, « la bagarre n’est pas bien », un surnom qu’il dit acquiescer avec fierté.

L’artiste ne voile pas son rêve de porter très haut le flambeau de la musique burkinabè, en lui dotant d’une identité. Il estime que le « Tianhoun » est la « carte d’identité » de la musique du Burkina. Fort du constat que de tous les instruments locaux de musique, le « Tianhoun » est le ‘’seul’’ à ne pas avoir de « rival », d’équivalent dans les autres pays. Le « Tianhoun » reste comme « un instrument magique et propre au Burkina ». C’est pourquoi, a-t-il en perspective de travailler à en faire un patrimoine culturel national, une identité de la musique burkinabè.

L’avenir du « Tianhoun », un combat à mener

Bientôt à la retraite, Bakary Dembélé envisage mettre en place un petit groupe artistique pour la promotion de cette sonorité originale. D’abord à l’intérieur du pays puis, sur l’échiquier international. Des projets dans cette perspective, il dit les avoir maintes fois déposés…, surtout auprès du PSIC (Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées), mais sans succès.

Qu’à cela ne tienne, l’artiste ne démord pas, car convaincu que la culture de façon générale, la musique en particulier, fait l’identité d’un peuple et le « Burkina mérite bien cette identité musicale maintenant ». Il souhaite vivement que ne meurt pas cet instrument, le « Tianhoun », et que partout dans le monde où l’on entendra cette sonorité, on sache qu’il vient du Burkina.

L’artiste souhaite vivement donc que les autorités prennent en compte la musique burkinabè à travers une véritable politique qui encourage beaucoup la musique traditionnelle. Il note, certes, une importante avancée dans la musique burkinabè mais, note-t-il que beaucoup reste encore à faire.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

Bref aperçu du « Tianhoun »

En bref, le « Tianhoun » est un instrument musical du pays « Bwaba ». Il est entièrement confectionné à base de tiges de paille tissées entre elles par du fil. Ces tiges sont ensuite déchirées pour obtenir des lames ; lesquelles sont bandées en leur milieu par des lacets de néré. Chaque corde possède à son extrémité une réglette qui permet de l’accorder.

Les bâtonnets tissés sur la face dorsale servent de support. Une véritable combinaison bien harmonisée qui laisse échapper un rythme authentique, agréable et unique à son genre.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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