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Discours sur une Union Africaine forte : l’école et la démocratie, de puissants catalyseurs

Publié le mardi 28 avril 2015 à 22h27min

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La culture des attitudes démocratiques chez le citoyen africain dans les actes quotidiens, sont indispensables pour pacifier les relations politiques, limiter les crises de succession au sommet des Etats et parvenir à la création des ETATS-UNIS D’AFRIQUE. Sans Etats stables et paisibles, tournés sur les questions réelles de développement, aucune Union africaine n’est possible. Avec une telle banalisation, toute attitude antidémocratique de l’individu ou ingérence de nations étrangères, se voit vite étouffée dans l’œuf, soit par le voisinage direct, soit par la conscience collective intra-africaine.

Les économistes conviendront de l’avantage comparatif certain de cette démarche, en ce sens que le peuple ne serait plus obligé de passer toujours par des protestations violentes - trop onéreuses pour le trésor public -, pour rectifier le tir démocratique, suite à des frustrations, longtemps accumulées. C’est aussi un moyen efficace, contribuant à limiter les scènes conflictuelles meurtrières sur notre beau continent. Les démocrates sont certes satisfaits de l’Insurrection populaire d’Octobre 2014 au Burkina Faso, mais ils savent aussi que le bilan des pertes est lourd. Une trentaine de morts, c’est beaucoup. En plus, il faut compter les nombreux blessés et handicaps définitifs, les pertes d’emplois et les dégâts matériels chiffrés à plusieurs milliards.

Certaines opinions pessimistes pourraient objecter à une telle démarche, arguant du mutisme des leaders politiques. D’autres pourront renchérir, en mettant en cause nos cultures africaines, présentées souvent comme incompatibles avec la démocratie, et plus disposées à la chefferie traditionnelle (royauté). Du coup, elles contribuent à occulter les formes extrêmes de royauté de droit divin sous l’absolutisme que l’Europe connut. Aussi, convient-il de rappeler, que tous nos maux sont souvent rattachés à l’analphabétisme, quelques fois même à tort !

A tort, parce que ce sont bien les instruits qui détiennent plutôt les rênes du pouvoir depuis des décennies, donc assumant la lourde responsabilité de conduire les peuples vers des destins nationaux plus heureux… Et si l’on osait un seul jour, imputer le sous-développement de l’Afrique au contraire, à l’inconséquence de son peuple d’instruits et de ses diplômés. Peut-être que cette mise a l’index créera un grand sursaut salvateur. Le fait même de consacrer ici, quelques lignes à pareille réflexion, signifierait d’une part, l’existence de volontés de changements, d’autre part, l’existence d’enclaves d’exceptions et de résistances. Les arguments ne manquent pas du tout pour soutenir ces thèses. Pour s’en convaincre, il suffit de porter un regard attentif sur la déliquescence de nos universités publiques, y compris sur le plan social. Il apparaît claire que la charge de cette détérioration n’incombe pas aux seuls pouvoirs politiques...
Nos vaillants concitoyens des campagnes, qui nous nourrissent de leurs agricultures, sont très souvent taxés abusivement d’analphabètes, suivant une connotation qui semble leur extirper le crédit de tout bon sens. A plusieurs titres, ces préjugés servent de support et de prétexte à une démission collective des politiques et des grands clercs, face à l’impératif d’inventer des supports didactiques adaptés à ce milieu.

Je ne crois pas du tout à une Union africaine solide, où les bénéficiaires seraient immédiatement ceux-là mêmes qui en auraient fait la promotion. L’Union africaine, pour qu’elle soit une réalité influente, nécessite le consentement de sacrifices énormes de la part des leaders africains - entre autres, la renonciation à une part du leadership national... Et les principaux bénéficiaires seront surtout nos enfants ou mieux encore, les générations futures. Notre génération présente aura surtout pour motif de jouissance immédiate, le respect, la fierté de conduire ce projet et d’en assumer conjointement la paternité, aux côtés d’illustres pères panafricanistes de l’indépendance totale des Etats africains.
Sans ce sacrifice citoyen, nous condamnons déjà ces futures générations à connaître un destin encore pire que le nôtre ! La responsabilité et la charge morale d’une telle démission individuelle et collective, pèseraient d’un poids très lourd dans l’Histoire ! Cela pourrait signifier peu, si l’on s’encroûte dans la définition scolaire de celle-ci, entendue comme « le récit des faits du passé ». Par contre, ce devoir serait pris plus au sérieux et aurait signifié beaucoup, si l’Histoire est considérée comme un Long Rouleau® consignant les responsabilités et le journal de différentes générations.

En rappel, l’Union Européenne ne s’est pas construite en un jour. Il a fallu de l’audace de la part de certaines volontés fortes, vision perçue à l’origine par une majorité pessimiste, dès les années 1930, comme une gageure. Il se recrutait même parmi les grandes personnalités de pays Européens, des contestataires et torpilleurs proclamés. Ce rappel utile, est en effet, une façon de souligner notre haute conscience de l’immensité des offensives à déployer, des résistances et des tâches à accomplir, pour la construction des États-Unis d’Afrique...
La vulgarisation de la démocratie aura pour avantage pour le projet panafricaniste, de transcender les spécificités locales et culturelles nationales. L’abolition de ces barrières locales, par l’adoption d’une culture citoyenne démocratique à l’échelle continentale, impulsée par l’école, est en soi même, l’expression de l’Union africaine à l’étape primaire…

Cette culture démocratique viendra à titre politique et culturel, consolider davantage cette Union esquissée depuis quelques temps déjà, via les moyens et réseaux modernes de transport et de communication, notamment les TIC (radio, TV, internet, téléphonie fixe et mobile, supports numériques, etc.).
Vu l’avènement récent de ces moyens technologiques, doit-on conclure hâtivement que notre continent ne fût pas uni de par le passé ? Question complexe, renvoyant cependant au moins à une certitude historique. En effet, le tracé colonial des contours des territoires d’Etats africains au moyen d’une équerre scolaire, - réalité frappant l’esprit au premier coup d’œil sur les cartes politiques d’Afrique présentant les frontières Mali – Algérie - Sénégal – Mauritanie – Niger, etc. -, suffit à témoigner de la lourde part de responsabilité du contact Occident-Afrique et de son influence dans le relâchement de liens africains anciens, et dans la balkanisation socioculturelle et politique de notre cher continent, hier et encore aujourd’hui...
Pour que la jeune génération africaine ait plus de chance d’expérimenter des démocraties plus apaisées au bout des deux prochaines décennies afin d’impulser l’Union africaine, je postule pour l’enseignement de celle-ci, du droit et de la citoyenneté dès l’école primaire sans plus attendre ! Il faut bien que cela commence un jour... Un enfant qui grandit avec les valeurs d’Union continentale, de la démocratie, de la citoyenneté et du droit, gravées sur le disque dur de son subconscient, est porté naturellement à s’y référer sans peine aucune.
Les Ministères en charge de l’Education nationale, de l’Enseignement secondaire, de la justice et de la promotion civique et de la culture, sont ainsi interpelés pour jouer à ce titre leurs partitions. C’est une observation que les « Etats généraux » tenus récemment sur la justice burkinabé, pourraient considérer au titre de contribution post-scriptum.

A titre illustratif, des élèves habitués à l’alternance de chefs de classe au cours de la même année académique, seront portés naturellement à accepter cet exercice qui s’est révélé être une véritable épreuve infernale de terme de mandat avec le régime déchu...
Il est évident que la question de l’Union africaine déchaîne des débats. Mais au fond, quelle est cette réflexion qui se veut scientifique et d’intérêt social, politique, culturel, et située de surcroît, au centre d’enjeux futuristes, économiques et internationaux, qui pourrait se passer de tels débats ? Difficile d’anticiper sur ces réactions qui sont souhaitables d’ailleurs ; mais il est clair aussi, qu’en seulement quelques lignes, il est tout aussi délicat d’exposer certains arguments sur cet important projet...
La Génération Consciente d’ici, entend assumer sa part de responsabilité dans la réalisation de cet ambitieux projet d’Union africaine forte. Elle fait sienne, en collaboration avec tous les panafricanistes motivés et d’autres Comités d’Etats africains, le défi de faire des ETATS-UNIS D’AFRIQUE, une réalité en l’espace d’une génération.

Ouagadougou, le 26 avril 2015.
Idrissa Diarra
Géographe, politologue.
Membre-fondateur du Mouvement de la
Génération Consciente du Faso (MGC/Faso).
Mobile : (+226) 66 95 04 90
Courriel : diarra.idrissa@rocketmail.com

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