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Coût de la vie au Niger : une sérieuse alerte

Publié le jeudi 24 mars 2005 à 08h46min

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En dépit de l’interdiction des autorités nigériennes de manifester, le mardi 22 mars 2005, la « Coalition contre la vie chère au Niger » a lancé un mot d’ordre de grève générale assorti d’une opération « Ville morte ».

Pour dire non à la flambée des prix des produits de première nécessité engendrée par la loi de finances 2005, instituant une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19%.

Créée en janvier dernier et constituée d’une trentaine d’associations locales de consommateurs, d’organisations des droits humains et de syndicats, la Coalition peut se réjouir, et pour cause :

l’appel qu’elle a lancé pour l’observation de la journée nationale « Ville morte » a été très bien suivi mardi dernier à Niamey et à Zinder, localité de l’est de la capitale.

Tous les secteurs d’activités sont restés paralysés. Le fonctionnement des banques, assurances, grosses sociétés, régies financières dont la douane, des centres de soins, des hôpitaux... a été entravé.

Issa Kassoum, le coordinateur national de la Coordination démocratique de la société civile du Niger (CDSCN), également secrétaire général du principal syndicat enseignant du pays, le SNEN (Syndicat national des enseignants du Niger), s’en est félicité.

Les forces de l’ordre, qui ont été mobilisées pour intimider les populations, n’ont pu faire que de provoquer des heurts à Zinder, comme ce fut le cas lors d’une précédente manifestation, une marche suivie d’un rassemblement, organisée le 15 mars passé pour les mêmes motifs, et qui avait conduit à l’arrestation d’une quarantaine de personnes dont un dirigeant de la Coalition.

Ces personnes ont été inculpées le 19 mars courant. On les accuse de « complicité, dégradation de biens publics et violences et voies de faits ».

Après ce grand coup de la Coalition, la vie, selon Reuter, a repris son cours normal hier mercredi à Niamey. Les organisations de la société civile, par leur mouvement, exigent des autorités nigériennes l’abrogation pure et simple de la loi de finances 2005.

Vu le tort que l’opération a pu causer à l’économie du Niger, il est à souhaiter la résolution rapide du problème, avant qu’il ne prenne une tournure plus malheureuse qui pourrait occasionner des conséquences désastreuses.

Il y va de l’avenir même de la jeune démocratie au pays de Mamadou Tandja. L’instauration d’un dialogue sain entre les différents protagonistes est donc indispensable pour éviter, comme l’ont déjà fait remarquer certains observateurs de la scène politique, « une fracture sociale ».

Pour un pays pauvre comme le Niger, où l’insécurité alimentaire est une réalité, il est urgent de trouver une issue heureuse à la crise, pour épargner aux populations des souffrances inutiles.

Certains responsables de la Coalition prônent un maintien de la pression face à l’indifférence du gouvernement, qui avait, dès la veille de la journée « Ville morte », déclaré qu’il ne reculerait pas.

Ce qui est arrivé chez nos voisins nigériens s’avère une alerte sérieuse que la Coalition a donnée en direction du gouvernement, et l’opposition a saisi tout de suite la balle au bond.

En effet, elle a sans détour soutenu qu’il serait « suicidaire » pour les autorités de ne pas prendre en compte le mécontentement du peuple. C’est ni plus ni moins une récupération politique, mais deux manifestations de la société civile en une semaine, avouons que c’est inquiétant.

Au-delà du Niger, la manifestation de la CDSCN sonne comme un avertissement pour ceux qui nous gouvernent. Comme un appel à prendre en compte les préoccupations du plus grand nombre, condamné le plus souvent à payer le plus lourd tribut. Au Burkina, les autorités ont déjà eu leur part.

Elles savent bien que monsieur tout le monde n’est pas content. La grève suivie de marche du 4 février 2005 en est l’illustration.

Pour des gens qui ne voient presque jamais la couleur d’une facture d’eau ou d’électricité, il serait sage de se mettre à la place du citoyen lambda, pour mesurer l’importance de la question du pouvoir d’achat, afin d’éviter les dérives causées par certaines prises de décisions. Ce serait un grand bien qu’on a rendu à son peuple et à soi-même.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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