Déclarations de la liste des biens des membres du gouvernement de la Transition : le retour de l’intégrité au Faso ?
Il y a de cela quelques jours, les membres du gouvernement de la transition, à la suite du Professeur Luc Marius Ibriga, ont déclaré publiquement leurs biens. Cette initiative s’affiche dans le sens de la transparence et de la révolution d’octobre 2014. L’esprit est très noble et est à féliciter car c’est un pas en avant vers la bonne gouvernance. S’inscrit-elle dans le sens de l’intégrité et un renouement avec les idées si chères au père de la révolution burkinabè Thomas Sankara ?
« La patrie ou la mort, nous vaincrons », tel était l’un des refrains de la jeunesse burkinabè et des politiciens lors de l’insurrection populaire des 30-31 octobre 2014. Devons-nous nous arrêter au sens premier des mots ou aller au-delà ? Comme le dit l’adage, « la parole est moins chère et les actions parlent plus haut que les mots. »
Le gouvernement de transition, émanation du peuple a eu pour principal défi d’assurer la continuité de l’Etat en empêchant les institutions de s’effondrer et d’ouvrir le chemin à un pouvoir élu. Les récentes déclarations de biens des membres de ce gouvernement sont-elles un signal vers d’autres lois en cours pour l’examen des candidatures des potentiels candidats à la magistrature suprême et à l’hémicycle ou est-ce juste un pas vers l’application stricte de la nouvelle loi anti-corruption au cours des élections prochaines ? Et cela face à l’esprit grandissant de la population qui appelle à une opération « mains propres » ?
Certains pourraient penser que l’exemple de déclaration des biens des membres du gouvernement de transition doit être étendu aux prétendants au fauteuil doré de Kosyam et élargi de façon plus détaillée y compris la déclaration des biens aux membres de la famille proche des différents candidats.
Si j’étais candidat dans le contexte actuel de transparence, j’aurais…
Une révolution appelle à un changement radical d’un système qui ne répondait pas aux aspirations des révolutionnaires. Dans le contexte actuel, si j’étais candidat, et pour courtiser la voix des électeurs, je bondirai sur l’opportunité pour me détacher du passé prérévolutionnaire. Je parlerais de ma carrière politique et/ou sociale. Je démontrerais au peuple Burkinabè que ma lutte a toujours été dans le sens de l’intégrité et que je me suis toujours placé du côté des plus faibles. Je mettrais à la disposition du jugement populaire la liste de mes biens ces cinq dernières années y compris les dons majeurs reçus et transferts et je soumettrai ce même test à mon conjoint (e) et à mes enfants car les fortunes peuvent parfois être dissimulées et éparpillées au sein de la famille immédiate. Dans ce sens, je pourrais sainement montrer au peuple burkinabè que si j’ai occupé des postes d’Etat dans le passé, c’était pour me mettre au service du peuple avec le peuple et pour le peuple sans chercher à m’enrichir de manière illicite et pour être un exemple pour le burkinabè moyen ; j’inviterais mes concurrents à en faire autant.
Je me refuse à croire aux accusations contre nos politiciens sur leur gestion des deniers publics, car un patriote ne se laisserait pas tenté par les biens que lui confie son peuple, surtout dans un pays aux ressources très limitées comme le Burkina Faso. Néanmoins, étant un ambassadeur de la transparence, j’ai toujours nourri l’opportunité d’être éclairé, surtout dans ce contexte post-insurrection où nos gouvernants sont soumis à un observatoire public.
Pas de procès contre la richesse, ni contre les riches ?
Quand j’étais plus jeune, le plus riche Burkinabè à l’époque était Feu Oumarou Kanazoé (paix à son âme). A cette époque, la rumeur qui courait était que M. Kanazoé a débuté ses activités par la vente de colas et par son dur labeur et grâce aux opportunités de son temps, il a pu fructifier sa fortune et même après lui, l’empire qu’il a créé continue d’employer des centaines et peut-être des milliers de Burkinabè et contribue à l’économie du pays. Si Oumarou Kanazoé a pu le faire, chaque Burkinabè a le droit de rêver à la fortune avec bien sûr son dur labeur et son dynamisme et ce qui doit l’accompagner sont les règles égales de libre marché et de compétition établies pour tous et respectées par tous comme le recommanderaient certains économistes contemporains.
De plus, dans l’administration publique ou dans le secteur privé, il y a surement des fonctionnaires qui par des activités secondaires essayent d’aspirer à une situation plus confortable. Il n’y a donc pas de problème à être riche même dans un pays sous développé comme le nôtre.
A quoi devrait ressembler le visage du gouvernant post insurrection ?
Nous respectons et honorons tous ceux qui se lancent en politique car la cause « explicite » est noble : trouver des solutions adéquates aux problèmes que vivent nos sociétés. Dans mon enfance, une phrase dans un documentaire sur la santé au Burkina Faso avait capté mon attention : 1 million de franc CFA peut sauver une vie burkinabè. Je souhaiterais retourner la question aux politiciens et leur demander combien de vies ont-ils sauvé par leurs actions de gouvernance et de lutte contre la corruption dans leur quotidien ? Le gouvernant post insurrection a le devoir de communication et d’action coordonnée avec le peuple burkinabè dans sa gestion du patrimoine de l’Etat.
Que doivent comprendre le peuple burkinabè et les politiciens par « La patrie ou la mort, nous vaincrons »
L’héritage le plus précieux que le président Thomas Sankara a laissé au peuple Burkinabè est son exemple d’intégrité ; héritage qui devrait être source d’une prospérité durable. Nous évoquons tout le temps Thomas Sankara et ses célèbres citations, mais incarnons nous toujours ces valeurs d’intégrité dans nos vies quotidiennes ?
La révolution d’octobre 2014 doit bien se terminer sinon le Burkina Faso risque de passer dans une série de révolutions sans vraiment aborder le vrai problème de l’intégrité. Le risque alors est le transfert de nos maux aux générations futures. L’exercice actuel du peuple burkinabè consiste à faire émerger le Burkinabè intègre en accord avec la vision du peuple sur la gestion des deniers publics et ses actions passées. Il sera porté en apothéose par le peuple au trône de Kosyam.
Et tous ensemble, soit nous renouons avec l’intégrité et la dignité ; à défaut, il faudra sûrement rebaptiser le Burkina Faso.
Dakissé Tiendrebéogo, CPA
Citoyen Burkinabè
Vos commentaires
1. Le 25 avril 2015 à 17:54, par la ptite politicienne En réponse à : Déclarations de la liste des biens des membres du gouvernement de la Transition : le retour de l’intégrité au Faso ?
Cette bonne analyse est claire, précise et doit reveiller le sens critique de tout un chacun.
2. Le 25 avril 2015 à 21:31 En réponse à : Déclarations de la liste des biens des membres du gouvernement de la Transition : le retour de l’intégrité au Faso ?
si nous nous engageons dans l’integrite, nous assurerons une vie digne et decente a tous et a chacun. notre pays pourra ainsi decoller. alors prenons des lois qui nous garantissent des dirigeants integres qui ne seront pas occupe a feter leurs millards comme on l’a vu dans ce.pays parmi les plus pauvres de la planète
3. Le 26 avril 2015 à 13:37, par Moustapha En réponse à : Déclarations de la liste des biens des membres du gouvernement de la Transition : le retour de l’intégrité au Faso ?
Tres bonne initiative, mais cela laisse parraitre un travail inachevé.Tous les membres du government document a l appuis ,prouver obligatoirement la provenance des ses biens.A commenter par le president par interim.L integrite a moitie n est pas acceptable .des villas de plus de 100 millions de cfa pour un travailler honnete burkinabe qui ne vient pas d une famille riche ,ne courant pas les rues. Soyont serieux, ne vous foutez de l intelligence des burkinabe .
4. Le 27 avril 2015 à 08:59, par vision 2015 En réponse à : Déclarations de la liste des biens des membres du gouvernement de la Transition : le retour de l’intégrité au Faso ?
A Quand la déclaration des biens des autres responsables : les Directeurs régionaux, les gouverneurs, les Hauts commissaires, les Médecins Chefs de District ????
5. Le 27 avril 2015 à 19:53, par kiswendsida Parkouda En réponse à : Déclarations de la liste des biens des membres du gouvernement de la Transition : le retour de l’intégrité au Faso ?
Pour ne pas croire aux accusations contre nos politiciens sur leur gestion des deniers publics, il faut avoir la conviction qu’ils sont des patriotes, et cette conviction se fait savoir par leur train de vie. Difficil de ne pas croire cela d’un maire, ministre, deputer, directeur ou qui sais je encore, qui fete des milliards, qui ont des immeubles et villas un peu partout, qui roule la meme voiture qu’un milliardaire Americain, et j’en passe. Certe, la cause explicite de la politique est noble.....mais quelle est la cause IMPLICITE ? C’est bien cela qui differencie les politiciens. Oui il ya ce que la politic veux et il ya ce que le politicien veux. C’est la que pourait ce poser un problem de "conflit d’interet" et c’est exactement le problem de nombreux de nos politiciens. Oui renouer avec l’integrité et la dignité est ce que le Burkina nouveau a besoin, mais je me pose toujours la question, ya t-il un seul Thomas Sankara to take the lead ? Ya t-il un seul qui donneras sa vie par amour pour le pays des hommes integres ? Je prie et j’espere !!!!!! Dieu benisse la jeunesse burkinabé et tous ses habitants.
6. Le 28 avril 2015 à 09:33, par Cephas En réponse à : Déclarations de la liste des biens des membres du gouvernement de la Transition : le retour de l’intégrité au Faso ?
Contribution sobre mais riche.
Le problème c’est que beaucoup de gens se reclament des valeurs de Thomas Sankara malheureusement le tube digestif fait pencher la balance vers la compaorose.
La lutte doit continuer pour que lon parvienne à une société où chacun sera plus enclin à édifier la nation qu’à se faire un grenier pour sa panse