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Lutte traditionnelle : Pankélé, désormais un rendez-vous incontournable des lutteurs

Publié le mardi 21 avril 2015 à 02h30min

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Lutte traditionnelle : Pankélé, désormais un rendez-vous incontournable des lutteurs

Pankélé. Village situé à une dizaine de kilomètres de Toma, chef-lieu de la province du Nayala. C’est là que des dizaines de lutteurs, venus de plusieurs provinces du Burkina se sont donné rendez-vous les 17 et 18 avril 2015. Ce, à l’occasion de la 7e édition du tournoi de lutte traditionnelle organisée par l’association des jeunes lutteurs Konwoma de Pankélé. Et, c’est Eloi Zerbo (l’homme de Djèrè) qui a remporté la moto « Symba » qui était en jeu.

Voilà sept ans que dure le tournoi de lutte de Pankélé. Et, la compétition mobilise de plus en plus de monde au fil des ans. Cette année, une cinquante de lutteurs se sont affrontés 48 heures durant. Ils sont venus des provinces du Nayala, Houet, Mouhoun, Kadiogo… Ce sont les lutteurs venus de Ouagadougou qui ont assuré le spectacle en dehors de l’arène, à travers leur danse et autres défis pour impressionner leurs adversaires. L’on sentait même un excès de confiance qui leur coûtera cher plus tard. Do Frédéric, Débé Blaise, Zan Badi Alfred ont tous été battus dans la compétition Open (toutes catégories confondues). Souvent, par des adversaires moins forts mais plus futés. « On s’est beaucoup entrainé. Donc, on se disait que ça allait payer. Malheureusement, il y a des erreurs qui ne pardonnent pas », explique Débé Blaise qui se console avec le titre de champion dans la catégorie des 75 kg.

Dans l’arène, c’est Zon Drissa de Yé dit « le technicien » qui a le plus émerveillé les spectateurs. Nombre de ses adversaires ont mordu la poussière. Y compris l’impressionnant Zan Badi Alfred, militaire en service au Régiment de sécurité présidentielle. Malgré sa technique et le spectacle qu’il a offert au public, Zon Drissa se fera surprendre en demi-finale par le vainqueur de la compétition, Eloi Zerbo, plus affûté et mieux concentré. En finale, ce dernier a battu Romaric Kawané, le favori de la compétition. « J’ai fait erreur. Je voulais faire rapidement pour le terrasser et mon pied a glissé », explique-t-il. « Mais, je vais bien me préparer pour le championnat national qui arrive », se console-t-il, tout de même. Il se contentera d’une charrue pendant que le grand vainqueur repart avec la moto « Symba », 20 litres d’essence, un téléphone portable, une enveloppe financière et divers autres gadgets.

Un tournoi, deux compétitions

Deux compétitions se sont déroulées au cours de ce tournoi. En plus de la compétition Open, il y avait également une autre par catégorie. Là, dans les 75 kg, Débé Blaise s’est imposé face à Toé Ferdinand. Toé Séraphin termine 3e. En 85kg, Zon Drissa s’impose sans combattre. Son adversaire, Zerbo Eloi préférant réserver ses forces pour la finale du Open. Kawané Ernest se classe 3e dans cette catégorie. Dans la catégorie 86 kg et plus, Zan Badi Alfred est le vainqueur. Son adversaire, Kawané Romaric, s’est aussi réservé pour la finale du Open où il a été battu au bout de quelques secondes. La faute à une glissade.

Le spectacle était au rendez-vous durant ces deux jours de compétition. Et le public ne s’est pas fait prié pour venir en grand nombre. Il ne pouvait en être autrement puisque la lutte est une passion dans cette zone. « C’est le sport le plus africain (non importé). C’est comme un pan de la culture africaine qui mérite le soutien de tous. Ce soir, je suis là pour apporter ma modeste contribution. On a vu des combats très intéressants. On prie Dieu pour qu’à la prochaine édition, on puisse apporter des prix plus élevés que ceux de cette année pour attirer, pourquoi pas, des lutteurs d’autres pays africains », soutient le parrain de la 7e édition, Idrissa Rouamba, PDG de l’entreprise ERIF.

La lutte traditionnelle, une valeur au Nayala

« La lutte traditionnelle est une valeur dans le Nayala. Elle permet de consolider les liens de solidarité, de fraternité, d’union au niveau de la province. Tant que c’est un cadre qui permet de consolider la cohésion sociale, nous n’hésiterons pas à miser dans la lutte », a souligné le Haut-commissaire du Nayala, Salimata Dabal, par ailleurs présidente de la cérémonie de clôture.

Les organisateurs, eux, ne demandent que l’appui des différents partenaires pour continuer à faire vivre ce tournoi que la plupart des lutteurs inscrivent désormais dans leur calendrier. « Pankélé peut toujours compter sur nous. Nous mettrons toujours des petits plats dans les grands pour soutenir la lutte à Pankélé. Mais, nous souhaiterions avoir beaucoup plus de soutien pour faire grandir davantage le tournoi parce qu’on a toujours des merveilles », Jacques Dala, le principal soutien du tournoi.

Un avant-goût du championnat national

Pour éviter toutes contestations, les organisateurs ont fait appel à des arbitres nationaux pour officier. En plus de mettre à la disposition des organisateurs des techniciens, la fédération burkinabè de lutte était représentée par son président. Il s’est dit satisfait du niveau des lutteurs dont la plupart seront à Bobo-Dioulasso les 25 et 26 avril pour le championnat national. Pankélé était donc un avant-goût. « Le niveau était vraiment élevé. Ça augure d’un bon championnat national dès la semaine prochaine à Bobo-Dioulasso. Les combats étaient d’un très bon niveau », s’est réjoui Pierre Badiel, Président de la fédération de lutte.

Il y a eu aussi des combats chez les filles. Là, en moins de 51 kg, Go Alida surclasse ses adversaires. Dans les plus de 51 kg, c’est Toé Nadine qui se classe première. Ses concurrentes n’ont pas fait le poids.

Pour joindre l’utile à l’agréable, l’Association Konwoma a organisé une opération de collecte de sang dans la matinée du samedi au CMA de Toma. Les élèves qui sont les principaux donneurs n’ont pas marchandé leur présence. Si bien que la capacité du ‘’frigo’’ de conservation de sang a été vite dépassée.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 avril 2015 à 08:18, par KYCK En réponse à : Lutte traditionnelle : Pankélé, désormais un rendez-vous incontournable des lutteurs

    C’est avec un réel plaisir que j’ai parcouru le reportage et cela me permet d’affirmer tout mon soutien et mes sincères félicitations aux initiateurs et aux différents acteurs de cette compétition qui permet la valorisation de notre patrimoine culturel au niveau provincial et national.

  • Le 21 avril 2015 à 08:25, par Moi le Chef Moaga En réponse à : Lutte traditionnelle : Pankélé, désormais un rendez-vous incontournable des lutteurs

    Ces vilains SAMOGO sont forts quand-même ! On devrait trouver le moyen de encourager à garder leur authenticité culturelle !!! En tant que MOAGA de Zorgho, je ne les aime pas du tout, mais j’aime leur coté lutteurs barbares.
    Par ailleurs, je pense que tout rassemblement d’importance doit être une occasion de collecte de sang ! La saison ivernale arrive Bientôt et nous serons confrontés aux besoins de transfusion sanguine.
    Encore une fois, BRAVO AUX VILAINS SAMOGOs !!!

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