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Résilience au changement climatique : 2iE propose une solution innovante

Publié le mardi 21 avril 2015 à 02h21min

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Résilience au changement climatique : 2iE  propose une solution innovante

Face aux caprices de la nature avec leur cortège de conséquences sur l’agriculture, l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE), en partenariat avec le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada, a mis en place un projet dénommé « Irrigation de complément et information climatique : de la recherche au renforcement des capacités d’adaptation institutionnelles et communautaires au Sahel ». Une technique qui vise à sécuriser la production agricole et les revenus des producteurs par la pratique de l’irrigation de complément en cas de poches de sécheresse. Ce projet-pilote, engagé en 2011, dans les provinces du Bam (région du centre-nord) et du Yatenga (région du nord) livre ses résultats à travers un atelier qui regroupe à Ouagadougou, les 20 et 21 avril, tous les acteurs de l’initiative.

Le Projet « Irrigation de Complément et Information Climatique » est donc une réponse de 2iE et ses partenaires scientifiques, techniques et financiers, notamment le CRDI (Centre de recherches pour le développement international) du Canada.
L’initiative a pour objectif de réduire la vulnérabilité des paysans sahéliens et d’améliorer la sécurité alimentaire via la mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation basée sur l’irrigation de complément à partir de bassins de collecte des eaux de ruissellement, la mise à la disposition des producteurs de l’information climatique et le renforcement des capacités des agriculteurs et des acteurs du secteur agricole.
La technique consiste en la réalisation de bassins de collecte des eaux de ruissellement (BCER) qui viennent en appui aux techniques actuelles des paysans sahéliens qui se sont avérées moins efficaces face aux poches de sécheresses fréquentes et longues. En claire, c’est une innovation de captage et de stockage des eaux de ruissellement destinées à l’irrigation de complément, en cas d’avènement de poches de sécheresse en agriculture pluviale. La construction de cette technologie peut se faire à partir d’une main-d’œuvre familiale, d’une main-d’œuvre communautaire ou en ayant recours à une entreprise de terrassement, selon le volume de l’exploitation.
Le projet-pilote, lancé en 2011, a concerné les campagnes agricoles 2012-2013, 2013-2014 et 2014-2015. Deux provinces ont servi à l’expérimentation. Il s’agit du Bam avec les villages de Mogodin, Sandouré, Sorgho Yarcé, Yennega et Zoog yiri et du Yatenga avec les villages de Tougou, Sologom, Boulzoma et Koumbri.
Dans cette dynamique, l’information climatique est l’une des mesures possibles pour atténuer les effets néfastes de la variabilité et des changements climatiques sur la productivité agricole. Et ce, par la diffusion des prévisions saisonnières assorties des modèles climatiques auprès des agriculteurs.
Selon le coordonnateur du projet, Dr. Hamma Yacouba, l’information climatique sur le début de la campagne agricole a permis à 90% des producteurs impliqués dans le projet d’éviter les « re-semis » et de mieux organiser les activités champêtres.

Des résultats parlants …

Les résultats du projet, présentés par le coordonnateur du projet, donnent de réels motifs de satisfaction et suggèrent l’implication de tous les partenaires à sa divulgation. A en croire Dr. Yacouba, le projet-pilote a permis d’enregistrer une augmentation de la production céréalière (une augmentation moyenne des rendements de maïs qui passe de deux à trois tonnes par hectare dans la province du Bam et de 1 à 2,2 tonnes par hectare dans celle du Yatenga). On relève ensuite, une adoption de l’irrigation d’appoint en saison pluvieuse (sur 629 exploitants interrogés, 75 % sont prêts à l’adopter et 60 % à contribuer financièrement à sa mise en œuvre), un développement des activités génératrices de revenus pour les femmes, la diversification du régime alimentaire et nutritionnel des enfants et des femmes. En outre, cette technique a l’avantage de l’accessibilité des matériaux locaux pour la construction des bassins (sur les quinze bassins du projet, douze ont été totalement ou en partie réalisés à partir de matériaux locaux, peu coûteux et faciles d’accès).
Cette phase a aussi permis la formation à la pratique de l’irrigation de complément d’une cinquantaine d’agriculteurs, la formation d’une centaine de producteurs sur les enjeux environnementaux des changements climatiques et les stratégies d’adaptation, quinze bassins de collecte des eaux de ruissellement ont été réalisés et serviront de sites de démonstration et la mise à disposition des enseignants, des chercheurs et des étudiants, d’une plateforme d’irrigation de complément sur le campus 2iE de Kamboinsé pour des travaux pratiques et activités de recherche.

… qui attendent d’être vulgarisés !

Les géniteurs du projet, au regard des résultats, ont recommandé aux acteurs, des actions visant à vulgariser cette technique pour soulager les paysans, de plus en plus confrontés aux caprices de dame nature. Ainsi, aux Organisations non-gouvernementales (ONG), ils préconisent de s’engager dans la sensibilisation des producteurs pour l’adoption de cette technique et aider à la mise en place des bassins. Au ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire, il est demandé de renforcer les capacités des formateurs des agents techniques de l’agriculture en conception de bassins et en techniques culturales et d’irrigation pour mieux vulgariser cette technologie dans le pays.

En outre, engagent-ils la Direction de la météorologie de mettre en place plusieurs stations et des moyens de transmission des informations climatiques pour une meilleure prévision de la campagne agricole.
« Le Canada est conscient et convaincu de l’importance de la recherche et de l’innovation pour minimiser les effets des changements climatiques. En conséquence, permettez-moi de remercier chaleureusement et d’encourager l’institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement, Fondation 2iE, pour avoir significativement contribué à la conceptualisation et à la mise en œuvre de ce projet visant à réduire la vulnérabilité des agriculteurs dans un contexte de changements climatiques au nord du Burkina et dans le Sahel, afin d’augmenter la sécurité alimentaire », a commenté l’ambassadeur du Canada, Ivan Roberts.
Le CRDI est, explique le diplomate, une organisation du gouvernement canadien et constitue un des piliers clé de l’aide publique au développement du Canada. Depuis 1978, le CRDI entretient une coopération fructueuse et multiforme avec le Burkina dans plusieurs activités de recherche dans les secteurs de l’agriculture, l’environnement, la santé, l’économie, le genre, etc.
Forts de ces résultats, le directeur général de 2iE, Amadou Hama Maïga et l’ambassadeur du Canada, Ivan Roberts, affichent leur satisfaction vis-à-vis des résultats et le gouvernement burkinabè, quant à lui, s’engage à construire 15 000 bassins dans tout le pays.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 21 avril 2015 à 10:34, par Pamoussa En réponse à : Résilience au changement climatique : 2iE propose une solution innovante

    Mes Félicitations ! Les universités, instituts et grandes écoles doivent jouer leur rôle ; celui de trouver des solutions durables pour les populations et partant pour l’humanité toute entière. Mon chapeau à vous !

  • Le 21 avril 2015 à 10:44, par Julien En réponse à : Résilience au changement climatique : 2iE propose une solution innovante

    Si tous tiennent leurs paroles ce projet apportera vraiment un plus à notre force de résilience à ces vagues de catastrophes climatiques

  • Le 21 avril 2015 à 11:01, par l’intègre En réponse à : Résilience au changement climatique : 2iE propose une solution innovante

    Félicitations aux penseurs pour cette technique qui va bcp soulager nos parents et merci au journaliste pour ces explications détaillées et claires.

  • Le 23 mai 2015 à 05:30, par Tantie de Titao En réponse à : Résilience au changement climatique : 2iE propose une solution innovante

    Bravo, c’est vraiment une réponse un besoin !
    On pourrait ajouter à petite échelle la collecte de l’eau qui ruisselle des toits ; avec l’installation de gouttières et de barriques pour garder l’eau ou une rigole aboutissant à un bassin damé si il y a du terrain ( imaginez cela sur chaque bâtiment officiel et chaque école pour son jardin bio et ses plantations d’arbres...)

  • Le 23 mai 2015 à 05:31, par Tantie de Titao En réponse à : Résilience au changement climatique : 2iE propose une solution innovante

    Bravo, c’est vraiment une réponse un besoin !
    On pourrait ajouter à petite échelle la collecte de l’eau qui ruisselle des toits ; avec l’installation de gouttières et de barriques pour garder l’eau ou une rigole aboutissant à un bassin damé si il y a du terrain ( imaginez cela sur chaque bâtiment officiel et chaque école pour son jardin bio et ses plantations d’arbres...)

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