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Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

Publié le lundi 13 avril 2015 à 15h11min

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Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

Des gens au Burkina Faso de SEM Michel Kafando, parlant sensément est-on prié de croire, utilisent les termes de « relents répressifs », « intolérance grandissante », et même se voient comme des « victimes indiquées ». Les mots ont un sens, quelle que soit la langue qu’on manie. Il se trouve que toujours l’oreille persiste à scruter derrière les mots. Voyons ensemble ce qu’il en est !

La nature humaine est étrange. Si bien que l’humain se vote solennellement des circonstances atténuantes. Qu’importe sa position réelle ! Qu’importent les subtilités du moment ! On se regarde toujours comme l’innocente victime d’une cabale conduite par des forces obscures. On nie avec une insensibilité adroite le vécu. On louvoie parmi les herbes folles qu’on a semées soi-même. Et on se dit que ça passera. L’autre, celle et celui qui écoute, est invariablement perçu comme un imbécile que l’on peut circonvenir. Et l’on réunit des hommes de média pour dérouler une dialectique déconcertante. La réaction dans sa toute splendeur.

C’était hier ! Si d’aventure vous discutez avec les tenants du régime déchu, et qu’il vous vient l’idée saugrenue d’évoquer ce que vous avez pu subir, ne vous étonnez pas ! Il vous sera répondu : « Mais c’est vieux, tout ça ! ». Le plus atroce, c’est qu’ils le pensent vraiment. Les hommes de Sa Majesté Blaise Compaoré croient en toute bonne foi que le temps peut faire oublier leurs turpitudes. Et ils ne voient pas ce qu’on peut bien avoir à leur reprocher. La liste des sacrifiés dressée dans le rapport du collège des sages leur semble aujourd’hui une incongruité que charrient des temps passés. Les crimes économiques qui remplissent les classeurs de l’ASCE et du Ren-Lac leur parlent comme des reliques qu’il serait malvenu de mentionner.

Les créoles ont un terme imagé pour désigner le ressenti de ceux qui ont enduré l’histoire, Antan Lontan. Pendant un long temps. Il y a longtemps. Et ça dure dans les têtes. Et c’est justement ce long temps qui traduit le caractère répétitif du supplice. Répétitif, c’est-à-dire voulu, c’est-à-dire ourdi, c’est-à-dire consacré par l’acteur. Répétitif, c’est-à-dire dégusté, c’est-à-dire patiemment ingéré, mais qui ne veut pas dire accepté par le supplicié. Il faut se garder de le croire. Pas un seul des 27 ans, pas un seul des 3.597.75 jours, pas une seule des 1.484 semaines que nous a coûtés le règne de Sa Majesté Blaise Compaoré.

Voilà, en condensé, l’état d’esprit des uns et des autres lorsque survient octobre 2014. Au sortir de ces temps chauds, il semblait urgent pour tous de raccommoder les humeurs. Surtout que nul n’avait prévu, encore mois préparé, une si rapide débandade de la galaxie de Sa Majesté Compaoré. Et nous nous sommes entendus a minima sur une Transition d’un an, avec les instruments qui conviennent à semblable situation. Chaque Burkinabè avait ses comptes à régler. Mais on sentait confusément que c’était une voie périlleuse. Il importait de faire les choses de manière civile. Comme nos ancêtres nous ont enseigné. « Vivre ensemble c’est rigoler ensemble et se disputer ensemble », dit un adage que nous tenons de nos mères.

C’est dans ce sens que nous avons unanimement entendu le mot INCLUSION.
Tous ensemble ! C’est-à-dire les bons et les mauvais. Les choux, les bananes, les papayes, les carottes, les truelles, les fusils, les pelles, les dabas, les râteaux, les charrettes, les fauves et les gazelles, les idiots et les méchants, les purs et les sadiques, les enfants du bon Dieu et les diablotins. Parce que sommes tous pécheurs, n’est-ce pas !

Mais il faut croire que le pouvoir est une drogue dure. Si dure qu’aucun médecin ne peut concevoir un protocole de sevrage. Voilà donc ceux qui auraient un intérêt évident à se faire discrets, les sœurs et les frères qui ont tourmenté leurs semblables 27 années durant, celles et ceux qui ont exclu les autres sans vergogne, les voilà donc qui ne peuvent accepter de quitter le devant de la scène. Et qui se posent en victimes d’une oppression féroce ! Le plus grave, c’est qu’ils cherchent à être convaincants dans leurs diatribes ! "Quand la mémoire va chercher du bois mort, elle ramène le fagot de son choix". Cela est sans doute vrai. Mais la douleur est un efficace professeur.

Ces 27 années, à défaut de nous dire ce qu’il convient de faire, nous ont appris ce que nous ne voulons plus vivre. La toute puissance d’une poignée d’hommes sur la tête de la négraille, voilà ce qu’il importe aujourd’hui de répudier. Avec vigueur. Avec courage. Avec détermination. Et la Transition nous donne l’occasion de reconstruire.

Que la pute se convertisse, cela est souhaitable. Mais qu’elle dirige la chorale à la messe le jour-même, nul ne peut le voir. Parce que nous devons réussir la Transition, nous avons compris l’Inclusion. Nous nous sommes dit que les "Exclueurs" d’hier pouvaient comprendre ce geste de fraternité. Faut-il pour autant regarder les uns et les autres entreprendre de faire chavirer le navire ? Si on ne peut faire un crédit illimité au gouvernement dans ses affirmations, s’il est prudent de se méfier des dires des dirigeants de partis politiques, il y a quand même lieu de s’interroger.

Et s’il faut parler de légalité, eh bien parlons-en ! Pendant 27 années, les Burkinabè ont enduré des légalités douteuses. Légalités trompeuses qui ont conduit aux tripatouillages de la constitution, et qui ont donc abouti à l’insurrection. Légalités honteuses qu’il a fallu nettoyer avec les Etats Généraux de la Justice. Les dossiers pendants ne sont pas des inventions de justiciables aigris. Le « Toukguilli » décrit par Norbert Zongo n’est pas une affabulation, mais bien la résultante de vos légalités « excluantes ». Le « lob liikin » est bien votre mode de gestion économique qui nous vaut aujourd’hui des tempêtes sous le crane. Et nous n’avons pas oublié les différents épisodes de votre « lib lib ». Il a paru habile à certains de parler de « juges acquis ». Mieux, ou pire, certains Burkinabè ont été "exclus" de la vie, simplement pour avoir dit non aux légalités baladeuses.

En décembre 1965, Le président Maurice Yaméogo a proféré ces menaces à la radio nationale : « To mii taa to zii. To bangr daré to na san ». Traduction (approximative) : « L’un sait et l’autre ne sait pas. Le jour où l’autre va savoir, l’autre va chier ». Après ça, survint le 3 janvier 1966. « Touroi zanvié daara wa, haute vota tonréé !.... »

Aujourd’hui, nous, les exclus d’hier en masse, savons que vous savez. Vous, réels « exclueurs » d’hier, vous savez que nous savons. Nous savons aussi que la patrie est une mère. Même si la mère est une femme de mauvaise vie, elle reste la mère. On nous a également enseigné qu’on ne peut laver la fraternité avec du savon.
Toutefois, quand un frère a réussi un exploit au bénéfice de tous, il convient de l’acclamer. Et quand il s’est rendu coupable d’une forfaiture, la justice des hommes doit faire son office. En attendant le jugement de Dieu.

Sayouba Traoré
Ecrivain-Journaliste

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Vos commentaires

  • Le 13 avril 2015 à 15:40, par Bob En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Zéro faute M.S TRAORE 10/10.
    Eh oui le chien aboie la caravane passe ! ils se prennent pour des supermans qu’on ne doit pas toucher ;mais laissons les pleurer toutes leurs larmes comme les enfants pouries de la mère qui, consciente de leur état laisse pleurer dans un coin sans y jetter le regard sachant bien que fatigués de pleurer ils reviendrons essayer de reconquerir la mère en négociateur des bonnes graces .

  • Le 13 avril 2015 à 15:51, par Goodman En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Rendons donc la justice en toute quiétude, chacun en répondra de ses actes et chacun devra se coucher devant la loi. Des hommes se croyaient forts et maitres du Burkina, mais comme on dit, tous les jours pour le voleur et un jour pour le propriétaire. Les belliqueux, les lâches, les malicieux, les voleurs, les corrompus, les assassins, les tortionnaires, les mécréants n’ont qu’à bien se tenir car nous les retrouverons et nous les chasserons. C’est une étape importante de notre évolution et de notre développement, j’espère que la transition et le gouvernement à venir continueront le travail et ils rendront compte. Une nouvelle page du Burkina s’écrit, soyons tous des acteurs et contribuons activement à l’avènement de la vérité. Le peuple a faim de justice et soif de vérité.

  • Le 13 avril 2015 à 15:52, par zak En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Merci monsieur traore pour votre eclairage . J espere que votre savoir parler sera compris par ceux qui refuse de voir la realite du faso !

  • Le 13 avril 2015 à 16:00, par mouzoué En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    chacun veut régler ses comptes.
    je comprend maintenant tous les écrits portant sur la modification de l’article.
    djaaaaa il n’y avait pas de personnes neutres dans cette affaire.

  • Le 13 avril 2015 à 16:01, par Rien que la vérité En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Écrit limpide. Idée limpide. Est-ce que ces drogués de sa Majesté Blaise Compaoré comprendront la profondeur de cet écrit. En tous les cas, quand la 2e phase de l’insurrection se mettra en mouvement, ils retiendront définitivement la leçon du peuple en lutte pour s’affranchir de la servitude.

  • Le 13 avril 2015 à 16:10, par Fax En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Très bien dit. Il refuse d’écouter de nouveau, il refuse de comprendre et d’entendre raisons, ils vont semblant de ne rien comprendre et d’être plus instruits que les autres. Ils ont été à l’école et les autres ont traversé la cours de l’école. Ils connaissent le droit et savent l’interpréter mais les autres nous autres nous lisons la loi et nous la comprenons pas ou la comprenons mal. Ainsi soit après les 30 et 31 octobre 2014, ils veulent nous voir de nouveau dans la rue pour dire non à cette autre forfaiture en préparation à savoir refuser que la loi s’applique à eux, car la loi ne doit point être dure contre eux qui sont les meilleurs enfants et les plus intelligents de la république.

  • Le 13 avril 2015 à 16:30 En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Plein de sens, de vérité , avec impartialité

  • Le 13 avril 2015 à 16:38, par ACHILLE DE TAPSOBA En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Merci Grand Frère SAYOUBA et bravo à vous. Analyse très cohérente et limpide. La jeunesse Burkinabé salue votre bravoure. Rien à ajouter

    A NOS MARTYRS QU’ILS SE REPOSENT EN PAIX. QUE JUSTICE LEUR SOIT RENDUE RAPIDEMENT.

    JUSTICE POUR NORBERT ZONGO
    JUSTICE POUR THOMAS SANKARA
    JUSTICE POUR SALIFOU NEBIE
    JUSTICE POUR DAVID OUEDRAOGO

    VICTOIRE TOUJOURS AU BRAVE PEUPLE
    VIVE LA DÉMOCRATIE AU FASO
    VIVE LE BRAVE PEUPLE BURKINABÉ

    QUE LE SEIGNEUR BÉNISSE LE BURKINA QUE NOUS AIMONS TOUS.AMEN
    PAIX ET SUCCÈS A TOUS LES BURKINABÉS. AMEN

    ACHILLE TAPSOBA
    Partisan inconditionnel de l’Alternance

  • Le 13 avril 2015 à 16:46 En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Tres belle article. On dit que le bourreau a peur du couteau. Ces mêmes personnes qui ont regné pendant 27ans ont exclu beaucoup de Burkinabè. Il faut par exemple être de la famille présidentielle pour avoir un marché de l’état. Nous avons beaucoup supporté. Et maintenant vous voulez qu’on permette ces gens qui ont soutenu le pouvoir à vie de Blaise Compaoré de reprendre les rênes du pouvoir de si tôt ? Pas question. Des gens ont versé leur sang pour que ce changement es lieu. Ceux qui ont pactisé avec le diable devraient en principe être en prison actuellement.
    Merci

  • Le 13 avril 2015 à 17:05, par Aly En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Merci Sayouba. Je conseille aux autorités de la Transition de prendre toutes les mesures nécessaires pour parer à toute éventualité et à toutes les éventualités. En effet, les déclarations que nous entendons et lisons ça et là laissent croire que ces "exclueurs" d’hier sont prêts à tout pour revenir au pouvoir. Nous sommes tous responsables de la réussite de la Transition, mais les autorités, en qui nous avons confié le pouvoir de décision, se doivent d’être très vigilantes, parce que ces gens-là ne sont pas des enfants de coeur et la civilité a, depuis, déserté leur comportement.
    Il nous faut maintenant leur montrer que l’insurrection d’octobre n’était pas un jeu de hasard dans lequel nous avons remporté une victoire, mais qu’elle fait partie de l’agenda et du dispositif de combat pour un Burkina Faso Nouveau, où la Justice est la même pour tous, un Burkina Faso Nouveau débarrassé du système de prédation mis en place depuis 27 ans. Nous sommes résolus à nettoyer notre patrie de la charogne et des charognards. Et nous le ferons avec l’élégance propre aux hommes civilisés, sans assassinats crapuleux.

  • Le 13 avril 2015 à 17:34, par Neekré En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Koro Traore, vous avez fait un formidable écrit. C’est le passage suivant qui a tout résumé : "Que la pute se convertisse, cela est souhaitable. Mais qu’elle dirige la chorale à la messe le jour-même, nul ne peut le voir". Formidable image

  • Le 13 avril 2015 à 18:19, par saabiga En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    MERCI MR TRAORE SAYOUBA POUR TES ANALYSES

  • Le 13 avril 2015 à 19:00 En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Rien à dire. C’est tout simplement fa-bu-leux..

  • Le 13 avril 2015 à 19:01 En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Grand frère Sayouba si seulement le peuple tout entier pouvait vous ecouter attentivement.

  • Le 13 avril 2015 à 19:01, par Ouagalais En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Rien à dire. C’est tout simplement Fa-bu-leux.

  • Le 13 avril 2015 à 19:26, par Bernard Luther King En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Merci BEAUCOUP pour cette initiative APOLOGETIQUE pertinente qui demasque toute l’honnêteté de ces VICTIMES du peuple. Permettez-moi d’ajouter ce qui suit :
    A ceux qui se laissent culpabiliser à travers le pouvoir evocateur de certains mots comme "EXCLUSION", je vous suggère de repliquer en invoquant l’EXCLUSION POSITIVE puisque la notion de discrimination positive existe bel et bien. A ceux qui manquent d’arguments, n’hesitez à user et à abuser du principe d’argumentation appelé le "TU QUOQUE" (toi aussi). Tant pis si la justice du peuple coincide avec une justice des vainqueurs, n’est-ce pas de bonne guerre ?

  • Le 13 avril 2015 à 19:31, par Bernard Luther King En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Merci encore à TOI SAYOUBA. Est-ce qu’on est pas des jumeaux  ? Tu vois mon jumeau comment le s gens se fourvoient derrière une certaine semantique ! Malheureusement très peu d’intello sont branchés sur cette frequence de la guerre terminologique. Intello, faisons un effort et allons au dela des "Sujet + Verbe +Complement".

  • Le 13 avril 2015 à 20:55, par Bb En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Rien a dire Mr Sayouba ! Analyse pertinente , limpide comme l eau de roche ! Que Dieu nous aide afin que nous puissions parvenir au vrai changement en nous epargnant un second bain de sang !

  • Le 13 avril 2015 à 21:29, par togsida En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Merci grandeur

  • Le 13 avril 2015 à 22:15, par Mechtilde Guirma En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    L’écrit de monsieur Sayouba est très difficile à pénétrer. Cependant la mémoire historique y est. Mais chacun peut en faire sa lecture. Chacun peut se l’approprier et en faire ce qu’il veut. C’est en ce sens que j’apporte ma contribution.

    Parlant d’exclusion il a brassé celles des périodes de 27 ans jusqu’à nos jours. Pas seulement ceux qui ont été pondus à partir d’octobre dernier et auxquels on se presse d’apporter l’onction de circonstances atténuantes à des exclueurs d’hier du fait d’une action salvatrice. Encore que la justice devrait auparavant statuer sur ces cas d’abord. C’est tout juste mon entendement de ce texte que je ne me permettrai pas de commenter davantage parce que trop philosophique.
    Cependant je voudrai profiter pour évoquer, rien qu’évoquer deux épisodes de notre histoire récente. Et il s’agit précisément du cas de Yatenga.

    La première remonte au temps où son Excellence Salif Diallo était Ambassadeur à Vienne. L’acte qui lui a valu une exclusion jadis, sans appel et lui vaut aujourd’hui des circonstances atténuantes (je suppose que c’est de cela que voulez parler) était perçu par ses meilleurs compagnons d’aujourd’hui comme un crime de lèse majesté. Banni il se réfugia au Niger. Fils du Yatenga, devant la fatwa prononcée à son encontre, le Yatenga Naaba bon père, mis en garde contre celui ou ceux qui toucheront à un seul de ses cheveux (exclusion ou autres formes). Roi de sagesse et stoïque il encaissa toutes les injures de l’époque, d’autres poussèrent l’irrévérence jusqu’à parler de lui de façon désacralisante. Et vous savez ce que cela signifie. Et pourtant que d’exclusions par crimes ou impunités son Excellence n’a pas été impliqué ou supposé ?

    La deuxième c’est tout dernièrement avec Maître Gilbert Noël Ouédraogo. Son cas est moins grave et on peut interpréter son indécision jusqu’au dernier moment par le simple fait qu’il appréhendait les lendemains ou le dictateur sortait vainqueur. Qu’allaient devenir les opposants s’il se mettait de leur côtés, et n’oublions pas aussi qu’il les connaissait tous et qu’ils se connaissaient tous pour avoir longtemps collaboré avec eux dans le régime de Blaise Compaoré. Vous savez la transition menée ainsi de façon expéditive, je dirai même contre, certes, le gré de ses acteurs de l’exécutif, me laisse quelque peu dubitative. Bref pour en revenir au Yatenga Naaba, ce grand Roi dans son franc parlé comme vous Mr Sayoubé est toujours resté sur ses positions fermes pour ses fils du royaume : Gare à celui qui touchera à un seul cheveux de Maître Gilbert Noël Ouédraogo, un fils de son royaume tout comme Salif Diallo.

    Ce n’est guère pour vous donner des leçons Mr Sayouba. D’ailleurs je n’ai pas à vous en donner. Mais à Maître Gilbert, je lui dirai bien, qu’au nom du Christ (dont nous venons d’ailleurs de fêter la résurrection), qu’il pardonne. À tous sans exception. Et s’il regarde autour de lui, il verra, que des gens que lui même avait exclus hier, se retrouve à ses côtés par solidarité et je que désormais, tous les exclus d’aujourd’hui saisissent leur expérience (même douloureuses à l’image du Christ lui-même exclu, pour les chrétiens) comme une révélation de bonne nouvelle et non comme une déréliction.

  • Le 13 avril 2015 à 22:39, par ZIRIPOUKDA En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Il faut renchérir avec mr Traoré pour dire que la calebasse avec laquelle tu as mesuré pour donner aux autres, acceptes qu’on utilise la même mesure quand ton tour arrivera. Franchement, il y a comme une injure au peuple (la majorité). à plusieurs reprises, nous avons cru dure qu’ils reviendraient sur certaines décisions prises, exemple le sénat, le non lieu sur l’affaire Norbert zongo, l’invalidation de l’année universitaire.....à plusieurs reprises nous avons été déçus. Même pas une manifestation de pitié à notre égard. Qu’ils comprennent une chose pour toujours, nous n’avons pas fait notre révolution pour voir réaliser le rêve de n’importe quel opportunistes. On ne peut pas etre si hypocrite que ça Bassolé et autres. En si peu de temps, on ne peut pas se voir un destin de président. Souffrer de votre compromission.

  • Le 13 avril 2015 à 23:41, par Ahmed En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Mon dieu, que j’adore cet écrit. Merci M. monsieur Sayouba de rappeler à nos infâmes hommes de main de Sa Majesté Blaise qu’ils devront gouter au goût amer du changement. Quelle aberration de leur part de parler d’exclusion, eux qui ont longtemps érigé cela comme mode de gouvernance. Ceci dit on ne prend la juste mesure de l’injustice que lorsque l’on est victime. Alors on crie son désarroi sur tous les toits. Honte à ces gens. Que Dieu bénisse le Faso.

  • Le 14 avril 2015 à 03:27, par DS En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Mon frere tu seras ministre dans 6 mois pendant que nous y sommes pourquoi ne pas designer ton Dieu Rock Par decret comme president vu que vous classifiez les burkinabe en good citizen "derive de l,insurrection"et bad citizen "les autres" Un peu de sagesse.

  • Le 14 avril 2015 à 07:53, par O. SAWADOGO En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    C’est toujours un vrai plaisir de lire Sayouba. Une plume concise, inspirée et inspirante, mordante, efficace et agréable. Rien à ajouter.

  • Le 14 avril 2015 à 10:09, par TONNERRE En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Quel poète à la peau rhétorique !

  • Le 14 avril 2015 à 11:26, par Le citoyen En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Je veux signaler d’abord que j’ai participé à l’insurrection populaire. Je vomi le régime déchu ! Mais je pense qu’on ne doit pas tomber dans le piège de la vengence. Il faut appliquer le droit comme il le faut, pour donner l’exemple. On a plus à gagner en se pardonnant qu’en organisant des représailles. On ne peut prétendre servir ce pays en mettant de côté le moindre de ses citoyens ! Sinon cet écrit de S. Traoré est très instructif.

  • Le 14 avril 2015 à 11:47, par Tiramakan En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    C’est du propre ! Bravo Sayouba !!
    Cette mesure de salubrité publique qui écarte (momentanément , et non définitivement) des compétitions électorales tous ces forcenés qui ont accompagné Blaise dans sa folie meurtrière doit être comprise par tous (y compris les partis de l’ex-CFOP) comme le signal d’une nouvelle manière de rendre le service public politique dans notre pays.
    Conquérir et gérer le pouvoir ne doit plus rimer avec la gouvernance à la sauce Blaise Compaoré : tuer les opposants qui nous gênent, prostituer des intellectuels pour chanter les louanges d’un régime sans âme ni vision, accaparer tous les biens publics au profit de sa famille , de son clan composé de Tanties menteuses comme des arracheurs de dent et de Tontons flingueurs.
    Bref , nous voulons désormais une classe politique, qui à défaut de faire le bonheur du peuple , érige en principes sacrés de gouvernement le respect de la vie humaine et le respect de la parole (publique) donnée.
    Plutôt que de s’agiter, les ténors de l’ancien régime qui ont sali l’image morale (jadis appréciée en Afrique et partout dans le Monde) de notre cher Faso doivent se faire pénitence, préparer sérieusement leur défense ....parce qu’après la décision courageuse de nos députés du CNT, arrivera l’heure de rendre compte devant une justice burkinabé désormais remise (pour l’instant , sur le papier) en état de bien fonctionner.....
    Merci donc aux putes reconverties (pour reprendre la belle image de Sayouba) d’attendre patiemment que leur vœu de pénitence soit exaucée par le peuple, avant de prétendre reintégrer la chorale.....
    A bon entendeur !
    Tiramakan Traoré

  • Le 14 avril 2015 à 11:49, par biriki En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    En effet, il faut que ceux qui ont contribué à sensibiliser le peuple pour qu’il prenne son destin en main et barre la route à Blaise et ses X voleurs, continuent encore de sensibiliser pour que les gens de bonne foi comprennent le sens de l’amendement à la loi électorale. Cette loi est conforme à notre Constitution et à nos engagements internationaux (charte africaine), ici donc la justice du peuple correspond exactement à ce que nos lois ont prévu. Or Blaise et ses gens excluaient avec des lois douteuses, trompeuses et honteuses, ils ont exclu aussi de nombreux burkinabè de la vie tout court (les veuves et orphelins sont là) comme l’a si bien rappelé le kôrô Traoré. Merci à vous Sayouba Traoré et aux commentateurs 8 Achille de Tapsoba, 10 Aly et 16 Bernard Luther King et à tous les autres pour leur dignité et clairvoyance. Après la débâcle du régime de Blaise, quelques soient les difficultés, nous porterons ce pays dans la sueur et la dignité !

  • Le 14 avril 2015 à 12:25, par Cellou En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    bravo le grand "sayoub" ; c’est du propre.

  • Le 14 avril 2015 à 12:27, par Halgan En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    Félicitations à Sayouba Traoré pour cet écrit. Si après l’avoir lu, les caciques de Blaise Compaoré n’ont pas encore compris la leçon, qu’ils aillent au diable !
    Internaute N°19, de quel pardon s’agit-il ? Ils ont été pardonnés déjà sinon ils ne pouvaient pas continuer leur arrogance. Immaginez les déclarations récentes de Salia Sanou !!
    Le Burkina est vraiment un pays formidable ! Voilà des gens qui après avoir géré le pouvoir pendant 27 ans, pillé les ressources, patrimonialisé les biens de l’état, assassiné des honnêtes gens, en dernier ressort tentent de tripatouiller la constitution pour se maintenir au pouvoir. Le peuple sort, crie son ras le bol, il essuie des tirs à balles réelles, une trentaine de morts , le dictateur est déchu. Et quelques semaines après, ces mêmes Messieurs reviennent pour dicter leur loi. C’est tout simplement choquant ! Au contraire si cette loi n’était pas votée , une deuxième insurrection deux fois plus violente se profilait. Alors le gouvernement a un choix à faire entre écouter les jérémiades des lieutenants de Blaise Compaoré ou écouter le peuple.
    Ngawww ! à bon entendeur, Salut !

  • Le 14 avril 2015 à 18:49, par Mechtilde Guirma En réponse à : Situation nationale : « Ce que parler veut dire » selon Sayouba Traoré

    C’est ça, vous le dites si bien Halgan. À BON ENTENDEUR SALUT !!!!!...

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