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L’ANEB aux étudiants CDP : "Nous n’avons rien à vous envier"

Publié le mardi 22 mars 2005 à 07h36min

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Ceci est une réponse à la coordination des étudiants CDP sur la police spéciale des universités que nous a fait parvenir un délégué de l’ANEB.

Dans le "Pays n°3332" du 11 au 13 mars 2005, la coordination des Etudiants CDP a fait une déclaration sur la police spéciale des universités. Les arguments qu’elle avance sont les mêmes que véhiculaient les déclarations du MEFA, de l’UNARES et de l’UNEF publiées dans les quotidiens du 10 mars 2005 même si c’est en meilleur français.

C’est d’ailleurs ces arguments que le Président de l’Université de Ouagadougou a développés sur les antennes de la radio nationale le 10 mars aux éditions de 13 h et 19 h. Il nous a semblé important de montrer en quoi ces arguments résistent peu à une analyse sérieuse et cachent mal les objectifs réels de la PSU.

Des arguments des étudiants CDP

Les étudiants CDP décrivent une situation sécuritaire apocalyptique à l’UO. Nous ne nous reconnaissons pas dans l’univers d’insécurité tel qu’ils l’ont dépeint. La situation sécuritaire à l’Université de Ouagadougou n’est pas pire qu’ailleurs sur le territoire national, bien au contraire. C’est vrai qu’un étudiant a été tué il y a un an mais chaque jour combien de citoyens burkinabè tombent sous les coups des bandits ? C’est vrai qu’il y a des vols de vélos et de motos à l’Université, mais y a-t-il un seul coin de ce pays qui y échappe ? Même les églises, mosquées et cimetières ne sont plus des lieux sûrs. A qui veut-on faire croire que la PSU, c’est pour empêcher les vols d’engins ? Les étudiants sont-ils plus en insécurité sur le campus qu’en dehors ? L’étudiant qui a été tué sortait du campus à une heure assez tardive. Est-ce qu’on mettra un policier derrière chaque étudiant pour le raccompagner chez lui lorsqu’il finira son cours à 21 h ? Non, bien sûr. Alors en quoi cette PSU assurera-t-elle notre sécurité ? Si un bandit veut violer ou tuer un étudiant, il lui suffira de l’attendre à la sortie du campus ou dans nos ruelles non éclairées. Si notre sécurité préoccupe vraiment nos autorités alors elles doivent construire des amphi, des cités universitaires et des restaurants universitaires. Ainsi, les cours s’achèveront à 19h et non à 21 h et nous regagnerons nos zones non éclairées de Pissy et de la zone 1 avant que les bandits ne commencent leur ronde. Ainsi nous ne serions pas obligés de faire deux heures de rang pour manger au restaurant universitaire et nous retrouver finalement sur la route à des heures tardives. Ainsi après nos cours, nous gagnerons tranquillement nos cités universitaires où la seule insécurité qui inquiète à ce jour les résidents est la descente de gendarmes vindicatifs lors des mouvements d’étudiants.
Supposons même que l’UO soit effectivement "un nid de prédilection"" de "bandits de grands chemins"", a-t-on besoin d’y installer une police de 200 agents pour les déloger ? Si vous aviez des informations aussi précises, vous devriez aider la police à organiser des opérations pour démanteler le réseau. Tout le pays vous en sera reconnaissant. Sinon vos solutions actuelles ressemblent à une invite aux "bandits de grands chemins" à délocaliser.
Comment justifiez-vous les velléités d’installation de la PSU à l’Université Polytechnique de Bobo et à l’Ecole normale supérieure de Koudougou ? Y a-t-il la même insécurité ? Est-ce aussi des "nids de bandits de grands chemins" ?
Les étudiants CDP écrivent ensuite : "l’Université est devenue un raccourci pour bon nombre de véhicules et il est courant de voir des citoyens déverser leurs ordures et leurs immondices à l’intérieur de l’Université. Des mesures idoines pour sécuriser l’université s’imposent". Dites à vos mentors de commencer par bitumer les voies de l’UO. Ensuite de simples gardiens peuvent assurer cette tâche. Les policiers seront utiles à la société dans d’autres tâches.

De la position de l’ANEB

Même quand rien n’oblige les étudiants CDP à mentir, ils se sentent obliger de le faire. Ainsi ils affirment que le président de l’Université a initié une mission qui a séjourné au Bénin, Togo et au Ghana pour constater les retombées positives de la Police universitaire et que "même l’ANEB a dit à son retour combien la police universitaire est importante et s’impose pour une université comme celle de Ouagadougou où l’insécurité est galopante...". Dans quel document l’ANEB a-t-elle fait cette déclaration ? Cette mission qui a été au Togo et au Ghana et jamais au Bénin n’a produit aucun document commun car les positions des uns et des autres étaient connues depuis longtemps . Cette sortie n’allait sans doute pas les modifier et en y allant chacun avait sans doute ses objectifs. Depuis la refondation, l’UGEB et ses sections (dont l’ANEB) n’ont cessé de dénoncer l’institutionnalisation de la répression à l’UO comme réponse aux revendications des étudiants. Les déclarations de rentrée de l’UGEB et de l’ANEB ont clairement rejeté toute idée de PSU. Il n’y a donc aucune ambiguïté dans la position de l’UGEB et de ses sections.
Quant au matériel dont sera doté la PSU, les projets de textes sont suffisamment clairs et l’ANEB n’invente rien. Ce sont des noms bien connus qui les ont écrits : professeur Paré Joseph (président de l’UO), Dr. Ouédraogo Albert (du TOCSIN), Dr. Kiemdé Paul (ancien ministre de la Justice) et le Capitaine Ouédraogo Sam Djiguiba de la brigade mobile de la gendarmerie de Ouagadougou (ce sont ses hommes qui ont enlevé en novembre 2002, le président de l’ANEB).
Pour ce qui est du rôle réel que vos mentors veulent assigner à cette PSU, nous ne ferons pas de longs discours. Nous vous renvoyons à ce qu’a écrit l’ancien chancelier Alfred Traoré dans un document intitulé "mémorandum sur les violences et violations des franchises et libertés universitaires à l’UO 2000-2002" daté du 03 janvier 2003. Il conclut en ces termes "c’est pourquoi, pour prévenir les risques de dérives revendicatives suicidaires que court cette jeunesse scolaire, les assises nationales ont fait les recommandations suivantes :
- ...
- La création d’un corps de police spécialisé dans la surveillance et le maintien de la sécurité dans les enceintes et espaces universitaires..."
Il est donc question de revendications des étudiants et non d’insécurité.
Enfin s’agissant de notre popularité, nous n’avons rien à vous envier. Nous existons autrement que par des déclarations. Vous devriez nous remercier , vous et les associations fantoches qui gravitent autour de vous. Chaque fois que nous menons une activité, cela vous donne l’occasion de produire de la paperasse et sans doute d’empocher des "feuilles". Elevez s’il vous plaît le niveau des débats en cherchant des arguments plus crédibles. La chanson des "agressions barbares d’enseignants" est un disque rayé au niveau de l’opinion publique et des étudiants qui ne mérite même pas que je m’y arrête. C’est sans doute difficile de transformer un mensonge en vérité mais quand des intellectuels ont volontairement choisi cette forme d’esclavage, on ne peut que leur souhaiter bon courage !

Ibrahim TRAORE,
Délégué ANEB

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