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Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

Publié le mercredi 1er avril 2015 à 00h07min

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Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

Les chauffeurs routiers du Burkina observaient leur 2ème jour de grève ce mardi 31 mars 2015. Ce qui équivaut à une 2è journée de calvaire pour les ouagalais. Cette journée a été marquée par une marche-meeting des grévistes pour faire entendre leur cause, la remise du cahier de doléances, une rencontre d’échanges avec leur ministre de tutelle. Mais aussi, une conférence de presse dudit ministre pour faire le point des concertations. Des pistes de solutions ont été dégagées et les discussions devraient se poursuivre entre les différentes parties pour résoudre définitivement les points de revendications.

Dès 8h, la place de Révolution grouillait de monde. Essentiellement des chauffeurs routiers, mais aussi des responsables des centrales syndicales. Entre coups de sifflets, musique et vrombissement du moteur du groupe électrogène, il était difficile de s’entendre. Pendant ce temps, certains portaient des brassards rouges autour du bras, d’autres tenaient des autocollants, des banderoles, des pneus ou encore des volants de voiture hors d’usage. Lorsque résonne, entre temps, « mon pays, tout doit changer » de l’artiste musicien Sana Bob, la place de la Révolution se transforme en dancing en plein air.
A 9h, le cortège de marcheurs s’ébranle vers la direction générale des transports terrestres et maritimes. Là, ils ont pu remettre leur cahier de doléances à Daouda Traoré, le ministre des infrastructures, des transports et du désenclavement. « Le gouvernement va examiner les différents points et une réponse vous sera donnée », a-t-il promis.

Quatre points de revendications

Ce cahier de doléances contient quatre principaux points. Ils demandent : l’application de la convention collective (point le plus important), la réduction du coût du permis de la catégorie E et de la durée pour son obtention, l’opérationnalisation du poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé, et l’arrêt des tracasseries routières.
« Dans les jours à venir, si rien n’est fait, nous allons aller en grève illimitée », menace Rabo Brahima, président de l’Union des Chauffeurs routiers du Burkina (UCRB). Mais, il espère qu’on n’en arrivera pas jusque-là. D’ailleurs, une autre rencontre est prévue avec les responsables du ministère des transports dès ce 3 avril. Cette rencontre est très attendue de part et d’autre.
En tous les cas, les chauffeurs routiers ont bénéficié de soutien de leurs partenaires, notamment les centrales syndicales qui menacent de rentrer dans la danse s’il n’y a pas une issue heureuse.
Du côté du gouvernement, on se dit très disponible pour le dialogue. Mais aussi pour trouver les solutions idoines, autant que faire se peut. D’ailleurs, d’autres rencontres avaient déjà eu lieu avant cette grève. Et des pistes de solutions déjà envisagées.

Le ministre des transports appelle au patriotisme et à la citoyenneté

Le ministre Daouda Traoré a animé un point de presse autour de 11h, pour faire le point des actions déjà entamées et en cours. Plus tôt dans la matinée (vers 7h), il avait rencontré les grévistes pour discuter. Là, il dit avoir demandé et obtenu l’ouverture de couloirs humanitaires pour permettre le ravitaillement de la SONABEL, de l’ONEA…
Déjà, lorsqu’il avait reçu le préavis de grève, il avait instruit ses collaborateurs de les rencontrer afin d’échanger avec eux. Ainsi, le 24 mars, le secrétaire général assisté des directeurs concernés, a rencontré l’UCRB pour examiner ensemble les préoccupations et tirer une conclusion.
Les quatre points ont été passés en revue et des pistes de solutions, dégagées de commun accord. Il avait été demandé par l’administration que l’arrêt de travail soit différé. Ce à quoi le syndicat n’a pas accédé. Il a donc été souhaité que l’UCRB observe son arrêt de travail de façon citoyenne de sorte à préserver un minimum de service pour l’approvisionnement du pays. Ce qui fut difficile à observer.
« C’est pourquoi, avant de recevoir leurs doléances, j’ai à nouveau échangé avec eux ce matin autour de 7 heures aux fins d’en appeler à leur sens patriotique et à leur esprit de responsabilité pour que leurs revendications légitimes ne finissent pas par créer des situations préjudiciables à la nation toute entière et, partant, à leur cause », rappelle Daouda Traoré.

Des propositions de solutions

Des propositions faites pour apporter des réponses aux préoccupations des chauffeurs, on en retiendra entre autres : exiger que l’employeur respecte la convention collective avant de lui donner la carte de CCVA ; remettre la carte professionnelle de transporteur routier à ceux qui appliquent la convention collective ; réduire le temps et le coût de formation pour le permis E en commençant directement par le programme de ladite catégorie et non rappeler celui de la catégorie C avant ; voir avec le ministère de la sécurité pour réduire les contrôles ; poursuivre la discussion avec l’UEMOA pour faciliter le transport et le transit sur le corridor Ouaga-Lomé.
La grève prend fin ce 31 mars à minuit. Mais, les discussions se poursuivront, a promis le ministre en charge des transports.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 1er avril 2015 à 02:49, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

    Ou est l’autorité de l’état ?
    Ainsi donc, une poignée de travailleurs employés par des transporteurs "informels" peuvent bloquer le fonctionnement du pays pendant 48h, avec des pertes énormes pour les commerces et activités liés à l’électricité et au transport, sans que l’état ne réagisse pour protéger les personnes et les biens ? On peut même penser que quelque part, des gens ont perdu la vie suite à ces blocages. Qui en assume la responsabilité ?
    Il faut que le gouvernement de la transition s’assume comme gouvernement et prenne les mesures qui s’imposent dans de telles situations. On ne peut pas passer le temps à "négocier" avec des anarchistes qui refusent toute discussion pendant que la majorité des honnêtes citoyens payent les pots cassés, que les investisseurs perdent leur argent et que le pays recule ??? En tout cas, si j’étais un transporteur, je sais quelles mesures je prendrais envers ces employés/ non employés dès récupération des clés de mon véhicule...

  • Le 1er avril 2015 à 04:50, par le paysan. En réponse à : Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

    qui au Burkina n’est conduit part un chauffeur lorsqu’il voyage ?
    qui au Burkina ne mange pas au moins une fois par jour ?
    qui au Burkina ne s’habille pas ?
    ,qui au Burkina ne se soigne pas quand il est malade.
    Autorités du Burkina Faso pensé profondément aux paysans , aux conducteurs,aux agents de santés

  • Le 1er avril 2015 à 07:15, par Un chauffeur En réponse à : Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

    Au fait, on sent vraiment que chacun veut se jouer le plus important dans ce pays depuis l’insurrection. Sinon, on sait bien comment les choses se passent dans le bureau. Et puis, ce n’est pas parce que François Compare n’est plus au pouvoir que ces responsables, qui étaient ses pions, doivent prendre en otage le secteur en nargant le peuple. Je reviendrai sur cette affaire avec les détails pour que les gens comprennent la vraie raison de ce bordel qui se prépare. Un chauffeur membre de l ’URCB

  • Le 1er avril 2015 à 08:29, par aya En réponse à : Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

    Je n’en disconviens pas qu’on réduise le coût de la formation du permis E mais le temps de la formation non. C’est trop facile même si on est professionnel dans la conduite c’est une autre branche de l’apprentissage et il faut s’y faire.

  • Le 1er avril 2015 à 10:10, par ronaldo En réponse à : Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

    Ce bordel est à l’image même de la transition...rien d’étonnant

  • Le 1er avril 2015 à 10:45 En réponse à : Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

    Je soutiens les grévistes et ceci pour plusieurs raisons, même si actuellement, moi même je souffre de la situation. En effet, je n’ai pas courant, pas d’eau et en plus j’attends une commission d’une ville voisine qui est bloquée depuis lundi soir.

    Mais je regarde les choses au-delà de ma simple personne et voici ce que je constate :

    * Les chauffeurs ne sont pas respectés par leurs employeurs : il n’y a pas le minimum de respect de la dignité des chauffeurs. J’en connais un qui est allé en voyage pour 3 mois, le soir de son mariage. Il a été appelé vers midi et son patron, qui était au courant du mariage, lui a annoncé cela à quelques heures du départ pour Lomé. S’il refuse de partir, il est viré sans autre forme de procès.

    * Pour les patrons, le camion est plus important que la vie du chauffeur : on a souvent entendu des patrons, à la suite de l’annonce d’un accident, demander d’abord d’après l’état du camion et de la marchandise. Ensuite seulement, ils font vaguement allusion aux chauffeurs.

    * Le minimum de décence et de dignité pour le travailleurs : tout est pour le patron, rien ou presque pour le travailleur, le chauffeur. Le salarié qui touchait 50.000 FCFA en 2000, touche le même salaire aujourd’hui, 15 ans après, alors que son patron s’enrichit de jour en jour.

    * Les chauffeurs ne sont pas bien formés : les simples règles de gestion d’un camion ne sont pas enseignées aux chauffeurs. Du coup, ils représentent un danger pour eux-mêmes et pour les autres.

    * Des camions qui défigurent notre environnement : les patrons se soucient très peu de la sécurité des chauffeurs et partant, de celles des Burkinabè même. En effet, ils refusent d’entretenir les camions et les cars. Combien de fois avons-nous vu des camions et car sans phare, feu rouge ou clignotant et même sans frein ? Et en cas d’accident, à qui on s’en prend, qui on lynche ? Au chauffeur, pendant que le patron est assis dans son bureau ou à la maison ou dans une de ses luxueuses villas. Il n’a même pas le temps de penser à entretenir son camion, ce qui l’intéresse ce sont les revenus, que ça roule.

    * Les chauffeurs, des "assassins" innocents ? Un camion de vente de bois qui s’est renversé il y a quelques années au rond-point de la Patte d’oie sur une jeune fille brillante du Collège Lavigerie, tuant du coup cette jeune fille. Qui en est l’assassin ? On pourrait dire que c’est le pauvre chauffeur, qui a été même emprisonné un moment. Mais est-il le seul et vrai coupable ? Il aura sur sa conscience pendant toute sa vie, cette vie fauchée. Et son patron, qui a refusé d’entretenir ou de changer de camion, lui il n’a rien sur la conscience j’imagine...

    * la CNSS doit lutter avec les chauffeurs : voilà du pain béni pour la CNSS. Elle devrait être solidaire des chauffeurs, pour exiger la déclaration de tous à la CNSS. Cela lui évitera de travailler à débusquer des patrons individuels cachés un peu partout. Si la CNSS soutient, même de manière souterraine, ces chauffeurs, elle améliorera sa gestion et le taux de couverture des Burkinabè.

    * Chers patrons, occupez-vous des pauvres chauffeurs au lieu de rivaliser devant Dieu : on connait des patrons de sociétés de transport qui rivalisent de dons et de générosité pour les "pauvres" dans les églises et les mosquées. Ils organisent même des coupes, des dons... aux imams, pasteurs, prêtres, groupes de prières... Je pense modestement que s’occuper de ses travailleurs est plus important que de pleurer auprès de Dieu.

    * Le Burkina en sortira plus beau : regardez l’état de notre parc, surtout les camions (de transport de bois et de boissons). Quand un camion est totalement déglingué, on lui confie le transport de bois et de boisson de la Brakina. Cela cause des accidents aux chaufeurs, aux citoyens et cause des problèmes à l’environnement (fumée, bruits...) N’est-ce pas le lieu de revoir tout cela et d’exiger des camions et cars plus récents ? Cela rendra nos routes plus sûrs et nos villes plus belles, nos rues moins embouteillées avec les accidents. Regardez un peu combien de vieux camions tombent en panne sur les coins névralgiques de la circulation de Ouaga (Pont de Baskuy, Avenue Bassawarga, route de l’Hôpital...).

    * Les patrons toujours plus riches, et les chauffeurs toujours plus pauvres : chaque année, la Banque mondiale et le PNUD nous dit que les riches ont gagné encore plus d’argent et que les pauvres sont toujours de plus en plus pauvres. D’où cela vient-il ? De pratiques comme celles des patrons de cars et camion. En effet, dès qu’il y a une petite hausse de 25 fcaf du prix du carburant, les patrons joutent 500 à 1.000 fcfa sur le coût du transport. Mais cette hausse du coût du transport ne se ressent pas sur le salaire du chauffeur. Du coup, quand on fait le bilan, les patrons augmentent leurs revenus, alors que depuis des dizaines d’années, le chauffeur qui abandonnent sa famille durant des mois, qui courent tous les dangers des villes et des brousses, ne voit rien s’améliorer. Il ne peut pas acheter aujourd’hui, ce qu’il pouvait acheter il y a seulement 1 an même...

    Je pense que chacun devrait se dire qu’il pouvait être à la place du chauffeur, dans cette jungle créé et géré par les propriétaires de sociétés de transport. Les chauffeurs routiers peuvent être no pères, nos oncles, nos frères... N’ont-ils pas droit à un peu plus de dignité ? De respect ? de décence ? Je crois que non.

    Beaucoup de ces patrons sont des croyants, de grands croyants même. Il y en a même qui ont vécu cette misère de chauffeurs. Qu’ils comprennent la quête de bonheur, de vie meilleurs des autres. C’est à ce titre qu’ils vont commencer à engranger des éléments pour leur salut.

    Je prie Dieu pour eux, et pour les chauffeurs.

    Voici ma contribution.

  • Le 1er avril 2015 à 15:32, par John En réponse à : Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions

    Chers Compatriotes,
    Notre pays est en train de "foutre le camp". Est ce là ce que nous aimerions laisser à nos enfants que nous disons aimer de tout notre cœur ? Le constat est clair il nous fait une nouvelle "race d’Hommes" dans notre pays.
    Quand je ne suis pas content je brûle, je casse, j’empêche les autres de travailler, je revendique ce qui est impossible. Dès que je tombe sur un accident forcement, celui qui circule à moto est le plus faible. Je prends sa défense et je brûle la voiture. Elle est plus grosse donc forcement responsable. Les OSC poussent comme des champignons. Tout le monde critique, tout le monde insulte. MAIS OU VA T-ON ?
    L’Etat est en déliquescence. Il n’ y a plus ! Qui incarne le pouvoir désormais ?
    Réfléchissons à notre condition actuelle.ET SERIEUSEMENT. Est ce là toute notre éducation ? On ne respecte plus rien.
    Imaginez que je conduise mon propre véhicule. Que mon collègue chauffeur parce qu’il est employé et mécontent de son patron m’empêche de chercher ma pitance, de nourrir ma famille. Que ceux là qui sont en grève me répondent en leur âme et conscience. Ce n’est pas juste. Comment réclamer la justice en se comportant de façon injuste envers celui qui ne vous a rien fait. Je pourrais me montrer solidaire de mes collègues, parce que je me suis certainement fait exploiter avant de me mettre à mon compte. Mais je ne puis accepter qu’ils se conduisent de cette façon.
    L’Etat doit prendre ses responsabilités. Dans la douleur c’est ainsi. Le privilège des Rois n’est pas seulement d’être servis, mais aussi de se salir les mains quand cela s’impose. Quand on veut à tout prix arrondir les angles, on finit pas se taillader les doigts si ce n’est les sectionner.
    Toute gangrène doit être circonscrite et très rapidement. Le pouvoir d’Etat a laissé les troubles fêtes se croire invulnérables. Parfois on sévit pour l’exemple et éviter que cela ne se répète. MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS DIT-ON

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