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Changements climatiques : En attendant la conférence de Paris, le Burkina se mobilise

Publié le samedi 28 mars 2015 à 01h27min

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Changements climatiques : En attendant la conférence de Paris, le Burkina se mobilise

Paris, la capitale française abritera du 30 novembre au 15 décembre 2015, la 21e Conférence des parties (COP 21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). A jour J-249 de ce grand événement, le Burkina Faso travaille à pieds d’œuvre pour ne pas jouer un simple rôle de figurant. Ainsi, à travers le SP/CONEDD (Secrétariat Permanent du Conseil National pour l’environnement et le Développement Durable), le Ministère de l’environnement et des ressources halieutiques a convié les Hommes de médias à une rencontre pour les interpeller sur la contribution que ceux-ci pourraient apporter dans la lutte contre le fléau qui menace la planète toute entière : les changements climatiques. C’était ce jeudi 26 mars 2015 à Ouagadougou.

Canicules, sécheresses, inondations, crises alimentaires, cyclones… la liste est longue. Eh bien, tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, en sont victimes. Les changements climatiques n’ont donc pas de limites. Et face à la profusion des discours « volatiles » qui ont toujours émaillé les grandes rencontres, il est temps que la planète parle d’une même voix et agisse immédiatement. La Conférence des parties (COP), 21e du genre qui se tiendra cette année à Paris, aura pour objectif principal d’aboutir à un accord international pour contenir le réchauffement de la terre en deçà de 2°C. En prélude à ce grand rendez-vous sur le climat, le Burkina Faso à travers le ministère en charge de l’environnement, a établi une feuille de route qui prévoit des rencontres d’échanges avec tous les acteurs clés de la lutte contre le dérèglement climatique. Après donc, les partenaires techniques et financiers, c’était au tour des hommes et femmes de médias d’être alerté sur le rôle crucial qu’ils ont à jouer. La cérémonie présidée par le ministre Saïdou Maiga, a connu la présence de l’Ambassadeur de France, Gilles Thibault et celle du ministre de la communication, chargé des relations avec le Conseil national de la transition, porte-parole du gouvernement, Frédéric Nikièma.

Les attentes de Paris

« Il nous faut donc agir vite, ensemble, avec efficacité en faisant montre d’écoute, d’ambition et d’esprit de compromis », dixit le diplomate français à l’assistance. Par extension, ce cri de cœur s’adresse aux Etats qui se réuniront pour la Conférence de Paris. La question du climat n’étant pas qu’une affaire de pouvoirs publics, les OSC, les ONG, les entreprises et même les collectivités locales doivent mettre leur main à la pâte. Il y va de l’intérêt de tous. Les médias, eux doivent participer de l’information, de la formation et de la sensibilisation des populations sur les questions relatives aux changements climatiques. C’est fort de ce rôle cardinal qu’ils jouent dans la societé que les journalistes et communicateurs doivent être avant tout des « ambassadeurs » avertis sur les enjeux de la conférence de décembre prochain. Cette dernière reposera sur quatre piliers, selon Gilles Thibault. Il s’agira d’abord pour tous les Etats, de trouver un accord juridique, ambitieux, contraignant et surtout durable. Ensuite, il sera demandé aux Etats de donner en terme chiffré les efforts qu’il compte fournir pour lutter contre le changement climatique (INDC). Ainsi, la question du financement sera une étape cruciale dans les échanges car la création d’un fond vert de 100 milliards de dollars par an est prévue d’ici à 2020. Enfin, un agenda de solutions sera fait car les collectivités locales, les entreprises, les organisations de la société civile et les organisations non-gouvernementales doivent aussi venir en aide aux Etats.

De l’échec des conférences antérieures

Selon le dernier rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), les changements climatiques s’expliquent à 95% par l’action de l’Homme. Des pays comme les Etats-Unis et la Chine qui représentent plus de 40 % des émissions de CO2 de la planète sont souvent les plus réticents lorsqu’il est question de réduction des gaz à effet de serre. L’on se souvient encore de l’accord sans ambitions et sans contraintes qui naquit à l’issue du sommet de Copenhague en 2009 car il ne prolongeait pas le protocole de Kyoto initié lors de la COP 3 en 1997 et qui était censé prendre fin en 2013. C’est ce qui ressort de la communication que M. Semdé Idrissa, Point focal National sur les changements climatiques, a livrée aux journalistes en retraçant l’historique de la CCNUCC. Quant au Conseiller technique du ministère de l’environnement, Samuel Yéyé, il a abordé dans son exposé l’évolution des négociations de Genève depuis la COP 20 de lima en 2014. L’objectif de cette rencontre était de limiter la hausse de la température de la planète à 2°C, ce qui implique de réduire de 40 à 70% les gaz à effet de serre d’ici 2050. Mais vu que les Etats ne veulent faire aucun compromis, au regard des enjeux économiques et de développement, l’espoir est porté sur Paris, la capitale française.

Mais attendant de s’y rendre, le Burkina Faso s’active pour prendre part à des rencontres de haut-niveau en Afrique et à l’extérieur. Toute chose qui lui permettra, de se faire attendre dans le concert des grandes Nations. Aussi, les autorités en charge de l’environnement ont prévu des rencontres d’échanges avec les départements ministériels, les OSC, puis le Conseil national de transition.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 mars 2015 à 12:18, par Julien En réponse à : Changements climatiques : En attendant la conférence de Paris, le Burkina se mobilise

    Belle initiative ! On accuse toujours certains Etats comme les USA et la Chine de ne pas fournir d’efforts pour réduire les impacts qui sont à l’origine des changements climatiques, alors que nous-même sombrons dans la passivité totale face au phénomène. Nos quelques réactions éphémères sont toujours motivitées par la disponibilité de fonds alloués par ceux-même que nous accusons d’être passifs. J’ose croire que ce décarcassement de nos autorités sera couronner de résultats pérennes et que ça ne se limitera à la seule réussite de la conférence de Paris.

  • Le 29 mars 2015 à 16:29, par Ernest En réponse à : Changements climatiques : En attendant la conférence de Paris, le Burkina se mobilise

    Bonjour,

    Je ne me fait aucune illusion sur l’issue de ce sommet parisien, pas parce que je n’ai confiance en aucune personnalité politique, mais parce que les politiques sont pieds et poings liés par les financiers et les multinationales et n’auront pas de marges de manoeuvre.
    Pas besoin d’y aller par 4 chemins : les riches doivent réduire drastiquement leur consommation pour permettre aux plus pauvres d’atteindre un niveau de vie décent en réduisant les inégalités, ce qui aura aussi pour effet de limiter les phénomènes de "rivalité ostentatoire" et du "toujours plus". Et cette réduction n’a pas à être vue comme un retour à l’âge de pierre, c’est incomparable. Ne serait-ce que par les progrès de la médecine.

    Dans son livre "Pour sauver la planète, sorter du capitalisme", Hervé Kempf résume notre situation par 7 axiomes que je vous recopie ci-dessous, c’est intéressant :

    "1) Laisser la crise écologique s’approfondir conduirait la civilisation vers une dégradation continue et importante de ses conditions d’existence.

    2) L’hypothèse d’effets de seuil au-delà desquels les systèmes naturels ne pourrait plus retrouver leur équilibre a acquis une grande crédibilité. Pour éviter d’atteindre et de franchir ce seuils, il y a urgence à infléchir et à inverser les tendances actuelles de transformation de la biosphère.

    3) Rien ne justifie qu’Africains, Asiatiques ou tout autre membre de la communauté humaine aient individuellement un accès aux resources biosphériques moindre que ne l’ont Européens, Japonais ou Américains du Nord.

    4) Sauf à franchir le seuil d’équilibre de la biosphère, les membres de la communauté humaine ne peuvent accéder tous au niveau actuel d’utilisation des ressources des Européens, Japonais et Américains. Ces derniers doivent donc réduire leur consommation de ces ressources à un niveau proche d’une moyenne mondiale fortement inférieure à leur niveau actuel.

    5) Les sociétés dites développées sont très inégalitaires. L’équité signifie que la réduction de la consommation matérielle doit être proportionnellement bien plus forte pour les riches que pour les autres. La baisse générale de consommation matérielle sera compensée par une amélioration des services collectifs concourant au bien-être général.

    6) La rivalité ostentatoire est au coeur du fonctionnement de la société planétaire. Elle signifie que les coutumes des classes les plus riches définissent le modèle culturel suivi par l’ensemble de la société. La réduction des inégalités, donc la réduction des possibilités de consommation ostentatoire de l’oligarchie, transformera les modèles généraux de comportement.

    7) Le défi politique majeur de la période qui s’annonce c’est d’opérer la transition vers une société plus juste et en équilibre avec son environnement sans que l’oligarchie détruise la démocratie pour maintenir ses privilèges."

    Bonne journée

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