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Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

Publié le vendredi 27 mars 2015 à 01h17min

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Depuis la mise sur orbite de la transition politique au Burkina Faso en novembre 2014, la crainte légitime de tous ceux qui veulent le bien de ce pays portait sur la capacité des autorités et la bonne volonté de toutes les parties prenantes de pouvoir réussir les défis de l’insurrection. Sans paraître comme un oiseau de mauvais augure, le constat amer qui persiste au fur et à mesure que le temps passe, est que l’incertitude continue de gagner du terrain.

Après la tempête des nominations contestées, les tirs croisés qu’ont suscités les émoluments des députés et la très inquiétante affaire du RSP, c’est le tour de l’éligibilité des tripatouilleurs de l’article 37 de la Constitution et des militaires de défrayer la chronique.

Le débat qui est sur presque toutes les lèvres est de savoir s’il faut prendre le risque de laisser ceux qui ont été à la base de la révolte du peuple de revenir encore aux affaires de si tôt. L’autre paire de manche, non moins importante, est de savoir s’il faut permettre aux bidasses de continuer à diriger le pays. Les avis restent toujours partagés sur ces questions au nom, bien sûr, du sacro-saint principe de la souveraineté du peuple avec en toile de fond la légitimité que confère le suffrage universel.

Le peuple reste certes souverain en démocratie. Il est le garant de la légitimité du pouvoir politique et le dernier rempart de toute prise de position définitive. Mais, la réalité africaine de la démocratie caractérisée par l’ignorance des populations des vraies valeurs du système démocratique n’invite-t-elle pas à la prudence ?
On peut répondre par l’affirmative car très souvent, la mise en œuvre mécanique de certains principes du jeu démocratique peut constituer un facteur de risque pour l’idéal démocratique. La récurrente interrogation qui se pose souvent en Afrique est de savoir si le vote reflète réellement le choix des électeurs. Ce n’est un secret pour personne qu’au Faso les espèces sonnantes et trébuchantes influent considérablement sur le verdict des urnes. Que vaut alors la soi-disante souveraineté d’un peuple taillable et corvéable à merci par des dépositaires de biens financiers mal acquis ?

C’est là où le bât blesse dans ce débat sur l’exclusion ou inclusion aux échéances électorales d’octobre 2015 d’une certaine catégorie de personnalités de notre pays. Ayant bénéficié des avantages (sur tous les plans) de l’Etat durant une trentaine d’années, ils ont amassé des milliards sur le dos du peuple. Ils sont prêts aujourd’hui à en injecter dans la bataille pour acheter la conscience des électeurs dont la majorité sont à la limite indigents. Ainsi, il n’est pas exclu qu’en dépit des rejets dont ils font l’objet actuellement, un des fidèles de Blaise COMPAORE puisse revenir en force aux affaires à l’issue des élections pour travestir le renouveau politique idéalement attendu.

A l’analyse, pour éviter un chaos éventuel au pays, des mesures d’inéligibilité méritent d’être prises à l’encontre de tous les ex-députés internés à Azalaï Hotel Indépendance le 29 octobre 2014, de tous les membres du Gouvernement déchu et tous les présidents des conseils municipaux ou régionaux. La mesure doit également concerner tous les chefs des partis de la mouvance présidentielle et du front républicain. En plus, chaque candidat devrait faire preuve de son non implication dans aucun dossier de crime économique ou de sang durant le régime COMPAORE.
Comme l’estiment certains, il ne s’agit pas d’une exclusion mais d’une action qui vise à parachever durablement l’aspiration profonde du peuple. C’est pourquoi, les sanctions ne devraient pas toucher aux partis politiques mis en cause. Elles doivent viser uniquement les personnes fautives. Ainsi, au nom de l’inclusion et de la réconciliation nationale, ces formations politiques enverront aux élections d’autres leaders comme c’est le cas au Conseil national de la transition (CNT).
A défaut, le pire est à craindre à bien des égards, ce qui pourrait donner raison aux responsables de l’ancien régime qui prédisaient le cataclysme sans Blaise COMPAORE. Du reste, leurs activités, leur réorganisation actuelle et leurs attitudes sur le terrain politiques laissent entrevoir un « On gagne ou on gagne » - le slogan de campagne des pro-Gbagbo en 2010 -.

Dans cette optique, la candidature du général de gendarmerie Djibril BASSOLE est la plus inquiétante des multiples plans des COMPAORE pour reprendre la main. Son contrôle de la gendarmerie nationale voire de l’armée peut créer un scénario de crise post-électorale à l’ivoirienne en cas d’échec électoral. Au cas où il accepterait d’être de l’opposition, il resterait un opposant à haut risque car capable d’opérer un hold-up à tout moment. A défaut d’un contrôle sur toute l’armée, le pire reste toujours à craindre à savoir une division de la grande muette, ce qui pourrait conduire à une guerre civile.
Mais avant toutes ces éventualités catastrophiques non souhaitable pour le Burkina Faso, l’agenda même de la transition avec à la clé les élections du 11 octobre 2015 ne semble pas à l’abris d’un « tremblement de terre » à l’allure où vont les choses. Chaque burkinabè est donc interpellé à la vigilance et à mettre de l’eau dans son vin. A commencer par les syndicats qui continuent de poser leur revendication comme s’ils étaient en face d’un pouvoir ordinaire. Il y a également les hommes politiques qui sont déjà en précampagne comme s’ils avaient une garantie sur l’effectivité des élections en octobre prochain.

Etant les plus responsables, les autorités et les organes de la transition doivent être les plus vigilants et les plus rigoureux afin de relever le défi de la transition. Le peuple burkinabè a besoin de cette nouvelle prise de conscience des enjeux de l’insurrection pour dissiper le désespoir qui commence à s’installer dans les esprits. Mais comme le disait l’autre, « le Burkina Faso vient de loin ! » Espérons que Dieu a toujours sa main sur lui et qu’il y aura, en fin de compte, plus de peur que de mal.

Zégué Abdouldaoz SOROMADI

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Vos commentaires

  • Le 27 mars 2015 à 01:53, par Aly En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    M. Zégué,
    Comme vous, nous commençons à être malheureusement trop nombreux à nous inquiéter sur l’issue de la Transition, car trop de nuages s’amoncellent dans le ciel de cette transition. Curieusement, ceux qui doivent prendre les mesures préventives ne font rien. Ils donnent même l’impression de cautionner ce qui se passe. Et pourtant, ils doivent comprendre qu’ils en seraient les premiers perdants. En effet, si de par leur silence et leur inaction, la transition venait à échouer, ils en porteraient toute la responsabilité, pour n’avoir pas agit dans l’esprit de l’insurrection d’octobre 2014.
    Le Peuple Burkinabè est très mature : il sait qui rencontre qui, qui appelle qui au téléphone, qui manipule telle ou telle association ou parti politique, qui instrumentalise telle ou telle rencontre ou institution, etc.
    Le Professeur Laurent BADO n’est pas n’importe qui au Faso. Et quand il dit "Le pire n’est pas derrière nous, mais devant nous", il faut le prendre au sérieux. Du reste, ce qu’il a dit a été repris par de nombreux autres citoyens, au regard des nombreux signes avant-coureur. Tous ces citoyens ont interpellé et continuent d’interpeller les autorités de la Transition. Mais celles-ci jouent la sourde oreille.

  • Le 27 mars 2015 à 03:57 En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Bel article de conscientisation et de sensibilisation de masse à publier dans tous les journaux.

  • Le 27 mars 2015 à 06:47, par le Sage En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Je déplore toujours ces écrits redondants appelant à l’exclusion. Partout où les pays ont basculé, il s’y est trouvé des hommes arrogants qui se sont prétendus être l’alpha et l’oméga de la connaissance. En cela ils ont été cautionné par des personnes zélées ,leurs familles et des amis inconditionnels et avides. Est de ceux là l’auteur de cet écrit. Ils est tellement malhonnête qu’il refuse par dégénérescence intellectuelle à attribuer la formule " on gagne ou on gagne" du très célèbre Gbagbo au tenants du "demi tour, quart de tour" qui sont visiblement ses amis.

  • Le 27 mars 2015 à 06:59, par YIRMOAGA En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    En politique on est prêt à tout pour atteindre ses objectifs, à savoir est ce que les candidats supposés militaires ne vont pas utiliser leurs subalternes pour la campagne, l’agitation politique pour avoir des retombés ? Si les militaires deviennent des agitateurs, on sera pas loin d’une partition ? Le prof BADO aura raison quant à sa déclaration inquiétante ? Heureusement que jusque là les 3 candidats sont des anonymes sans soutien de la soldatesque ? Mais si d’aventure des candidats populaires militaires se prononçaient, on sera pas loin d’une Tchadisation, pour ceux qui ont en mémoire l’histoire du Tchad. Les 3 ne vont pas inquiéter la galerie, mais si d’aventure........, voyez mon regard ? Un exemple, au temps fort où Le GAL LOUGUE faisait l’unanimité, s’il était candidat au temps actif, même si le pays allait brulé, il allait être élu coûte que coûte. C’est le passé pour lui, mais d’autres anonymes peuvent émerger ?

  • Le 27 mars 2015 à 07:56 En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Mr Zegue de Grace ne semer les graines d une divisions dans notre cher faso.vous connaissez les consequenses que les pays on connus en pratiquant l exclusion.la transition a pour role de travailler pour l unification des fils et filles de ce pays et non les diviser.si le peuple a su prendre son destin a matin pour chasser blaise c est kel est assez mature pour choisir son prochain president et arreter de vous focaliser sur bassolet

  • Le 27 mars 2015 à 08:20, par LY En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Cet article est plein de bon sens et écrit sur un ton modéré et plein de sagesse. Il prône l’inclusion, mais pas à n’importe quel prix ! Il ne faut pas que nous agissions comme si les 30 et 31 octobre 2014 n’avaient jamais existés. Le même consensus qui a prévalu à la rédaction de la Charte de la Transition doit prévaloir pour la suite des autres phases du processus transitionnel. Ne pas exclure les partis politiques mais mettre au banc de touche pour une période de réflexion de d’assagissement les ardents défenseurs du tripatouillage de l’article 37 qui a mis le feu aux poudres. C’est tellement logique et préventif pour leurs propres sécurités et la mémoire de nos martyrs.

  • Le 27 mars 2015 à 09:02, par NulNestIndispensable En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Évitons de voir le mal partout. Le peuple sait pourquoi il a fait son insurrection et je crois qu’il faut respecter ce peuple qui peut faire la différence entre le bien et le mal. Évitons l’exclusion et travaillons à rendre les élections transparentes. Pour que le choix du peuple soit respecter, je suggère que dès la fin du dépouillement des bulletins de votes qu’une photo du PV signé par tous les partis soit prise sur place devant tout le monde et transmis immédiatement à la structure supérieure et au siège de la CENI avec accusé de réception. Pour cela, la CENI doit s’organiser pour transmettre à chaque bureau de vote son adresse Email et s’assurer que dans chaque bureau de vote il y a un portable capable de faire le travail.

  • Le 27 mars 2015 à 09:40 En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    laissons ces militaires narcissiques se présenter sinon ils vont penser qu ils étaient les plus populaires. l avantage il le sauront dans les urnes. être président ce ne sera pas une nomination immérité au grade de général mais une élection.ce que j ai a dire s il échoue ils ne retourneront plus jamais dans l armée.le gouvernement devra mettre certain en retraite anticiper.

  • Le 27 mars 2015 à 11:49 En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    si on doit vraiment inclure tout sans exception, c’est comme si on donne une autre force à l’ancienne dictature de s’implanter aussi fort que de par le passé. A quoi servirait réellement notre révolution si c’est les mêmes qui pillaient hier le peuple reviennent librement reprendre leur fauteuil présidentiel sans pour autant être inquiétés ?
    Dans une des déclarations faites à la télé, Mr Kafando a eu à dire que les bailleurs de fonds internationaux ont posé comme conditions avant tout financement de ce processus de transition, l’inclusion de tous les Burkinabé y compris les membres de l’ancien régime. Autrement, on doit comprendre par là que ce sont ces bailleurs qui décident de la direction du vent dans un pays pauvre comme le Burkina. s’ils décidaient ou acceptaient l’arrestation de ceux qui ont voulu plonger le pays dans un gouffre total, aujourd’hui c’était chose faite.
    bref ! Notre révolution sert réellement à quoi aujourd’hui quand l’ancien loup est entrain de se préparer avec je ne sais quel plan, afin de revenir dans l’enclos et faire du mal au troupeau ?

  • Le 27 mars 2015 à 16:07, par Arnaud En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    bel ecrit ! on ne veux plus de ces demonts de l’ere blaise. Mon frere tu as raison ! ils devraient etre en prison ! tu as vu comment ils ont commences a faire des analyses tetus. On s’en fou d’eux on ne veux plus les voir battre compagnes meme. Ils ont tue 30 personnes en octobre passee.

  • Le 27 mars 2015 à 22:48, par pomme66 En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Pas d’exclusion. Vote sanction svp. Aidez les à diminuer les milliards qu’ils vous ont dérobés. Si vous laisser ces gens passer, ils vont bouter tout ceux qui ont participé à l’insurrection hors du Burkina ainsi que tous ceux de la transition
    Sensibiliser les analphabètes des villages et barrons leur la voie par les urnes. C’est les milieux mafieux burkinabé de la compaorose. A bon attendeur ,salut !

  • Le 28 mars 2015 à 00:55, par SOUNDJA En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Notre insurrection est historique. L esprit de sankara s est réveillé dans nos jeunes. C est la continuité de l œuvre de Thom. D ou j approuve votre démarche. Il ne serait pas permis qu un membre du gouvernement déchu prétendre à quoi que ce soit dans notre lutte. Qu ils soient élus ou ministres, surtout pas ces militaires. Car ils se trompent de lutte. Si on a pu faire fuir Blaise, ce ne sont pas eux qui pourront nous freiner pour nos aspirations aux biens être du peuple. Respect ne veut pas dire peur. Pourquoi n ont ils pas quitter le navire avant qu il ne coule. Pourquoi n ont ils pas pris leurs responsabilités comme l ont faient : Rock, Salif, Simon , Palm et les autres. Le peuple se mettra debout comme un seul homme pour leur donner le châtiment qu ils méritent. Sait and se. La lutte continue. Ne dormez pas les jeunes, car la victoire de la survie est proche.

  • Le 28 mars 2015 à 04:19, par m En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Bel article et analyse pertinente sur le comportement actuel des anciens pro-tripatouilleurs de l’article 37.Qui disait "je ne suis pas aimé mais je vais les acheter". Etre Général ce là relève du pouvoir discrétionnaire du président en un mot récompense. On connait des militaire valeureux qui ont été soit tué soit ont fini comme machin Major. Blaise n’a visiblement pas prévu son départ et tel qu’on le connait même s’il va pactiser avec le diable(sa loge maçonnique en dit long), il voudra se venger et ses parents récupérer tout ce qu’ils ont voler.
    Comme le dit cet écrit, ne nous laissons pas avoir.Certains pensent qu’être colonel c’est la mer à boire.Son équivalent dans la fonction public est moins que le grade terminal de la fonction publique donc qu’ils ne nous fassent pas croire qu’ils sont les plus intelligents sinon à comparaison égale c’est Philippe Ouédraogo polytechnicien qui aurait du être le premier Général avant les nominations de complaisance ou nominations arrangées. Appliquons in extenso les dispositions de la charte et celles de l’UA et ne soyons surtout pas frileux car des hommes ont sacrifiés leurs vies . Il ne faudrait pas que l’histoire joue des sales tours au peuple. Inclusif d’accord impunité non... Les néo Blaise n’ont qu’ à vociférer voire menacer plus rien ne devra être comme avant.

  • Le 1er avril 2015 à 17:06, par kouadio En réponse à : Défis de l’insurrections et candidature des militaires : L’incertitude gagne du terrain

    Curieusement les gens se battent pour qu’on se souvienne des 30 et 31 oct. Le resultat de ces deux journees de chaos ce sont les incertitudes qui planent sur le Burkina aujourd’hui, le resultat ce sont ces incompetents qui sont a la tete du pays aujourd’hui, le resultat c’est le ridicule que nous representons aujourd’hui, et quo encore...

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