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Situation nationale : Tout est toujours comme avant

Publié le mardi 17 mars 2015 à 20h22min

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Situation nationale : Tout est toujours comme avant

Après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, beaucoup se sont précipités pour annoncer que « plus rien ne sera comme avant ». Ce leitmotiv, dans un processus de transition qui tâtonne tant bien que mal en l’absence d’un véritable programme, semble le mot d’ordre de tous ceux ou celles qui au soir du 31 octobre 2014, ont rêvé d’un Faso où le changement se lirait sur les panneaux d’affichage. Hélas, mille fois hélas.

Le Burkinabè, celui-là même qui a crié sur les toits qu’il aspirait au changement n’est pas lui-même prêt pour un quelconque changement. Ouagadougou, capitale du Faso, est le lieu par excellence de la mal cause et de l’incivisme. Sortir le matin et rentrer sain et sauf chez soi est devenu un parcours de combattant. Comme le disait un adage « on se feinte en circulation ».

Les propriétaires d’engin à deux roues ayant moins de 125 centimètres cubes et n’ayant pas le gabarit requis n’hésitent pas à emprunter les voies réservées aux automobilistes. Les pistes cyclables se retrouvent, du coup, vides. Osez dire un mot et on vous sortira l’injure publique connue de la ville « Ma gni… ».
A certains endroit de la ville, ce sont les positionnements des taxis et autres véhicules qui frisent le ridicule. Comment comprendre que des gens qui ont le permis de conduire en poche occupent une partie de la chaussée (le plus souvent la piste cyclable) après un panneau de stop empêchant du coup celui qui veut tourner d’avoir une bonne visibilité. Il faut par exemple se rendre au quartier Patte d’Oie juste devant le CCVA pour se rendre compte du désordre que génère le stationnement des taxis et des mini cars.
Il se pose à nous la question du changement. Comment changer l’homme s’il ne se libère pas de la maladie historique qui consiste à discerner le passé comme une figure de la nécessité : par l’oubli ? Par le point de vue de l’inactualité ? En choisissant on se choisit.
La jeunesse, innocente et sans expérience du passé a encore des illusions sur l’avenir. Est-ce cette peur de l’inconnue qui pousse les Burkinabè à adopter la posture de l’habitude ?

Or pour que « plus rien ne soit comme avant », il nous faut nous même changer. « Conviendrait-il d’attendre le changement surgir de nulle part ou se mettre sans délai à le réaliser ? Le changement serait-il un choix à la carte, gratuit ou un passage obligé et un sacrifice colossal de toute société ou Etat-Nation au prix de luttes, de challenges et de patience à toute épreuve qui, dans leur intention de rupture avec la régression, aspirent à des lendemains plus prometteurs, plus prospères et meilleurs ? » s’est demandé Guerroua Kamal dans Tribune Libre.

Avec l’habitude, seconde nature par excellence de l’homme, il est très évident que le Burkinabè dans sa majorité attend que le changement surgisse de nulle part comme un cadeau venu du ciel. C’est en cela que sa misère et sa pauvreté prendront fin. André Malraux, in La Condition Humaine disait que « une civilisation se transforme, lorsque son élément le plus douloureux - l’humiliation chez l’esclave, le travail chez l’ouvrier moderne - devient tout à coup une valeur, lorsqu’il ne s’agit plus d’échapper à cette humiliation, mais d’en attendre son salut, d’échapper à ce travail, mais d’y trouver sa raison d’être ». Le Burkinabè s’est révolté contre un système mais est-ce pour autant qu’il s’est transformé ? La réponse est non. Le salut tant attendu, la raison d’être, la volonté d’échapper à l’humiliation semblent être à des milliers de kilomètres. S’il est vrai qu’on ne possède d’un être que ce qu’on change en lui, le système tant écrié possède encore les uns et les autres car le népotisme, la jalousie, l’incivisme, l’intolérance sont encore dans nos cœurs et dans nos vies. Ces valeurs négatives ne collent en rien avec notre nationalité « homme intègre ».

On ne peut vouloir le changement d’un système si nous ne nous débarrassons de nos vieilles habitudes. L’image prise pour ce qui est de la circulation est aussi vraie pour tous les secteurs de ce pays. Le Burkina Faso d’aujourd’hui ressemble beaucoup à un groupe musical. Le hic c’est que le batteur veut être guitariste et batteur, le choriste veut jouer aux instruments et pire, dans la chorale, les bassistes veulent chanter comme les sopranos et les barytons comme les contraltos. Le maître de cœur dans le but de contenter tout le monde laisse chacun se placer où il veut en espérant un miracle.

Espérons que le changement pour le Burkina Faso sera au prix de luttes, de challenges et de patience à toute épreuve qui, dans leur intention de rupture avec la régression, aspirent à des lendemains plus prometteurs, plus prospères et meilleurs.

Nous le pouvons si chacun de nous joue sa partition. Si chaque Burkinabè quelle que soit sa position, voit l’avenir de son pays et non lui-même. Si nous voulons que « tout change » il nous faudra nous-même changer.

Dimathème

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Vos commentaires

  • Le 17 mars 2015 à 21:02, par Ranini En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Il faut combattre le mal par la racine ! La source du mal se trouve dans nos familles ! "Chacun de nous est l’ambassadeur de sa famille" ! Nous avons échoué dans l’éducation de nos progénitures ! Avec, qui plus est, un régime qui, pendant plus d’une génération, a fait l’apologie de l’immoralité ! On ne respecte plus l’aîné, l’intellectuel, la bonne conduite mais plutôt celui qui a les feuilles, peu importe comment il les a acquis ! Nous avons laissé croire qu’il n’ y a que le pouvoir financier qui compte ! A l’école, la considération qu’on avait pour ceux qui brillaient en classe quelque soit leur rang social a disparu ! Les "gourous" sortent avec des filles plus jeunes que leurs enfants biologiques ! Il n’ y a plus de bons repères !
    Alors, ne soyons pas surpris si on est en dérive !
    Je souhaite me tromper, mais je parie qu’il n’ y aura que quelques posts sur ce sujet pourtant si poignant que Dimathème a eu l’idée d’aborder !

  • Le 17 mars 2015 à 23:04, par pipi En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Les gens sortis a l’insurrection pour piller. C’est tout . Pas de changement.

  • Le 18 mars 2015 à 03:16, par Patriote En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    DE GRACE, soyons plus serieux et faisons la preuve que nous sommes vraiment
    un grand peuple.
    Michel KAFANDO en disant que plus rien ne sera comme avant, voulait nous interpeller sur les grands maux qui minent la vie de notre pays. Ex, la bonne gouvernance, lutte contre la corruption,reduire le train de vie de l’etat, elections transparentes et democratiques, etc.
    La transition n’est pas la pour s’occuper des affaires de chien qui a mordu le fils du voisin, ou de Bila qui a bu 2 bieres sans paye ou encore de l’ane qui a renverse la femme de mon ami .
    Tout ca pour dire que plus rien ne sera comme avant. Quand meme, bonnes gens, ce n’est pas comme ca. Ou alors, on se donne rendez vous au stade du 4 aout et chacun va dire pour lui.

  • Le 18 mars 2015 à 05:33, par vérité no1 En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Merci pour l’article Mr Dimatheme. N’oubliez pas qu’on a lutté pour un changement de régime d’abord et c’est au nouveau régime d’instaurer l’ordre. Si une loi n’est pas voté pour sanctionner les récalcitrants, la circulation sera toujours mortelle. Je propose que l’on commence à donner des points sur le permis de conduire et qu’on inflige une pénalité de 10000 aux cyclomoteurs qui circulent sur les voies principales.

  • Le 18 mars 2015 à 08:47, par kabato En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Voilà qui est bien dit. Ranini tu as parfaitement raison. Le problème c’est que les gens savent qu’avec le changement il n’y a plus le laissez-aller or le burkinabè se plait dans ça. Les gens ne sont pas prêts pour le changement car ils ne pourront plus gérer les maîtresses, ils ne pourront plus dire "tu sais qui je suis". Dimathème, écris un jour avec ton vrai nom ça fait quoi ?

  • Le 18 mars 2015 à 09:11 En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Monsieur les internautes mais surtout l’internaute 4, les lois existent et sont suffisamment clairs ; mais est-ce que les moyens sont mis en oeuvre pour les appliquer ? Je vous assure que si la chaîne pénale se met en branle pour sévir, vous aller voir une réaction populaire ça et là ; c’est ça la vérité ; le policier est dénigré, méprisé et reduit au lascar ; le procureur est décrié, incompris et malaimé ; chacun est son propre juge. on réclame la justice quand on est victime ; on cris à l’injustice lorsqu’on commet une faute et on veut te l’appliquer ; Alors comprenez bien pourquoi l’incivisme va grandissant. le policier se cherche, le procureur pare au plus pressant, le juge se cache dernière le secret des délibérations et ne peut se saisir de lui même ;

  • Le 18 mars 2015 à 10:38, par Filsdupaysan En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Oui, bien dit mais dans tout ça où sont braves policiers municipaux ?nationaux et autres recrutés pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ?
    Je suis pas du tout content que des gens circulent à moto sur la voix réservée aux voitures et que les policiers laissent faire. Non, il faut arrêter ces gens et retirer leurs montures envoyer en fourrière pour 2 jours. Comment des taxis et autres voitures peuvent être stationnés sur la route et la police ne dit rien ?
    Que la police joue son rôle et l’incivisme va cesser.

  • Le 18 mars 2015 à 10:58, par Fransosich En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Très bonne analyse nous voulons le changement et nous refusons de changer nos mauvais comportements et notre manière de penser. Le véritable changement c’est le changement de mentalité.

  • Le 18 mars 2015 à 11:01, par Zamalèk En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Dimathème, tu es un menteur !!!!!! Franchement des personnes comme vous on ne sait c’est quoi vous voulez. Comment on peut dire aujourd’hui que tout est comme avant. De grâce, il ne faut pas insulter le travail de ceux qui sont sortis exposer leur vie dans la lutte. Personne n’est naïf pour penser que le changement radical se fera en 4 mois. C’est un processus et le plus important dans ce processus c’est qu’il y ait la volonté de part et d’autre de faire bouger les choses. Nos autorités actuelles sont conscientes de la direction que le peuple souhaite qu’elles donnent au pays. Même si ça coince, on n’est sûr au moins que ce n’est pas par manque de volonté. C’est différent avec le contexte précédent où aucune critique ne pouvait faire changer les choses. Il faut continuer à lutter, à interpeller les autorités et les citoyens pour que le changement profond s’installe. Nous sommes sur les rails. C’est le plus important. J’ai l’impression que des gens comme vous, vous venez de vous réveiller. Vous ne semblez pas savoir d’où nous venons. Sinon vous auriez pu véritablement mesurer la longueur du chemin parcouru. Votre analyse est typique des insurgés de la 25e heure. Vous avez été tout le temps silencieux, complice de ce qui se passait avant. Incapable de vous joindre à la révolte aux heures chaudes. Maintenant que l’oppresseur a été déboulonné, c’est vous les grands savants, qui savez analyser et dire ce qu’il y a à faire. Je ne dis pas que ce que vous soulevez comme problème est faux mais ayez l’honnêteté de reconnaitre qu’il y a désormais un terreau fertile au changement. C’est déjà ça qui change grandement avec avant. Jouer votre partition de façon active et vous verrez que ça va continuer à changer. Ne restez pas dans vos salons pour dénigrer ceux qui sont sur le terrain pour faire en sorte que "PLUS RIEN NE SOIT COMME AVANT".

  • Le 18 mars 2015 à 11:07, par eddy En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    PIPI ton nom te convient parfaitement. On vivait cela bien avant la transition et pendant 27 ans. En cinq (5) mois si ce n’est pas quelqu’un qui vent sa conscience à 2 000f cfa comme toi qui peut espérer voir tous les problèmes que votre politique de ventre a causés résolus. Je me demande si tu peux pisser sans qu’on ne t’aide. C’est pourquoi tu sent la pisse et tu te nomme pipi.

  • Le 18 mars 2015 à 11:27, par VERGES En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Vraiment merci pour cet article ; je vais vous faire part de mon expérience ici a Bobo, je conduit tout simplement sur la voie ayant la priorité une demoiselle brule carrément le STOP et n’eut été ma maîtrise et du fait que j’était a faible allure( vitesse règlementaire moins de 50 km/Heure) l’irréparable serait arrivé ; mais je vous dit que c’est moi qui a été sermonné par les jeunes badauds (apprentis chauffeur ) qui étaient aux alentour du carrefour ; ils ont oublier l’existence même du STOP que j’ai voulu leur montré ; vraiment c’est grave ; et l’autre jour a côté un taximan sortie de vive allure venant de l’église évangélique brulant le STOP s’engage brutalement sur la voie principale prioritaire et n’eût été ma vigilance et mon sang froid il aurait percuté mon véhicule ;et pire il veut me réprimandé bien même que c’est lui qui était en tort ; a cette allure les choses vont de mal en pire on a l’impression que c’est devenu de l’anarchie totale ; de grâce ressaisissons nous ce n’est pas que par ce que quelqu’un a un véhicule ou qu’il a plus de moyen qu’il est fautif ou qu’il a acquis ses biens de façon malhonnête ; même s’il est vraie qu’il y’a aussi certaine personne dans de gros véhicule ou cylindré qui se prenne pour des DEMI DIEU et surtout les fond vert je ne vous dit pas la mal conduite que ses véhicule ou chauffeur de ses véhicule font sur le troncon Bobo-Ouaga il se croit tout permis ou on t il UN PASSE DROIT ; il est temps que les chose change......................... ;

  • Le 18 mars 2015 à 12:02, par Gbê En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Merci Dimathème d’avoir soulevé un problème sérieux. reconnais aussi que ce que tu demandes est le plus difficile. Le changement ça ne se décrète pas mais c’est tout un processus. Donc demander aux burkinabè de changer, d’abandonner leurs mauvaises habitudes requièrent de leur part une prise de conscience de la dangerosité des actes qu’ils posent or le problème c’est que beaucoup ignorent que ce qu’ils font est mauvais ou du moins font semblant de l’ignorer. J’espère que ton message sera compris et que tous essayerons de changer certaines habitudes comme tu l’as toi même dit "espérons que le changement sera au prix de luttes, de challenges et de patience qui, dans leur intention de rupture avec la régression, aspirent à des lendemains plus prometteurs, plus prospères et meilleurs". Vivement que le changement de mentalité l’emporte.

  • Le 18 mars 2015 à 13:53, par eliane En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    """" Le Burkina Faso d’aujourd’hui ressemble beaucoup à un groupe musical. Le hic c’est que le batteur veut être guitariste et batteur, le choriste veut jouer aux instruments et pire, dans la chorale, les bassistes veulent chanter comme les sopranos et les barytons comme les contraltos. Le maître de cœur dans le but de contenter tout le monde laisse chacun se placer où il veut en espérant un miracle.""""" parfaitement d’accord avec Ranini. Tantie Eliane

  • Le 18 mars 2015 à 17:56, par aigre En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Donc comme ça Dimathème attaque tout le monde à travers une image quoi ? Je souscris à ton appel seulement tu vois, tu l’as toi même dit, le burkinabè crie au changement mais lui même ne veut pas changer. On attend tout de l’état alors que nous même ne sommes pas prêts à changer nos sales manières. Si demain les policiers sortent pour regler rien que le problème de l’utilisation des voies vous verrez que les gens vont manifester. Oui au changement de mentalité. Oui à un Burkina Nouveau.

    ps:Kabato, l’utilisation d’un pseudo est autorisé dans la presse écrite.

  • Le 19 mars 2015 à 13:57, par Jeunedame seret En réponse à : Situation nationale : Tout est toujours comme avant

    Suis d’accord avec ton analyse. Rien ne sera comme avant ne veut pas dire que tout sera beau ; on peut aussi changer vers le pire. Et c’est le cas au Faso. Le Burkinabe aime la pagaille et la facilité ; mais grandit dans la douleur. N’oubliez pas que l’absence du fouet en famille et à l’école a contribué à mal-éduquer nos enfants. Et dans la vie, qui peut taper qui ? La police ne peut rien car elle n’a rien comme équipement. Ailleurs, les policiers sont bien formés et équipés pour l’ordre et la discipline ; et ils aiment leur travail. Si tu contestes le policier, tu paies amende ; sinon on te retire tout ; papiers et engins avant de t’amener sap-sap en justice pour une autre amende. Mais au Faso woooo... police=féminin ; justice=féminin ; population=bordel. Et on est intègre. Seule solution=éducation. Les tarés sont durs à sensibiliser.

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