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« Il faut s’attendre à ce que cette Transition ne soit pas à la hauteur des aspirations que le peuple place en elle », dixit Pr Mahamadé Savadogo

Publié le mardi 17 mars 2015 à 02h30min

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« Il faut s’attendre à ce que cette Transition ne soit pas à la hauteur des aspirations que le peuple place en elle », dixit Pr Mahamadé Savadogo

La Transition en cours avec son corolaire de développement spectaculaire de sujets qui suscitent des débats passionnés par endroits, a été au centre d’un entretien que nous avons eu avec le philosophe Mahamadé Savadogo. Enseignant de philosophie morale et politique ainsi que de l’histoire de la philosophie moderne et contemporaine à l’Université de Ouagadougou et dans bien d’autres Universités à travers le monde, Pr Savadogo s’est voulu précis et concis, mais démonstratif, sur beaucoup de sujets se rapportant à la marche de la Transition burkinabè. Avec lui, il a, en effet, été question de l’insurrection populaire d’où est partie la Transition, de la réduction du train de vie de l’Etat, de la lutte contre la corruption, des élections à venir, de la Commission réconciliation nationale et des réformes (CRNR). Il est à signaler que cet entretien a été enregistré le jeudi 12 mars 2015, donc avant la démission d’un des membres de la CRNR, et avant les nouveaux développements relatifs aux candidatures de cadres militaires aux élections à venir. Lisez !

Lefaso.net : Quel souvenir gardez-vous des journées insurrectionnelles des 30 et 31 octobre 2015 ?

Mahamadé Savadogo : Ce qui m’a le plus frappé, c’est l’ampleur de la mobilisation populaire. C’est une mobilisation qui s’est déployée sur tout le territoire national. Souvent, on parle de Ouagadougou, mais on oublie qu’à Bobo-Dioulasso, à Ouahigouya, à Fada N’Gourma, dans le Yagha, les populations sont sorties.
Et cette dimension nationale est hautement significative, parce que les populations sont sorties par-delà les différences ethniques, religieuses, linguistiques, culturelles. Elles sont sorties pour demander le changement.
Ensuite, la maturation du mouvement jusqu’à la crise finale. Pour comprendre cette maturation, on peut remonter jusqu’aux manifestations organisées par le Collectif des organisations de masses et de partis politiques dans le cadre de la lutte contre l’impunité.
Mais si on s’en tient simplement aux manifestations organisées par le Chef de file de l’opposition depuis janvier 2014, août 2014, octobre 2014, on voit le mouvement monter en force et gagner de l’ampleur jusqu’à l’explosion finale. Je crois que c’est extrêmement significatif de suivre cette évolution pour comprendre l’ampleur de la lutte, et au bout du compte, cette affirmation de la force du peuple qui intervient dans la vie publique pour imposer le changement. C’est vraiment un événement particulièrement significatif, surtout pour quelqu’un qui se préoccupe de réfléchir sur les voies du changement politique.
L’accalmie retrouvée après le 31 octobre, et surtout avec l’élaboration de la Charte et la mise en place des organes de la Transition, la question de réduction du train de vie de l’Etat, longtemps soulevée par des acteurs politiques, par des acteurs de la société civile, a refait surface et a même été affichée en exigence à satisfaire à partir de cette période transitoire. Quelle est, selon vous, l’opportunité de cette exigence ?
D’abord, il faut savoir que l’insurrection de fin octobre 2014 traduit un désir profond de changement. Quand des autorités arrivent à la tête d’un Etat à la suite d’un mouvement aussi important, elles doivent s’efforcer de marquer une rupture par rapport au régime précédent. C’est cette rupture qui peut se traduire par la réduction du train de vie de l’Etat.
L’ancien gouvernement avait des dispositions, des avantages, des privilèges grâce auxquels ils entretenaient et tenaient ses notables. Les nouvelles autorités ne peuvent pas se contenter d’hériter simplement de ces dispositions. Elles doivent s’arrêter pour traduire leur volonté de changement conformément à l’aspiration populaire. Ça, c’est le contexte global qui justifie la revendication de réduction du train de vie de l’Etat.
On peut ajouter à ce contexte global, le fait que le gouvernement de la Transition nous parle d’un budget d’austérité. Ce budget d’austérité a des implications pour les différentes couches sociales. Puisqu’il en est ainsi, il faut que les dirigeants eux-aussi, donnent l’exemple. Ils ne peuvent pas se contenter de demander des efforts aux travailleurs sans qu’eux-mêmes ne donnent un signal. Telle est la deuxième justification de la revendication de réduction du train de vie de l’Etat.

Mais le gouvernement aussi, à plusieurs occasions, a indiqué avoir consenti des efforts dans ce sens en évoquant la non-réfection des bureaux ministres à leur prise de fonction, la renonciation aux voyages par avion en classe affaire, les déplacements à l’intérieur du pays dans un même car. Comment appréciez-vous ces efforts affichés comme s’inscrivant dans la dynamique de réduction du train de vie de l’Etat ?

Ce sont des mesures qui traduisent une indication de volonté. Mais au bout du compte, l’impact reste faible. Je pense qu’on pourrait communiquer sur d’autres aspects. Par exemple, j’ai parlé des avantages qui sont accordés aux dirigeants au niveau des traitements. Vous avez suivi la contestation qu’il y a eue quand on a découvert les avantages qui étaient accordés aux membres du CNT (Conseil national de la Transition, ndlr).
Si on veut traduire une volonté de changement, il faut pouvoir prendre en charge ces considérations dans différents aspects pour montrer qu’on fait un effort pour réduire les dépenses imputées au fonctionnement de l’Etat.

On a aussi assisté à l’accélération de la formalisation du projet de loi relatif à la lutte contre la corruption et à son adoption par le CNT. N’est-ce pas là aussi un acte fort allant dans le sens de la réduction du train de vie de l’Etat ?

Disons que cela traduit une volonté de limiter les gaspillages de ressources publiques. Effectivement, l’adoption de cette loi qui a d’ailleurs été réclamée par des organisations de la société civile dont le REN-LAC (Réseau national de lutte anti-corruption, ndlr), est à saluer. Maintenant, une chose est d’adopter une loi, une autre est de l’appliquer ; ce d’autant plus qu’indépendamment même de cette loi, on sait qu’il y a des dossiers qui sont entre les mains de l’ASCE (Autorité supérieure de contrôle d’Etat, ndlr).
Et ces dossiers qui été produits au terme d’enquêtes, il faut pouvoir les transmettre à la justice et qu’on demande des comptes à ceux qui sont incriminés. Donc, il y a la loi pour prévenir le gaspillage, mais il y a aussi la démarche qui doit consister à se donner les moyens de récupérer les ressources publiques qui ont été pillées. Et c’est par là justement, que la loi ne doit pas rester lettre morte, et que l’Etat va se donner les moyens de récupérer les ressources qui ont été dilapidées.

Comment doit s’amorcer dans la pratique, la nouvelle dynamique de lutte anti-corruptive avec loi portant prévention et répression de la corruption dans notre pays ?

Il faut montrer qu’on est disposé à punir les coupables de corruption, les coupables de crimes économiques. C’est par là que la dissuasion va intervenir. Autrement, si la loi proscrit des comportements et qu’il n’y a pas de réactions pour punir ceux qui auront transgressé la loi, il n’y aura pas de résultat. C’est pour cela je parle des dossiers qui sont entre les mains de l’ASCE et qu’il faut commencer à traiter au niveau judiciaire. Il faut demander des comptes à ceux qui sont incriminés. Et ceux dont l’innocence sera établie, on les laisse. Ceux dont la culpabilité sera établie, il faut les obliger à aider à la récupération des ressources qui ont été dilapidées, et prendre des dispositions pour qu’ils ne puissent prétendre à des postes de responsabilité.

Cette loi anti-corruption a établi une liste de personnalités assujetties à l’obligation de déclaration d’intérêts et de patrimoine. Est-ce une mesure efficace dans le cadre de la prévention de la corruption ?

Il faut dire que c’est une mesure qui existait déjà et qui concernait certaines personnalités. Peut-être que la loi a étendu le nombre de personnalités concernées. L’objectif essentiel c’est de permettre d’établir un écart entre l’état des biens d’une personnalité au moment où elle est appelée à entrer en fonction et à la fin de l’exercice de cette fonction, pour savoir si elle ne s’est pas enrichie de façon illicite. C’est une disposition qu’il faut saluer. Mais encore une fois, il faut veiller à son application.
Comment appréciez-vous le niveau et le climat de préparation des élections dont l’organisation constitue l’objectif majeur assigné à la Transition ?
Je constate que du côté des partis politiques, beaucoup sont dans une sorte de campagne à travers des tournées dans les différentes régions. Il y a des échéances qui ont été arrêtées du côté de la CENI aussi qui rouvert les inscriptions sur le fichier électoral. Donc, tout semble indiquer que globalement, ces préparatifs se déroulent plutôt bien.
Maintenant, ce qu’il faudrait, c’est de revoir les dispositions électorales pour permettre d’impliquer davantage les citoyens. Je pense notamment à l’autorisation des candidatures indépendantes, je pense également aux dispositions qu’on pourrait prendre pour limiter le rôle de l’argent dans la campagne à venir, notamment en contrôlant le financement de la campagne électorale.
Parlant de cette question de candidatures indépendantes, certains estiment que leur autorisation va entrainer le clientélisme dans le jeu politique. Qu’en pensez-vous ?
Non ; au contraire. Je dis que si on veut limiter le rôle de l’argent dans le jeu politique, il faut prendre des dispositions pour contrôler le financement des campagnes. Sinon, ce ne sont pas les candidatures indépendantes en tant que telles qui vont entrainer le clientélisme. Les candidatures indépendantes vont au contraire, encourager l’apparition de nouvelles figures, étoffer l’offre électorale, permettre à différentes catégories de citoyens de se sentir concernées par le jeu électoral.
Si notre problème c’est de limiter le rôle de la corruption et de l’argent dans notre jeu politique, ce n’est pas du côté des candidatures indépendantes qu’il faut regarder, c’est plutôt du côté du financement des campagnes électorales.

On sait aussi que sur cette question de candidatures indépendantes, les avis sont également divergents sur le point de savoir s’il faut les autoriser aussi bien aux élections législatives qu’aux municipales, ou aux seules élections municipales, ou aux seules législatives, étant donné qu’elles sont déjà autorisées à la présidentielle. Dans quel sens tranchez-vous ?

Mon point de vue, c’est qu’il faut les autoriser à tous les niveaux. Maintenant, je constate qu’il y a un consensus qui semble se dégager au niveau de beaucoup d’organisations de la société civile et même des partis politiques, pour les admettre au niveau des élections municipales.
Mon point de vue personnel, c’est qu’il faudrait pouvoir les admettre à tous les différents niveaux des élections.

Toujours relativement aux élections à venir, la décision a été prise de ne pas faire voter les Burkinabè de l’extérieur. Comment appréciez-vous cette décision ?

D’abord, il faut rappeler que l’implication des Burkinabè de l’étranger dans le processus électoral, constitue une étape importante de notre vie politique.
Et le jour où on va parvenir à organiser effectivement des élections prenant en compte les votes de nos compatriotes à l’extérieur, nous aurons posé un pas très important, parce que cela va apporter un accroissement significatif du nombre d’électeurs.
Maintenant, pour ce qui concerne la situation présente, j’avoue que je n’ai pas suivi tout le processus, et je ne sais pas exactement les raisons que les autorités mettent en avant pour ne pas autoriser ce vote. Mais dans tous les cas, je pense qu’il appartient aux autorités d’entreprendre une démarche de communication pour essayer d’expliquer autant que possible, à tous les citoyens aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, pourquoi il semble difficile de mettre en œuvre ce droit de vote dès à présent.

Justement, dans cet élan de communication que vous suggérez, une délégation dépêchée à Abidjan a fait l’objet d’incident. Cet incident, était-il prévisible ?

Prévisible, je ne sais pas. Mais il faut quand même savoir que c’est seulement en Côte-d’Ivoire que l’incident s’est produit, et que dans d’autres pays, il n’y a pas eu un tel incident. Je crois savoir que là-bas, depuis un certain temps, on a assisté à une effervescence d’activités de la part d’un certain nombre d’organisations qui protestent contre le report du vote de nos compatriotes de l’extérieur.

Est-ce que cela doit faire peur dans la conduite de cette dynamique de communication avec tous nos compatriotes de l’étranger ?

Faire peur, je ne crois pas, puisqu’apparemment, il y a déjà eu des rencontres dans d’autres pays avant celle d’Abidjan. Et je crois savoir que même après cet incident d’Abidjan, certaines associations ont écrit pour présenter leurs excuses au ministre. Donc, je ne crois pas que l’incident remette en cause la démarche de communication en tant que telle qui consiste à chercher à communiquer sur le report de ce vote.

Parlons à présent des réformes dont on entend parler tant. A cet effet, une Commission de réconciliation nationale et des réformes a été mise en place. Comment appréciez-vous la composition de cette Commission ?

D’abord, je dois dire que je ne connais pas tous ceux qui ont été proposés pour être membres de cette Commission. Ceux que je connais parmi eux, présentent des compétences intellectuelles pour mener le travail attendu d’eux.
De par son mode de formation même, vous savez que les membres de cette Commission ont été proposés par les trois principales autorités des organes de la Transition, à savoir le président du Faso, le Premier ministre, et le président du CNT. Peut-être qu’on aurait pu trouver un autre mode pour permettre aux citoyens de se sentir impliqués dans le processus de désignation de ces membres. Sinon, je n’ai pas d’observations particulières sur le profil des membres désignés.

Concrètement, comment aurait-on pu organiser cet autre mode de désignation impliquant les citoyens ordinaires ?

On aurait pu demander à différentes composantes, par exemple les syndicats, les organisations de défense des droits de l’homme, les partis politiques, de faire des propositions. Vous vous rappelez les conditions de constitution de la Commission qui a eu en charge l’élaboration de la Charte ; sauf que dans ce cas particulier, les syndicats et les organisations de défense des droits de l’homme n’ont pas été impliqués. En tout cas, mon souci est tout simplement de montrer à la population qu’on est soucieux de son implication dans l’édification des institutions qui dirigent le pays.

Avez-vous été contacté pour faire partie des membres de cette Commission ?
Non, je n’ai jamais été approché. Je suis prêt à aller donner mon avis, si on m’invite en tant que par exemple responsable d’un Mouvement tel que le Manifeste pour la liberté, ou même en tant qu’individu, je suis prêt à aller donner mon avis sur certaines questions. Mais, être membre permanent de cette Commission, je ne suis pas prêt à le faire parce que mes occupations personnelles actuellement, ne m’accordent pas cette disponibilité.

De cette commission, beaucoup de réformes sont attendues. Quelles sont les réformes qui vous paraissent fondamentales et urgentes à opérer ?

Je crois que la Commission est subdivisée en sous-commissions avec différents thèmes. Je ne veux pas rentrer dans les détails. Ceux qui sont là-bas, sont les mieux placés pour réfléchir sur ces questions.
Mais je peux simplement annoncer des attentes générales. Un pouvoir qui s’est établi à la suite d’une insurrection doit pouvoir prendre en compte la prise de conscience populaire, et chercher à consolider l’implication du peuple dans la vie politique. Donc, toutes les dispositions qui vont impliquer le peuple à travers ses différentes organisations déjà existantes ou à venir, à s’impliquer dans la vie politique, sont à encourager.
Egalement, en ce qui concerne les élections à venir, j’ai déjà donné des indications de dispositions qu’on peut prendre pour consolider l’implication de différentes catégories de citoyens, notamment les candidatures indépendantes, le contrôle du financement des campagnes, et évidemment la grande question, c’est la lutte contre l’impunité. C’est très important d’arriver à traiter tous les cas de crimes économiques et de crimes de sang pour qu’on puisse situer les responsabilités de sorte à pouvoir mettre de côté ceux qui auront été reconnus coupables et qui chercheraient à occuper des postes de responsabilité.

Dans la foulée des prétentions de réformes, d’aucuns estiment qu’il est temps d’élaborer une nouvelle Constitution pour aller à une Vè République. Quel est votre avis sur cette question ?

J’ai, moi-même déjà dit que j’étais favorable à une constitutionnalisation du droit à l’insurrection. Donc, je pense effectivement qu’il y a des dispositions qu’on peut prendre pour aller dans le sens de ce que j’ai appelé l’exercice du contrôle populaire sur la vie politique d’une manière générale.
Je suis aussi de ceux qui pensent que dans l’ancienne Constitution, les pouvoirs attribués au président du Faso, étaient exagérés et qu’il faudrait arriver à revoir cela. Il y a donc des dispositions qu’on peut prendre pour éviter qu’on ne retombe dans les mêmes erreurs que par le passé.

Dans le sens de la lutte contre l’impunité tant souhaitée, et au regard non seulement du temps déjà consommé par la Transition mais aussi des actions menées par le gouvernement, est-ce que vous avez le sentiment qu’au moins, les dossiers les plus emblématiques de crimes de sang et de crimes économiques connaîtront une évolution intéressante au cours de cette Transition ?

Le Conseil des ministres, je pense, s’est saisi il y a une semaine, de certains dossiers et a commencé à en parler. Ce qui est important, c’est d’initier une démarche, montrer que la Justice est prête à se saisir de ces dossiers et qu’aucun dossier n’est tabou ; et que, quelles que les personnalités qui sont censées être impliquées dans ces dossiers, ils seront traités.
Je pense que si la Transition arrive à engager cette démarche, eh bien, le peuple se chargera comme il le fait d’ailleurs dès à présent, de veiller à ce que tous ces dossiers soient effectivement traités, même si on n’obtient pas le dénouement sous la Transition, si la procédure est engagée, le peuple peut se charger de veiller à ce qu’elle aille jusqu’à son terme.

Revenons aux réformes. Quelles sont, selon vous, les réformes qui s’imposent en ce qui concerne le monde universitaire ?

Holà ! Le cas du monde universitaire est un peu particulier. Mais ce que je peux dire, c’est qu’il y a déjà eu différentes occasions au cours desquelles on a parlé de l’Université. Il y a même eu des textes importants. Si je prends le cas de l’Université de Ouagadougou, il y a différents plans, plan de développement institutionnel, plan stratégique, plan décennal, etc. L’élaboration de tous ces plans est passée par la convocation d’instances au cours desquelles les différents acteurs ont eu à discuter.
Maintenant ce qu’il faut, c’est de pouvoir donner les moyens pour la mise en œuvre des différentes dispositions qui ont été proposées. Et c’est cela aujourd’hui le défi. Il faut construire des infrastructures, il faut recruter des enseignants chercheurs, il faut également pouvoir soutenir les étudiants pour qu’ils s’intéressent davantage aux études.
Donc, je dirais que le problème qui est posé aujourd’hui, c’est celui des moyens à mettre à la disposition de l’Université pour qu’elle puisse travailler et mettre en application les dispositions auxquelles les différents acteurs ont déjà réfléchi.

Peut-on présager, au regard de l’environnement actuel, d’un climat apaisé aux temps forts des élections à venir ?

Disons qu’il y a des dispositions à prendre pour prévenir les tensions, sinon les conflits. Déjà, vous avez entendu parler de certaines actions que certaines organisations veulent initier, même de certaines initiatives tendant à montrer qu’on veut œuvrer à un retour de l’ancien président. Je pense que telles initiatives ne sont pas de nature à favoriser l’installation de la paix. Il faut aussi prendre des dispositions pour prévenir toutes ces entreprises qui vont au bout du compte, exacerber les tensions entre les citoyens.
En dehors même du contexte électoral, il y a le problème que nous avons connu avec le RSP (Régiment de sécurité présidentielle, ndlr), même si par la suite leurs représentants ont pu déclarer qu’ils sont fidèles aux autorités de la Transition. Nous sommes tous d’accord qu’il y a eu une atmosphère qui s’est installée et qui se traduit par une méfiance ou une inquiétude à leur égard. Je ne pense pas qu’on puisse dire que les choses vont se passer dans la paix totale. Il faut rester vigilant et il faut se montrer capable de prendre certaines dispositions pour éviter l’exacerbation des tensions.

Il y a aussi des divergences quant à la participation en tant que candidats, de certains cadres de l’armée aux élections à venir. Quel est votre avis sur cette question ?

Je ne connais pas les dispositions exactes qui encadrent les candidatures des militaires. Ce que nous savons globalement, c’est qu’ils sont censés prendre une disponibilité à l’égard de l’armée avant de pouvoir être candidat.
Mais mon impression personnelle, c’est que l’opinion aujourd’hui n’est pas favorable aux candidatures militaires. Moi je pense que, même si formellement, ils avaient la possibilité de se présenter à ces élections, je ne m’attends pas à ce que candidatures recueillent des résultats importants.

Pour terminer, appréciez la marche globale de la Transition.

J’ai déjà eu à dire que la Transition se trouve dans une situation difficile. Elle est arrivée à la tête du pays à la suite d’une insurrection populaire qui traduit un désir de changement. Et elle se donne un an pour agir. Il faut s’attendre à ce que cette Transition ne soit pas à la hauteur des aspirations que le peuple place en elle. Et on constate que de plus en plus, l’objectif de la Transition est en train de se résumer essentiellement à l’organisation des élections.

Entretien réalisé par Fulbert Paré
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