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Djibril Bassolé : " On ne reprendra pas les élèves-policiers exclus"

Publié le lundi 21 mars 2005 à 06h59min

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Le ministre de la Sécurité a rencontré le 7 mars dernier les responsables administratifs, politiques et les forces de sécurité de la Boucle du Mouhoun. Au centre des débats, la police de proximité.

Cette toute première visite officielle de Bassolé en tant que ministre de la sécurité n’a véritablement pas permis à l’assistance d’étancher sa soif d’information sur cette nouvelle politique sécuritaire. Calendrier oblige. Avant d’embarquer dans l’aéronef, le ministre Bassolé a accepté échanger avec nous sur le concept de la police de proximité et de la radiation des 500 élèves policiers.

" Le Pays" : A quand la mise en place de la police de proximité ?

Djibrill Bassolé : La police de proximité est déjà en marche. En réalité, il ne s’agit pas d’une nouvelle police qu’on crée. Il s’agit d’une activité qui va mettre en oeuvre les policiers et gendarmes déjà existants.
Le concept est simple. Il s’agit essentiellement pour les policiers et gendarmes existants de faire du préventif en allant au contact des populations des villages et des secteurs. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’on a créé ces Comités locaux de sécurité (CLS), qui ne sont autres que les interlocuteurs des forces de sécurité publique, qui auront l’obligation d’aller une fois par mois dans les villages et les secteurs pour les rencontrer, pour parler de l’évaluation de leur besoin de sécurité au niveau des villages et des secteurs.

Vous avez lors de votre intervention, parlé des pesanteurs au niveau de la société et de la peur que les gens ont des différentes forces de sécurité. Est-ce que vous ne pensez pas que la police de proximité qui est déjà en chantier aura des difficultés pour mener à bien sa mission ?

C’est parce qu’il y a des pesanteurs que nous avons ces problèmes d’insécurité. C’est parce qu’il y a un blocage, il n’ y a pas de communication, aucune passerelle entre forces de sécurité publique et population à la base que nous avons une insécurité qui est en train de galoper. Si nous établissons ce contact, forcément il y aura une dynamique qui va faire en sorte que l’insécurité pourrait baisser dans certaines régions.

En transformant la DCIR en CRS, vous projetiez en faire une police communautaire. Aujourd’hui, vous parlez de police de proximité. Quelle différence faites-vous entre cette police de proximité et la police communautaire ?

D’une manière générale, nous prendrons des dispositions pour rendre les forces de sécurité publique, républicaines. Tant dans leur organisation que dans leur méthode de travail. D’autres formes sont entreprises dans le sens que justement les forces de sécurité publique ne soient pas perçues comme des structures de répression brutale, mais plutôt comme des structures de protection qui aident en fait la communauté à assumer sa propre sécurité.

Qu’est-ce qui est fait pour soigner l’image de marque des forces de sécurité qui est quelque peu ternie ?

C’est tout le programme d’action que nous sommes en train de mettre en place. Nous espérons qu’il aboutira à changer complètement la physionomie de nos forces de sécurité publique.

Quel sentiment avez-vous lorsque vous voyez vos hommes disperser des manifestants à coups de gaz lacrymogène ?

L’usage de la force est réglementé. L’usage des gaz lacrymogènes est tout à fait réglementé. Il en faut quelquefois pour disperser des manifestants récalcitrants. Mais le tout c’est que ça se passe dans les règles de l’art et se passe conformément aux dispositions réglementaires. Il faut en ce moment que les hommes soient bien formés. Si non, ne croyez pas que la police de proximité veut dire qu’on abandonne toutes formes d’intervention de répression. Si vous commettez un acte contraire à la loi, que vous soyez seul ou en groupe, vous aurez la réaction appropriée pour protéger la société et vous amener à vous démarquer de votre mauvais comportement passager.


La fermeture de l’ENP (Ecole nationale de police) et la radiation des cinq cents élèves- policiers passionnent les gens. Est-ce la bonne solution ?

On recrutera cinq cents autres jeunes Burkinabè qui vont faire une bonne entrée dans la police nationale. Ceux-ci se sont trompés pour cette fois-ci, ils sont remerciés. On leur donnera une chance une prochaine fois. Ce sont des Burkinabè. Dans le contexte actuel, je pense qu’on ne pourra pas les reprendre. Le recrutement sera bientôt lancé pour engager cinq cents autres jeunes.


Les cinq cents élèves- policiers radiés pourront-ils postuler par voie de concours pour retourner à l’ENP ?

Plus tard, je l’espère pour eux. Ils auront compris qu’ils ont été trop facilement abusés ou manipulés ou alors qu’ils se sont lancés dans une aventure qui n’était pas saine complètement.

Propos recueillis par Serge COULIBALY
Le Pays

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